Français et franglais

1/3/2022


Publié le 19/02/2022 à 11:25  | La Dépêche du Midi |  Elsa Péault

L'Académie française tire la sonnette d'alarme sur l'usage du franglais



Dans un rapport rendu public cette semaine, l'Académie française alerte sur une "envahissante anglicisation" de la communication des institutions. Sommes-nous envahis par le "franglais" ? Éléments de réponse.

La place qu'occupe l'anglais dans notre langue inquiète de plus en plus l'Académie française. Mardi dernier, une commission, composée de six Immortels, a rendu un rapport d'une trentaine de pages, alertant sur l'utilisation du franglais dans la communication institutionnelle. Les exemples sont nombreux : La Poste appelle ses consignes les "Pick up station", la Fnac organise "les French days", la SNCF demande à ses clients : "Ready to Ouigo ?" Idem du côté des marques françaises d'automobile. La Citroën C4 Picasso est ainsi devenue la Citroën C4 "SpaceTourer", ou Renault signe "Motion & e-Motion". Et les collectivités territoriales ne sont pas en reste avec leur slogan : Only Lyon, Maubeuge Creative Cities, My Loire Valley, Sarthe Me Up... 



La commission, formée en janvier 2020 et composée de Gabriel de Broglie, Florence Delay, Danièle Sallenave, Dominique Bona, Amin Maalouf et Michael Edwards, déplore ainsi une "envahissante anglicisation" du français. Selon l'Académie, "nombre d’anglicismes sont employés en lieu et place de mots ou d’expressions français existants, entraînant l’effacement progressif des équivalents français". À titre d'exemple, "un follower" serait trop souvent privilégié face à "abonné" ou "adepte".

Le risque d'une "double fracture linguistique : sociale et générationnelle"
Disparition des prépositions, suppression des articles... L'Académie déplore également "des conséquences d’une certaine gravité sur la syntaxe et la structure même du français". Cet amalgame entre le français et l'anglais "crée aujourd’hui un véritable flou grammatical", "occasionnant une perte de repères susceptible de mener jusqu’à une forme d’insécurité linguistique".



Autre argument : le risque de discrimination croissante entre les publics. "Le vocabulaire anglo-américain est considéré à tort comme bien connu du public général", explique l'Académie. En réalité, il "ne touche qu’une frange réduite, privilégiée, éduquée, de la population, maîtrisant les langues étrangères". Les Immortels évoquent même une "double fracture linguistique : sociale et générationnelle".

Des affirmations qui font écho à une enquête menée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) en 2020. Selon cette étude, 47% des Français se déclarent agacés ou hostiles aux messages publicitaires comportant des mots anglais. Les plus irrités sont les sexagénaires, les plus de 70 ans et les retraités. Près d'un tiers des Français estime également que l'emploi de l'anglais dans la publicité gêne souvent la compréhension des messages.


Oh boudu ! Nos expressions ont-elles disparu ?

Une "atteinte à l'identité" du Français
"Il ne s’agit pas de s’opposer à l’évolution du français, à son enrichissement au contact d’autres langues", tempère l'Academie. Cependant," l'afflux massif et incontrôlé, porte atteinte à l’identité et éventuellement à l’avenir de notre langue", estime-t-elle. 

Ce n'est pas la première fois que l'Académie française tire la sonnette d'alarme à ce sujet. En 2019, elle s'était déjà dite "gravement préoccupée" par le développement du "franglais", dans un communiqué. Elle avait alors demandé aux pouvoirs publics de mieux respecter la loi Toubon sur la défense du français. En janvier dernier, les Immortels avaient également annoncé leur projet d'aller devant la justice administrative contester le nouveau modèle de la carte d'identité, bilingue français-anglais, contraire selon eux à la Constitution.

"Nous sommes arrivés à un point critique", a commenté auprès du Figaro Hélène Carrère d'Encausse, le secrétaire perpétuel de l’Académie française. "Le souci de la commission était de provoquer un éveil des consciences et de permettre un redressement de la situation. Il y a un moment où les choses deviendront irréversibles."


 

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