Graulhet, atout cuir

30/10/2023


Publié le 25/10/2023  | La Dépêche du Midi |  Richard Bornia

La filière cuir : une vitrine pour le tourisme tarnais


Le lancement de« Graulhet, le cuir dans la peau ! » a eu lieu mardi soir, à l’Atelier Cuir, à Graulhet. / DDM RB

Le savoir-faire pour attirer les touristes dans la cité du cuir. Les journées «Graulhet, le cuir dans la peau !» mettent à l’honneur les entreprises spécialisées dans la filière cuir en faisant visiter leurs ateliers.

Le pari de l’office de tourisme La Toscane occitane, qui regroupe Gaillac, Graulhet, Cordes-sur-Ciel et les cités médiévales, est limpide : faire venir à Graulhet des visiteurs, non pour contempler monuments ou paysages mais pour découvrir le talent et le professionnalisme de maroquiniers et créateurs qui transforme la peau en cuir.



Pour le lancement de la 7e édition de cet évènement, qui se déroule jusqu’à ce soir, les élus de l’agglomération, les industriels et l’office de tourisme s’étaient donné rendez-vous à l’Atelier Cuir, une des dernières entités à s’être installée à Graulhet. Cette entreprise travaille pour les plus grands noms de la haute couture et a relocalisé une unité de production dans le Tarn. C’est le retour aux sources pour des grands noms du luxe : Louis Vuitton, Hermès, Lanvin, Mugler, Agnès B.

Delphine Monnet-Meiler, la dirigeante de l’Atelier Cuir, a insisté sur l’engagement des différents partenaires institutionnels dans la réussite de cette implantation : « Des produits sous-traités à l’étranger peuvent être entièrement fabriqués en France. En termes d’image, de traçabilité du produit, nous sommes en capacité d’assurer un made in France et dans le monde du luxe aujourd’hui cela représente une plus-value. »



« L’industrie du cuir est bien vivante »
Paul Salvador, vice-président du Conseil départemental du Tarn, président de la communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet, a pris la parole en tant que président de la Toscane occitane : « Quand, il y a sept ans, avec Florence Belou, nous avons lancé « Graulhet, le cuir dans la peau ! », pas grand monde croyait en la réussite de ce projet. Il est plus facile d’envoyer des cars de touristes à Cordes qu’à Graulhet. »

Le maire de Cordes Bernard Andrieu approuve : « L’attrait touristique a plusieurs facettes. Je suis venu pour affirmer mon soutien à ce type d’évènement. »



Blaise Aznar, le maire de Graulhet, a souligné que cette manifestation participe à changer l’image de la ville. « C’est une belle preuve que malgré ce qui a été dit pendant des années, cette industrie du cuir est bien vivante. Le sujet intéresse toujours un public avide et curieux de pousser la porte des entreprises locales afin de découvrir le savoir-faire graulhétois. Le cuir a laissé une empreinte indélébile sur Graulhet, aussi bien dans notre architecture que dans nos friches industrielles. Cependant, notre avenir s’inscrit dans la rénovation de ces cicatrices. La réhabilitation des mégisseries, l’ouverture sur la rivière et d’autres projets transforment le visage de notre commune. Graulhet évolue sous nos yeux et nous devons continuer à encourager cette transformation. »



Le président du Centre national du cuir Frank Bochly a clôturé les interventions en saluant le dynamisme tarnais : « Meilleure traçabilité des peaux, réduction de l’impact sur l’environnement, innocuité, ancrage territorial… le consommateur veut plus que jamais tout savoir, en toute transparence, sur ce qu’il achète. C’est une réelle opportunité pour nous de démontrer à quel point ces enjeux ont été intégrés. »


Publié le 26/10/2023  | La Dépêche du Midi |  Richard Bornia

Comment les marques de luxe font fabriquer leurs vestes dans le Tarn


Onze personnes travaillent dans l'atelier pour les maisons du luxe. / DDM RB

À l’Atelier Cuir de Graulhet, une unité de production relocalisée dans le Tarn, va confectionner des vestes pour d'emblématiques marques du luxe dans le monde.

Fournir aux plus grandes maisons de couture, des vêtements en cuir fabriqués à Graulhet, c’était le rêve de Delphine Monnet-Meiler. "Il fallait de la folie, beaucoup de folie pour l’envisager", reconnaît-elle. Quand elle (re)débarque en terre tarnaise fin 2021, avec "sa folie" en bandoulière, elle ambitionne de créer une unité de production de vêtements de cuir et peau lainée pour les plus grandes marques de luxe.

Des maroquiniers graulhétois travaillent déjà pour ces maisons dans la confection de petits accessoires ou sacs à main. "Ici, on trouve toute la filière cuir : des tanneurs aux accessoiristes, des chimistes aux constructeurs de machines." 


l’inauguration de l’Atelier Cuir (01/2023) / Photo DDM MA 

Pour l’entrepreneuse, la crise planétaire de la Covid fut un déclic. Elle dirige depuis 2014 l’Atelier Cuir, au centre de Paris. Avec, dans son portefeuille clientèle, des noms aussi prestigieux que Kering ou LVMH. Malgré sa réussite parisienne sur un marché connu pour son exigence en termes de qualité, elle n’a jamais oublié Graulhet.

Relocaliser dans le Tarn ne fut pas un long fleuve tranquille
Elle a débuté dans la profession, dans ce berceau historique de la noble matière, aux côtés de son frère Grégory Meiler qui dirige Rial, la célèbre mégisserie de peaux lainées. Son projet de relocaliser dans le Tarn son unité de production dispersée en Italie, en Espagne et en Pologne "ne fut pas un long fleuve tranquille", ponctue-t-elle.


Delphine Monnet-Meiler travaille pour les plus grandes marques de luxe. / DDM - R.B

La relocalisation d’une unité de confection de vêtements en cuir, si elle signe le retour de la filière complète dans ce berceau du cuir, a demandé beaucoup d’investissement, aussi bien technique que financier. En premier lieu, la formation de coupeurs et de couturières. Quand on a pour clients les plus grandes maisons de couture, il est impératif que chaque salarié connaisse son métier sur le bout des doigts.



Après une première sélection faite par Pôle emploi, 16 candidats seront finalement retenus pour suivre un cursus d’apprentissage visant l’excellence. "La grande majorité d’entre eux n’avaient jamais fait de couture", précise Delphine Monnet Meiler. C’est le cas de Cyril qui avoue n’avoir jamais vu auparavant une machine à coudre : "J’étais ouvrier agricole avant de m’orienter dans le développement informatique, puis dans l’animation de bars sur Toulouse. Bref, je ne trouvais pas ma voie. Quand je suis tombé sur l’annonce de Pôle emploi, j’ai postulé. Je ne le regrette pas", dit-il, le sourire aux lèvres.



Chanel dès l'année prochaine
Ils seront 11, au final, à travailler dans l’atelier. Si les politiques et les institutionnels, tout heureux de participer à la renaissance de la jadis florissante industrie graulhétoise du cuir, lui déroulent à son arrivée un tapis rouge, il faudra qu’elle compte surtout sur elle-même et sa trésorerie pour arriver à ses fins : produire pour les leaders de la haute couture des pièces uniques "Made in Tarn".

Des jupes, robes et pantalons pour Courrèges, Paco Rabanne, Lanvin, Viutton sortent déjà de l’atelier graulhétois. Avec la production de vestes pour un autre grand nom du luxe français, c’est un cran supplémentaire qui est franchi.

C’est une cinquantaine de pièces qui seront produites d’ici la fin de l’année. Autre très grand nom de la haute couture, la maison Chanel devrait suivre dès l’année prochaine. Et la rentabilité ? "Elle viendra en son temps. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir désormais travailler avec tous les acteurs de la filière du cuir présents sur la ville."


/ Photos FB, Mairie de Graulhet

 
 

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