La Dépêche du Midi a lancé récemment une série "Trésors d’archives", qui retrace les grandes heures de l’histoire du Tarn, réalisée en collaboration avec les archives départementales.
Publié le 04/11/2024 | La Dépêche du Midi | Vincent Vidal
Trésors d’archives : En mars 1930, la "crue du siècle" dévastait le bassin du Tarn
Le Tarn a atteint des niveaux inédits durant cette crue de 1930, comme ici à Arthès / DDM, Archives départementales
Dans le cadre de notre série Trésors d’archives, qui retrace les grandes heures de l’histoire du Tarn, retour sur la grande crue de 1930 qui a ravagé le bassin du Tarn, faisant près de 250 morts dans le Midi.
Nous sommes en 1930. Durant deux jours, les 2 et 3 mars, le bassin du Tarn essuie des crues d’une intensité rare qui ont fait sortir de leurs lits plusieurs de ses principaux cours d’eau : le Tarn, mais aussi l’Agout, le Thoré et l’Arnette. Cet épisode, qualifié de "crue du siècle" par les spécialistes ravage également les départements de l’Aude du Lot-et-Garonne et surtout du Tarn-et-Garonne, faisant 250 morts dans le midi de la France.
Les dégâts furent très importants / DDMArchives départementales
Dans le Tarn, des torrents se sont déversés sur Labastide-Rouairoux, Mazamet, Castres, Lavaur, Saint-Sulpice, Gaillac et Rabastens. La conséquence d’un hiver, très pluvieux qui a saturé les sols et couvert de neige les Monts de Lacaune et la Montagne noire. Leur fonte a alimenté les cours d’eau.
Une véritable catastrophe climatique
C’est dans ce contexte que survient la catastrophe climatique. Début mars, d’importantes précipitations s’abattent sur le Midi. Dimanche 2 mars, le niveau de l’eau monte dangereusement. À Albi, le Tarn frôle le point le plus haut des arches du Pont Vieux. Le 3 novembre à 21 heures, il atteint un pic de 9,10 m égalant presque les crues de 1766 et de 1808.
Le quartier de l’Usine à gaz à Lavaur / DDM, Archives départementales
Un peu plus en aval, à Gaillac, on frôle là aussi des records avec un pic à 13,9 m. Le Jardin de l’Évêché de l’Abbaye de Saint-Michel est totalement inondé. À Rabastens, le Tarn culmine à 18 mètres. Du jamais vu ! À Castres, l’eau passe au-dessus des deux ponts.
L’Agout dépasse les 7 mètres et la ville est totalement inondée. Le Travet sort de son lit, inonde la Place de l’Albinque et beaucoup de commerces alentour. Les habitants essaient tant bien que mal de sauver tout ce qu’ils peuvent et de monter aux étages pour se protéger de la crue. Deux personnes seront retrouvées mortes, piégées par les eaux.
Le pont neuf à Castres sous les eaux de l'Agout
Tout le Tarn est sous les eaux
En amont, sur le Mazamétain, l’Arnette est en furie et inonde et saccage les usines lainières qui font la richesse de la ville. A Lavaur, l’Agout déborde inonde le quartier de l’Usine à Gaz. Son niveau monte au niveau inédit de 14 mètres, soit 6 de plus que les crues les plus extraordinaires. Des usines et une cinquantaine de maisons sont rayées de la carte.
Le Tarn sous le pont vieux d'Albi lors de la crue de 1930 / DDM
À Saint-Sulpice-la-Pointe, où l’Agout et le Tarn se rejoignent, les habitants sont réveillés par le tocsin. La ville est complètement sous les eaux. Le niveau se situe 20 mètres au-dessus de son étiage (niveau le plus bas). Au niveau du pont suspendu, le courant submerge la chaussée avant d’emporter le tablier du pont. Ne resteront sur place que les quatre piliers fondateurs. Là aussi, de nombreuses maisons sont détruites.
Quel que soit l’endroit du Tarn où la crue a fait de gros dégâts, c’est avant tout la surprise qui domine. Durant ce week-end, les salariés chargés du télégraphe étaient de repos. Mais cela n’aurait pas changé grand-chose. À cette époque, les alertes météo et les vigilances jaune, orange et rouge n’existaient pas. Les habitants ne découvraient les catastrophes qu’au dernier moment, lorsqu’elles se produisaient.
Saint-Sulpice. La crue du 3 mars 1930
Cela a été le cas en 1930 dans le Tarn, mais aussi et surtout dans le Tarn-et-Garonne, département le plus touché par cet épisode. Moissac, totalement sous les eaux, comptera 131 morts. À Montauban, ce sont 29 corps qui vont être retrouvés. Une crue terrible qui restera comme l’une des pires de l’histoire et qui donnera lieu le 9 mars à une journée de deuil national.
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