Publié le 16/04/2013 à 07:53 | La Dépêche du Midi | R.R
La campagne tarnaise patauge
La campagne tarnaise est gorgée d'eau en ce début de printemps, à l'image de cet élevage du Carmausin à Almayrac. ./Photo DDM, Jean-Marie Lamboley.
Conséquence d'un premier trimestre historiquement pluvieux, les agriculteurs tarnais éprouvent des difficultés pour entrer dans leurs champs. Heureusement la prochaine quinzaine s'annonce sèche et douce.
Du nord au sud, de l'est à l'ouest, la campagne tarnaise est gorgée d'eau. Cet excédent n'arrange guère les agriculteurs obligés de composer avec les caprices de la météo à une époque de l'année où les cultures et autres pâturages doivent être traités. Mais si les tracteurs sont presque au repos forcé ce n'est pas pour autant que les agriculteurs ne travaillent pas car dans une exploitation, indépendamment de la météo, il y a toujours quelque chose à faire. Philippe Basse, agriculteur céréalier et éleveur bovin au Ségur confirme : «On patauge. On ne peut pas rentrer dans les champs pour amender les pâtures, au risque de tout abîmer, j'en profite pour faire de l'administratif car le métier est de plus en plus encadré, compliqué avec toujours plus de papiers à fournir».
Pas du bon boulot
À l'autre bout du département, Francis Viguié exploite la ferme du Moulin Neuf à Aussillon, dans la plaine du Thoré. Lui aussi est gêné par cet excédent de pluie, mais il relativise : «C'est sûr que cela fait longtemps qu'il n'y avait pas eu autant d'eau, du coup je suis un peu en retard par rapport aux années précédentes pour le traitement des cultures mais je ne suis pas trop à la ramasse. On peut entrer dans les champs mais on ne fait pas du bon boulot. En fait, ajoute-t-il, il manque surtout de la chaleur pour que l'herbe pousse bien». Pour les semis de maïs ? «Si le temps s'arrange je pourrai semer dans une quinzaine de jours mais il faut d'abord ensiler le ray-grass, épandre le fumier et labourer».
Je suis en retard
Dans les monts d'Alban, Yannick Goulesque est éleveur bovin et cultive quelques céréales pour son cheptel. «Je suis comme les copains, ce début d'année manque de soleil et les cultures ne poussent pas vite. Comme on ne peut pas amender, le rendement sera en conséquence. J'espère qu'avec deux ou trois jours de soleil et de vent ça ira mieux car je suis sur un sol sableux qui draine bien, dans le Lautrécois où les sols sont plus argileux c'est plus compliqué».
En effet, dans la plaine tarnaise du côté de Castres, Alain Massoutier, céréalier à Carbes confirme qu'il ne peut pas travailler normalement. «Partout on a de l'eau et pour l'instant je n'ai pas pu toucher aux champs, je ne peux pas y entrer pourtant il faudrai que je désherbe les céréales qui poussent, je suis en retard, il y a urgence». Situation inquiétante aussi pour les semis de maïs. «Là c'est au minimum 15 jours de retard et si l'automne n'est pas bon… Je me raccroche au diction ''ce que la nature démolit aujourd'hui, elle le refait demain''. Si je me souviens bien on n'avait pas connu une telle situation depuis 1988. A priori, les jours qui arrivent s'annoncent secs et sans trop de vent. Il serait temps».
Publié le 12/04/2013 à 08:46 Jean-Michel Fabre
Rivières,ruisseaux, barrages font le plein
Des travaux sur l'écluse de Floiras sur le Lot. /Photo DDM, Marc Salvet
Le département ne manque pas d'eau. A la différence de l'an dernier à la même période, rivières , ruisseaux, nappes phréatiques sont rechargés. Le débit sur le Lot, trop soutenu, bloque toujours la navigation. Une abondance qui ne met pas à l'abri d'un coup de sécheresse cet été.
Les petits ruisseaux font les grosses rivières et ce n'est pas qu'un dicton. Le Lot, suralimenté par une cascade de ruisseaux que les pluies de ces dernières semaines ont rempli, coule à haut régime. Pas d'alerte, ni de risque de crue à l'horizon, mais une rivière suffisamment abondante pour immobiliser la navigation peut-être encore deux semaines. La rivière Dordogne présente un visage comparable, bien rempli, mais sans débord.
Didier Renault, le «monsieur eau» au niveau des services de l'état, revient à la situation d'un an en arrière : «Rappelez-vous, nous étions à la même période, à l'étiage et là, on est sur un débit soutenu».
La pluviométrie, dans la normale pour la partie Nord-Est du département, et bien au-dessus des normes dans le Sud, a produit ses effets, en rechargeant les cours d'eau et les nappes phréatiques y compris dans le secteur du Quercy Blanc.
Pas d'inquiétude particulière sur les grands barrages en amont sur le Lot et la Dordogne, comme celui de la Truyère dont les stocks sont conséquents mais pas trop. « à la différence des barrages pyrénéens, précise Didier Renault, nos ouvrages ne dépendent pas de la fonte des neiges du Massif Central, neige de basse altitude, sans compter le phénomène d'évaporation qui joue. Ces barrages sont abondés par les pluies de printemps».
Ruisseaux, rivières, barrages ont beau être copieusement remplis, le département ne serait pas pour autant prémuni définitivement des conséquences d'un coup de chaud s'il survient dans trois mois. C'est le sentiment de Didier Renault : «Ces réserves ne permettent pas d'affirmer que l'été se déroulera sans difficulté aucune, disons plutôt que cela se présente mieux que les années passées.
«Depuis 1990, on est habitué»
Jean-Jacques Baboulène, loueur de bateaux à Cahors prend son mal en patience : «On est habitué, depuis l'ouverture de la navigation sur le Lot en 1990, nous n'avons eu que trois saisons complètes, en 1990, 1991 et 2011. On est tributaire de la météo mais on le sait. A voir comment l'eau coule à la fontaine des Chartreux, il faudra attendre encore une quinzaine de jours avant que ça s'arrange».
Publié le 12/04/2013 à 07:38 L.G
Ariège : Les faits les plus marquants de cet interminable hiver
Il a neigé, samedi dernier, à faible altitude, sur les arbres en fleurs. Comme ici, sur ce prunus, à Saurat. / Photo DDM, Laurent Gauthey.
C'est fini. En tout cas, on croise les doigts. Cet interminable hiver semble bien derrière nous. Il restera dans tous les esprits, pour deux raisons au moins: le manque de soleil d'une part, l'extraordinaire abondance de neige d'autre part.
De quoi perdre patience ou sombrer dans la déprime : l'hiver 2012/2013 a été marqué par ce manque criant de lumière et de soleil. Des hivers aussi sombres et pluvieux, on n'en avait rarement connu : «C'est l'un des trois hivers les moins ensoleillés enregistrés en Ariège, résume Jonathan Lienard, de Météo-France Saint-Girons. La pluviométrie a été exceptionnelle, avec 70 % d'excédent par rapport à un hiver normal, et 18 jours de précipitation supplémentaire». C'était donc la fête à la grenouille, mais tous les jours ou presque. «Comme si la Bretagne s'était invitée en Ariège», commente encore Jonathan Lienard. Le mois de janvier a été particulièrement arrosé, avec des précipitations 2,5 fois plus importantes qu'en moyenne habituelle, soit 186 mm contre 83 mm.
Et les cumuls de neige sont hors du commun : 67 cm de neige, mi-février, dans les rues de Savignac-les-Ormeaux, à 680 m, en février dernier, par exemple. Ou encore 2,35m à Bonascre, à la même période. En cumul, on arrive aujourd'hui à 10 mètres environ en haute montagne. Un record absolu. Et une source d'inquiétude, également, puisque la fonte de cet épais manteau neigeux pourrait se solder par d'importantes crues à la fin du printemps. Pluie et neige ont donc pris la place du soleil : trente pour cent d'ensoleillement de perdu en janvier et février, soit 65 heures au total. Dur, dur pour le moral. Notamment en février, particulièrement froid cette année, avec des températures en baisse de 2,5° pour les maximales, et de 1° pour les minimales, par rapport à la moyenne. Si on ajoute à ce tableau les pluies verglaçantes de janvier, il était temps que l'hiver se termine. Mais Météo-France prévoyait pour hier soir une série de violents orages de grêle. Et on n'est pas à l'abri d'une dernière offensive de la fraîcheur. Il a bien neige, samedi dernier, à basse altitude, sur les arbres en, fleurs.
Nouveau risque de coulées
Avec le redoux, le risque de coulées de neige est redevenu important, notamment dans le Couserans. Il est passé hier, en fin de journée, au niveau 4 sur une échelle qui en compte 5.
Publié le 12/04/2013 à 08:31 L.G.
Fonte des neiges : tous les voyants sont au rouge
Le barrage de Laparan, vidangé au début de l'automne, pour des travaux d'entretien, n'a pas été remis en eau. / Photo DDM, archives.
Tous les voyants sont au rouge : les nappes phréatiques se sont bien remplies durant l'hiver, rattrapant le déficit des années précédentes ; les rivières occupent très largement leurs lits et, sur les sommets, un épais manteau neigeux subsiste encore, alors qu'habituellement, on ne trouve plus rien en dessous de 2000 mètres. «Aujourd'hui encore, on trouve des cumuls de 1,5 m de neige à 1500 mètres, en versant nord, fait-on remarquer du côté de Météo-France, à Saint-Girons. Au-dessus de 2000 mètres, la couche de neige atteint 3,5m d'épaisseur. Avec le redoux, le risque de coulées devient de plus en plus important. Mais l'autre risque, c'est une fonte brutale de ce manteau neigeux». Un risque accru en cas de fortes précipitations, et qui est pris très au sérieux, tant du côté de la préfecture de l'Ariège que du côté d'EDF.
«Par mesure de précaution, les retenues ont été «creusées» de manière importante, confie le producteur d'électricité. Nous avons lâché beaucoup d'eau préventivement de manière à accueillir la fonte». Mais personne ne sait au juste quel volume d'eau représente cet épais manteau neigeux, ni à quelle vitesse va se produire la fonte. Du côté de la préfecture, l'accent est mis sur la prévention : des réunions ont eu lieu avec les maires ariégeois, voici quelques jours, pour les avertir des risques. Trois réunions, une par arrondissement, ont été organisées, et un seul message : les élus ont été invités à être particulièrement vigilants aux étiages de leurs cours d'eau. Et ils ont été conviés à se tenir prêts à prendre des mesures d'urgence si nécessaires. Les voyants sont au rouge.
Publié le 11/04/2013 à 07:43 | Andy Barréjot
Hautes-Pyrénées : Les légumes font grise mine
Si, pour Sylvain Andrieux, la production de tomates n'est pas menacée, elle accuse un retard relativement important./Photo Laurent Dard.
Les mauvaises conditions météorologiques et notamment le manque d'ensoleillement ont plombé plusieurs secteurs agricoles. À l'image de Sylvain Andrieux, les maraîchers accusent un mois de retard.
À l'entrée de l'exploitation, poivrons et aubergines patientent dans leur cagette. Même sort pour les radis et une partie des poireaux et des pommes de terre. Pourtant, ces légumes devraient être sous terre depuis déjà des semaines. Mais comme ses collègues maraîchers, Sylvain Andrieux subit cet hiver qui n'en finit décidément pas. «C'est la première fois que j'ai autant de retard, concède ce jeune agriculteur odosséen. La météo a pénalisé fortement les cultures. Dans les champs, le trop-plein d'eau fait que les plants pourrissent, s'abîment. Dans le même temps, on n'a pas eu de conditions favorables pour planter et avoir des conditions de levée optimales, puisqu'il n'y a jamais eu de jours de beau temps consécutifs. Du coup, en dehors des petits pois et des oignons, rien n'est en terre.»
L'épisode est plus sévère que la vague de froid de l'hiver précédent. Car même les légumes qui sont sous abri sont à la traîne. À l'image de ces tomates, deux fois moins haute que d'habitude à pareille époque, ou de ces salades qui n'ont pas profité du tout. «À la mi-avril, elles devraient être ramassées, mais là, on va les détruire pour faire de la place, regrette Sylvain Andrieux. D'autres produits comme les épinards sont en retard. Comme le temps est couvert, il n'y a pas de photosynthèse et le développement ne se fait pas. L'ensemble de la production est touché.» Le retard accumulé pèse sur l'organisation spatiale et la gestion des 2.400 m2 sous abri-froid devient complexe. ça bouchonne dans les tunnels. «La crainte aussi, ce sont les maladies qui peuvent proliférer avec la combinaison de l'humidité et du froid. On essaie d'aérer au maximum pour diminuer l'effet de moiteur. Car d'un autre côté, on a besoin de soleil et de chaleur car le drainage naturel ne se fait plus.»
Trou de production
Si elle se répercute sur le terrain, la météo n'épargne pas les finances de ce maraîcher qui écoule son stock en vente directe. «Les légumes d'hiver se terminent alors que ceux du printemps sont à peine plantés, raconte ce jeune entrepreneur qui compte deux salariés. ça va entraîner un trou au niveau de la production et donc une absence de rentrée d'argent.» Le printemps risque donc d'être tendu sur les champs. «Là, avec de telles conditions, on commence à exploser. On ne peut pas travailler, ce qui va nous contraindre à cumuler les tâches sur une période restreinte. ça va mettre la pression sur les hommes et sur les machines. Et comme tous les agriculteurs vont être sur la brèche en même temps, les prestataires de services risquent de ne pas pouvoir répondre à toutes les sollicitations.» Heureusement, le temps est en passe de tourner…
Publié le 13/04/2013 à 07:01 | Thierry Dupuy
Montauban : Météo, le petit commerce a trinqué
Les secteurs de la restauration et de l'habillement attendent avec impatience le retour du soleil. Depuis le début de l'année, le cumul de pluie enregistré est de 297 mm pour Montauban. Un record depuis 23 ans !
Le mauvais temps a encore fait des siennes, hier. Si le soleil a fait une belle percée, c'était pour aussitôt disparaître derrière la pluie… Notre lot quotidien depuis plus d'un mois. Les chiffres de la météo parlent d'ailleurs d'eux-mêmes pour Montauban et le Tarn-et-Garonne. En mars, le soleil n'a brillé que 169 heures au lieu de 254 pour le même mois de l'année dernière. Et depuis le 1er janvier, il a plu comme jamais depuis 23 ans. Le cumul enregistré est de 297 mm jusqu'au 12 avril, ce qui place la période dans les six plus pluvieuses depuis 1950.
Cette météo maussade affecte évidemment le petit commerce. Les cafés et les restaurants font grise mine. «Le chiffre d'affaires du mois de mars a baissé de de 20 % par rapport à l'an dernier. C'est vrai que la consommation est plus joyeuse quand il fait soleil», relève Philippe Wion. Le patron du bar-brasserie Lulu la Nantaise n'a installé sa terrasse sur la place du Coq qu'à trois reprises depuis le début de l'année.
Autre fait marquant, sur la place Nationale, les boissons chaudes primaient hier encore sur les Smoothies frais et autres cafés glacés, à la terrasse du French Coffee Shop. «C'est vrai que le centre ville est bien plus agréable quand il fait soleil», souligne Grégoire Nasser, le préparateur de l'établissement.
Le cocktail du mauvais temps et de la crise a également un goût amer dans le secteur de l'habillement. «Nos clientes regardent les collections d'été, mais attendent le soleil avant d'acheter», constate Michèle Bacchini, dans la rue de la résistance.
Logiquement, la boutique O'Savon tire épingle du jeu dans la rue Michelet. Il faut dire que la savonnerie vend aussi des parapluies et qu'en ce moment, ce produit météo-sensible est en plein boom par rapport à l'an dernier. «On en écoule tous les jours» glisse la vendeuse Florence Julia.
«La crise n'est pas, dans le Tarn-et-Garonne, aussi importante qu'ailleurs»
Jean-Louis Marty, président de la chambre de commerce et d'industrie de Tarn-et-Garonne disposera dans quelques jours de l'enquête de conjoncture économique effectuée trimestre par trimestre dans le département. Pour l'heure, il ne nie pas que beaucoup de secteurs sont plombés par la morosité économique et météorologique depuis le début de l'année. Mais le président de la chambre se veut également optimiste. «C'est vrai que le manque de soleil n'arrange rien et que cela impacte directement certains secteurs d'activités. Quand les gens sont inquiets, quand ils n'ont pas le moral, ils repoussent leurs dépenses. Je le constate aussi dans ma branche de l'automobile, où l'on note, néanmoins, une certaine reprise depuis le début du mois d'avril. Maintenant, j'ai le sentiment que la crise n'est pas, dans le département, aussi importante qu'ailleurs. Les entreprises industrielles liées au secteur aéronautique, à l'agriculture se portent plutôt bien en Tarn-et-Garonne. La forte croissance démographique de ce département est également une chance pour tous. A nous les commerçants de faire le maximum pour attirer la clientèle.»
Le chiffre : 110 Terrasses > Cafés et restaurants. C 'est le nombre d'installations répertoriées par la mairie de Montauban.
«C'est vrai que la consommation est plus joyeuse quand il fait soleil». Philippe Wion, patron de Lulu la Nantaise.