Trésors d’archives : Viaduc du Viaur

8/3/2025

Trésors d’archives : Viaduc du Viaur

La Dépêche du Midi a lancé récemment une série "Trésors d’archives", qui retrace les grandes heures de l’histoire du Tarn, réalisée en collaboration avec les archives départementales.

Publié le 29/11/2024 | La Dépêche du Midi | Vincent Vidal

Trésors d’archives :
L’incroyable chantier du viaduc du Viaur

Les deux axes sont prêts pour se rejoindre. Archives départementales

Dans le cadre de notre série Trésors d’archives, qui retrace les grandes heures de l’histoire du Tarn, retour sur la construction du viaduc du Viaur.

Le début du chantier.
1895-1902. Telles sont les dates de cet incroyable défi. Construire un viaduc de 460 mètres de long, qui va permettre de surplomber la vallée encaissée du Viaur et à la ligne Castelnaudary-Rodez de trouver sa pérennité. Mais avant de décrocher ce chantier, il va falloir s’imposer lors d’un concours ouvert en 1887, à des ingénieurs de renoms comme Gustave Eiffel, créateur du viaduc de Garabit et de sa tour éponyme.

Les travaux sont titanesques. Archives départementales

C’est finalement Paul Bodin, employé de la société de construction des Batignolles (aujourd’hui Spie Batignolles), qui va décrocher cet énorme marché. Ce viaduc est le dernier de Jean Compagnon, chef des chantiers de Garabit, Maria Pia et de la Tour Eiffel. Débauché de chez Eiffel par Paul Bodin, il décèdera en 1900, avant la fin du chantier. Son successeur, Gaboris, achèvera l’ouvrage.

Le chantier va durer sept ans. Archives départementales

Fait assez rare pour l’époque, il n’y a eu aucun mort durant ces 7 années de travaux d’équilibristes.

Des masses d’acier sont utilisées pour bâtir cet édifice, utilisant la technique du porte à faux. Techniquement, cela signifie qu’un élément est soutenu par une partie qui est elle-même au-dessus du vide, sans support immédiat. Une gageure technique pour Bodin qui réussira à joindre les deux parties du Viaduc à voie unique, le 4 juillet 1902.

Beaucoup d’Espagnols et de Catalans étaient employés sur le chantier. qui coûta 3 millions de francs or / DDM

L’ouvrage est inauguré le 5 octobre de la même année. L’exploit technique permet de développer la liaison Carmaux-Rodez, de dynamiser le tissu économique du Ségala. Et plus particulièrement la zone de Tanus, qui grâce à l’arrivée de nombreux voyageurs, multiplie ses foires agricoles et crée même un bureau de poste. L’histoire de ce viaduc est loin d’être terminé.

Les travaux avancent. Archives départementales

Monument historique
Après un joli relooking, en décembre 2021, l’État a classé le viaduc du Viaur au titre des Monuments historiques. Le gouvernement a ainsi décidé de renforcer sa protection, en raison de l’originalité de sa conception par l’ingénieur Paul Bodin, mettant en œuvre le principe des arcs équilibrés d’une seule portée.

Le viaduc prend forme. Archives départementales

L’ouvrage vise le patrimoine mondial de l’Unesco
Depuis décembre 2018, le viaduc fait l’objet, d’un projet de candidature commune au patrimoine mondial de l’Unesco, au même titre qu’un ensemble de ponts métalliques à grande arche construits à la fin du XIXe siècle. Cette démarche rassemble aujourd’hui 6 ponts dans 4 pays.

La construction du viaduc, un chantier vertigineux. / DDM

L’initiative de candidature a vu le jour en Allemagne en 2017. Les six ponts engagés dans la démarche sont en Allemagne : Müngstener Brücke. En Italie : Ponté San Michele, En France : Viaduc de Garabit et le viaduc du Viaur. Au Portugal : Ponté Maria Pia et Ponté Dom Luis.

Après un chantier pharaonique et un riche passé industriel, le Viaduc a encore de beaux jours devant lui, pour rayonner de toute sa puissance d’acier, au-dessus de cette vallée à pic que l’on nomme le Viaur.

Voilà. Le 5 octobre 1902, c’est l’inauguration du Viaduc. Archives départementales

Carte Tarn / larousse.fr

Le viaduc, de nos jours, dans son écrin champêtre / DDM, L.V.