Canal du Midi : Mise en eau

15/3/2023

 
Publié le 01/03/2023 à 05:08  | La Dépêche du Midi |  B.H.

Carcassonne : VNF retarde la mise en eau du canal du Midi


Chaque année, certains biefs sont vidangés, permettant de réaliser des travaux.  / DDM, B.H.

Le canal du Midi dépend pour son alimentation de la montagne Noire, où les réserves en eau sont bien maigres.

Du jamais vu ou presque pour les Voies Navigables de France (VNF). Depuis 1959, jamais les deux retenues servant à alimenter le canal du Midi dans sa partie orientale n’ont été aussi basses. Les bassins de Saint-Ferréol et du Lampy sont à 55 % de leur capacité maximale de stockage. Il y a un an, à la même époque, les deux barrages affichaient un niveau de 85 %. 

VNF a donc décidé de différer la remise en eau de certaines portions du canal du Midi, au 15 mars. Mais rien ne dit que la date sera respectée. En repoussant de quelques jours, le remplissage des biefs mis hors d’eau, VNF espère voir le niveau des eaux remonter. 


Sécheresse : le déficit de pluie historique diffère la remise en eau du Canal du Midi / DDM, Frédéric Charmeux

Et d’indiquer : "Ce remplissage plus progressif permettra de capter les précipitations éventuelles qui pourraient intervenir dans les prochains jours et représenter ainsi des apports complémentaires".

En reculant la remise en eau, VNF estime pouvoir économiser jusqu’à 400 000 m3. Reste à savoir si cela suffira à assurer la navigabilité du canal durant la période estivale. L’an dernier, VNF avait dû prendre des mesures pour limiter les pertes d’eau lors des passages en écluses, comme le groupage des bateaux dès le début du mois de juillet.

Historiquement, VNF pouvait toujours compter sur une réserve qui lui était allouée depuis le lac des Cammazes (environ 4 millions de m3), mais comme ce dernier a également très soif, la situation est de fait encore plus problématique que l’an dernier.


Publié le 01/03/2023 à 05:08  | La Dépêche du Midi |  B.H.

Montbel, Cammazes, Ganguise : régime sec


Le lac de la Ganguise est actuellement à moins de la moitié de son remplissage habituel. Une situation inquiétante alors que les pluies ne sont toujours pas au rendez-vous.  / DDM, Photo Gilles Bermond

Du nord au sud du département, la plupart des retenues artificielles d’eau affichent des déficits de remplissage hors du commun. La situation est d’autant plus inquiétante que la pluie n’est toujours pas prévue.

À cheval sur l’Aude et l’Ariège, le lac de Montbel est le poumon de l’irrigation agricole et du soutien à l’étiage de la Garonne. Montbel est également le meilleur ami du lac de la Ganguise. Mais voilà Montbel à sec, ou presque. À la mi-février, la préfecture de l’Ariège a tiré la sonnette d’alarme et impose depuis des restrictions de l’usage de l’eau pour une durée de quatre mois. Alors que la capacité du lac est de 60,5 millions de m3, le volume actuel disponible est de 12,8 m de m3, soit 21 % de sa capacité.


Montbel (09) : Les réserves d'eaux sont au plus bas. Des restrictions pourraient rapidement voir le jour./ DDM

Des choix à faire entre usagers
Il y a un an, Montbel affichait un taux de remplissage de 70 %. Conséquence directe, la retenue de la Ganguise a vu son niveau baisser au fil des mois. Alors que le lac peut retenir jusqu’à 44,6 millions de m3, son niveau de remplissage n’est que de 43 %, soit 19 millions de m3.

Et les espoirs de voir les réservoirs se remplir à nouveau s’amenuisent avec le temps. "Les précipitations à venir, soulignent les services de la préfecture de l’Ariège, ne permettront probablement pas d’atteindre le volume minimal nécessaire pour satisfaire les besoins normaux pour la compensation de l’irrigation ou le soutien à l’étiage".


Les Cammazes : La situation du barrage devient préoccupante / DDM

Les gestionnaires font grise mine et freinent des quatre fers, lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir. Alors ils anticipent. L’Institution des Eaux de la Montagne Noire (IEMN), gestionnaire des Cammazes et de la Galaube, suit au jour le jour l’état de la ressource. A ce jour, le lac des Cammazes est plein à 42 % de sa capacité maximale. Si traditionnellement, il peut compter sur son petit "frère" de la Galaube pour se refaire la santé, la retenue de la Galaube est déficitaire de plus de 65 %. 

Si l’IEMN explique que les niveaux "sont légèrement remontés" ces derniers jours avec les rares précipitations tombées sur le bassin-versant, l’Institution a demandé et obtenu des services de l’Etat de réduire les débits réservés, afin de maintenir un stock d’eau réservé à la production d’eau potable. Un accord a également été conclu avec VNF pour limiter également les apports dont a besoin le canal du Midi.


Entre septembre et janvier, le niveau de l'eau a beaucoup baissé au barrage des Cammazes / DDM, EG

Une demande de plus en plus forte
Dans les années 80, la retenue des Cammazes avait été confrontée à une situation identique. Mais à l’époque, le lac de la Galaube n’existait pas. Quant aux besoins en eau, ils ont littéralement explosé. Après sa construction à la fin des années 50, le barrage des Cammazes "produisait" 500 000 m3 d’eau par an. Aujourd’hui, on lui demande de fournir jusqu’à 13 millions de m3 pour les besoins de l’irrigation agricole, mais également assurer la production d’eau potable pour près de 220 000 habitants.


Fin Janvier, c’est la neige qui a remplacé le manque d’eau au lac de Saint-Ferréo / Photo DRDM, Idriss Imelhaine.

Une pluviométrie en berne
82 litres d’eau par mètre carré, c’est la pluviométrie enregistrée par la station météo de Salvaza au mois de janvier. C’est tout juste un peu plus que les trois dernières années mais bien insuffisant pour combler le déficit accumulé au cours de ces derniers mois. La sécheresse perdure depuis de nombreuses semaines. En décembre, les relevés ont indiqué un déficit de près de 75 % à la moyenne mensuelle. 


Sècheresse dans le Tarn : Le barrage des Saints-Peyres début février rempli à un tiers. / DDM, MPV

Si novembre s’est montré un peu plus généreux pour les précipitations, octobre a été sec (-91 %), contribuant encore un peu plus au phénomène que l’on connaît actuellement. Si l’on ajoute à cela la pluviométrie des mois de juillet (-45 %), d’août (- 71 %) et de septembre (- 8 %), la sécheresse a réellement commencé dès le mois de mai 2022 avec un déficit de pluie de 84 %.

Comme l’an dernier, les agriculteurs devront-ils irriguer leur semis dès le printemps pour sauver les récoltes estivales ? Si c’est le cas et peut-être plus que l’an dernier, des arbitrages seront indispensables pour assurer l’eau du quotidien, celle des loisirs et celle de l’alimentation.


Réseau hydrographique sud Montagne Noire / DDM
 

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