Haute-Garonne : Les archives, mémoire du département

14/6/2016

Publié le 29/05/2016 à 08:34  | La Dépêche du Midi |  Q. de S.

Les archives, mémoire du département



Toulouse, place du Capitole : La manifestation populaire du 21 août 1944. Photo DDM, archives municipales de Toulouse

Pour beaucoup de Toulousains, le bâtiment austère du boulevard Griffoul Dorval est à reléguer dans le passé. La réalité est pourtant toute autre. «Notre mission, explique Marie-Astrid Zang, la directrice adjointe des lieux, est de collecter, restaurer si besoin est et conserver dans un bon état tous les documents publics.» Ce qui n'est pas une mince affaire. Collés les uns aux autres à la verticale, les dossiers courent sur 47 km. «Nous gagnons 1 km tous les ans.» Les administrations publiques sont en effet obligées de céder tous leurs documents aux archives. Des documents qui en rejoignent d'autres, provenant quant à eux de fonds privés. C'est dans ce bâtiment que le grand public peut faire ses recherches. Il est aussi aidé par le site internet grâce auquel il peut préparer ses visites.

Arpenter les couloirs des archives évoque l'atmosphère quasi-mystique des grandes bibliothèques. Que de trésors ! On peut ainsi consulter le dossier de l'explosion de l'usine AZF comme le plus ancien document qui date de 980. «C'est une donation en usufruit d'une vigne par un chanoine.»

Près des documents rangés dans des chemises en carton grises, on peut aussi découvrir les sacs à procès. «Après un procès, explique Marie-Astrid Zang, toutes les pièces étaient enfermées dans ce sac en cuir. D'où l'expression : l'affaire est dans le sac». On peut parfois y faire de surprenantes découvertes. À l'intérieur de l'un d'eux, les archivistes ont trouvé un couteau et une mèche de cheveux reliée à un bout de cuir chevelu.


Les linéaires des archives départementales de Haute-Garonne / Photo DDM

Une autre surprise attend le visiteur. Au milieu des linéaires, les sons sont étouffés par le papier. Le vacarme de la circulation est inaudible et les voix ne sont plus que des murmures. «Un jour, explique Marie Astrid Zang, un employé a coincé sa collègue entre deux linéaires mobiles ; il ne l'avait même pas entendue s'égosiller.» Autres émotions, les documents qu'ils ont parfois entre les mains ont été touchés par d'autres, plus prestigieuses. «C'est le cas de l'édit royal signé en 1666 par Louis XIV pour la construction du canal du midi. Et les enfants qui viennent visiter les archives avec leurs classes ne s'y trompent pas.

«L'Histoire prend alors une réelle consistance, explique la directrice adjointe. Les objets que nous leur montrons sont comme des preuves que ce qu'ils étudient a vraiment existé.» Parfois, c'est le drame. Des documents ont disparu ou sont très dégradés comme ce fut le cas lors des inondations des Archives départementales du Gard. «Ce n'est pas très grave lorsqu'il s'agit de travaux de généalogie, mais ça l'est lorsqu'il s'agit de droits à prouver», explique la directrice adjointe.


Atelier de calligraphie / Photo FB, Archives départementales de la Haute-Garonne

Des ateliers pédagogiques
Outre la création d'une page Facebook, les Archives départementales de la Haute-Garonne vont à la rencontre des Toulousains à l'occasion de nombreux événements. Cette année, un cycle de conférences a ainsi été organisé autour du thème de l'écriture. Mais les rendez-vous des Archives, ce sont aussi les ateliers d'initiation à la généalogie, à la paléographie (l'étude des écritures anciennes), à l'histoire des maisons et des communes. D'autres proposent la fabrication de reliures, d'encres naturelles et d'origami. 
Car elles ont pour mission de «partager, aborder l'Histoire, l'enrichir de l'histoire locale, dans un esprit de transmission citoyenne». Les Archives départementales permettent aux enfants la découverte des différentes périodes historiques en se fondant sur l'étude de documents orignaux. Les rencontres se déroulent soit aux Archives soit en classe, autour d'un thème choisi parmi ceux proposés, ou élaboré en commun en fonction des projets de la classe. Il est aussi possible de se faire prêter la mallette pédagogique «Moulage de sceaux».


Sainte-Foi de Peyrolières : Extrait du plan du cadastre napoléonien où l'on voit très bien les douves qui entouraient la ville / Photo FB, Archives départementales de la Haute-Garonne

Dans l'atelier de restauration
Au rez-de-chaussée des Archives départementales se trouve l'atelier de restauration. Jean-Marc Cassard fait partie de l'équipe qui prend soin des documents. Il est également relieur. Avec ses livres, ses tables de travail, ses flacons et ses machines plus ou moins sophistiquées, l'atelier à des allures de laboratoire.

«La restauration des parchemins et des papiers est une opération qui réclame le respect d'un protocole très strict, explique le restaurateur. Si ce n'est pas le cas, le document peut subir des dommages irrécupérables.»

Mais l'opération implique aussi beaucoup de patience et de temps. En plein travail, Jean-Marc Cassard s'affaire sur un papier après l'avoir préalablement dépoussiéré et gommé. «Il s'agit de retirer les salissures qui nuisent à la lisibilité du document et peuvent même le dégrader»., explique-t-il. Sur une autre table, un autre document. Le restaurateur examine méticuleusement des taches. «Pour certaines, c'est de l'encre», dit-il. Quant aux autres, plus brunes, le mystère reste entier. «Peut-être s'agit-il tout simplement d'une personne qui a renversé sa tasse de café», lance-t-il non sans ironie.


Extraits du règlement concernant la lutte contre les incendies, enregistré par le Parlement de Toulouse le 3 mars 1474 / Photo FB, Archives départementales de la Haute-Garonne

Quoi qu'il en soit, ces imperfections font partie du document et ne doivent pas être effacées. Parfois, les documents sont très abîmés, Jean-Marc Cassard doit alors retrouver son âme d'enfant tant le travail s'apparente à la construction d'un puzzle. Le document qu'il vient d'ailleurs de «remettre à plat» comporte de nombreuses zones vides. «Pour le restaurer, dit-il, j'ai dû coller des feuilles de papier japonais au recto et au verso.» Ce qui est écrit sur le document est toujours indéchiffrable, mais l'essentiel est sauf. «Notre but n'est pas de recréer un document mais de le restaurer et de le préserver, explique-t-il. Nous devons donc parfois séparer d'anciens montages qui le dénaturent ou le dégradent.»


Publié le 06.06.2016 à 18:13 | 20minutes.fr |  Helene Menal

Pyrénées : Des photos orphelines ont besoin de vous pour retrouver leur légende


Une rue sans nom d'un village sans nom issue du fonds Chevillot. /Photo Archives départementales de la Haute-Garonne

Les archives départementales ont des milliers de photos mystères des Pyrénées sur les bras. Elles s'en remettent aux internautes pour les légender...
Vous qui connaissez les Pyrénées comme votre poche pour y vadrouiller souvent ou pour y avoir des attaches familiales, c’est le moment de montrer l’étendue de votre savoir ou de tester la mémoire de vos grands-parents. La postérité vous le rendra.

Les Archives départementales de la Haute-Garonne font en effet officiellement appel aux internautes pour rendre leur légende à des « photos orphelines ».
Ces malheureuses appartiennent au fonds réuni par Charles Chevillot (1891-1980). Cet habitant d’Aspet, percepteur de son état, était à la fois un randonneur chevronné et un photographe compulsif.

Autre photo issue du fonds Chevillot /Photo Archives départementales de la Hautes-Garonne

22 lieux mystères déjà identifiés
Il a laissé de nombreux albums méticuleusement légendés et même décorés façon scrapbooking avant l’heure. « Mais nous avons aussi 15.000 négatifs sur plaques de verre, forcément sans indication de lieu », indique Sandrine Bouiller, chargée des archives figurées. Des sommets enneigés, des lacs, des pentes, des rues de village, des scènes de la vie quotidienne… Bref, des milliers de photos des Pyrénées qui restent une énigme. D’où l’idée, déjà testée avec le fonds des cartes postales Labouche, de s’en remettre à la mémoire des habitants.
Une première salve de photos du fonds Chevillot diffusées a permis d’identifier 22 lieux ou bâtiments. « Quelqu’un a même reconnu sa maison de famille », confie Sandrine Bouiller. Une deuxième vague de 58 photos mystères attend l’illumination.

Lien : http://cd31.net/ArchivesImagesID …


Toulouse : Le Canal au pied des Archives Départementales. A droite, notre bâtiment principal, construit en 1953 par l'architecte Castaing. À gauche, son extension qui date des années 1980. / Photo FB, Archives départementales de la Haute-Garonne
 

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