Graulhet : Cahier de doléances 1789
Cahiers de doléances
À 230 ans de distance, le mouvement des Gilets jaunes fait ressortir des placards de l’Histoire les cahiers de doléances. En janvier 1789 toutes les paroisses de France furent appelées à en rédiger un, tous étant résumés et mis en forme pour être présentés par les députés élus à l’assemblée des États généraux.
Où il est démontré que notre époque n’invente rien et qu’en 1789 les cahiers de doléances faisaient déjà état de l’injustice fiscale.
Si ce n’est la calligraphie et le langage, rien ne semble distinguer un sans-culotte d’un gilet jaune.
Les sujets d’hier et les citoyens d’aujourd’hui avertissent avec la même insistance Louis XVI et « Jupiter 1er » qu’ils n’en peuvent plus de porter le « fardeau inouï » des impôts et autres taxes.
On retrouve les mêmes préoccupations d’un bout à l’autre du pays. Les paysans voulaient une juste répartition des richesses et vivre de leur labeur.
Chez les uns et chez les autres, le rejet des élites, « le clergé et la noblesse, dont les richesses sont excessives et qui possèdent les trois quarts de la France, ne payant rien et jouissant de privilèges reconnus abusifs. » (Source La Montagne - 20/01/2019)
Tarn : Cahiers de doléances 2019
Le préfet du Tarn Jean-Michel Mougard, entouré, de gauche à droite, de Sylvain Cals (maire d'Arifat), Patricia Bousquet (maire de Trébas), Sylvain Fernandez (président de l'Association des maires du Tarn) et Maryline Lherm (maire de Lisle-sur-Tarn)./ Photo DDM, V.V
Hier après-midi, le préfet du Tarn Jean-Michel Mougard a reçu les cahiers de doléances mis en place dans les communes tarnaises ainsi qu'une première synthèse de l'organisateur du grand débat, Didier Gardinal. (La Dépêche du Midi - 23.02.2019)
Graulhet : Cahier de doléances 1789
(Le Cahier de doléances graulhétois est accessible sur le site des Archives départementales du Tarn)
- Extraits -
"Cahier des très Humbles et très Respectueuses Remontrances.
Avis, plaintes et doléances que les habitants composant le tiers-état de la ville de Graulhet au diocèse et sénéchaussée de Castres en Languedoc portent au pied du trône.
La ville de Graulhet remplit des sentiments d'attachement, d'amour et de soumission pour son Roy, pénétrée de la plus vive reconnaissance..."
"Le tiers-état qui supporte la majeure partie des impôts doit toujours être représenté dans les assemblées de la nation, par un nombre de députés pour le moins égal à celui des deux ordres supérieurs."
"Dans les assemblées générales il doit être voté par tête et non par ordre."
"Les trois ordres doivent contribuer également aux impositions générales, provinciales et locales, nécessaires pour le soutien et la prospérité de l'état."
"Le tiers-état demande à la bonté du Roy l'extinction d'une charge qui n'est pas moins onéreuse et à un égal caractère de servitude, la banalité des fours, moulins, forges et pressoirs."
La Justice : "La justice que le Roy fait rendre à ses sujets n'est pas exempte d'abus et il s'y en est glissé une infinité que le bien de l'état exige de supprimer : les longueurs des procès, l'absence des plaideurs, l'éloignement des tribunaux et les frais les ruinent."
Notaires : "Les notaires, surtout dans les petites villes et en plus dans les campagnes, sont pour la plupart peu dignes de la confiance publique."
Municipalité : "La ville un peu considérable comme notre ville de Graulhet qui renferme environ trois mille âmes dont la communauté est très étendue et qui a plusieurs foires dans l'année et des marchés toutes les semaines, l'un et l'autre très frèquentés, soit favorisée de l'établissement d'une brigade de maréchaussée."
"Établir un mode de perception de l'impôt qui ne permette pas à certains de ses sujets de s'y soustraire, et ordonner la distribution du sel au poids pour éviter les fraudes auxquelles la vente à la mesure ouvre la porte, au détriment de la classe du peuple la plus misérable."
"La ville de Graulhet renommée par sa fabrique des cuirs a perdu l'établissement de l'impôt sur cette matière les deux-tiers de ses fabriquants et les trois-quarts des ouvriers."
"Les tanneries sont abandonnées et il est affligeant de voir ses usines autrefois si brillantes sans action et ce qu'il y a de plus triste encore c'est de voir une partie des fabriquants réduits à la mendicité."
Besoins : "La ville de Graulhet est traversée dans toute sa longueur par un précipice d'une profondeur effrayante dans lequel coule un ruisseau qui devient un torrent impétueux à la moindre inondation.
Son lit est dégradé par des ravages qui menacent environ cent maisons d'une ruine certaine, entraînant vraisemblablement la mort de plus de deux cents sujets exposés à être écrasés par la chute de leur maison.
La ville de Graulhet pauvre et déjà épuisée par les dépenses extraordinaires auxquelles elle a été exposée jusqu'ici ne trouve pas dans ses propres forces et moyens d'exécuter un travail si considérable et si dispendieux."
"Pour prévenir des plaintes que les particuliers font journellement sur la façon de percevoir le droit des moûtures des graines qu'on porte aux différents moulins, il serait à propos que le gouvernement en fixât le taux et la façon de sa perception.
Celle de le percevoir au poids paraît la plus avantageuse et la moins sujette à inconvénient"
(Rapport de quinze pages validé par le juge Viguier et signé par une cinquantaine de citoyens, dont des consuls)
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