Les pigeonniers de la région

24/2/2022


Publié le 21/02/2022 à 17:46  | La Dépêche du Midi |  Clément Gassy

Des milliers de pigeonniers dans la région,
vestiges d'une tradition méconnue de nos campagnes



Le pigeonnier de Millet à Graulhet / DDM

Dans le cadre de notre série vidéo "Secrets d'ici", La Dépêche du Midi retrace l'histoire des pigeonniers, ces emblèmes de nos campagnes. Visite guidée de deux d'entre eux, parmi les plus beaux de la région : celui de Cintegabelle (Haute-Garonne) et celui du château de Cas à Espinas (Tarn-et-Garonne).


Pigeonnier-gariotte des Escarits dans le Lot. / DDM

Au bord des routes, au détour des chemins de campagne, on les aperçoit : plus de 6 000 pigeonniers constellent l'ancienne région Midi-Pyrénées. En briques, en pierre, à arcades ou circulaires, du plus rustique au plus raffiné...
Ces silhouettes familières du Sud-Ouest sont les vestiges d'une tradition séculaire, datant de l'Antiquité. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, ces pigeons ne servaient pas à transmettre des messages secrets...


Briatexte : Patrimoine, le pigeonnier de la Pelisserie / DDM, J-C C.

"Les Romains ont amené la vigne dans la région, et il y avait besoin d'engrais, alors tout à fait naturellement est arrivée la construction des pigeonniers dans lesquels on pouvait récolter la fiente et élever des pigeons pour se nourrir", analyse Michel Lucien, auteur régional de référence en la matière.

Du Moyen-Âge jusqu'au XIXe siècle, ces pigeonniers étaient de véritables "garde-mangers", les volailles étant assez grosses pour être mangées au bout de 30 jours. Quant à la fiente, aussi appelé colombine, "on l'utilisait sur les champs de pastels, de lin, dans les vergers et la vigne", ajoute l'auteur.


Le pigeonnier de Cintegabelle, dans le Lauragais, qui date du XVe siècle. Photo DDM, C.G.

À Cintegabelle, un bijou du 15e siècle
Parmi les plus raffinés de la région, celui de Cintegabelle (Haute-Garonne), dans le Lauragais, dont les lanterneaux et échauguettes se découpent majestueusement sur la chaîne des Pyrénées. De type médiéval, circulaire et en briques foraines, il date du 15e siècle et appartenait à une riche famille, les Tissandier. 

Classé Monument historique en 1946, il a été restauré dans les années 1960. "On est surpris par l'immensité de la voûte de briques et il faut s'imaginer 800 boulins",  des centaines de niches logés dans le mur, "autant d'appartements pour des familles de pigeons", explique Véronique Denoy, propriétaire avec son mari Jean-François, du domaine du Bouyssou, sur lequel se trouve le pigeonnier.


Saint-Antonin : au château de Cas / DDM

Le raffinement au château de Cas
À environ 150 km de là, à Espinas, dans le Tarn-et-Garonne, le pigeonnier du château de Cas est un splendide exemple de pigeonnier plus tardif. Construit en 1710 sur cette zone frontalière du Quercy et du Rouergue, il est monumental et sur arcades, composé d'une remarquable toiture et de deux lucarnes mansardées, permettant aux pigeons d'aller et venir.

 "Esthétique, finesse, élégance : c'est le plus beau à mon sens avec celui de Merville, près de Toulouse", confie Michel Lucien. "Il y a aussi deux randières", sorte de corniches, "qui permettaient d'empêcher rats et belettes de pénétrer dans le pigeonnier", détaille l'auteur. L'intérieur a été transformé en chambre d'hôtes. 


Les 800 boulins à l'intérieur du pigeonnier de Cintegabelle, en Haute-Garonne. Photo DDM, C.G.


Un musée dans le Tarn
Après avoir publié plusieurs livres et animé des conférences pour partager son amour des pigeonniers depuis 30 ans, l'auteur Michel Lucien a créé chez lui à Lombers, dans le Tarn, un passionnant musée sur ce thème il y a cinq ans.
On peut y découvrir d'authentiques boulins, ces nids souvent en poterie où dormaient les pigeons, dont le plus vieux du Tarn datant de 1541, mais aussi de très beaux exemples d'épis de faîtage.
  
"Ces ornements étaient placés au sommet des pigeonniers. Ils permettaient à la fois de montrer la richesse du propriétaire, de protéger la toiture et de servir de point de repère pour les pigeons."


Lisle-sur-Tarn : Au château Lastours, restauration du pigeonnier (2018) / DDM

En France, l'élevage des pigeons a fortement diminué après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, plus aucun pigeonnier traditionnel n'est encore en service dans notre région.
Si certains ont été rénovés ou reconvertis en chambre d'hôtes, d'autres sont malheureusement abandonnés aux affres du temps.


Labastide-Saint-Georges : La mission Bern a sélectionné le plus vieux pigeonnier du Tarn / DDM, Émilie Cayre
 

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