Cèpes : Pour l'automne 2016, c'est peu !
Champignons : Tour d'horizon (automne 2016)
Publié le 06/11/2016 à 10:13 | La Dépêche du Midi | Vincent Vidal
Tarn : Année noire pour les cueilleurs de champignons
En cet automne 2016, la terre est trop sèche même dans les sous-bois / Photo DDM
Mercredi matin. La brume matinale fait place au soleil dans les rues étroites du centre-ville de Réalmont. C'est jour de marché. L'un des plus important du département. Une bonne centaine d'étals se côtoient. Boulange, viande, épices, fruits, légumes, traiteurs et stands de fringues ont envahi le bourg. On trouve de tout. Sauf des champignons. Malgré la patience du promeneur assidu à la recherche du Graal aromatisé, rien. Pas un cèpe à l'horizon. Le désert absolu pour les amoureux d'une belle poêlée. Le doute s'installe. Aurait-on loupé un bout de ruelle, l'étal où...?
Au coin de la place des arcades, deux papis font la causette. «Vous savez où l'on peut trouver des champignons ?» Silence interrogatif. «Ça va être compliqué mon pauvre monsieur. Il y a quinze jours, le marchand de fruits en avait. Mais depuis, je n'en ai plus vu un seul». Chez le maraîcher, rien. Demandons aux placiers. «Peut-être au bout des arcades, mais rien de sûr. Ce n'est vraiment pas une année à champignons. Trop sec. Ici, d'habitude, vous en trouvez à chaque coin du marché. Là, c'est vraiment la misère.»
Cela n'étonne en rien Robert Rouanet, grand spécialiste de mycologie et membre de la société tarnaise des sciences naturelles.
«C'est vraiment une année très très compliquée pour la pousse des champignons dans le département. C'est vraiment une année noire. Il n'y en a pas, ou très peu, que ce soit dans le Sud, Ouest ou le Nord du département.»
L'homme sait de quoi il parle. Des années qu'il part à la découverte des champignons. Des années à sillonner, à étudier toutes les espèces qui poussent dans le département.
«Ce ne sont pas que les cèpes qui sont touchés. Allez vous balader dans la nature, vous ne trouverez rien d'autre que de la terre trop sèche, même dans les sous-bois.»
Pour la suite de la saison, le spécialiste n'est guère optimiste. « Il n'y a rien car on manque d'eau. Logiquement, les orages du mois d'août permettent de lancer les pousses. Là, il n'y est rien tombé.» Et pour ce mois de novembre? «C'est trop tard. Il faudrait qu'il pleuve beaucoup tout en gardant des températures assez douces. Je ne crois pas que ça soit possible. Ce sera une année sans champignon» commente Robert Rouanet.
Pas vraiment de bonnes nouvelles pour les amateurs de champignons qu'ils soient de Carmaux ou de Castres.Et nos cueilleurs tarnais, sont-ils attentifs et prudents sur les choix des champignons ?
«Pas tous malheureusement. Beaucoup ramassent n'importe quoi. Rappelons que certains peuvent rendre très malades voir être mortels. On ne dit jamais assez que si vous avez un doute, allez voir le pharmacien qui vous dira tout.»
Étal dans les rues de Lacaune le 1° novembre 2016
Pas très gai tout cela. Et si vous voulez tout de même vous faire une poêlée, des cèpes ont été vus sur le marché de Carmaux à 20 euros le kilo et à Pelloutier (Albi) à 33 euros. Et si la pénurie continue, les prix ne cesseront de flamber. Reste les importations polonaises. Mais objectivement, ils n'ont ni le goût ni la saveur des cèpes tarnais. Alors scrutons le ciel dans l'attente de pluie et de douceur pour redonner le sourire à ces centaines de cueilleurs de champignons qui rêvent de rentrer à la maison en criant «Chéri, j'en ramène dix kilos. Invite belle-mamam à dîner».
Réussir sa cueillette
Ne jamais ramasser de champignons en bord de route
Les champignons sont comme des éponges et absorbent donc la pollution et les métaux lourds tels que le plomb, le mercure, ou le cadmium. Mieux vaut privilégier les champignons qui poussent dans la nature.
Faire vérifier sa cueillette
La meilleure solution pour ne prendre aucun risque est d'aller présenter sa cueillette à un pharmacien ou à un mycologue afin qu'il puisse déterminer si tous les champignons sont comestibles.
Ne pas mélanger les champignons
Toujours dans un souci de sécurité, il est recommandé de ne pas mélanger les champignons que l'on ramasse. Chaque type de champignon doit donc être rangé dans son propre panier, tout simplement pour que des morceaux de champignons toxiques ne se retrouvent pas à côté de champignons comestibles.
Ne pas se fier aux idées reçues
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas parce qu'un champignon est apprécié par les limaces (ou autres insectes) qu'il est comestible. De la même façon, un champignon toxique n'aura pas forcément une odeur désagréable ou très prononcée.
Alain Rey : «En 2012, j'en ai ramassé jusqu'au 12 décembre»
Alain Rey et les champignons, c'est une passion d'enfant qui perdure malgré les ans. «Dès quatre ans en 1964 , ma mère m'emmenait à la cueillette des champignons. Depuis je n'ai jamais arrêté de sillonner les bois du Tarn.
L'homme connaît tous les coins, tous les petits chemins pentus et secrets qui mènent au graal.
«J'adore arpenter notre beau département. Avant le bonheur de trouver des champignons, c'est le plaisir de se balader en pleine nature.»
Des anecdotes, il en a plein son panier.«Les coins à champignons? Comme tout bon cueilleur, je ne les donne jamais. Quand on me demande où je les trouve, je dis dans Tarn Nord entre Albi et l'Aveyron où quelque part dans les monts de Lacaune» sourit-il.
Il se rappelle des «grandes années» . Pêle mêle il cite 1976, 82, 86, 2006 et 2012.
«Là, on pouvait en ramasser 30 kilos à chaque sortie.»Et pour cette diable d'année 2016 où le champignon est aussi rare que le piraña dans le Cérou «C ‘est vrai que c'est bizarre . J'en ai trouvé quelques-uns il y a deux ou trois jours. Mais c'est bien maigre. Une petite poussée puis on sillonne tout un bois pour rien. Ce Lescurien pure souche, avoue qu'«en ce moment, il reste dans le nord du département. Allez dans les Monts de Lacaune, avec deux heures de route aller-retour, plus des heures à arpenter les bois pentus pour rien, c'est un peu trop. Avec un panier vide, on ressent plus vite la fatigue.»
Mais l'homme est de nature optimiste. «En 2012, il s'est passé un peu le même phénomène. Un été chaud, pas de pluie. Rien ne pousse. Puis, il s'est mis à pleuvoir, vraiment, durant plus d'une semaine. Un petit coup de soleil et la pousse a commencé mi-novembre. J'en ai ramassé jusqu'au 12 décembre. Il fallait enlever le givre pour les enlever du sol.» Alain pourrait conter à l'infini son amour du champignon ramassé telle année en décembre ou d'autres au mois de mai.» Et pour 2016? «Il faut rester confiant. La nature se décale. Il fait de plus en plus chaud à l'automne. Mais vous verrez, comme en 2012, on en trouvera, même tard dans la saison.» Il est temps pour lui d'arpenter les bois.
«Et puis c'est la beauté du jeu. Si à chaque fois, c'était banco pour le cueilleur, le panier plein à chaque balade, il serait où le plaisir?»
Publié le 04/11/2016 à 08:04 | La Dépêche du Midi | O.O.
Ariège : Mauvaise année pour les amateurs de cèpes
À cause du manque d'eau, c'est une mauvaise année pour les champignons ariégeois. / Photo DDM
Les cueilleurs rentrent souvent bredouilles : les champignons se font très rares cet automne. La faute au manque d'humidité dans les forêts ariégeoises.
C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Cet automne, les champignons sont quasiment introuvables, les cèpes et autres espèces comestibles refusant de pointer le bout de leur chapeau.
La faute à la météo. «Les champignons aiment la chaleur et l'humidité. Ils ont eu la chaleur cet été, mais le manque d'orages par la suite a fait qu'ils ne sont pas sortis», explique Nicolas De Munnik, mycologue et chercheur au CNRS. Le champignon est tributaire de l'orage. «Pour sortir, il lui faut plusieurs stress. L'idéal, c'est quand il fait très chaud, et que subitement un orage amène une pluie battante. Cela génère un stress fructifiant pour le champignon, qui le fait sortir.»
Des sols beaucoup trop secs
En Haute Ariège, des cèpes ont tout de même été signalés. Les quelques cueilleurs chanceux y protègent crânement le secret de leur petit coin magique, pour tenir à distance les «gens venus d'autres contrées».
«On a dû se décarcasser pour en trouver ! Les sols sont beaucoup trop secs. C'est dommage, car chaque année, je fais des sorties pour découvrir toutes les espèces. Et là, il n'y a presque rien», témoigne un cueilleur fanatique. Des espèces de champignons, il y en a environ 4000 qui poussent dans les forêts et les plaines ariégeoises. Des comestibles, des toxiques, des grands, des minuscules.
Et le résultat de cette «pénurie» de champignons se ressent évidemment d'abord dans l'assiette, et surtout dans le porte-monnaie. Car sur les étals des marchés, les prix flambent. Les cèpes séchés partent à prix d'or : «C'est déjà très rare d'en trouver cette année. Et s'il y en a, ils sont à environ 18 euros les 100 grammes», raconte une vendeuse de fruits et légumes sur le marché de Tarascon.
Une dernière poussée
«Il ne faut tout de même pas noircir le tableau», nuance Nicolas de Munnik. «À certains endroits, il y a eu de petites poussées. Des girolles ont été trouvées, notamment en montagne. Mais il est vrai que le cèpe, champignon phare du département ne s'est pas beaucoup montré.»
En 1976, après une grande sécheresse, de magnifiques orages avaient provoqué une extraordinaire poussée de cèpes, se souvient le mycologue Nicolas de Munnik. La semaine prochaine, il se pourrait bien qu'une ultime poussée de champignons sorte du sol. «Il va faire froid, de la pluie et de la neige en altitude sont annoncées. Mais j'ai appris à rester humble, car le champignon prend un malin plaisir à déjouer les pronostics.»
Des consignes de sécurité à respecter
Même si les champignons se font rares, les cueilleurs sont, quant à eux, toujours aussi nombreux, en cette saison, à arpenter les massifs ariégeois. Avec un temps propice à la balade, certains en oublieraient presque les consignes de sécurité à respecter en montagne. Deux randonneuses en ont notamment fait la mauvaise expérience la semaine dernière. Perdues en pleine forêt en cherchant des champignons, elles ont dû faire appel au peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) pour retrouver leur chemin. Un incident qui s'est bien terminé. Mais cela n'est toujours pas le cas. Pour les éviter, certaines règles sont essentielles.
Le major Pascal Franceschi tient à les rappeler : «En cette période, nous sommes souvent sollicités pour secourir des cueilleurs de champignons qui se sont perdus. Nous leur conseillons de ne jamais partir seul, de signaler à leur proche l'endroit où il compte se rendre et enfin de faire attention de bien avoir une couverture téléphonique, précise-t-il. Ensuite, ce sont des règles de bon sens, similaires à celle à respecter lors de randonnées pédestres, comme avoir un fond de sac contenant un habit chaud ainsi qu'une lampe. D'autant plus nécessaires que pris par la recherche, certains s'éloignent des pistes et peuvent rapidement être surpris par la nuit, qui se couche très tôt avec le changement d'heure.»
Publié le 07/11/2016 | Midi Libre | ANNICK KOSCIELNIAK
Biterrois : allons aux champignons dans les Hauts cantons
En fonction de son environnement, la girolle peut prendre des teintes beiges ou orangées. / Photo Midi Libre
Tous les lundis, Midi Libre livre ses bons plans. Aujourd'hui, place à la cueillette des champignons.
Bon, ce n'est pas la meilleure des années pour les champignons, selon les cueilleurs qui font souvent chou blanc en ce moment. "Pourtant cette semaine toutes les conditions étaient réunies. On est à la lune montante, c'est marin, les terrains sont bien humides mais cela ne sort pas, déplore Pierre, un Biterrois d'expérience, On paie sans doute la sécheresse de cette année, trop de vent, enfin les anciens le disent". C'est quand même la saison, donc on tente le coup, on prend son panier et on va à la chasse aux champignons. À défaut, on s'oxygénera. Mais il existe des règles à respecter, dictées par dame nature mais aussi par la convivialité, le civisme, et partage du terrain… Même si le secret reste le maître mot.
Piste forestière dans le Haut-Languedoc
Amendes amères
Une législation régit depuis longtemps la cueillette. L'article 547 du code civil dit que “les fruits naturels ou industriels appartiennent au propriétaire par droit d'accession”. L'article R331 du code forestier va plus loin : “Le fait, sans autorisation du propriétaire du terrain, de prélever des champignons, fruits et semences des bois et forêts, est puni d'une contravention de 2 e classe (150 € et plus). Lorsque le volume excède 5 l, elle monte à 750€ et plus. Et l'absence de panneau “cueillette interdite” n'exonère pas de l'autorisation du propriétaire.
Débutant, il vaut mieux chasser en groupe plutôt qu'en loup solitaire. Chaque année, des promeneurs se perdent dans les forêts. Trop concentrés sur leur quête, ils oublient de lever la tête de temps en temps et s'éloignent trop du chemin. Seul, il est préférable d'emporter un téléphone portable (vérifier que la batterie est correctement chargée).
Si on trouve dans les prairies, mousserons et autres rosés des prés, il faut monter dans l'arrière pays, vers la Salvetat, Olargues, Saint-Chinian, Saint-Gervais-sur-Mare ou Roquebrun pour dénicher les cèpes. Pour savoir quel champignon on trouvera au pied d'un feuillu, on se fie à leur partenaire mychorizien. Le cèpe de Bordeaux n'en a qu'un, l'épicéa. Les châtaigniers fourniraient selon certains, les cèpes les plus savoureux. Ceux dans les bruyères ont un goût un peu fort. Les girolles apprécient les chênes vert. Quoi qu'il en soit, les amateurs sont d'accord. Même un petit kilo dans le panier - jamais dans du plastique - réjouit les plats d'hiver.
Le mot juste
Les champignons font partie de l'espèce végétale. La partie enfouie dans le sol s'appelle le mycélium. Le sporophore est la partie visible, dont le stipe, le pied du champignon. Le rond de sorcière, cet emplacement des champignons en cercle autour d'un arbre, est appelé ainsi, car au Moyen Âge, la connaissance des champignons était assimilée à de la sorcellerie.
L'amanite tue-mouches (non comestible) colore les sous-bois
Pas bons !
Le bolet de satan n'est pas comestible et peut provoquer de forts maux d'estomacs et des vomissements, parfois pendant plusieurs jours. On le reconnaît à son dessous de chapeau qui vire à l'orange voire au rouge vif. L'amanite tue-mouche, avec son chapeau rouge moucheté de points blancs, provoque des hallucinations suivies de torpeur sévère. Parfois consommé pour un “trip”... qui peut s'avérer very bad. Car elle peut entraîner un coma. Attention, parfois elle peut perdre ses points et ressembler à l'inoffensive oronge. L'amanite phalloïde fait des morts en France. En six heures, les toxines s'attaquent au foie et la prise en charge aux urgences s'avère très compliquée. La morille crue entraîne de forts risques d'intoxication. Cuite, elle est par contre savoureuse. Enfin ,il ne faut pas confondre la girolle avec le clitocybe de l'olivier ou le paxille enroulé qui sont toxiques.
Le conseil
Quand on repère un champignon inconnu, on se renseigne auprès de son pharmacien. Mais dans ce cas, il faut absolument éviter de le mélanger avec le reste de la cueillette. Le mieux est de s'en tenir à trois ou quatre variétés que l'on connaît bien. Et on les consomme dans les 48 heures à défaut, on les congèle.
Publié le 04/11/2016 | Midi Libre |
Bagnols : flambée du prix des champignons sur le marché
C'est la pleine saison des champignons, mais pourtant ils se font rares et cela se ressent sur les prix affichés sur les étals du marché hebdomadaire.
Mercredi matin, rares étaient les étals, nous n'en avons vu qu'un, à proposer sur le marché hebdomadaire de Bagnols, des champignons. Et comme ils sont, cette année, très rares, les prix flambent. Ainsi, les 100 g de cèpes étaient vendus 12 €. Cher au kilo ! Quant aux cèpes français, très riquiqui de taille, ils étaient proposés à 39,80 € le kg. De quoi procurer une indigestion avant même de manger.
Publié le 18/10/2016 | Midi Libre | Ph. C.
P-O : cette année les champignons tardent à pointer le bout de leur chapeau
La cueillette devrait commencer après les pluies de ces derniers jours. En espérant que la lune soit clémente, car d’après les plus expérimentés l’astre céleste joue un rôle primordial dans la pousse des champignons. / Photo Midi Libre, C. BARREAU
L es amateurs de champignons des P-O prennent leur mal en patience. Une saison estivale et un début d'automne plutôt secs ont retardé la sortie des cèpes et roubaillous, mais les pluies récentes ont changé la donne.
Quoi de plus ressourçant que de rentrer dans l'une de nos jolies forêts catalanes pour chercher des champignons? Les odeurs d'humus, les couleurs des feuilles en cette saison, le chant des oiseaux, l'air frais qui rempli nos poumons. Équipés d'un couteau pliant et d'un panier en osier, les amateurs arpentent les coins les plus reculés du département.
Des champignons d'ici huit jours
Si l'atlas des champignons regroupe plus de 360 espèces différentes, seuls 3 ou 4 sont prisés pour leurs qualités gustatives, du Vallespir, en Cerdagne, en passant par le Conflent ou le Capcir. Et la cueillette est aussi l'occasion, de partager un moment de convivialité autour d'un saucisson ou d'un boudin catalan, au moment de la pause. Edgar Oms, président de la société mycologique André Marchand, confirme cet automne morose: «La terre était sèche, très sèche. Quelques champignons ont poussé au fin fond du Capcir, mais il y a eu très peu de coulemelles, roubaillous ou encore de cèpes». Pour autant l'épisode pluvieux de cette fin de semaine devrait ravir les amateurs. «D'ici huit, dix jours, une pousse devrait avoir lieu», explique Edgar Oms.
Interdit dans les forêts domaniales
Même son de cloche pour Michel et Josy, deux habitants de Bages passionnés de cette plante aux tissus peu différenciés, sans chlorophylle, formés de réseaux de filaments, et qui se reproduit à l'aide de spores, portées en général par un carpophor. Surtout pour son côté gustatif. «On est allé chercher des cèpes, il y a une quinzaine de jours, mais nous avons été déçus. Nous avons bien ramené quelques cèpes et roubaillous, mais cette année n'a rien à voir avec les années précédentes», explique Michel. Et de poursuivre: «Nous avons essayé d'aller en Capcir, où le terrain semblait prometteur. Hélas nous sommes tombés sur des gardes qui nous ont signalé que nous étions dans une forêt domaniale et ils nous ont demandé de partir».
Des champignons jusqu'au 5 décembre
Mais le couple de chercheurs ne baisse pas les bras: «Nous y retournons la semaine prochaine, la cueillette devrait être meilleure. Cependant les nuits commencent à être froides et les pousses en montagne risquent de se faire rares. Il vaudra mieux aller en Vallespir ou dans les forêts de hêtres. L'année dernière nous en avions trouvé jusqu'au 5 décembre!». Tous les espoirs sont donc permis pour les gourmets, friands de roubaillous grillés, ou au vinaigre et de risotto ou poulets aux cèpes. Bonne cueillette.
Un peu de matériel (plus ou moins utile)
Si dans l'absolu une simple poche en plastique suffit pour partir aux champignons, les aficionados ont, la plupart du temps, un équipement adéquat. Le panier en osier: il est le gage d'une récolte en bon état en arrivant au domicile. Le couteau pliant: ce dernier permet de couper proprement et respectueusement les champignons. Le magasin Nature et découverte en propose équipés de petits pinceaux pour nettoyer la récolte au fur et à mesure.</p>
L'atlas des champignons: il permet de vérifier la cueillette une fois rentré. Les pharmaciens peuvent aussi vous renseigner en cas de doute. Rappelons que certains champignons, comme les amanites, sont toxiques, voire mortels. La canne: une canne en bois permet, en plus de sa fonction d'origine, d'écarter les feuilles mortes pour découvrir les champignons cachés. Un GPS: les moins expérimentés peuvent trouver dans les bons magasins des GPS qui leur seront peut-être utiles pour retrouver leur voiture ou leur point de départ. Si l'idée peut paraître excessive, il faut savoir que chaque année, des chercheurs de champignons égarés font appel à la sécurité civile pour retrouver leur chemin...
L'omelette aux cèpes, un grand classique en saison !
Cuisinez votre cueillette
Beaucoup de recettes existent, mais souvent les plus simples sont les meilleures. Rien de tel, par exemple que de faire griller des petits roubaillous juste agrémentés d'un peu d'ail et de persil. Josy, de Bages, donne une recette simple de quiche aux cèpes: dans une poêle, faire revenir les champignons coupés en petits morceaux, avec un peu de beurre. Y ajouter quelques petits lardons, de l'ail, du persil, du sel et du poivre. Dans un récipient, verser 25 cl de crème fraîche semi-épaisse, de l'emmental râpé et un œuf, puis mélanger le tout. Enfin, verser le mélange sur une pâte feuilletée et l'étaler, avant de mettre le tout au four, 30 minutes à 180 degrés.
Publié le 26/10/2016 | La Montagne |
Ambert : Trapon Champignons optimiste malgré un mois de septembre "catastrophique"
Trapon Champignons optimiste malgré un mois de septembre "catastrophique" Les cèpes sont triés et calibrés avant d’être conditionnés. / Photo La Montagne © TOURNEBIZE Laurence
Face à des sous-bois plutôt pauvres, Trapon Champignons a dû revoir sa politique d’importation. Reste que la confiance est toujours là avec les champignons d’automne qui s’annoncent.
Si le printemps a tenu ses promesses pour l'entreprise ambertoise Trapon Champignons, le mois de septembre s'est montré catastrophique : « On a payé la sécheresse de cet été, détaille le gérant de la société, William Trapon. Il n'y a eu ni cèpes ni autres variétés, et ce, dans toutes les régions de France. On est passé à travers comme rarement ».
William Trapon n'en est pas moins optimiste : « En octobre, il y a eu quelques orages et des petites pousses de cèpes très localisées. Il y a par contre des bois qui n'ont rien donné ». Si le manque au niveau du chiffre d'affaires s'est fait ressentir au niveau des cèpes, les variétés annexes, comme les girolles grises, les chanterelles n'ont pas non plus été au rendez-vous. « Les champignons d'automne tardent à sortir, remarque le gérant, mais ça va arriver avec les trompettes de la mort, les pieds de moutons et les chanterelles ».
Et d'ailleurs, les cèpes commencent à arriver en ce mois d'octobre. Si la quantité n'est pas là, c'est la qualité qui est au rendez-vous. « Les cours montent du fait de la rareté, explique William Trapon. Et cette rareté se fait sentir au niveau européen. Même dans les Balkans, il y a eu un manque de tous les produis sauf des girolles en septembre. Par contre, juillet et août ont été plus généreux en cèpes ».
/ Photo La Montagne
Deux succursales
L'entreprise a dû cette année importer en quantité : « on importe plus quand les produits manquent chez nous. Côté français, Trapon Champignons compte environ 2.000 foyers de ramasseurs qui viennent apporter le produit de leur cueillette dans les points d'achat qui se répartissent sur le grand Massif Central, explique le gérant. Nous avons aussi deux succursales. L'une est située à Saint-Didier-des-Vosges depuis et a été créée il y a un an. L'autre est dans les Landes, près de Mimizan ».
Si habituellement, le chiffre d'affaires est réalisé à 25 % avec des produits d'importation pour 75 % de champignons français, l'estimation est à 5050 actuellement. Mais William Trapon compte encore sur la fin de l'année pour rééquilibrer ces chiffres. « En novembre et décembre, nous devrions avoir encore beaucoup de produits français, estime-t-il. Et il va y avoir les charbonniers même si la quantité a fortement baissé ces dernières années du fait des coupes de bois de pins. On a quand même encore deux mois et demi pour rattraper un peu. Mais quand on perd septembre, c'est toujours difficile de remonter ».
William Trapon dans les caves de production du shiitaké à Ambert. / Photo La Montagne © Yvan Guilhot
L'entreprise compte huit permanents à l'année. « Nous avons une activité très saisonnière, explique William. C'est pourquoi dans les très bonnes années, nous avons été jusqu'à 75. Actuellement, l'effectif est de 48 personnes réparties au tri, au calibrage, au transport… ».
25 à 30 % des champignons sont exportés vers l'Europe mais aussi à Dubaï, en Australie, en Asie et plus particulièrement au Japon. « Les Japonais sont des clients très exigeants mais très fidèles », remarque le gérant.
L'entreprise a aussi diversifié son activité en se lançant dans la production de shiitakés et de pleurotes. « On a commencé à cultiver des shiitakés en 2009, une année où les champignons sauvages manquaient », explique William Trapon. Pour compléter le tout, l'entreprise achète et vend également des fruits sauvages, principalement des myrtilles.
Pour cette fin d'année, le chef d'entreprise espère simplement que le froid sera tardif pour arriver à « une saison convenable ».
Publié le 30/10/2016 | Sud Ouest| CHRISTIAN SEGUIN
Il faut sauver le cèpe
Jean Rondet. « On n’explique jamais que le cèpe naît de la gestion forestière, où sévit le changement climatique. L’absence d’entretien et la monoculture créent des dégâts ». © PH. VINCENT DOUCE
Jean Rondet, Monsieur Cèpe en France, prouve que le champignon, menacé, est un vrai vecteur de développement économique et écologique.
Jean Rondet vient d'une forêt, mais il ne sait pas laquelle. Du Pays basque où il a longtemps posé son chevalet d'aquarelliste ? De Haute-Loire, où il a découvert la culture des pleurotes ? Ou de la Creuse, qui lui a inoculé définitivement cette interrogation universelle : pourquoi le champignon ?
À Bayonne, où il passe une partie de son enfance et de son adolescence, il occupe le poste d'ailier de rugby qui pratique donc la peinture dans la nature, en même temps que le karaté. Sa nature à lui ne fait pas de bruit, si l'on considère qu'il étudie beaucoup plus le bouddhisme et le taoïsme que la communication. Ses études de biologie végétale à Paris, de mycologie à Bordeaux et d'agronomie à Toulouse ne l'écartent jamais de la méditation.
Landes : une boletière expérimentale pour étudier les cèpes
Expert en « culture et ennemis des champignons », conseiller technique, professeur dans l'enseignement agricole redevenu étudiant, il engage un mémoire sur l'écologie et l'économie des cèpes en Limousin. En accédant aux comptes d'un collecteur creusois, il constate un business inimaginable, avec des courtiers venus de Bordeaux et une navette nocturne de semi-remorques italiens. Une frénésie saisonnière aussi vitale que non déclarée.
À l'Inra de Bordeaux, qui montre que la récolte en France représente 1,5 milliard de francs (230 millions d'euros), hors comptes publics, il se lie à Jacques Guinberteau, un mycologue majeur. Jean Rondet, en 1990, ouvre une voie pionnière. Le sporophore soutient une activité intense, familiale - 200 kilos par personne - et d'entreprise, cela d'une manière époustouflante en Corrèze.
Il invente un métier merveilleux : consultant cèpe. Le bolet comestible, tel qu'il le conçoit, englobe la mycosylviculture, soit la conduite de la richesse forestière, l'organisation du ramassage, la valorisation économique, la micronutrition et la microgastronomie. Aux gens de forêt, il apporte un manuel de formations.
Un principe simple : créer tout de suite une petite filière qui a du sens pour restaurateurs, élus locaux, institutions et gestionnaires. Sa stratégie s'appuie sur un tissu de connaissances pointues, la mémoire des cueil- leurs, et une expérience victorieuse en Espagne. Il œuvre avec Fernando Martinez-Peña, le directeur d'une structure équivalente à l'Inra en Aragon (1), au sein de l'Institut mycologique européen qu'ils ont fondé ensemble. Le duo liste dix facteurs pour savoir si un bois a une aptitude à produire et dans quelle durée. À partir de là, ils le font évoluer ou le préservent.
Les lactaires sont très prisés en Espagne / Photo FB, Coneixem els bolets
L'exemple espagnol
Ce sont les Espagnols qui ont inventé le mycotourisme il y a vingt ans en Castilla y León, à Soria, en installant une gouvernance participative où se retrouvent espaces publics et privés, restaurateurs, hôteliers et familles. Le partage équitable passe par l'achat d'une carte, avec des tarifs différents selon l'origine géographique des visiteurs. Le ramassage à péage modeste a éliminé les pilleurs. Ils y ont ajouté les restaurants mycologiques labellisés. En automne, tous les hôtels font le plein à Soria, un désert pluvieux.
Pourquoi s'inquiéter de l'éternité supposée de la ressource ? Jean Rondet dénonce une situation dramatique. La production perd la moitié de ses 20 000 tonnes en France. Dans le Massif central, elle passe de 10 000 à 2 000. De nouvelles pratiques sylvicoles menacent gravement le fameux filon de Corrèze, et donc une rétribution essentielle. Le remplacement de l'épicéa par le sapin Douglas élimine le centre de la production du pays.
« Si l'on ne développe pas le capital fongique, il se perd, dit-il. On n'explique jamais que le cèpe naît de la gestion forestière, où sévit le changement climatique. Les lieux s'assèchent. La saison commence plus tard et rétrécit. La richesse disparaît par faute de maîtrise. L'absence d'entretien et la monoculture créent beaucoup trop de dégâts. Ignorer les champignons revient à détruire une grande partie de la diversité. Ce sont eux qui attrapent l'eau dans les sols pour les arbres, et pas l'inverse. »
Partant, l'ingénieur veut montrer que l'inconnu des sous-bois a, par exemple, un impact socio-économique beaucoup plus fort que la truffe noire et ses 30 tonnes annuelles déclarées. Le « diamant noir », classé dans les productions agricoles, dispose d'une organisation professionnelle, de subventions et de centres techniques, quand le bolet tient de l'activité romanesque, des effets de la Lune, de Merlin l'Enchanteur et des pneus crevés. Il n'a ni statut ni défenseurs.
Le label Cèpe du Médoc
Or, son décor se trouve bouleversé, en même temps que le climat et la paix rurale, soumise à un nouveau flux. Plus personne ne respecte la propriété privée. L'apparition des rurbains, ignorant des usages, exaspère autour de l'église.
Inconnue dans les pays de l'Est il y a vingt-cinq ans, la poussée rameute des cueilleurs d'Europe centrale, sollicités par les collecteurs depuis la France, l'Italie et l'Espagne. Dans ce contexte tendu, territoires et propriétaires réclament un cadre, des règles, mais aussi des perspectives. Jean Rondet travaille à la création d'un label Cèpe du Médoc avec l'Association des producteurs de Gironde, comme il a œuvré, au titre de coordonnateur international, pour soutenir le label du Périgord. Une production tracée dont on vendra 40 tonnes sur les marchés de Dordogne en 2020 et 80 tonnes en 2024. Il s'agit aussi de savoir d'où vient ce que l'on mange.
En Gironde, il vise des parcelles pédagogiques, où il assurera un suivi scientifique. Il s'implique dans le projet des vallées basques, porté par l'agriculture, et plus particulièrement à Iraty où vont se mettre en place lieux de démonstration et randonnées mycologiques guidées. Il suit un groupe qui se structure en Creuse.
Les demandes affluent en Nouvelle-Aquitaine où il propose à la Région une étude approfondie pour estimer le potentiel et l'équivalent emplois. Ce diagnostic permettra de savoir comment retrouver l'abondance, en initiant un travail spécifique. Un horizon : récupérer le trésor perdu de la diversité. Il suggère aussi, comme en Espagne, de définir certaines règles, avec un poids par personne, une carte de type chasse ou pêche, à prix variables, selon le lieu de résidence, et la qualité de promeneur ou de collecteur professionnel.
Le mystère de la pousse va-t-il se lever ? La seule photosynthèse des arbres n'explique pas tout. L'énigme chimique demeure, au même titre que la circulation de l'eau qui fait croître le Boletus. Mais on sait désormais quels arbres planter et comment, quelles espèces associer, de quel sol et de quelle exposition viennent les meilleurs coins.
Aquarelliste, Jean Rondet possédait la technique pour capturer la lumière des forêts. Phytopathologiste, il entreprend de leur sauver la vie, avec la mission d'enrichir le territoire où naît le roi.
« Territoires mycologiques. Les champignons au service des forêts et des hommes », de Jean Rondet et Fernando Martinez-Peña, Educagri éditions.
Publié le 28/10/2016 à 11:08 | France 3 Languedoc-Roussillon | Yann Lagarde
Lozère : cueilleurs de champignons recherchent cèpes désespérément
Les cueilleurs de champignons sont inquiets de la rareté des cèpes et des giroles en Lozère. Une rareté qui entraîne mécaniquement une hausse des prix.
Le prix des cèpes a augmenté d'environ 50% à cause de leur rareté.
Les cueilleurs ont de quoi perdre patience.
Des heures passées dans les forêts de Lozère à scruter tous les coins à champignons, mais un même constat : les cèpes et les giroles se font rares.
Une disette qui étonne les professionnels de la filière, alors que le mois d’octobre touche à sa fin :
"J’ai ramassé même pas un kilo de cèpes dans le courant de la saison, les années d’avant pour la consommation, on pouvait atteindre des taux entre 20 et 40 kilos de cèpes et autant de giroles".
Pour les ramasseurs qui cueillent et vendent aux particuliers, la situation est alarmante.
La rareté des champignons sur les étals fait bondir leur prix : environ 50 % de plus que les autres années.
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