Effondrement du pont suspendu de Mirepoix sur Tarn (31)

19/11/2019

  Effondrement du pont suspendu de Mirepoix sur Tarn (31)  


/ Photo AFP


Publié le 18/11/2019 à 15:44  | La Dépêche du Midi |  Cyril Brioulet, Géraldine Jammet et Anaïs Mustière

Un pont suspendu s'effondre dans la rivière au nord de Toulouse : une ado de 15 ans tuée, plusieurs personnes recherchées

Le pont de Mirepoix-sur-Tarn effondré dans l'eau et les plongeurs à la recherche des victimes. / Photo DDM, Philippe Roy

Un pont suspendu qui enjambe la rivière Tarn s'est effondré, ce lundi matin, à Mirepoix-sur-Tarn au nord-est de Toulouse. Le bilan, encore provisoire, fait état d'un mort, une adolescente de 15 ans, cinq blessés et de plusieurs personnes toujours recherchées.
Le pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn à la frontière de la Haute-Garonne et du Tarn, au nord de Toulouse, s'est effondré ce lundi matin, peu après 8 heures. Un poids lourd dont le tonnage était supérieur à la limite autorisée s'est engagé sur le pont.

Une Renault Clio blanche qui franchissait le pont au même moment a chuté dans la rivière lors de son effondrement. Une adolescente de 15 ans et sa mère étaient à bord. Des témoins avaient signalé qu'un véhicule utilitaire aurait pu également tomber à l'eau mais cette hypothèse a été rejetée par les secouristes en début d'après-midi.

Le poids lourd a été localisé en cette mi-journée : les pompiers sont en train de fouiller la carcasse. Il transportait une foreuse. 
Le gouvernement a indiqué que le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a lancé une enquête. Le ministère de la Transition écologique et solidaire a expliqué qu'il était pour l'heure impossible déterminer « les causes précises de l'accident ».


Le pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn immergé dans les eaux du Tarn. - Photo DDM, Nathalie Saint-Affre

Un mort et cinq blessés
Le bilan, communiqué à 11h30 par la préfecture de Haute-Garonne, est d'un mort et de cinq blessés. La victime est une adolescente de 15 ans qui était en voiture avec sa mère. La maman et trois autres personnes ont pu regagner la berge à la nage. La maman a été héliportée à l'hôpital en urgence absolue. Parmi les cinq blessés figurent trois personnes en urgence absolue dont des témoins qui ont tenté de porter secours aux victimes et deux pompiers sont en urgence relative.

Plusieurs personnes sont toujours actuellement recherchées. "Après deux heures de recherches vaines, le bilan reste à consolider", nous indique un secouriste, pessimiste, sur place.


/ Photo Le Parisien
Actuellement, les recherches se concentrent sur un troisième potentiel véhicule : un utilitaire qui, selon certains témoins, aurait également chuté lors de l'effondrement de l'édifice. Les secours tentent aussi de retrouver le chauffeur du poids lourd. Deux sapeurs-pompiers ont été blessés pendant leur intervention : les recherches sont particulièrement difficiles sur le terrain. Selon les secours en place, la Renault Clio a été retrouvée partiellement immergée. Le poids lourd de son côté, de quelque 2,5 mètres de large, a été retrouvé totalement immergé, à 4,5 mètres de profondeur.

Selon les informations de La Dépêche du Midi, un bus scolaire avait franchi le pont quelques instants avant son effondrement. 


Le pont de Mirepoix-sur-Tarn effondré dans l'eau et les plongeurs à la recherche des victimes. - Photo DDM, Philippe Roy

Une centaine de secouristes et trois hélicoptères sur place
Une centaine de secouristes ont été mobilisés : 80 pompiers, 50 gendarmes SAMU, plongeurs, équipes cynophiles. Trois hélicoptères ont été envoyés sur place. Un centre opérationnel départemental a été activé en préfecture tandis qu'un poste de commandement opérationnel a été activé à Mirepoix. La rivière est profonde en dessous du pont et le courant est important.

À proximité du pont existe un gouffre de trente mètres de profondeur dans la rivière Tarn. Les pompiers ont mobilisé un drone pour les recherches et les gendarmes ont appelé les plongeurs de leur division subaquatique. Le préfet de Haute-Garonne, le procureur de la République de Toulouse Dominique Alzéari et le président du conseil départemental de Haute-Garonne Georges Méric se sont rendus sur place.
Le parquet de Toulouse a confié l'enquête à la section de recherches de la gendarmerie.
La départementale 71 est actuellement coupée à la circulation.


De nombreux secouristes sont mobilisés à la recherche de victimes. - Photo DDM, Philippe Roy

Deux secrétaires d'Etat sont attendus sur place ce lundi après-midi, Laurent Nuñez et Emmanuelle Wargon, chargés de l'Intérieur et de la Transition écologique. Leur avion est attendu à 14h40 à l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Une fois à Mirepoix, ils rencontreront les secours et tiendront un point presse à 17 heures.

"Un énorme bruit sourd"
"J'étais dans ma salle de bains, vers 8 heures, ce lundi matin, et j'ai entendu un énorme bruit sourd. J'étais inquiet, au départ avec ma femme, nous avons pensé qu'un accident avait eu lieu juste à côté de chez nous. Nous sommes sortis et il ne se passait rien, raconte Philippe Duguet, un habitant qui a sa maison à 300 mètres du pont. Au moment où je suis arrivé au niveau du pont, on m'a demandé de faire demi-tour immédiatement. C'était la panique. Ce n'est qu'à ce moment-là que j'ai vu que tout s'était effondré. Je n'en reviens pas. Je cours tous les dimanches matin sur ce pont, hier encore j'y étais. J'ai dû y passer plus de 1000 fois. Cela fait vraiment bizarre quand l'actualité se passe juste à côté de chez vous", raconte Philippe Duguet encore un peu sonné par ce qu'il vient de voir.

"J'ai entendu un énorme bruit sourd. Avec ma femme, nous avons pensé qu'un accident avait eu lieu".
"On a eu très peur, on a entendu une grosse déflagration, au début on a eu cru à un crash d'avion", explique le maire de Mirepoix-sur-Tarn Eric Oget.


Philippe Oget, maire de Mirepoix-sur-Tarn en Haute-Garonne, ce lundi matin. - Photo DDM, Nathalie Saint-Affre

À Mirepoix-sur-Tarn, les habitants sont sous le choc. Jean-Claude, qui est toujours passé sur le pont, et qui est ému, estime que "ces ponts sont d'une génération qui ne peut plus supporter les divers véhicules qui sont de plus en plus lourd. Malheureusement ce qui est arrivé aujourd'hui, c'est une catastrophe". 

Une autre habitante du village conforme que beaucoup de poids lourds passaient sur ce pont. "J'en ai un peu marre de ces camions qui passent. On voit passer des monstres. Ce qui me désole, c'est les morts. Cette gamine de 15 ans, elle avait rien demandé".

Pas de « commentaires intempestifs »
Depuis ce lundi matin, de multiples acteurs politiques ont pris la parole pour s'exprimer sur l'éffondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn. 


/ Photo DR, Actu Tse
Édouard Philippe, Premier ministre : « C'est un accident tragique qui s'est déroulé. Des gens sont blessés, et sont dans une situation sérieuse. Nous pensons à eux. Un mot aussi à destination de ceux qui, constatant l'accident, ont eu le courage d'intervenir et d'essayer de sauver ceux qui pouvaient l'être : ils ont toute mon admiration. Une enquête administrative a été ouverte. Une enquête judiciaire le sera aussi immédiatement. Ce n'est pas à Dakar que je pourrai donner une orientation sur ce que ces enquêtes vont donner. Ce pont avait fait l'objet d'un examen approfondi en 2017 par un organisme qui sappelle le Cerema. Il avait constaté que la solidité technique n'était en rien en cause. Nous allons voir ce que vont apporter ces deux enquêtes, pour essayer de tirer toutes les leçons et mettre en oeuvre toutes les responsabilités qui seraient identifiées. »


Trois hélicoptères et plus de 100 secouristes sont sur place. - Photo DDM, Nathalie Saint-Affre

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse a indiqué en conférence de presse avoir une  « pensée pour les victimes ».  Selon l'élu « Une  enquête est en cours. La détermination  des causes de l’accident ne doit pas laisser lieu à des commentaires intempestifs ou prématurés », a-t-il ajouté. Dans un tweet, le maire a fait part de son « soutien aux équipes de secours dépêchées sur place et à Éric Oget, maire de la commune. »
Xavier Bertrand, président de la Régioon Hauts-de-France : « Pensées de l’ensemble de la Région Hauts-de-France à la famille de l’adolescente qui a perdu la vie, aux blessés et aux habitants d’Occitanie après ce drame à Mirepoix. Reconnaissance aux forces de secours qui interviennent en ce moment. »

Dernière inspection du pont en 2017
Ce pont de 150 mètres de long et 5 mètres de large, construit en 1935, avait été rénové en 2003 par le conseil départemental de Haute-Garonne. La dernière vérification remonte à 2017, indique la mairie. Le tonnage maximum autorisé sur le pont était de 19 tonnes. 


Le pont de Mirepoix-sur-Tarn a été construit en 1935. - Photo DDM, DR

Trois ponts suspendus de ce type existent en Haute-Garonne : Villemur-sur-Tarn, Mirepoix-sur-Tarn et Bessières. Le pont de Villemur, fermé six mois pour de lourds travaux, doit être inauguré la semaine prochaine. Le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Georges Méric, indique que le département consacré 4 millions d'euros par an à l'entretien des ouvrages d'art et qu'une prochaine visite d'inspection du pont devait avoir lieu en 2019.

Michel Dagbert, sénateur PS et rapporteur de la mission sur la sécurité des ponts, a indiqué sur BFM TV : "Depuis plusieurs années nous avons levé le pied sur les moyens nécessaires à l'entretien (..) Il faut réinvestir pour remettre à niveau l'ensemble des ouvrages (...) Ces ouvrages sont plutôt correctement surveillés et entretenus mais certains départements sont à la peine faute d'investissements". Le président de la mission sur la sécurité des ponts, Hervé Maurey, indique que son côté que l'effondrement du pont "illustre malheureusement" les conclusions de la mission d'information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu'il y a "une vraie dangerosité de l'état de nos ponts".


Photo DDM, Nathalie Saint-Affre

Le corps du chauffeur de poids lourd a été retrouvé
Le poids lourd, localisé à la mi-journée, transportait une foreuse. Selon nos informations, à 21h30, les pompiers et les gendarmes subaquatiques sont parvenus à désincarcérer le corps du conducteur de poids lourd, coincé à l'intérieur de la cabine. 
Le bilan, en fin de journée, est de deux morts, une adolescente de 15 ans qui était en voiture avec sa mère et le chauffeur du poids lourd, a confirmé le maire de Mirepoix-sur-Tarn. 
(Mis à jour le 19/11/2019 06:52)


Le Pont de Mirepoix-sur-Tarn


Le pont de Mirepoix avant son effondrement / © Google

Le pont de Mirepoix-sur-Tarn est un pont suspendu au-dessus du Tarn fait de métal et de béton. Il relie la commune de Mirepoix-sur-Tarn à celle de Bessières au lieu-dit des Prious sur la RD 630.
Long de 152 mètres et large de 5 mètres, il dispose de deux trottoirs de 80 centimètres. L'ossature du tablier ainsi que les deux piles sont en métal tandis que les culées sont faites de béton.

En 1995, le calcul de portance des massifs d’ancrage a conclu à leur instabilité, la limitation de tonnage est passée de 19 à 12 tonnes, les travaux de réparation concernent alors les deux massifs d’ancrage, la partie du tablier en béton, les anciennes attaches des suspentes au tablier (fragiles à froid) sont remplacées par de nouvelles pièces soudées, les attaches des suspentes aux cables, les appareils d’appuis. L'équilibre général (tension des cables et des suspentes) est revu entièrement.

L'actuel pont a été construit en 1935 par l'entreprise Baudin-Chateauneuf en remplacement de l'ancien pont de bois qui fut emporté par une crue en 19301. 
Le pont a été rénové en 2003 par le Conseil départemental1 et inspecté intégralement pour la dernière fois en 2017 par le Cerema. (Source : Wikipedia)

 


Le premier pont suspendu, ici avant 1914...


...détruit par les inondations de 1930


Le pont mis en service en 1935, qui s'est effondré hier











 
 

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