Publié le 07/10/2017 à 03:53 | La Dépêche du Midi |
Villegailhenc (11) :
Au temps des vendanges à l'ancienne
Béziers : Colle de vendangeurs au repos / CPA
Mais où est-il, ce temps pas si lointain où, huit jours avant le ban des vendanges, chaque viticulteur sortait les «sémals» (les comportes) dans la rue pour les «estanquer» (étancher) et préparait méticuleusement le matériel pour la cueillette : sécateurs, seaux (ferrats), hottes (gorb), masses. Il régnait alors une animation particulière qui sentait bon l'automne.
Lacaune : Départ de vendangeurs vers le "Pays-Bas" (Hérault)
L'année durant, chaque propriétaire formait sa «colle» (équipe de vendangeurs) avec, souvent, des gens du village ou d'ailleurs. Les vendanges étaient alors synonymes d'embauches, de revenus complémentaires, et même les enfants, secondés par leurs parents ou leurs grands-parents, participaient. Et durant la cueillette, ces équipages, soit à pied, à charrette ou charretons, sillonnaient le village et envahissaient les vignes.
Vendanges dans le Gaillacois : Groupe de vendangeurs
À l'heure et dans les grandes «colles», la «mousseigne» donnait le départ et imposait son rythme de cueillette, et malheur à qui, dans sa rangée, se porterait à sa hauteur ou la dépasserait : c'était la règle. Le «gourbejaïre» (le porteur de hotte) portait quatre ou cinq seaux de raisins qui étaient versés dans les comportes, écrasés et tassés à la masse de bois.
Béziers : Colle en train de vendanger
Dans les propriétés plus modernes, les bennes avaient remplacé les comportes. De temps à autre, quelques cris attiraient l'attention. C'était une jeune fille qui venait d'oublier, peut-être volontairement, un raisin à une souche, qui se faisait poursuivre par un jeune homme qui s'apprêtait à la «capouner» (écraser ledit raisin sur sa figure et lui voler furtivement un baiser).
Vendangeurs et porteurs au travail
Le temps d'alors était moins compté, peut-être passait-il moins vite, c'était aussi l'occasion de lever la tête, car le métier de vendangeur est pénible.
Pause casse-croûte en bout de rangées
L'heure du petit déjeuner à la vigne était très attendue, et la «colle» entière s'asseyait au bout de la rangée pour casser la croûte. C'était un instant privilégié de récupération, de regroupement et d'amitié. Souvent, le «gendarme» (hareng salé) était au menu, accompagné d'un bon raisin frais et d'un bon coup de vin bu à la gourde. C'était un vrai régal.
Vendanges dans le Gaillacois : Retour des vendangeurs
Durant toute la «suivie» (durée) des vendanges, les conversations allaient bon train et chacun y allait de son couplet, de son cancan ou de sa chanson. C'était alors un grand moment de communication… Tout se savait et, souvent, était exagéré bien sûr, on est dans le Midi.
Les raisins sont entassés dans le pressoir
Les vendanges touchant à leur fin, le propriétaire-employeur préparait pour le dernier jour, à la dernière vigne ou chez lui, le fameux «diusavol» où toute la «colle» était conviée.