Cahiers de doléances : 1789-2019, étranges similitudes

22/3/2019


Mis à jour le 17/03/2019 à 08:26  | La Dépêche du Midi |  Silvana Grasso

Cahiers de doléances 1789-2019 :
étranges similitudes




Deux cent trente ans après, les Cahiers de doléances de 1789 font paraître d’étranges similitudes avec ceux d’aujourd’hui.Les Archives départementales de la Haute-Garonne font revivre ces documents.

L’histoire se répète-t-elle ? Moins d’impôts, plus de justice sociale et de pouvoir d’achat… Les cahiers de doléances, lancés en 1789 par le roi Louis XVI, en préparation des Etats-Généraux, font apparaître des désirs communs à ceux des Français de 2019, dans la mouvance des Gilets jaunes.

Directrice ajointe des archives départementales, Marie-Astrid Zang, en gants blancs, explique ces précieux documents : « Ces cahiers de doléances sont établis entre mars et avril 1789 par les trois ordres de la société (clergé, noblesse et Tiers-Etat). À partir de leur lecture, on apprend par exemple, que la noblesse de Toulouse se réunit, pour les rédiger,Salles des Illustres au Capitole ». Ils consignent les personnes présentes, le déroulement de la séance et les différentes instructions données aux députés élus qui vont représenter la noblesse aux Etats-Généraux à Versailles et faire connaître leurs revendications.


"Trop de gens nobles en usurpant leur titre"
Pour cet ordre, une des demandes phares est l’apport de preuves de noblesse, considérant que trop de gens deviennent nobles en usurpant leur titre.« Côté clergé, qui se divise alors en haut clergé (évêques) et bas clergé (curés de campagne), une des demandes porte sur la dîme (impôt prélevé à son profit), afin qu’elle soit répartie d’une façon plus égalitaire entre le haut et le bas clergé », poursuit Marie-Astrid Zang.


Un cahier de doléances de la commune de Launac, dans l’Ouest toulousain./Photo DDM DDM, Thierry Bordas.

Plus amusant : le cas d’un prêtre de Valentine (Comminges) qui s’offusque de la trop grande fréquentation de ses ouailles au cabaret…
Pour participer à ces cahiers, le Tiers-Etat doit remplir des critères stricts : être un homme, être âgé de 25 ans (âge de la majorité) et payer des impôts. Ce qui exclut d’emblée les plus misérables. « Il faut savoir qu’à ce moment-là, le peuple est encore très attaché à son roi, ce qui n’exclut pas ses revendications : la mise en place plus fréquente des Etats-généraux dont les derniers remontent à 1614. 

Le Tiers-Etat, demande aussi, vu son importance, le doublement de sa représentation et un vote par personne et non plus par ordre, afin d’éviter d’être minoritaire.Il fustige aussi le trop-plein d’impôts qui rappelle la tyrannie féodale, insiste sur la réduction des dépenses de l’Etat (déjà !), la fin des privilèges et une organisation plus souple de la justice (suppression de la lettre de cachet) qui sur ordre du roi, embastillait n’importe qui. 

Selon Marie-Astrid Zang, « même s’ils dépendaient beaucoup du rédacteur, du lieu et des participants, ces cahiers sont une formidable photo de la société de l’Ancien Régime et une belle expérience démocratique ».


/ Photos DDM
 

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site