Le terrorisme a frappé nos voisins
Publié le 24/03/2018 à 07:14 | La Dépêche du Midi | Jean-Claude Souléry
À l'abri de rien
Le bilan des attaques s'élève à quatre morts / Photo DDM, Bruno Huet
À l'abri de rien. L'attaque terroriste qui s'est déroulée vendredi à Trèbes, petite commune de l'Aude en lisière de Carcassonne, témoigne de ce danger permanent et bien réel que constitue encore et toujours l'islamisme radical.
Le front s'est déplacé, Daech a peut-être perdu la plupart de ses territoires de Syrie et d'Irak, mais son idéologie mortifère s'est depuis longtemps répandue dans certains de nos quartiers où de prétendus «combattants », d'une apparence faussement normale,trouvent soudain pour champ de bataille le coin d'une rue, un trottoir des Champs-Élysées, une église, ou le supermarché d'une petite ville – que nous imaginions à mille lieues de toute zone de combat.
"On a l'impression de faire un mauvais rêve": le village de Trèbes sous le choc / Photo DDM Nathalie Saint-Affre
Quoi de plus familiers en effet que ces magasins où machinalement chacun fait ses courses, quoi de plus banal que le rayon boucherie du Super U de Trèbes ? C'est pourtant là, à travers l'alignement des conserves et des légumes, de tout ce qui fait notre consommation courante, que, s'adressant à des clients qui nous ressemblent, l'assassin a voulu donner un « sens politique » à sa tuerie : « Vous bombardez la Syrie, vous allez mourir ! » C'est l'effrayant raccourci idéologique d'un délire de mort. Pouvions-nous un seul instant imaginer qu'il couvait au pied de la cité de Carcassonne, à 4000 kilomètres de l'Irak ?
Or, précisément, ce raccourci idéologique, qui nous paraît fou, nourrit la stratégie clairement exprimée par les théoriciens du terrorisme islamiste : frapper n'importe où, Paris, ville ou village, viser de préférence ceux qui portent l'uniforme, ou, au besoin, indistinctement la foule, afin d'instiller chez les « mécréants » un sentiment de peur, afin de répandre l'idée que, malgré leur puissance militaire et technologique, malgré leur bien-être et leur confort rassurant, ils ne sont à l'abri de rien.
Peu après 14 heures, lorsque les gendarmes du GIGN ont donné l'assaut avant de tuer le terroriste, un hélicoptère médicalisé s'est posé sur le parking du Super U./ photo DDM B.H.
Et pourtant, passé «Charlie», Nice, ou le Bataclan, nous avions cru que le plus dur du terrorisme se serait éloigné. Nous avions même rappelé qu'en 2017 il n'y avait eu « que» trois attentats en France, comme si le terrorisme s'épuisait faute de tueurs déterminés; les autorités avaient beau affirmer que des attentats étaient régulièrement déjoués grâce à une surveillance accrue ; hier encore, nous avons vu un Président, des ministres et des responsables de la sécurité, tous mobilisés en cellule de crise – mais voilà que, malgré toutes ces assurances officielles, la sinistre réalité nous renvoie à nos illusions naïves.
Preuve est ici faite qu'il serait fou de baisser la garde. Le terrorisme islamiste n'est pas mort – il poursuit bien au contraire son «œuvre» de mort.
Publié le 24/03/2018 à 07:26 | La Dépêche du Midi | D.D.
Attentats de Trèbes et de Carcassonne
Les quatre actes de l'attaque
L'héroïsme du gendarme qui s'est offert comme otage, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame / Photo DDM
Qui aurait imaginé que le terrorisme islamique aurait pu passer par Trèbes, petite cité audoise paisible, lovée entre l'Aude et le canal du Midi ?
Hier, entre la Cité des Aigles de Carcassonne et le Super U de Trèbes, le cauchemar a duré un peu moins de cinq heures, le temps qu'un petit délinquant bascule dans le terrorisme meurtrier, sans que les radars des renseignements aient pu deviner un plan aussi sanglant.
Sa trajectoire commence dans la violence la plus absolue, car il n'a apparemment laissé aucune chance à l'automobiliste et à son passager qui circulait dans la voiture qu'il a dérobée. Et si les blessures des CRS, un peu plus tard, sont légères, c'est uniquement parce que son arme s'est, semble-t-il enrayée. Sinon ?
Enfin, arrivé à Trèbes, il semblait décidé à opérer un massacre. Il n'a été arrêté que par les balles du GIGN.
Cinq heures de terreur, que la police va désormais étudier et disséquer longuement. Tandis que les victimes vont panser leurs plaies et les familles pleurer leurs morts.
Un policier devant la Cité de Carcassonne après son évacuation./ DDM Pierre Challier
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