Les Français et les grands projets
Publié le 12/05/2025 | La Dépêche du Midi | Philippe Rioux
Routes, éoliennes, infrastructures, aménagement des territoires…
Les Français soutiennent les grands projets
Les pelleteuses se sont arrêtées sur l’A69. Provisoirement ? / ML, MAXPPP - REMY GABALDA
Alors que les grands projets d’aménagement sont régulièrement contestés sur le terrain ou en justice – comme l’A69 – un sondage Odoxa révèle un large soutien des Français à ces infrastructures jugées essentielles pour la souveraineté, la réindustrialisation et le désenclavement du pays.
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Com Ouest, Lien, LGV… L’arrêt de l’A69 questionne “l’intérêt public majeur” des grands projets régionaux / ML
Alors que François Bayrou a lancé lundi dernier à Marseille une grande conférence nationale dédiée au financement des infrastructures de mobilité, « Ambition France Transports », un sondage Odoxa réalisé pour Coriolink sur le « Regard des Français sur les grands projets d’aménagement » montre que les citoyens sont plutôt partisans des grands chantiers, qui s’accompagnent pourtant depuis plusieurs années de contestations sur le terrain ou en justice.
On pense évidemment à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, du barrage de Sivens ou plus récemment du chantier de l’A69 Castres-Toulouse qui a été arrêté par la justice.
Les Français et les grands projets. / DDM - Philippe Rioux
Un soutien massif aux projets
Premier enseignement : à rebours des débats médiatiques, 81 % des Français jugent utiles les grands projets d’aménagement – infrastructures énergétiques, autoroutes, lignes ferroviaires – pour le pays. Si les préoccupations environnementales restent très fortes – près de 80 % jugent prioritaire la biodiversité, la lutte contre l’artificialisation et la transition écologique –, elles ne l’emportent pas sur d’autres impératifs jugés plus pressants encore : le maintien des services publics (90 %), la souveraineté énergétique (89 %) ou la réindustrialisation (87 %).
Le chantier de l’autoroute A69 est désormais à l’arrêt. MAXPPP - EMILIE CAYRE
Même le désenclavement territorial, souvent critiqué par certains mouvements écologistes radicaux, reste une attente forte pour 72 % des sondés. Le rejet du concept de « grands travaux inutiles » (GTI) est massif, y compris parmi les sympathisants écologistes (71 %) et de la gauche radicale (72 %), pourtant souvent à la tête des mobilisations contre ces projets. Un véritable consensus national semble ainsi se dessiner autour de l’utilité économique et sociale de ces aménagements.
Les Français et les grands projets. / DDM - Philippe Rioux
Écoute jugée déséquilibrée entre riverains et militants
Le second enseignement concerne la prise en compte de l’avis des Français. Ces derniers expriment un sentiment d’injustice démocratique dans la conduite de ces grands projets. Trois quarts (73 %) estiment que l’avis des habitants est insuffisamment pris en compte, et 68 % pointent la même lacune concernant les riverains et les entreprises locales.
À l’inverse, une majorité considère que les opposants militants sont déjà largement entendus et 37 % pensent même qu’on leur accorde trop d’importance.
Ce déséquilibre alimente le sentiment que les arbitrages sont biaisés en faveur des minorités les plus visibles médiatiquement, au détriment d’une consultation élargie et représentative de l’intérêt général. À cet égard, le référendum local sur le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes a fait date puisque 51,08 % des votants y étaient favorables, ce qui n’a pas empêché l’État d’annuler le projet…
Les opposants au Lien sont régulièrement venus sur le terrain pour manifester. Mais l'action se joue aussi dans les tribunaux... / Midi Libre - RICHARD DE HULLESSEN
Les militants écologistes largement désavoués sur le fond
Le sondage Odoxa montre par ailleurs que l’opinion publique désavoue les militants écologistes opposés aux projets dans la majorité des cas. Sur sept grands types de projets testés, cinq sont soutenus par une nette majorité des sondés face à l’opposition militante.
Si la contestation des centres commerciaux ou des autoroutes divise encore, l’hostilité aux actions contre les éoliennes, les méga-bassines, le nucléaire, le photovoltaïque ou les lignes ferroviaires est claire. En moyenne, 57 % des Français donnent tort aux militants sur ces enjeux, et même 65 % pour les quatre derniers cités.
Plus surprenant, la moitié des sympathisants écologistes eux-mêmes désapprouvent ces mobilisations. Sur le nucléaire, pourtant longtemps totem de l’écologie politique, 43 % de ces sympathisants estiment désormais que s’y opposer n’a plus de sens.
Les Français et les grands projets. / DDM - Philippe Rioux
Des activistes, perçus comme violents et antidémocratiques
C’est toutefois sur la forme que le rejet des militants est le plus marqué, souligne toutefois Odoxa. 70 % des Français réprouvent leurs modes d’action, quels qu’ils soient : ZAD (61 %), blocages (71 %), sabotages (85 %) ou même actions plus symboliques comme l’occupation d’arbres (53 %) – cela s’est fait pour l’A69.
Cette désapprobation touche aussi les sympathisants écologistes : un sur deux rejette ces méthodes, jugées disproportionnées ou antidémocratiques. En conséquence, les militants écologistes sont perçus comme « violents » (64 %), « dangereux » (65 %), peu respectueux de la démocratie (65 %) et éloignés de l’intérêt général (56 %). Là encore, une ligne de fracture s’affirme entre les partis écologistes institutionnels et la base militante la plus radicale.
Le sondage Odoxa pourra en tout cas nourrir la réflexion des ateliers de la conférence « Ambition France Transports » qui doit s’achever à l’été avec un rapport qui permettra au gouvernement de valider ou d’écarter certains chantiers
A69, on finit / DDM
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