Vers une hausse des précipitations extrêmes ?

27/8/2019


Mis à jour le 26/08/2019 à 21:55  | La Dépêche du Midi |   Propos recueillis par Ch.D.

Pour Hervé Douville, chercheur à Météo France, «il faut s’attendre à une hausse des précipitations extrêmes»


Toute la semaine, les scientifiques du Giec sont réunis à Météo France à Toulouse. Au programme, plusieurs séances de travail en vue de l’élaboration d’une partie du sixième rapport de l’institution intergouvernementale prévu pour 2021. / Photo DDM, XAVIER DE FENOYL

Cette semaine, 200 scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont réunis à Météo France à Toulouse. Analyses du climat et simulations sont au programme. Rencontre avec Hervé Douville, chercheur à Météo France à Toulouse et un des auteurs coordinateurs du chapitre sur le changement du cycle de l’eau.

En 2021, le 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sera rendu public. Dans ces douze chapitres, 233 scientifiques du monde entier analysent les changements climatiques sous toutes ses coutures et établissent des projections. La plupart d'entre eux sont actuellement à Toulouse pour une semaine d'échanges à Météo France. Rencontre avec Hervé Douville, chercheur à Météo France à Toulouse et un des auteurs coordinateurs du chapitre sur le changement du cycle de l’eau.


Les températures de juillet 2019 sont en dessus des normales saisonnières / Photo DDM

Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur le cycle de l’eau ?
Le cycle de l’eau se caractérise par une forte variabilité spatio-temporelle. Il faut décliner ces diagnostics de manière régionale et saisonnière. On s’attend en partie à une augmentation des précipitations extrêmes. Une atmosphère plus chaude peut contenir plus de vapeur d’eau.

Quand les conditions météorologiques sont favorables aux précipitations, on a des accumulations - au moins sur de courtes périodes - beaucoup plus élevées qu’auparavant. C’est déjà quelque chose que l’on commence à observer. On a fait une étude à Météo France qui a montré que les extrêmes de précipitations sur le sud-est de la France avaient augmenté au cours des cinquante dernières années de manière cohérente avec le réchauffement observé. On projette que cette accentuation des contraintes spatio-temporelles sur l’eau va s’amplifier.


Certains orages localisés engendrent de nombreux dégâts / Photo DDM

Que risque-t-il de se passer à long terme ?
Pour le plus long terme, cela dépend de notre capacité à réduire nos émissions. Je pense qu’il faut commencer à vraiment se poser la question de la mise en place de politiques drastiques. Dans ce domaine, le rapport spécial du GIEC publié en août, nous dit bien que chaque demi-degré de réchauffement global compte. Il n’y a pas une solution magique, mais il y a de nombreuses solutions à cumuler pour tenter d’atténuer le problème. Il faut avoir une solidarité intergénérationnelle.


La commune de Fontenilles a été particulièrement touchée par l'orage qui a provoqué la chute de nombreux arbres / Photo DDM

Vous parlez de solidarité intergénérationnelle, peut-on aussi parler de solidarité interrégionale ?
Tout à fait, notamment sur l’eau. On voit bien au niveau des agriculteurs français qu’il y a une solidarité qui se met en place lorsqu’une région est en sécheresse. Cette solidarité va devoir s’organiser d’une génération à l’autre mais aussi entre les gens aisés et les autres.


La Garonne a un tiers de son débit habituel en moins. / Photo DDM, Chloé Rodriguez.

Cette année, la Garonne est entrée en étiage plus tôt qu’à l’ordinaire. Faut-il s’attendre à ce que cela devienne une normalité ?
C’est tout à fait cohérent avec ce qu’on annonce pour le futur. La Garonne est un fleuve en partie alimenter par la fonte du manteau neigeux. On s’attend à un décalage de la saisonnalité. Comme cela va fondre plus tôt, il se peut que le pic de débit soit un peu un décalé, et devienne plutôt printanier. Le ratio précipitations liquide/solide va également évoluer. On peut toujours avoir de fortes chutes de neige dès lors qu’on a une température inférieure à zéro au niveau atmosphérique. En revanche, la persistance de ce manteau neigeux sera plus éphémère car, même en hiver, il y a des températures qui alimentent des taux de fonte tout à fait considérables.


Les niveaux des nappes phréatiques sont très inférieurs à l'été 2018 en France / Photo DDM

À titre individuel, que peut-on mettre en place pour endiguer ces pronostics ?
Ce n’est pas mon domaine d’expertise mais je peux dire qu’à titre personnel, en tant qu’auteur du GIEC, je m’interroge beaucoup sur mes pratiques. Nous avons quand même le bulletin de vote pour essayer d’orienter nos choix. À chacun de voir comment il hiérarchise le problème climatique parmi les nombreux problèmes auxquels nos politiques ont à faire face aujourd’hui.


Après la canicule de juillet, il gèle en France en plein mois d'août / Photo DDM
 

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