Occitanie : Sites d'exception Unesco
Publié le 16/01/2022| La Dépêche du Midi | Anne-Isabelle Six - Midi Mag
Occitanie : Découvrez nos sites d'exception reconnus par l'Unesco
La Cité de Carcassonne / DDM
Notre région regorge de lieux d’exception ayant valeur universelle. C’est l’Unesco qui l’affirme. Sur les 49 sites français figurant sur sa très sélective Liste du patrimoine mondial, l’Occitanie en compte huit. De quoi être fiers !
Synonyme de visibilité mondiale et gage d’évidentes retombées touristiques (en période normale), le label "patrimoine mondial de l’humanité" est accordé selon un cahier des charges très strict. En région, les sites reconnus se distinguent bien évidemment par leur majesté et un caractère unique. Petit précis touristique pour préparer vos futures escapades.
Le Pont du Gard / DDM, Aurelio Rodriguez
Le pont du Gard : pépite de l’architecture romaine
Découvrir le pont du Gard est un choc tant esthétique que spirituel. Rousseau voyait d’ailleurs dans cet ouvrage hérité du Ier siècle « une œuvre plus divine qu’humaine ».
Sa fine silhouette minérale, sa fascinante construction en trois arches superposées, la couleur ocre de ses pierres de Vers se détachant du bleu du Gardon et du vert de la végétation alentour, sa taille impressionnante qui tend à relier ciel et terre…
Le pont du Gard, vaisseau de pierre en garrigues / DDM
Le plus haut aqueduc du monde romain à trois niveaux encore debout est en tout point remarquable. Il fut construit peu avant l’ère chrétienne, en cinq ans, pour permettre à l’aqueduc de Nîmes, long de près de 50 kilomètres, de franchir le Gardon.
En imaginant ce pont de 50 mètres de haut, les ingénieurs hydrauliciens et architectes romains ont réalisé une prouesse technique doublée d’une œuvre d’art.
Rien de surprenant donc que l’Unesco ait salué ce chef-d’œuvre antique en 1985. Et qu’il soit toujours l’un des monuments les plus fréquentés de France, après le Mont Saint-Michel et la tour Eiffel.
Pont du Gard : 1 975 ans, dont 30 au Patrimoine de l'Humanité / Ind, GpeF
Située entre Remoulins et Vers-Pont-du-Gard, cette merveille se découvre à pied. C’est un plaisir de déambuler aux abords du pont, au sein d’un écrin de 165 hectares de nature préservée, au cœur de la Réserve de biosphère des gorges du Gardon, également distinguée par l’Unesco.
Aigles de Bonelli, hérons, hiboux Grand-Duc, molosses de Cestoni et castors nichent près du monument, au milieu de la garrigue, des oliviers et des chênes verts.
La foule se presse tout au long de l’année pour admirer ce lieu labellisé Grand site de France. Entre mi-mai et fin août, le pont du Gard est sublimé, à la tombée de la nuit, par de magnifiques jeux de lumière.
Le cirque de Gavarnie, le «colosseeum» des Pyrénées / DDM
Le cirque de Gavarnie : mystérieux Colisée des Pyrénées
Grandiose, époustouflant, stupéfiant… Aucun superlatif ne saurait rendre hommage à la beauté mystérieuse du cirque de Gavarnie. De tous les grands cirques calcaires pyrénéens, celui que Victor Hugo a salué comme « le colosseum de la nature » (colisée) est sans conteste le plus spectaculaire.
Il doit son existence au travail d’érosion commencé il y a cinquante millions d’années par d’immenses glaciers aujourd’hui disparus. Sa réputation s’est construite au fil des explorations qu’il inspira à des géologues, botanistes, peintres, poètes et montagnards en quête d’exploits et de sensations. Il fut même au XVIe siècle le berceau du Pyrénéisme.
Le Cirque de Gavarnie est un des sites les plus fréquentés des Pyrénées / DDM
Car Gavarnie est un lieu de démesure : il comprend l’une des plus hautes cascades d’Europe avec ses 413 mètres de chute libre ; sa muraille s’élève à 1 700 mètres et se déroule sur 14 kilomètres. Cet amphithéâtre naturel est encadré par seize sommets de plus de 3 000 mètres dont le Mont Perdu (3 352 m) et surplombé par la légendaire Brèche de Roland.
Niché au cœur du Parc national des Pyrénées et de l’ensemble Pyrénées-Mont Perdu que l’Unesco a inscrit au patrimoine mondial en 1997, le cirque de Gavarnie est le seul site français distingué selon des critères à la fois naturels et culturels. Il abrite un mode de vie pastoral traditionnel exceptionnel qui donne lieu à des échanges transfrontaliers.
En hiver, le cirque de Gavarnie est un spot très connu pour les cascades de glace / DDM
Chaque fin juillet, depuis le Moyen-Âge, débute la transhumance de la Bernatoire, avec plus d’un millier de vaches d’Aragon migrant vers les pâturages d’altitude français.
Été comme hiver, d’intrépides randonneurs se pressent dans ce cirque à la beauté hypnotisante. Et lorsque ses cascades gèlent, il devient un terrain de jeu pour les amateurs d’escalade glaciaire.
Carcassonne, plus belle Cité du monde / DDM
La cité de Carcassonne : décor médiéval de rêve
Tel un mirage, elle émerge sur une colline de la plaine de l’Aude. Avec ses 52 tours, sa double enceinte visible à des kilomètres à la ronde, son imposant système défensif entourant le château et les corps de logis qui lui sont associés, son dédale de ruelles et sa superbe cathédrale gothique, la cité médiévale de Carcassonne a une allure très cinématographique.
Pas étonnant donc que cette construction parfaite ait servi de décor à de nombreux tournages pour des films comme "Robin des bois prince des voleurs", "Le Corniaud" ou "Les visiteurs". Et qu’elle soit assaillie chaque été par des hordes de touristes.
Le Château Comtal. / DDM
Ses premières fortifications furent érigées dès la période pré-romaine sur cette colline stratégique. Centre du pouvoir des comtes de Carcassonne puis de la famille Trencavel au XIIe siècle, la cité cathare est reprise en main par le roi de France au XIIIe.
Devenue place forte royale, elle protège la frontière entre la France et l’Aragon jusqu’au traité des Pyrénées en 1659.
Visites nocturnes de la Cité, où les pierres chantent dans la nuit / DDM, Orpheo
Saluée par l’Unesco en 1997, Carcassonne doit aussi son caractère exceptionnel à l’un des plus grands chantiers de restauration d’Europe. Au XIXe siècle, la cité alors au bord de la démolition, sert de carrière de pierres.
Pendant plus de 50 ans (de 1853 à 1911), Viollet-le-Duc et son successeur Paul Boeswillwald lui redonnent son aspect médiéval. Pour le bonheur des amoureux qui, aux dires des hôteliers de Carcassonne, la choisissent souvent pour leur première escapade romantique.
La cathédrale et le palais, cœur de la cité épiscopale d'Albi / DDM, Alizée grides
La cité épiscopale d’Albi : Romantique joyau de brique rouge
Elle semble crever le ciel et résiste à l’usure du temps. Avec sa cathédrale aux allures de forteresse, son palais de la Berbie qui surplombe le Tarn et ses quartiers d’habitations datant du Moyen-Âge, la cité épiscopale d’Albi forme un ensemble patrimonial d’exception.
Ses monuments si bien conservés lui ont valu d’être reconnue comme "unique au monde" par l’Unesco, en 2010. Sa singularité tient aussi à la prééminence, dès la fin du XIIe siècle, des évêques à la fois seigneurs temporels et spirituels de la ville.
"Une expérience immersive unique" : le mapping de la cathédrale d'Albi / DDM, M.-P. Volle
Leur empreinte architecturale typique, le gothique méridional, distingue Sainte-Cécile des cathédrales françaises plus classiques comme Chartres, Reims ou Amiens, également classées au patrimoine mondial. L’Unesco a aussi salué l’usage de la brique locale pour son édification au XIIe siècle.
Véritable signature de la cité albigeoise, la brique lui confère une allure noble, teintée de rose délicat le matin, d’orange puissant sous le soleil d’été ou de rouge garance le soir. Grâce à ce matériau produit avec la terre du lit de la rivière, le palais de la Berbie s’oppose aux châteaux de son époque, plutôt bâtis en pierre.
Les terrasses et le chemin de ronde du Palais de la Berbie / DDM, M.-P. Volle
Plus d’un million de visiteurs découvrent chaque année ce joyau à l’ambiance romantique inimitable, se perdant dans ses ruelles et placettes entourées de maisons médiévales à colombages.
La cité a su faire preuve d’audace après son classement par l’Unesco : l’architecte Dominique Perrault a recouvert son Grand théâtre d’une enveloppe métallique de cotte de mailles !
Chemin de Saint-Jacques de Compostelle dans le Lot : quand la foi dynamise l'activité des zones rurales / DDM, Marc Salvet
Les chemins de Saint-Jacques de-Compostelle :
sentiers chargés d’histoire et d’humanité
Tout au long du Moyen-Âge, d’innombrables pèlerins de toute l’Europe se mettent en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne. Manifestations de leur foi, leurs cheminements ont aussi bouleversé le monde profane en jouant un rôle décisif dans les échanges humains, la circulation des idées, des cultures et des arts de l’Europe médiévale.
Aujourd’hui encore, des milliers de pèlerins se dirigent vers la tombe de l’apôtre pour se ressourcer.
L'abbatiale Sainte-Foy à Conques (12) / DDM
Des quatre principales voies qu’ils empruntent pour traverser la France, trois passent par notre région, afin de franchir les Pyrénées par les cols de Roncevaux ou du Somport : la voie du Puy (via Podensis), celle d’Arles (via Tolosana) et celle du Piémont pyrénéen.
Résultat : notre région compte le plus grand nombre de monuments jacquaires classés à l’Unesco, 24 sur 64 au total en France. Églises, sanctuaires, hôpitaux, ponts, croix de chemin jalonnent ces voies et témoignent des aspects spirituels et matériels de ces routes de la foi.
Le village d'Aubrac, au coeur d'un plateau de rudesse et de beauté / DDM, CP
Dans notre région, ce patrimoine comprend des pépites religieuses telles que les abbayes de Saint-Gilles (Gard) et de Sainte-Foy à Conques (Aveyron), la basilique Saint-Sernin à Toulouse (Haute-Garonne), la cathédrale fortifiée Saint-Fulcran à Lodève (Hérault) ou l’église de Gavarnie (Hautes-Pyrénées).
Des ouvrages civils comme le pont du Diable à Aniane (Hérault), le pont Valentré à Cahors (Lot), le pont d’Artigues (Gers) ou encore l’hôpital Saint-Jacques à Figeac (Lot) jalonnent également les chemins de Compostelle inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en 1998.
Causses et Cévennes, un patrimoine joyaux pour l'humanité / DDM
Les Causses et les Cévennes :
paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen
Ce n’est pas tant pour la beauté époustouflante des paysages des Causses et des Cévennes que l’Unesco a décidé de sélectionner, en 2011, ce territoire de plus de 3 000 kilomètres carrés, à cheval entre la Lozère, l’Aveyron, le Gard et l’Hérault.
Certes, ces montagnes tressées de profondes vallées au sud du Massif central et de l’Auvergne méritent le détour. Et les villages et grandes fermes en pierre situés sur leurs terrasses reflètent l’organisation des grandes abbayes du Moyen-Âge.
Au-delà du spectacle offert par la nature, les villages de caractère ne manquent pas / DDM
Mais c’est plutôt au travail des bergers qui ont sculpté ces paysages durant trois millénaires que l’organisation mondiale a voulu rendre hommage, au titre de "conservatoire vivant du patrimoine agro-pastoral d’Europe". Une première ! Car c’est l’un des derniers lieux où l’on pratique la transhumance estivale du bétail de manière traditionnelle, à pied et non en camion.
Chaque dernier dimanche de mai, les vaches décorées de rameaux fleuris grimpent sur l’Aubrac pour passer l’été. Mi-juin, les brebis quittent à leur tour les garrigues pour le mont Lozère. L’ensemble du territoire est représentatif de cette relation particulière entre les hommes, les animaux et leur environnement.
Près de La Couvertoirade, une lavogne, cuvette naturelle aménagée, où viennent s'abreuver les brebis. / DDM
Les éleveurs utilisent les chemins tracés par les troupeaux pour aller d’un pacage à un autre (les drailles), les mares artificielles où s’abreuvent les animaux (les lavognes), les abris en pierre sèche et les caves pour transformer le lait de brebis en roquefort. Les pelouses sont entretenues par les troupeaux. Les fermes sont habitées et restaurées avec des matériaux locaux (schiste, granit, calcaire, bois) et des techniques de construction traditionnelles.
Trop pauvre pour accueillir des villes, trop riche pour être abandonné, le paysage des Causses et des Cévennes résulte de cette transformation de l’environnement naturel par l’agropastoralisme. Avec ce classement, l’Unesco mise sur son renouveau contemporain pour préserver les paysages et l’important patrimoine bâti et immatériel de ce territoire de toute beauté.
Trait d'union romantique entre Toulouse et Narbonne, le Canal du Midi prend racine dans le Lauragais / DDM
Le canal du Midi : prouesse technique autant qu’œuvre d’art
C’est l’histoire d’un rêve datant de l’Antiquité : celui de relier l’océan Atlantique et la mer Méditerranée, via un canal ! Cette "jonction des mers" commence à se concrétiser après la signature de l'édit royal par Louis XIV, grâce à l’intuition d’un simple fermier des gabelles, bon connaisseur du terrain, qui trouve la solution pour alimenter la voie d’eau dans la Montagne noire.
Pierre-Paul Riquet, qui se surnommera lui-même le « Moïse du Languedoc », œuvre sous l’œil du Roi-Soleil, bienheureux de voir avancer ce chantier tout aussi pharaonique que celui de la construction du château de Versailles.
Le Somail : un havre de paix qui vit autour du canal du Midi / DDM
Avec ses 360 kilomètres de voies navigables entre Toulouse et la Méditerranée et ses 328 ouvrages (écluses, aqueducs, ponts, tunnels…), le canal du Midi, réalisé entre 1667 et 1694, est l’une des réalisations de génie civil les plus extraordinaires de l’ère moderne.
Le souci de l’esthétique architecturale et des paysages de Riquet fit de cette prouesse technique une œuvre d’art.
Le canal a tissé avec ses éclusiers, les propriétaires des péniches ou des commerces qui le bordent, les passants et les promeneurs, une relation unique tant par son intensité que par sa durée. Il fut inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2008.
Arfons (81) : La prise d’eau d’Alzeau, source du Canal du Midi. / DDM, J.A.
Le canal du Midi comporte cinq éléments : le tronçon principal relie sur 240 km Toulouse à l’étang de Thau à Marseillan (Hérault) au bord de la Méditerranée; le tronçon entre Moussan et Port-la-Nouvelle (Aude) ; les deux bras qui fusionnent et se jettent dans le canal à Naurouze (Aude) déversant les eaux de la Montagne noire ;
le canal de Brienne qui relie le tronçon principal du canal latéral à la Garonne à Toulouse (Haute-Garonne) ; enfin le court tronçon de 500 mètres qui joint l’Hérault à l’écluse ronde d’Agde. L’un de ses traits les plus remarquables est le barrage de Saint-Ferréol (à la frontière entre Haute-Garonne, Tarn et Aude) sur la rivière Laudot, dans la Montagne noire.
Les remparts de Villefranche-de-Conflent (66) / ML
Les forteresses de Vauban :
des enceintes qui ont traversé le temps
L’Unesco a voulu saluer l’œuvre de Sébastien Le Prestre de Vauban, l’architecte militaire de Louis XIV. Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en 2008, elle témoigne de l’apogée de la fortification bastionnée typique de l’architecture militaire occidentale.
Sur les douze forteresses de Vauban, deux se trouvent dans notre région. Au lendemain de la signature du traité des Pyrénées (1659), le Roi-Soleil lui demande de créer des places fortes pour verrouiller le passage des Pyrénées.
La citadelle du "Soleil-Roi" à Mont-Louis / ML
Ce sera d’abord Mont-Louis, la plus haute de France, édifiée ex nihilo en deux ans, au milieu de nulle part entre Cerdagne, Conflent et Capcir, à plus de 1 600 mètres d’altitude.
Parfaitement adaptée à la géographie du site, elle comprend une citadelle à bastions à orillons et demi-lunes, ainsi qu’une ville enveloppée dans une enceinte. Cas rare, l’ensemble est intact depuis le XVIIe siècle et a conservé sa vocation militaire.
La citadelle abrite le Centre national d’entraînement commando dont la devise est : « Aguerrir, tremper, durcir. En pointe, toujours ».
Fort Libéria : Une bien belle vue depuis la forteresse. / Ind
À une trentaine de kilomètres, dominée de toutes parts au creux de la vallée de la Têt, se tient la "petite vilotte". Le génial Vauban tira avantage du terrain très accidenté à flanc de montagne pour transformer cet ensemble de murailles médiévales en une forteresse.
Il le recouvre d’une toiture de lauzes épaisses pour se protéger des tirs ennemis. Relie le village à la grotte casematée, la Cova Bastera, par un escalier souterrain dit des "mille marches". Et construit le fort Libéria, sur le seul point haut, afin d’abriter une garnison de 96 soldats.
Chef-d’œuvre de la fortification, parfait décor de carte postale, la cité de Villefranche-de-Conflent est une étape touristique incontournable au charme pittoresque.
BALADES :
Saint-Jacques de Compostelle : plus de 2000 «pèlerins» l'été, sur nos chemins / DDM
Cet article est issu de Midi, le magazine dominical de La Dépêche du Midi, à retrouver en ligne sur notre kiosque numérique (DdM).
De Castelnaudary à Béziers, sur la route des écluses / ML
Une partie de la Voie Podiensis / DDM
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