Castres, au fil des histoires

28/10/2021


Publié le 25/10/2021 à 13:33  | La Dépêche du Midi |  Brian Mendibure

«Castres a sa place dans l’Histoire»


Jean-Baptiste Alba : « Ce guide s’adresse à un public large » / DDM Br.M. 

«Castres, au fil des histoires» vient de paraître aux éditions Privat. Un guide historique qui fait découvrir les trésors et les mystères de la cité tarnaise, dans une promenade au fil  des quartiers et des édifices connus ou insolites. Sous une forme pratique et ludique et d’une grande richesse iconographique, il raconte au visiteur les anecdotes et les petites histoires de ces hauts lieux patrimoniaux qui font aussi le sel de l’Histoire. Jean-Baptiste Alba, historien et directeur du centre national et musée Jean-Jaurès à Castres qui a réalisé cet ouvrage avec le journaliste Karim Benaouda, nous explique pourquoi ce guide est inédit. 
 
Quelle est la philosophie de ce livre « Castres, au fil des histoires » ?
Les éditions Privat souhaitaient remettre Castres à l’honneur autrement. La dernière édition de Privat sur Castres date de 2007. Et les ouvrages d’histoire sur des villes obéissaient encore à cette époque à certains plans académiques. La, la politique de Privat était de présenter un nouvel ouvrage sous forme de guide avec un format agréable, plus petit, souple pour que l’on puisse l’emporter avec soi un peu partout. Et puis surtout avec des entrées qui permettent d’ouvrir le bouquin à n’importe quelle page sans être obligé de suivre le fil intégralement.


Fresques de lumière sur les Halles de l'Albinque / DDM

Quelles sont ces entrées ?
Les entrées sont sous forme d’anecdotes, de lieux, de personnes ou de faits marquants. Ce qui permet d’avoir une nouvelle approche sur la ville d’une manière plus facile à lire et avec des photos qui tranchent un peu. L’avantage d’avoir fait intervenir Arnaud Spani, photographe de renom, était de confier l’objectif à quelqu’un de complètement extérieur aux publications antérieures. Et l’avantage d’avoir associé un journaliste et un historien permet d’avoir le contenu historique et une lecture dynamique. L’ensemble de l’ouvrage est rythmé par des textes courts et des petites anecdotes intéressantes et des temps de pauses avec des chronologies, des photographies ou des doubles pages pour apprécier des choses en particulier.

Comment avez-vous travaillé ? Et comment avez-vous partagé les rôles ?
On a tout mis en commun. On a surtout pris la carte de l’Ecusson, et notamment le plan Picard, très connu des ouvrages d’histoire, qui présente Castres au XVIIe siècle. Et on a pris autour quelques points extérieurs au centre-ville comme l’Archipel, la chartreuse de Saïx ou l’église de Roulandou. Mais le gros du travail, c’est l’Ecusson que l’on a essayé de découper en quartiers historiques comme Castelmoutou, l’Eveché ou Villegoudou qui était au départ comme une petite ville attenante à Castres. Une bourgade à part entière. Et quand on transpose ce plan avec ce que l’on a aujourd’hui, on se rend compte qu’à cet endroit il y avait un temple, à un autre un cimetière et ainsi de suite.


Les maisons sur l'Agout / DDM

Quel est l’objectif de ce guide ?
Le but du livre est de faire découvrir la ville et montrer que Castres a sa place dans l’Histoire en général, montrer ce qui reste, la richesse et le patrimoine de cette ville. Et de le faire autrement. L’objectif de cette publication, moins connotée que des livres d’histoires classiques, est de s’adresser à un public large. Le guide présente des faits historiques, des personnages, des points particuliers agrémentés d’une iconographie riche et de quelques documents d’archives. On a essayé d’être assez complet avec notamment la période contemporaine dont les 4 piliers à retenir, : l’armée et le fort passé militaire de la ville, l’industrie textile, puis l’industrie pharmaceutique, et le sport avec le CO qui permet une communion de la ville énorme.

Qu’est ce qui fait que la ville de Castres est aussi chargée d’histoire ?
Castres c’est l’histoire de 12 moines de l’ordre de Saint-Benoît qui posent leurs valises sur l’actuel site du palais épiscopal. Ensuite c’est l’arrivée des reliques de Saint-Vincent de Saragosse qui permet de capter le chemin de Saint-Jacques, parallèlement se développe l’artisanat, l’industrie textile. Et puis il y a des faits marquants. Le premier bûcher cathare brûle à Castres. Des grands noms de l’époque s’y rendent comme Henri IV ou Colbert. Castres se retrouve pendant les guerres de religions au centre même de ce qu’on appelait le croissant Huguenot, qui partait de La Rochelle à Genève. Cela a tapé fort d’ailleurs durant les guerres de religion, la ville a été rasée trois fois. Castres a accueilli aussi une chambre mi-partie pendant un temps ce qui a permis un essor considérable de la ville que l’on distingue aujourd’hui avec les nombreux vestiges des hôtels particuliers.


Dans l'église Saint Benoît / DDM

Il n’existait pas de livre de ce genre ?
Il y a des publications antérieures de qualité notamment réalisées par la société culturelle du pays castrais. La ville peut d’ailleurs s’enorgueillir d’avoir une association aussi active et qui a autant produit des ouvrages de qualité et consciencieux. On a essayé de partir de ces productions et d’autres de la revue du Tarn ou du Cerac par exemple. On a mis tout ça à plat et on a recensé ce qui méritait d’être mis en avant, des faits sur lesquels on passait rapidement
ou des anecdotes amusantes ou atypiques. Les historiens purs resteront un peu sur leur faim, si ce n’est de s’arrêter sur quelques anecdotes. Mais tous les amoureux de Castres y trouveront leur compte. Et le livre montre que la ville a considérablement évolué. Il existe évidemment des supports plus légers plus touristiques mais pas comme celui-ci qui est inédit.

Combien de temps avez-vous travaillé sur ce livre ?
La réalisation de l’ouvrage a duré quasiment 2 ans. La période Covid a déstructuré forcément la conception. Le contenu était fait en quelques mois. Mais il a fallu parfois réorienter et surtout synthétiser. Cela a été la partie la plus difficile pour que l’écriture ne soit pas trop envahissante, pour respirer et laisser aussi la part belle à la photographie.


Le parc Briguiboul / DDM, E.F.

Il y a des endroits en particulier qui sont mis en avant ?
Il y a pas mal de coins qui peuvent être mis en avant. Et le livre permet de rappeler ce patrimoine dans lequel on gravite tous les jours sans faire attention. Chaque pierre, chaque édifice à son histoire à raconter. C’est une lecture ballade.

Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?
C’est la première fois que je travaille pour Privat. C’est la ville qui m’a recommandé et je le prends comme un honneur. Je suis originaire de Castres, j’y suis né mais je n’y ai pas grandi. J’y suis revenu durant mes études post-bac où j’ai eu la chance de trouver un boulot. Je suis honoré de travailler dans cette collectivité en lien avec l’histoire. Depuis tout gamin, j’ai toujours été amoureux de Castres. J’ai toujours discuté de son histoire avec mes grands-parents. Il y a toujours quelque chose à raconter. Ceux qui habitent dans une ville qu’ils n’ont jamais quittée ne se rendent plus compte de ce que les autres peuvent voir. L’intérêt de ce livre est vraiment de s’adresser à tout le monde : faire découvrir la ville aux extérieurs et la faire redécouvrir aux Castrais.


Le théâtre / DDM

Une crypte découverte sous le théâtre
La majesté des maisons de tanneurs sur l’Agout, la découverte du plus vieux vestige depuis les croisades, l’énigme d’un graffiti sur la cathédrale de Castres, l’affaire du tableau de Pacheco retrouvé… Castres n’a pas fini de livrer ses secrets ! Et ce livre est truffé d’anecdotes. Comme celle concernant le théâtre construit en 1904 sur le site d’un ancien couvent. 

« Lorsqu’on a retiré ses vestiges pour construire ce nouveau théâtre, il y a des ouvriers qui rapportent qu’ils ont découvert une crypte avec des cercueils qui étaient appuyés contre le mur, ouverts dans lesquels se trouvaient des sœurs qui étaient comme endormies, raconte Jean-Baptiste Alba. Un courant d’air est passé et tout s’est volatilisé et on a transporté ce qui restait dans la cathédrale Saint-Benoît. Beaucoup d’os sont sous cette ville qui abritait de nombreux lieux de cultes avec des cimetières attenants. » 

La religion fait partie de l’histoire de Castres. Et d’ailleurs pour Jean-Baptiste Alba, on ne met pas assez en avant Saint-Vincent de Saragosse dont les reliques ont été récupérées par des moines castrais. « La présence de ces reliques à Castres va provoquer un essor des processions et des flux de pèlerins et de croyants, explique l’historien. Les reliques seront déposées à la Platé puis dans une basilique Saint-Vincent qui va être construite à Castres dont les vestiges sont sur l’actuelle place Jean-Jaurès. Il est aujourd’hui uniquement évoqué à la cathédrale Saint-Benoît avec un médaillon mais c’était le patron de Castres pendant plusieurs siècles et il a été oublié après les guerres de religions. » 

Il y a aussi Villegoudou qui était le quartier des ouvriers mais qui servait aussi de refuge, de point de chute pour les pèlerins qui traversaient ensuite le pont pour repartir vers Toulouse. « Castres au fil des histoires » est donc un guide historique et touristique qui propose aussi 10 idées de week-ends à Castres.


Carillon de la Platé / DDM
 

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