Montdragon : Xavier Vernhes, éleveur
Publié le 26/09/2021 à 05:18 | La Dépêche du Midi | Jérôme Rivet
"Je suis tombé dans les brebis depuis tout petit"
Xavier Vernhes, éleveur ovin depuis 21 ans à Montdragon, possède un cheptel de 270 brebis de race mouton charolais. / DDM, Jérôme Rivet
Cet éleveur ovin de 43 ans est fier de son travail, de son parcours. Humble et travailleur, Xavier Vernhes a encore les yeux qui brillent à chaque agnelage après 20 ans de pratique.
Xavier, parlez-nous de votre label Lou Paillol. Notre label, c’est l’agneau fermier Lou Paillol. C’est du patois qui veut dire un agneau élevé dans la paille mais pas dans la bergerie. Le cahier des charges définit surtout un agneau qui ne dépasse pas 150jours d’âge à l’abattage pour sécuriser une viande de qualité.Quelle est sa traçabilité ?
Dès la naissance, la bête est identifiée avec une pose de médaille sur un cahier d’agnelage. Il est répertorié avec sa date de naissance, le numéro de sa mère et ses potentiels frères et sœurs. Cela nous permet d’avoir une traçabilité qui permet de remonter du commerce jusqu’à l’élevage.
Parlez-nous un peu de vous, votre parcours.
J’ai 43ans et je me suis installé en avril 2000. Je vis en concubinage et j’ai un garçon de 15 ans. Mes grands-parents aveyronnais ont acheté cette ferme en 1957. En Aveyron, ils triaient des brebis mais ici ils se sont mis aux vaches laitières. Mon père a suivi mais en 1978, il a tout transformé pour passer en brebis viande. Il voulait s’affranchir de l’astreinte de la traite. Il possédait 400 brebis sur 45 hectares. En avril 2000, on s’est associés jusqu’à sa retraite en 2006. L’exploitation s’est développée pour atteindre un peu plus de 100 ha. Combien avez-vous de brebis ?
J’ai baissé le nombre de brebis pour passer à 270. Je suis tout seul et je tenais à garantir une qualité de travail. Je me suis fait une organisation qui me permet de me dégager quinze jours de vacances en été. Je fais en sorte que mon père retraité me remplace au minimum à raison de 2 h la journée. Il y a un seul agnelage par an l’hiver et j’ai fini les moissons. Les foins sont rentrés, du coup, le mois d’août est tranquille.
Xavier Vernhes est éleveur ovin depuis vingt ans à Montdragon / DDM arch.
Quand avez-vous su que vous seriez éleveur ?
Moi, j’ai eu le déclic à trois ans. J’étais passionné et je le suis toujours. Dès le début, j’ai baigné dans les agneaux. Pour un jeune aujourd’hui, il faut l’être car qui dit des bêtes, dit astreintes. Avec une bonne organisation, je ne dirais pas que je croule sous les heures. Y a des coups de bourre bien sûr. Durant l’agnelage, il faut être là pour surveiller.Détaillez-nous votre exploitation.
Je suis seul sur 100 hectares de surface agricole utile (SAU) et j’élève 270 brebis viande en race mouton charolais. C’est un peu l’exception du Tarn où c’est souvent du Lacaune. On peut le comparer en Limousin ou Charolais pour les vaches donc vraiment typique viande ce qui permet d’avoir des carcasses plus développées et plus de viande sur les os. Je fais un seul agnelage annuel qui court de mi-décembre au 15 février. Je fais ensuite une pause d’un mois et tout ce qui n’a pas agnelé le fait sur mars-avril soit 50/60 brebis uniquement. Je peux enchaîner sur mes foins, l’enrubannage, mes céréales et tout sans surveiller un agnelage. En 2021, j’ai vécu un été d’exception avec des brebis cinq mois dehors. On inversait d’une parcelle à l’autre. Tout ce qu’elles pâturent, c’est autour de chez moi. Et elles y restent tant qu’il y a de l’herbe.
Quel est l’atout de cette race et comment naissent les agneaux ?
L’atout de cette race, c’est qu’elle peut rester en plein air. Le premier lot, je le fais en insémination artificielle., brebis par brebis et ça me permet de sélectionner mes agnelles. L’agnelage dure en principe cinq mois moins cinq jours. Cela fait des ventes pour Pâques avec à cette période 2 à 300 agneaux dans la bergerie sachant qu’une brebis met au monde 1,4 agneau en moyenne.
Quelle est la partie céréales de votre exploitation ?
Sur 100 ha, il y a 40 ha dédiés aux brebis. Pour que mes agneaux poussent bien, il leur faut des aliments équilibrés. On a trouvé un compromis. Mon surplus d’orge, je l’amène à la RAGT et ils me le rétrocèdent contre des granulés parfaitement équilibrés et agréés. J’ai également 40 ha de céréales de vente répartis en tournesol, sorgho-grain et orge.Comment vivez-vous de votre travail ? On dira que j’ai des bâtiments amortis, que je dégage mon salaire même s’il n’est pas mirobolant. On est quasi-autonomes en matériel agricole. Pour la moissonneuse-batteuse, on s’entend avec un voisin.Qu’est-ce qu’une journée type en hiver à la ferme ? Une journée type en hiver de septembre à mars débute tous les matins à la bergerie. J’ai une mélangeuse. En gros, je mixe ma botte d’enrubannage, une de foin, moitié botte de luzerne et je distribue. Elles en ont pour la journée et elles se gèrent.
Dites-nous tout sur les brebis.
ça mange à peu près trois kilos par jour. Elle connaît cinq à six agnelages dans sa carrière et vit entre sept et dix ans sauf en cas de mammite quand l’agneau tape trop la mamelle. Là, elles partent à deux, trois ans.
Pour le label Lou Paillol, on passe par l’abattoir de Bigard à Castres qui s’occupe aussi de la distribution. Quand je fais la vente directe, je passe par l’abattoir de Puylaurens.
Et la covid, avez-vous été impacté ?
On touche du bois, cela ne s’est pas transmis aux ovins. Le premier covid est connu depuis des lustres, c’était une maladie des bovins. Durant cette pandémie, on s’est fait peur avec le premier confinement qui est tombé à Pâques 2 020. On a subi des prix catastrophiques. C’est remonté depuis avec des prix corrects dus à plusieurs facteurs comme le Brexit. Dans l’hexagone, les éleveurs français ne produisent que 40 % de la production. Les agneaux anglais qui rentraient en France sont partis sur la Chine.
Vous faites aussi de l’écopâturage.
Oui, j’ai 21 brebis qui sont en écopâturage à l’entreprise Tryfil à Labessière-Candeil. Elles entretiennent les talus, tous les contreforts du site.
Vous êtes fiers de votre travail au quotidien depuis 20 ans ?
Quand on est en vente directe. la petite fierté de l’éleveur, c’est qu’on voit l’agneau naître, grossir. On le commercialise et on entend les éloges des clients sur la qualité de sa viande. ça fait plaisir. Là, on se dit qu’on a bien bossé.
/ Photo FB, Lou Paillol
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