Période de gel catastrophique

18/4/2021


Publié le 17/04/2021 à 09:18  | La Dépêche du Midi |  Vincent Vidal

Vignoble Gaillacois :
"Cette période de gel a été une catastrophe"



Une grande partie du vignoble gaillacois a subi de fortes pertes. / Photo DDM

Cette période de gel nocturne, a fortement impacté le vignoble gaillacois. Si les coteaux s’en sortent plus bien avec 30 % de perte, dans la plaine, c’est une catastrophe avec 80 à 100 % des vignes qui ne produiront rien, cette année.

Il ne manquait plus que ça. Déjà fortement impacté par la Covid et l’interdiction d’ouverture des bars et des restaurants, le vignoble gaillacois comme l’ensemble des terroirs viticoles français, vient de subir une période de gel intense en cet mi-avril, entraînant des pertes importantes.

"Nous vivons une période compliquée" avoue Cédric Carcenac, viticulteur et président de la maison des vins de Gaillac. "La Covid nous a fait très mal. Depuis janvier, c’est très difficile pour nous alors que le millésime 2020 est de grande qualité. Ajoutons à ça que nous n’avons aujourd’hui aucune perspective pour l’été. Et maintenant, c’est le gel qui nous tombe dessus."


Verger des Fédiès (Gaillac) : les kiwis et les cerisiers sont très touchés / DDM

Dans la plaine, les pertes sont énormes
Il ajoute : "Nous avons subi deux épisodes de gel assez violents. Le premier la semaine dernière, qui a surtout touché la zone de Cunac. Le second, dans la nuit de mardi à mercredi, a causé de très gros dégâts dans la plaine avec des pertes estimées entre 80 % à 100 %, de Rabastens à Lisle-en-Tarn, en passant par Gaillac, jusqu’aux portes d’Albi. 

Par bonheur, sur les coteaux où l’on trouve une production qualitative, la situation est moins préoccupante, avec une moyenne de 30 % de perte" résume-t-il. "Notre vignoble a énormément souffert de cet épisode. Moi, en trente ans d’exploitation, je n’ai jamais connu cela. Il va falloir se retrousser les manches, être solidaires pour aider l’ensemble des vignerons."


Gel : les viticulteurs et agriculteurs français face à une "crise historique" /  DDM - Sebastien Lapeyrere

Les coteaux ont bien résisté
Il prédit pour le millésime 2021, une récolte certes moindre en quantité "mais de qualité grâce aux vignes positionnées sur les coteaux."

Heureusement, tout n’est pas noir. "Nous avons tous un peu de stock. On arrivera à livrer les restaurants, les bars, les grandes surfaces. Le vrai problème, c’est le vin pour le négoce qui est produit en totalité dans nos plaines. Nous savons que nous allons perdre au minimum 50 % de la production. Cela va poser de vrais problèmes pour alimenter la filière du négoce français. Là aussi, il faut vite trouver des solutions, pour éviter un afflux massif d’exportation" analyse Cédric Carcenac. 

Une perte pour les viticulteurs tarnais qu’il va falloir résorber. "Pour pallier ce manque financier, il est évident qu’il faudra, si possible, augmenter la vente directe en attendant des jours meilleurs. Mais, il est certains que l’on ne retrouvera l’équilibre qu’en 2022, 2023. On sait pertinemment qu’il va y avoir une perte de trésorerie."


Des parcelles connectées et sous surveillance permanente dans le Tarn-et-Garonne  / DDM MANUEL MASSIP

Peu de viticulteurs assurés
Autre difficulté. Dans le Gaillacois, comme dans tous les vignobles français, de nombreux vignerons ne sont pas assurés contre le gel.

"C’est une problématique récurrente. Beaucoup considèrent que ces assurances sont trop chères, qu’elles ne servent qu’une fois tous les dix ou vingt ans. Dans le Gallacois, 70 % des vignerons qui travaillent pour les caves coopératives sont assurés. Seulement 30 % pour les caves particulières. Moi je suis assuré. Je pense qu’il faut aujourd’hui poser ce problème sur la table et se demander s’il ne faut pas la rendre obligatoire, comme pour les voitures" réfléchit le président de la maison des vins.


Calamités agricoles : Après le gel, flambée des pertes et des prix / DDM, Afp

Face au gel, à la grêle, au réchauffement climatique, ne faut-il pas penser différemment la production et le stockage du vin ?
"Il faut se poser les bonnes questions. Pour réussir sur le long terme, il faut trois "récoltes". Le pied, la cave et la banque. On pourrait envisager d’avoir un volume complémentaire individuel (VCI). Pour résumer, un stock isolé des autres vins qui pourrait nous servir en cas de coup dur. Ça a un coût, mais l’idée est intéressante.


Épisodes de gel : "la plus grande catastrophe agronomique" du siècle affirme le Ministre de l'Agriculture / photo DDM, D. Bolhy

Dans l’attente d’aides
Face à cette situation compliquée, les vignerons espèrent des soutiens. Le Premier ministre Jean Castex a promis des aides exceptionnelles et la Région Occitanie apporte déjà une enveloppe de 5 millions d’euros.

"Nous sommes dans l’attente. On espère des aides pour les entreprises avec des reports de charges, ainsi que sur la taxe foncière non bâtie. Le Département nous a aussi confirmé qu’il serait là en complément de la Région. De toute façon, dans les prochains jours, il va falloir travailler avec la chambre d’agriculture pour les accompagnements. Dans la viticulture, il y a beaucoup de cas particuliers" conclut le président.

Allez, une bonne nouvelle. Après ce week-end, les températures vont repartir à la hausse, évitant le stress d’une nouvelle offensive du froid sur le vignoble gaillacois. C’est peu, mais déjà ça.


Gel : dans le Tarn-et-Garonne, les vignes et vergers du pays de Serres particulièrement touchés / photo DDM, Robert Pardo
 

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