Publié le 19/11/2016 à 07:09 | La Dépêche du Midi | Dominique Delpiroux
L'avenir aux champs
L'épicerie est l'âme d'un village ; Alairac (11) a retrouvé son multiservices. / Photo DDM
Les villages sont l'avenir de nos villes. Il ne faudrait pas croire qu'il existe une sorte de transcendance des activités qui voudrait que l'intelligence, les initiatives, les créations, les idées, viennent de la Capitale, passent par le relais des métropoles, pour enfin être diffusées dans des villages. Non, nos bourgs «reculés» ne sont pas des éponges assoiffées d'un savoir venu de la Sorbonne, d'une élégance dessinée dans le Marais ou d'une culture bouillonnant dans les seules marmites germanopratines. Ils sont tout à fait capables de monter un atelier de théâtre, un festival de jazz, de mettre les petites chapelles à la musique baroque, et de taper des bœufs dans les Bistrots de Pays.
Il faut dire que la ruralité n'est plus tout à fait ce qu'elle était. La grande coupure qui existait autrefois entre le monde agricole et l'univers de la ville n'est plus de même nature aujourd'hui. S'il existe des néo-ruraux dans les campagnes, n'oublions pas cependant que dans les villes, il y a aussi beaucoup de «néo-urbains», dont les parents, grands parents et arrière-grands-parents avaient les sabots dans la glaise. Les agriculteurs, les vrais, sont de moins en moins nombreux. Ce n'est pas pour autant que les villages sont vides. Bien au contraire.
Martrin (12) : La cantine de l'école labellisée «Établissement bio engagé» / Photo DDM, B.G.
De nos jours, il existe une plus grande perméabilité entre les deux mondes. Ainsi, ils sont nombreux les habitants des villes qui retournent aux champs avec bonheur. Des urbains stressés qui recommencent une vie nouvelle loin de la ville. Mais aussi des employés qui travaillent dans les grandes agglomérations, mais qui acceptent de passer une heure en voiture matin et soir pour pouvoir vivre en pleine nature. On trouve aussi beaucoup de retraités, qui après avoir vécu une longue carrière en ville, reviennent souffler à la campagne. Dans notre région, ne négligeons surtout pas la petite touche exotique que nous apportent, dans le Lot, l'Aveyron, le Gers ou l'Aude, nos amis belges, anglais ou hollandais, qui ne sont pas les derniers à participer à la vie associative et à lancer des initiatives originales.
Tout cela est possible aujourd'hui parce que les routes se sont arrangées, et parce que surtout internet et les mobiles permettent le télétravail et retissent un lien social.
Soueich (09) : Réouverture attendue de l'épicerie du village / Photo DDM
Voilà pourquoi il n'est guère étonnant de voir la vitalité de ses communes, qui savent depuis toujours qu'elles ont d'abord intérêt à compter sur elles-mêmes. On y trouve un tissu social divers, avec notamment beaucoup de populations qui peuvent se trouver en grande précarité : l'avantage du village, c'est précisément qu'à une échelle plus humaine, les solidarités sont plus faciles à exercer.
Oh, ce n'est pas demain la veille qu'une usine géante s'implantera en Couserans ou sur l'Aubrac. Loin des autoroutes, aucune chance. En revanche, les villages ont une carte à jouer : celle d'une autre qualité de vie loin du tumulte des grandes métropoles.
Publié le 19/11/2016 à 07:39 | La Dépêche du Midi |
Les villages se prennent en main
Le village de Saint-Sulpice (46) / Photo DDM illustration Lae.B
Malgré les difficultés que connaît le monde rural, des initiatives naissent dans beaucoup de villages pour créer de l'animation. Cela va de la réouverture d'un commerce à l'accueil d'une start-up en passant par l'organisation de fêtes et d'animations. Et la vie revient…
Pas morts, les petits villages ! S'il est vrai que le monde rural est souvent en grande souffrance, notamment à cause de la crise agricole qui frappe bon nombre d'exploitations, les habitants ont pris l'habitude de se battre pour maintenir un peu d'animation autour de leur clocher.
Depuis longtemps, ils ont fait face à la disparition des services publics. Les bureaux de poste, les écoles ont tendance à fermer. Là, il est difficile de faire revenir les pouvoirs publics sur des décisions budgétaires souvent irrévocables, lourdes de conséquences sur le terrain.
Verlhac-Tescou (82) : À l'épicerie locale, Angie sert la convivialité en prime / Photo DDM
En revanche, quand les villages peuvent prendre des initiatives, ils saisissent leur chance. Et notamment autour du commerce de proximité. Bien des petites communes maintiennent le dernier commerce, qui du coup, sert un peu à tout : station-service, épicerie, bistrot, voire bureau de poste. Il y a souvent derrière un coup de pouce de la mairie, qui va rénover des locaux, proposer un loyer raisonnable en échange de ce service qui profite à tout le village.
À cet égard, les Bistrots de Pays ont plutôt bien réussi dans la région, de Riolas en Haute-Garonne à Latronquière dans le Lot, le label redonne vie à la commune tout en assurant sa promotion touristique.
Un bistrot, une épicerie, une supérette, un bureau de tabac, une boulangerie… et c'est une âme qui revient au village.
Busque (81) : "Chez Pito", hôtel, restaurant et bitrot de pays / Photo DDM J.C.-C.
Mais il y a d'autres moyens pour redynamiser des lieux endormis : la culture ! Ici, c'est un salon littéraire, là, c'est une troupe de théâtre, ailleurs, c'est la musique classique ou le jazz. Autour de ces initiatives, il y a des bénévoles, des organisateurs, bref, un lien social qui se tisse autour d'un projet commun, qui ressoude une communauté.
L'initiative peut être aussi dans le haut, voire le très haut de gamme, quand un chef étoilé décide de poser ses marmites dans un coin perdu, qui du coup, devient le rendez-vous des gourmets !
Le haut de gamme, c'est aussi ces toutes petites entreprises qui s'installent aux champs mais avec une matière grise à haute valeur ajoutée, des start-up reliées au monde par internet.
Du reste, les villages n'ont pas manqué le tournant du numérique : ici, c'est le crowdfounding qui va permettre de sauver un château, là, c'est un réseau qui fédère les animations.
Sainte-Foy-de-Peyrolières (31) : De nouvelles mains à la pâte à la boulangerie / Photo DDM
C'est tout ce mouvement qu'accompagne d'ailleurs le ministère de l'Aménagement du territoire, notamment en boostant l'accès à la téléphonie mobile et à internet dans les «zones blanches», en prenant en charge la construction de pylônes. Et en accompagnant les «maisons de service public» qui devront être 1 000 à la fin de l'année, ou les «maisons de santé», qui elles aussi devraient atteindre bientôt le millier.
Voilà qui va créer sans doute une émulation entre ces petits villages. Car les habitants n'ont pas envie de vivre dans la campagne de la Belle au bois dormant.
Publié le 19/11/2016 à 10:48 | La Dépêche du Midi | Sophie Vigroux
Au Petit Rabat, en Ariège, Agnès fait à la fois buvette, épicerie, brocante...
Au Petit Rabat, en Ariège / Photo DDM
Depuis 6 ans, Agnès Rouquet tient «Le Petit Rabat», au cœur de Rabat-les-Trois-Seigneurs, village ariégeois de 365 habitants (avec les hameaux) situé à 1 heure de voiture de Toulouse. C'est un lieu coquet et chaleureux qui fait à la fois épicerie, brocante, buvette et dépôt de pain l'été. «Je propose des produits de dépannage comme l'huile, le beurre, le sucre, le vinaigre… et des produits de terroir locaux. Par exemple, je n'ai que des vins ariégeois. En revanche, je n'ai pas de produits frais du type fruits et légumes», annonce la gérante.
Agnès, 54 ans, crée aussi des bijoux (boucles, bagues…) qu'elle propose à la vente ainsi que les créations artistiques de sa sœur Marie-Do.
Rabat-les-Trois-Seigneurs / Photo DDM
«Il y a souvent du monde»
Située sur la route qui mène à l'Andorre, Agnès ne s'ennuie jamais dans sa petite boutique. «Il y a souvent du monde qui passe, même en hiver. J'aime le contact, je fais de belles rencontres», dit-elle.
Qui vient chez elle ? «Quelques locaux, plutôt des néo-ruraux, les habitants des résidences secondaires et les jeunes qui se sont installés récemment dans le village.»
Sa boutique est ouverte presque tous les jours y compris le dimanche matin (fermé lundi et jeudi matin) , de 10h à 12h30 et de 16h30 à 19h30.
L'été, c'est toute la semaine. En journée, elle installe même une buvette sur la terrasse. Et sa sœur vient lui donner un coup de main pour faire face à l'afflux de vacanciers. D'ailleurs, c'est la période où Agnès réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires. Le reste du temps, elle vivote et se débrouille grâce notamment au soutien de son compagnon. Depuis la création de la monnaie locale ariégeoise – La Pyrène–, non seulement Agnès accepte les nouvelles devises dans sa boutique mais en plus, elle fait comptoir de change.
Publié le 19/11/2016 à 07:12 | La Dépêche du Midi |
Lédergues recrute son boulanger sur le bon coin !
La boulangerie aveyronnaise bientôt vacante / Photo DDM
La commune de Lédergues, en Aveyron, ne manque ni de charme ni de services et commerces. En revanche, va-t-elle toujours disposer de baguettes du jour ? «Pour cause de retraite, la boulangerie-pâtisserie est à reprendre. La municipalité est prête à étudier toute possibilité de reprise, à faciliter et à accompagner l'installation du repreneur.»
Cette annonce, agrémentée de trois photos, le maire Patrice Panis n'a pas hésité à la mettre en ligne sur le site national «Le bon coin» le 11 octobre dernier. «Tout se trouve sur ce site et, en plus, c'est gratuit, explique-t-il. Nous n'avons pas hésité, sachant qu'il est important pour la commune de conserver ce commerce de proximité. C'est la dernière boulangerie du village et la plus proche est à dix kilomètres.»
Cérémonie à Lédergue / Photo DDM
Alors, pour aider le couple de propriétaires, la commune a donc endossé un rôle de communicant. «Nous sommes là uniquement pour prendre les contacts sérieux. C'est la première étape de cette reprise : il faut trouver quelqu'un de motivé. Ensuite, nous le dirigeons vers les propriétaires du commerce et de l'habitation attenante. Ce sont eux les vendeurs.»
Michel et Béatrice Ferro Milon souhaitent ardemment couler des jours heureux sans contraintes. Âgé de 62 ans, dont 47 passés à mitonner pains et gâteaux, le Nordiste aurait très bien pu s'arrêter en juin, mais a finalement repoussé jusqu'au 30 avril, dernier délai ! Jusqu'ici, le boulanger n'a eu que «six-sept contacts». Sans beaucoup d'espoir. «Des gens m'ont appelé de Perpignan, d'Alès et même de la Charente-Maritime. Ce qui les effraie, c'est d'apprendre que le lieu est en vente alors qu'ils seraient plus intéressés par une gérance. Du coup, je vais me renseigner pour voir quelle est la marche à suivre.»
Publié le 19/11/2016 à 07:12 | La Dépêche du Midi | D. D.
«Il faut sauver les bistrots de pays !»
Concours de belote au Bistrot de pays Chez Rogé, à Loudenvielle (65) / Photo DDM
«Pour moi, ce qui compte surtout, c'est la jovialité et la bonne humeur, assure Jean-François Gouazé, alias «Titi», patron depuis 20 ans du Bistrot de Pays de Saint-Martory, en Haute-Garonne. «Titi» est le président des Bistrots de Pays de la Haute-Garonne, et défend avec ardeur le concept.
«Nous sommes des ambassadeurs du territoire. Je pense que j'ai une bonne table, avec quelques recettes bien à moi, on est aussi là pour permettre aux gens de passage de glaner quelques renseignements sur les curiosités locales, nous sommes au cœur de la vie associative du village. Mais hélas, les temps sont durs, et la clientèle se fait rare…»
A Saint-André (31), Maryse, du bistrot de pays, propose des plats à emporter./ Photo DDM, Y.CS
«Les Bistrots de Pays sont un label qui a été lancé en 1993, explique le coordinateur national des Bistrots de Pays, Bastien Giraud, de Forcalquier. Il y a une charte à respecter : être ouvert à l'année, proposer à manger et une cuisine de terroir, assurer des animations culturelles et apporter une information touristique. Avec 23 bistrots, Midi-Pyrénées a été une région pilote, grâce notamment aux aides de la région dans les années 2000. Mais à présent, les collectivités n'ont plus d'argent pour nous soutenir. Nous lançons donc un appel pour qu'on nous vienne en aide, car nous jouons vraiment un rôle dans la vie rurale.» Surtout quand le bistrot est le dernier commerce en activité.
Publié le 19/11/2016 à 07:12 | La Dépêche du Midi | S.D.
Soho Solo : le réseau booste le Gers
La CCI du Gers porte le projet Soho Solo / Photo DDM, Dominique Abbal
Depuis bientôt dix ans, le réseau «Soho Solo», imaginé par la Chambre de commerce du Gers, a redessiné la carte de l'emploi dans le département. Il n'y a qu'à zoomer sur l'animation interactive du réseau pour s'en apercevoir : il y a des «solos» sur tout le territoire.
Le principe est simple : le programme a pour but de favoriser les conditions d'installation d'entrepreneurs indépendants ou de salariés travaillant à domicile. Lancé en 2008, Soho Solo regroupe près de cinquante villages d'accueil qui proposent de nombreuses facilités dont le très haut débit dans certaines zones. Au total, depuis sa création, plus de 500 personnes se sont installées dans ces différents villages.
Isabelle, graphiste et blogueuse, a bénéficié de la structure soho solo / Photo DDM, C. Bobier
Avec bien évidemment un impact sur l'activité locale, qu'elle soit commerciale ou artisanale. Ils sont informaticiens, consultants, traducteurs, graphistes... s'installent souvent en famille et goûtent alors à plein au slogan «Le bonheur est dans le Gers» tant l'évolution de leurs conditions de travail change. Parmi eux, 20 % sont originaires d'Europe du Nord.
Depuis sa création, le programme est sans cesse en évolution. Huit télécentres et quatre espaces de co-working ont été ouverts : des bureaux tout équipés, connectés en très haut débit qui sont autant de points de rendez-vous et de lieux de travail en réseau. Le réseau, c'est bien le maître mot de «Soho solo» : les contacts sont facilités par le biais du club «Soho Solo Gers» qui est devenu un véritable centre d'affaires pourvoyeur de nouveaux contacts, de contrats et de partenariats.
Publié le 19/11/2016 à 07:11 | La Dépêche du Midi | Philippe Rioux
Du «crowdfunfing» pour le château
Le château de Saint-Jean-d'Alcapiès (12) / Photo DDM
Quand un village se mobilise pour sauver son château, il peut explorer les voies innovantes du financement participatif. Tel est l'exemple inédit que vient de donner le petit village de Saint-Jean-d'Alcapiès, non loin de Millau en sud-Aveyron. La commune de 266 habitants – et 1 800 brebis – a acquis il y a un an le château d'Alzac avec l'idée de le restaurer et d'y faire cinq gîtes. La commune a alors ouvert une page sur la plateforme de financement participatif Kisskissbankbank. C'est la deuxième fois en France qu'une municipalité se lançait dans une telle opération. Avec succès : en 32 jours (à la date d'hier), l'opération a permis de lever 5 870 € (l'objectif était de 5 000 €) auprès de 41 donateurs.
Le château du XVe siècle en partie détruit par les flammes la nuit du 15 août 1656 puis transformé en exploitation agricole était en ruines. Il va voir sa restauration achevée grâce à ces dons. Les premiers locataires sont attendus pour le réveillon du nouvel an. Quant aux donateurs, en fonction du montant de leurs dons, ils bénéficieront d'un repas jusqu'à un séjour complet dans le château. L'édifice proposera également des expositions, des ateliers cuisine et gastronomie, des conférences et une boutique de produits gastronomiques et artisanaux locaux.
Publié le 19/11/2016 à 07:12 | La Dépêche du Midi | G.B.
Futur étoilé à St Médard
Pascal Bardet, Le Gindreau / Photo DDM
C'est dans le Lot près de Catus à Saint Médard que le chef Alexis Pélissou avait installé son restaurant dans une ancienne école communale. Baptisé le Gindreau, l'établissement cherchait un repreneur en 2013. Le chef étoilé croit avoir trouvé la perle rare avec Pascal et Sandrine Bardet (photo), les jeunes repreneurs de ce restaurant gastronomique installé en milieu rural. Deux ans d'échanges et de discussion ont permis au cédant et au repreneur de faire prendre la mayonnaise.
Pascal Bardet est un Figeacois qui a suivi les cours du lycée hôtelier de Souillac, avant de rencontrer Alain Ducasse. Il a passé dix-huit ans au Louis XV, à Monaco. C'est dire que la vallée du Lot est un changement de décor ! Mais c'était aussi l'occasion pour ce natif du département de revenir sur la terre de ses origines et continuer à faire vivre une institution avec un but : reconquérir l'étoile !
Publié le 19/11/2016 à 07:13 | La Dépêche du Midi | G.B.
Morning, la start-up qui a choisi la campagne
Éric Charpentier fondateur de la banque en ligne toulousaine Morning / Photo DDM
C'est clairement un choix de vie pour lui et ses collaborateurs : Éric Charpentier (photo), le fondateur de la banque en ligne toulousaine Morning a choisi de construire son siège à Saint-Elix le Château au Sud de Toulouse dans le Volvestre. Situé à trente minutes de la métropole régionale, le campus de Morning répond à un concept simple : «C'est une start-up à la campagne» assure Éric, fier de son premier bâtiment de 600 m2, baptisé Le Toaster, et ultra-connecté.
Et Morning est très vite devenu un bon citoyen de Saint Elix : elle prévoit en 2017 une salle polyvalente, notamment pour du sport, qu'elle mutualisera avec les habitants du village. Un autre bâtiment de 2 500 à 3 000 m2, pour un investissement de 2 à 3 millions d'euros, est prévu face à la croissance exponentielle des équipes. D'ici un an, ils seront 100 salariés sur site, une aubaine pour le village, ses commerces, les écoles…
Labessière-Candeil (81) : L'éco-circuit de Trifyl / Photo DDM