Tourisme : mieux préparer demain
Publié le 02/04/2017 à 08:47 | La Dépêche du Midi | Sébastien Dubos
Tourisme : mieux préparer demain
Carcassonne / Photo DDM
En matière de tourisme, la concurrence est mondiale. Même si la France reste la première destination, les risques d'effritement sont rééls. Martin Malvy a présenté récemment ces propositions pour relever les défis et développer encore davantage la visibilté des sites.
Première destination touristique au monde, la France est à la croisée des chemins et doit impérativement s'adapter pour faire face à la nouvelle donne, essentiellement numérique, qui bouleverse déjà le secteur . C'est ce qui ressort du rapport rédigé par Martin Malvy. À la demande de Laurent Fabius lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères, Martin Malvy a lancé une étude pour améliorer la fréquentation touristique du pays à partir des patrimoines. De ses rencontres et de ses déplacements, l'ancien président de la région Midi-Pyrénées a tiré 54 propositions faciles à mettre en œuvre, qui cernent bien les enjeux et y répondent.
Gavarnie / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
«Laurent Fabius a fixé le cap à 100 millions de touristes en France en 2020, le pari est atteignable mais il n'est pas gagné d'avance s'il n'y a pas cet effort-là» souligne l'ancien ministre qui met en priorité la nécessité de ne plus travailler en silo, chacun de son côté, mais bel et bien en unité autour d'un projet plus vaste.
Sensible depuis très longtemps à l'attractivité des territoires par le biais du développement touristique, Martin Malvy prévient : «sur nos territoires, nous avons une clientèle nationale et elle a sauvé la saison touristique l'an dernier, et une clientèle européenne. Cette dernière est en train de se fragiliser. Si on n'a d'yeux que pour les clientèles lointaines et si on ne fait pas d'effort sur les clientèles européennes, on risque d'avoir des déboires très forts dans les années qui viennent c'est-à-dire des pertes de fréquentation».
Pont du Gard / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
Une bannière et des labels
Bien évidemment tout n'est pas négatif et il faut se souvenir du chemin parcouru. «On oublie complètement aujourd'hui l'état de délabrement des monuments au début des années 70. Il y a eu à partir de 1975 et fortement poussé à partir des années 80 par François Mitterrand et Jack Lang, un gros effort sur le patrimoine. La France ne serait pas la France dans son image aujourd'hui s'il n'y avait pas eu ces efforts et je souhaite qu'ils perdurent», souligne Martin Malvy.
Qui préconise une bonne dose de bon sens. En matière de labels par exemple. Les cités d'art, les plus beaux villages ou autres sites remarquables se perdent dans une jungle de labels. Il fait émerger une idée simple à mettre en œuvre qui donnera une visibilité immédiate et «vendable» à l'étranger : «Les labels attestent d'une qualité, d'une reconnaissance d'un patrimoine historique mais ils sont trop nombreux et sont totalement méconnus à l'étranger. J'ai suggéré deux choses. D'abord à ce qu'on les préserve mais qu'on les regroupe sous une bannière commune qui pourrait être «Patrimoine de France. On aurait «Patrimoine de France/site et cité remarquable», «Patrimoine de France/cité de caractère….on les identifie et ça représente une masse dont on peut assurer la promotion à l'étranger».
Il propose également de réfléchir à la formation, de penser aussi un système simple pour développer le parc hôtelier dans des zones il n'y a pas de triples saisons…
Des recettes qui ont toutes le même but : sauver le tourisme de demain.
Toulouse / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
«On vit aujourd'hui une véritable révolution»
Martin Malvy, président des Sites et Cités remarquables de France
Comment avez-vous procédé pour organiser votre enquête ?
J'ai pris le parti de rencontrer un grand nombre d'acteurs de l'économie du tourisme et du patrimoine. Avec le concours du ministère des Affaires Étrangères, j'ai procédé à des auditions à Paris et j'ai effectué des déplacements dans les régions pour aller voir ce qui me paraissait intéressant. J'ai dû rencontrer environ 280 personnes. J'en ai tiré un raisonnement et un constat, et c'est partant de ce constat que j'ai fait 54 propositions. Elles n'ont pas toutes la même importance, mais aucune n'impose, demain, une nouvelle loi ou de nouveaux moyens financiers considérables.
Cauterets Pont d'Espagne / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
Je pense que si on veut développer l'économie du tourisme, pour celle qui repose sur le patrimoine et la culture, c'est d'abord un état d'esprit qu'il faut changer chez l'ensemble des responsables de ces secteurs. On vit aujourd'hui une véritable révolution dans l'économie touristique, on la traverse avec la domination d'internet, des réseaux sociaux, qui transforment complètement la commercialisation, la promotion et en même temps l'attente du public, des touristes.
Vous mettez en lumière la notion d'économie touristique, il faut l'intégrer ?
Oui bien sûr. Aujourd'hui, il y a un milliard et demi de touristes dans le monde chaque année. On en annonce le double dans quelques années. On est dans une compétition extrêmement puissante. Cette économie, qui représente en France 7 à 8 % du PIB, représente la même chose ailleurs.
Albi / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
Quels sont les risques qui nous guettent ?
L'économie touristique provoquée par le patrimoine, c'est-à-dire le déplacement d'un touriste motivé par le patrimoine, on estimait que ça représentait il y a quelques années 5 % du tourisme. Aujourd'hui, c'est au moins 50 %. Mais le patrimoine ce n'est pas que les châteaux ou les musées, c'est une vision qui est souvent la vision dominante, mais qui est étriquée. Le patrimoine, c'est aussi les grands sites, la gastronomie… Et c'est là qu'on a un problème parce que ça ne relève pas des mêmes ministères : les châteaux c'est le ministère de la culture, les grands sites, les parcs naturels, c'est le ministère de l'Environnement, la gastronomie et l'œnologie c'est le ministère de l'Agriculture…
Le premier constat dont j'ai eu la confirmation, c'est que chacun travaille en silo, chacun travaille pour soi. Ma première proposition, c'est de dire qu'au plan national il faut qu'il y ait un groupe de travail qui réunisse les différents ministères intervenants dans l'économie du tourisme. Il faut décliner la même chose au niveau régional, pour un travail totalement partenarial entre l'institution et tous les acteurs du patrimoine. Je répète, les châteaux, les musées mais aussi les lieux de gastronomie, les parcs…
Millau / Photos FB, Tourisme en Occitanie Pro
Et il faut un troisième niveau pour cette même collaboration des acteurs au niveau des communes et des communautés d'agglomération. On voit bien que ceux qui progressent sont ceux qui ne se considèrent pas comme suffisant dans leur entité initiale. En Occitanie, l'abbaye de Fontfroide est un bel exemple : en ajoutant au patrimoine lui-même une vie culturelle, des activités, on fait progresser considérablement le nombre de visiteurs.
Faut-il raconter une histoire globale ?
Oui, il faut raconter une histoire, c'est le terme qui revient en permanence. Le patrimoine pur et simple, ce n‘est plus l'attente du touriste.
Arènes de Nîmes
La région Occitanie développe son rayonnement touristique international en participant aux Rendez-vous en France 2017 / Photo FB, Tourisme en Occitanie Pro
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