En hommage aux victimes de l'attentat de Barcelone
Publié le 19/08/2017 à 07:15 | La Dépêche du Midi | Jean-Claude Souléry
Et nous reviendrons sur les Ramblas...
Rambla reconquise / Photo La Vanguardia, David Airob
C'est certain, nous reviendrons demain sur les Ramblas de Barcelone – pour y flâner au cœur des gens, se noyer dans la lenteur de la foule, descendre jusqu'à la mer, acheter des fleurs dans les kiosques et pourquoi pas le dixième maillot du Barça, pour regarder avec bienveillance les statues humaines qui miment la vie, nous reviendrons boire une cerveza dans le décor vieillot du Cafè de l'Òpera, nous accouder au comptoir de chez Quim, là, au marché de la Boqueria dans l'odeur des tapas et de l'ail, nous reviendrons au Gran Teatre del Liceu qui affichera un soir ou l'autre un de ces drames terribles qui hante le répertoire classique, nous serons une fois de plus Barcelonais, et nous nous attarderons dans la chaleur moite de l'été qui ressemble à la vie.
Alors, nous serons saisis d'une infinie solidarité pour cette « Ville des Prodiges » – telle que nous l'a racontée l'écrivain catalan Eduardo Mendoza –, une ville éminemment cosmopolite, faite de traditions et d'audaces, de rigueur et de grande modernité, et qui nous est si proche, sans doute par la géographie, mais surtout par l'histoire et le cœur.
Tout cela, les assassins ne nous l'enlèveront pas. Ils ne tueront pas notre désir de Barcelone, nos parenthèses d'insouciance, cette envie qui persiste au-delà de la répétition des tragédies – Paris, ses terrasses et son Bataclan (130 morts), Berlin et son marché de Noël (12 morts), Nice et sa Promenade des Anglais (86 morts), Manchester à la sortie d'un concert d'Ariana Grande (22 morts).
La culture et, si besoin, la fête. La musique et les feux d'artifice. La démocratie et ses espaces de liberté. La tolérance malgré tout. Cette part des choses que nous savons faire et qui, pour l'instant, n'a pas fracturé nos sociétés entre musulmans et non-musulmans. Cette façon de vivre qu'après tant d'autres guerres sanglantes, partagent les peuples européens. Tout cela est ancré, presque charnellement, dans nos modes de vie. Cette civilisation est pleinement la nôtre, nous y participons tous à des degrés divers, nous continuons à la revendiquer, quelles que soient nos origines, notre religion, notre classe sociale – nous y tenons comme à la prunelle de notre vie.
L'immense peuple de Barcelone l'a dit, hier, lors d'une manifestation comme seule la place de Catalogne peut en contenir : «No tinc por!» – «Je n'ai pas peur!». Il l'a redit aussi en reprenant ses habitudes, son travail, ses courses et ses palabres, en reprenant tout ce qui fait l'effervescence barcelonaise.
Quant aux Etats, ils devront, une nouvelle fois, démontrer cohésion et sang-froid. Et l'Europe, cible privilégiée, amplifier la coordination de ses polices, échanger vraiment ses renseignements, car la tache est immense de prévenir et neutraliser les réseaux du Mal. Pour nous, reste simplement l'espoir d'en finir un jour – mais quand ? – avec toutes ces métastases du cancer islamiste.
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