Grand Sud : La machine à remonter notre temps

23/8/2014

    La machine à remonter notre temps   

Decazeville : Dinosaures, une expo fascinante au musée Vetter  / Photo DDM

Pour cette série, nous allons plonger dans le temps en restant dans notre espace ! Nous allons donner la parole à ceux qui ont vécu dans notre région… En commençant par… les dinosaures !


    La machine à remonter notre temps (1/6)   

Publié le 21/08/2012 à 08:35   | La Dépêche du Midi |  Dominique Delpiroux

ll était une fois... un dinosaure dans l'Aude

Jean Le Loeuff, le conservateur travaille à dépoussiérer la manière dont on montre la paléontologie. / Photo DDM, Didier Donnat.

Aïe ! Mais c'est un coup de burin que je viens de recevoir… Mes vieux os n'en croient pas leurs oreilles. Voilà la lumière du jour. Je ne l'avais pas aperçue depuis bien longtemps. Depuis 70 millions d'années, pour tout vous dire.
J'étais bien tranquille, mais là, je sens que cela ne va pas durer. Tout le monde s'agite autour de moi. Ils creusent, grattent, brossent… Ouh, ça chatouille, là…

Oh, mais le paysage a bien changé depuis tout ce temps ! À mon époque, il n'y avait pas de Pyrénées. Je me souviens… Il y avait de longues bandes de terre, et puis la mer, Thétys, qui nous baignait… Des petites îles, d'autres plus grandes, et nous, les dinosaures, au milieu de tout cela…

Et puis la végétation ! Rien à voir ! Nous avions des forêts de ginkgos, d'araucarias, de séquoia, et de grands tapis de fougères. Hum, moi j'adorais ces hautes plantes que je broutais avec délectation ! Je les arrachaient patiemment avec mes longues dents de devant, puis, je les mâchais consciencieusement, avant de les expédier dans mon estomac. Mais comme certaines fibres étaient un peu longues à digérer, j'avalais de temps en temps quelques gros cailloux. Il paraît que nos descendants directs, les oiseaux, font la même chose de nos jours, et que l'on retrouve du gravier dans leur gésier. Juste que mon gésier à moi, il aurait fallu une sacrée gamelle pour en faire du confit !

Eva vous amènera à la découverte de l'histoire très ancienne de la haute vallée de l'Aude./Photo FB Musée Dinosaures Espéraza

Ah, j'oubliais de vous dire. On m'a trouvé un petit nom : ces chercheurs m'appellent Ampelosaurus atacis, le lézard des vignes de l'Aude. Pensez ! Des vignes au crétacé !
Je suis une sacrée belle bête, je dois dire ! Je ressemble vaguement à ces diplodocus que connaissent tous les enfants. Moi, je mesure dans les 18 mètres, je peux dresser ma petite tête à quatre mètres de hauteur, au bout de mon long cou et sur la bascule, j'accuse dans les 15 tonnes, soit le poids de trois éléphants !

Vous l'aurez remarqué, sur mon dos, il y a toute une série de pointes et d'épines… C'est que, ma bonne dame, les temps étaient difficiles ! Nous, les herbivores, étions très nombreux, et plutôt pacifiques. Mais par chez nous, il y avait ce qu'on peut franchement appeler des sales bêtes. Tiens, par exemple, Tarascosaurus ! Un genre de T.Rex de banlieue, moins gros, moins célèbre, mais une vraie plaie quand même. Ce carnivore de 3 ou 4 mètres faisait des ravages ! Son nom lui a été donné bien plus tard en référence à la Tarasque, une bête affreuse qui, selon la légende, hantait les marécages de Tarascon ! Une bête à cauchemarder, voilà ! 


Cette défense de mammouth a pu mesurer jusqu'à 3,50 mètres de long. /Photo DDM, Caroline Valenti

Sans parler du Variraptor ! Plus petit, mais très méchant ! Parfait pour un film de Spielberg. Une vraie machine à tuer, avec des pattes qui le propulsent à toute allure et une rangée de dents à vous hacher menu tout un stégosaure ! Cette bête-là ne vole pas, mais elle est couverte de plumes. Drôle d'oiseau ! Et puis, quand je levais les yeux au ciel, j'apercevais la silhouette légère et noire des ptérosaures…

Et quand je pataugeais dans les mangroves humides ; je veillais toujours à ne pas déranger des bestioles peu sympathiques qui, elles ont survécu : les crocodiles. Il y avait aussi des tortues, à mon époque. Et elles, ont cheminé pendant 70 millions d'années de plus pour parvenir jusqu'à votre époque. Qui va lentement…
«À notre époque, il y avait ce qu'on peut appeler de sales bêtes…»

Espéraza. Des ateliers au musée des Dinosaures./Photo DDM D.D



    La machine à remonter notre temps (2/6)   

Publié le 22/08/2012 à 08:30   | La Dépêche du Midi |  Pierre Challier

Sur les traces de Lucien qui vivait en Haute-Garonne il y a 30 000 ans


 Je m'appelle Lucien l'Aurignacien / Photo DDM 

Je m'appelle Lucien l'Aurignacien. Je vivais en Haute-Garonne il y a 30 000 ans, au paléolithique supérieur, et j'étais plus proche de vous, que vous ne pensez l'être de moi…

ça ne rate jamais… Tous les étés, les gens viennent prendre le frais dans une grotte où je suis autrefois passé. Ils admirent mes pierres taillées au musée, mes grattoirs, mes lames, mes pointes de sagaie à base fendue. Et ils nous rêvent assis là, hirsutes avec nos peaux de bêtes, ma femme préparant le rôti de renne pour les enfants tandis que je taille du silex en grognant. Puis maman Touriste dit au petit dernier, «tu vois, Cro-Magnon faisait du feu en tapant des cailloux». Tandis que papa lui explique qu'on mangeait avec les doigts. Avant que les deux ne s'entendent pour me ridiculiser définitivement dans l'esprit de la chère tête blonde bégayant le mot «Paléolithique» en lui expliquant doctement… «c'était des hommes des cavernes, des primitifs». Comprendre des ploucs bas de plafond.

Le moment où je me fâche, en général. Moi, Lucien l'Aurignacien. Premièrement, parce qu'à l'époque, l'homme moderne, le vrai, l'homo sapiens, c'était moi, et que j'étais à la fois ingénieur en calculs d'angles, spécialiste de la géométrie des volumes, pas mauvais en physique des matériaux et capable de survivre sans parfaite osmose avec mon milieu, sans hypermarché ni 4G. Deuxièmement, parce que moi, premier artiste pariétal connu, je dessinais autre chose que les Simpson sur les parois de la grotte Chauvet, mes chevaux en témoignent. Troisièmement, parce qu'une fois pour toutes : non, nous ne vivions pas dans des cavernes ! Enfin rarement.


Aurignac : les trésors de la Préhistoire / DDM Jean-Marc Decompte

Car voyez-vous, à mon époque, soit entre -35 000 et -28 000 ans, à Aurignac, au pied des Pyrénées comme au Mas d'Azil, comme en Ardèche, comme partout en Europe… ça caille. Pas encore le pic glaciaire de -22 000 ans. Mais bien frais quand même.

Du coup, nous, il nous faut des protéines, pour résister. Lesquelles poussent sur les mammouths, rennes, cerfs, bouquetins, bisons batifolant dans le secteur, protéines qu'il faut alors disputer aux ours et autres loups ou lions.

D'où mes capacités en calcul et en physique pour fabriquer mon armement de chasseur. Parce que voyez-vous, le bon matériau est cher. Les meilleurs silex sont à perpète et il faut se les trimballer. Alors autant vous dire que je les taille au mieux pour les rentabiliser avec le minimum de perte. Ce qui nécessite une véritable science du débitage, des angles et des volumes.

Mais surtout, et j'en reviens à votre histoire d'homme des cavernes, qui me vexe… Pour ce qui concerne mon garde-manger quotidien… comment voulez-vous suivre les troupeaux si vous prenez un appartement à l'année dans une grotte ? Hein ? Bon, je ne dis pas qu'on ne reste pas un peu à l'abri, de temps en temps à la mauvaise saison… Mais la grotte, pour moi, c'est plutôt un sanctuaire, voyez-vous, où je me retire pour peindre loin de la lumière du jour. Car pour le reste, je suis nomade et je vis dehors, à courser le gibier. Ce gibier que vous connaissez par mes fresques.


A l'heure où le musée de la préhistoire se prépare, des recherches sur l'aurignacien se poursuivent en Amérique./Photo DDM

Ah, si mes dessins sont l'expression d'une pensée magique que vous souhaiteriez primitive ? Une cérémonie qui viserait à convoquer l'abondance en invoquant l'esprit des grands troupeaux ? L'écriture d'une mythologie ? Qui sait. Et je vous retourne la question du primitif. Qui épuise la Terre en priant la main invisible du marché ? Qui joue au casino avec la richesse de tous ? Vos chamans ou les miens ?

«Debout sur ses pattes de derrière, vêtu d'un slip en peau de bison, il allait conquérir la terre...».
Les Quatre Barbus, chanteurs comiques à propos de Cro-Magnon
Le chiffre : 35 000 ans> Aurignacien. La culture préhistorique dite «aurignacienne» couvre de -35000 à -28 000 ans. Elle correspond à l'arrivée de l'homme moderne en Europe. Définie en 1906, elle doit son nom aux découvertes d'Henri Breuil et d'émile Cartailhac dans la grotte d'Aurignac (31).

La part du néanderthalien
Cro-Magnon, paraît que ça fait désuet. Sapiens, c'est plus chic. Mais depuis que la génétique s'en est mêlée, les choses sont devenus plus compliquées. En effet 1 à 4% du génome que vous et moi partageons avec Cro-Magnon... proviendraient de Néandertal, disparu il y a 30 000 ans. Ce qui signifie que l'homme moderne a dû ranimer plus d'une fois la flamme d' une beauté néandertalienne prête à s'éteindre. Sale coup pour l'ego des enfants de Cro-magnon...

Le musée Forum de l'Aurignacien a ouvert ses portes le 1er août 2014 / Photo DDM



    La machine à remonter notre temps (3/6)   

Publié le 23/08/2012 à 08:29  | La Dépêche du Midi | «Recueilli» par Pierre Mathieu

La Gauloise de la Garonne

 
Comme les autres peuples de Gaule, les Volques tectosages construisaient leur maison avec ce que leur donnait la nature./ Photo DDM, PM

Après l'Aurignacien vieux de 30 000 ans, nous remontons le temps en restant proches de la Garonne. Nous y rencontrons une Volque Tectosage, il y a un peu plus de 2 000 ans.

«Gauloise, moi? J'habitais la Gaule, c'est vrai, 50 ans avant votre Jésus Christ, mais on ne m'a jamais appelée gauloise. Je suis une Volque Tectosage et je vis dans un petit village au bord du fleuve. Je vais vous dire quelques mots de ma tribu parce qu'aucun texte n'a été écrit par nous, tout ce que vous savez a été raconté par ceux qui nous ont vaincus et occupés: les Romains. En écrivant sa Guerre des Gaules, Jules César a fait de nous tous des Gaulois. Mais dans votre grande région, on était aussi nombreux que différents: j'en oublierai mais il y avait des Rutènes (Rodez), des Cadurques (Cahors), des Lemovices (Limoges), des Petrocores (Périgueux), des Elusates (Eauze), des Sosiates (Sos), et nos voisins les Convennes (Saint-Bertrand de Comminges).

Si je vous parle, c'est que mon homme n'est pas là, il est parti à la guerre. Mercenaire. Nos guerriers sont célèbres sur les routes, nos routes que l'envahisseur a rebaptisées voies romaines...


Saint-Julien, l'irréductible village gaulois / Photo DDM 

Un exemple de nos combattants: quand Hannibal est venu de Carthage pour attaquer Rome, ses 34 éléphants ont frappé les esprits, mais qui frappait de l'épée enpremier ? Nos 30 000 soldats qu'il avait recrutés! Ils sont grands de taille et de vaillance, portent les cheveux longs parfois teintés au lait de chaux et ils ont le corps marqué de tatouages bleus. Et c'est vrai, certains attaquent complètement nus, l'ennemi en est saisi d'effroi. Ce que nos mercenaires ont dit à Alexandre, le Grand, est resté célèbre: «On ne craint qu'une chose, que le ciel nous tombe sur la tête.

Au village, la vie est tranquille mais on redoute aussi les colères du ciel: nos maisons, faites avec ce qu'on trouve sur place, la terre, le bois, le chaume sont orientées de façon à s'en protéger. A l'intérieur, je maintiens le feu. Je n'ai pas beaucoup de meubles, des petits bancs, une couverture que j'ai tissée de plusieurs couleurs, un coussin en cuir de chien. Oui, parfois il nous arrive d'en manger... mais plus souvent c'est du mouton, de la volaille, surtout du porc. Du sanglier? Non, c'est une bête sauvage que nous vénérons. On vous a parlé de potion magique? elle a peut-être bien existé, on dira que c'était du vin...

Sur 9 hectares, ce village grandeur nature a été reconstitué avec une rigueur scientifique et historique / Photo DDM 

Nos villages sont petits et jolis, entourés de palissades de bois, nous jardinons pour avoir des légumes,des plantes médicinales et celles qu'on utilisera pour le tissage et les couleurs. Nous élevons des animaux, nous pêchons avec les pièges faits par le vannier. Le même artisan nous tresses des paniers, des claies pour maintenir la terre de nos murs et même les boucliers de nos combattants. Mais notre artisan le plus fameux est le forgeron, l'homme de fer, pour les outils et les épées. On frappe aussi des monnaies, en argent, en s'inspirant des pièces que nos guerriers ramènent des combats. Mais on ne s'en sert pas pour acheter le poisson, plutôt pour honorer nos Dieux.

Pour aussi glorieux que nous soyions, nous avons été vaincus chez nous. On nous a fait fondre dans la culture de l'occupant. Et malheur à ceux qui s'opposaient: à Uxellodunum, César a fait trancher la main droite de tous les Cadurques qui résistaient. Alors laissez-moi vous dire que lorsque j'entends parler de culture gallo-romaine, ça me défrise la tresse!»


Jean-Jacques Beineix a tourné un documentaire au village gaulois (novembre 2012) / Photo DDM 



    La machine à remonter notre temps (4/6)   

Publié le 24/08/2012 à 08:45  | La Dépêche du Midi | «Recueilli» par Benjamin Idrac

«Moi, d'Artagnan, le vrai, le seul!»


Le 12 août 2012 Lupiac a célébré les 400 ans de D'Artagnan, avec Thomas Samek (au centre), double allemand du mousquetaire. / Photo DDM, Nedi

De Batz de Castelmore, je suis né voilà 400 ans à Lupiac, en Gascogne. Vous me connaissez sous le nom de ma mère, D'Artagnan. Je vous écris entre vieux françoys et français.

Je m'appelle Charles
«En allant vite, on fait d'ordinaire beaucoup de chemin, mais on se heurte bien souvent le pied. Il n'y a pas fort longtemps m'est survenue une méchante aventure. J'arrivais à cheval d'un hiver pluvieux du XVIIe siècle pour passer l'été 2012 à Lupiac, mon bourg de naissance. J'en fus parti à mes 15 ans et n'y étais plus retourné depuis le 26 avril 1660, lorsque je mis à profit le mariage de l'homme au service duquel j'ai été de toute ma personne, Louis XIV, avec l'Infante d'Espagne à Saint-Jean de Luz, afin d'aller visiter mes parents. Pour ce retour à Lupiac en l'an 2012, je fus frappé de trouver des gens, dont une majorité instruits et éclairés, célébrer mon quadricentenaire. Morbleu ! Comment pouvaient-ils s'amuser avec ma naissance sans qu'ils n'en puissent rien dire qui soit gravé dans la cervelle ! Jamais les registres ne furent retrouvés. Moi seul sais quand je fus venu au monde. 

Mais j'eus compris à Lupiac que ma longue absence me donna beaucoup de réputation dans toute la Gascogne. Ils s'étaient tous faits propres pour moi et me firent beaucoup de compliments bien fleuris. Ils ont fait de moi un personnage de roman. Parlent de moi comme du roi et savent tout de ma grande histoire, hormis que durant une dizaine d'années après mon arrivée à Paris, je me suis fort entraîné pour devenir un vrai mousquetaire. En Gascogne, je fus un puiné, comme l'on disait alors de ceux qui ne se trouvassent pas en mesure d'hériter. Alors d'entendre conter les péripéties d'un oncle maternel mousquetaire, je décidai de servir aussi le roi, pour la gloire et l'argent. A la cour, on parla gascon, car nous fumes tous du pays. Je devins mousquetaire, garde du corps personnel du roi, le GIGN actuel, en sorte. J'arriva capitaine-lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires ! Colbert disait que ce fut la plus belle charge du royaume. J'aimai les champs de bataille plus encore que le roi. Mes compagnons fussent toujours avec moi, sauf à Lupiac cette année, où j'eus quelque embarras qui ne me passa pas par le nœud de la gorge.

Lupiac remonte au temps de d'Artagnan (août 2014) / Photo DDM 

Comme d'apprendre qu'ils appellent ma Gascogne: Gers, qui n'en est du reste qu'une partie. Sang-Diou ! J'irai voir François Hollande pour lui réclamer la jouissance de notre bien. Les carrosses actuels donnent l'impression de vouloir avancer trop mais sont plus fiables qu'à mon époque, car on ne trouve plus de querelleurs sur les chemins. Il n'y a plus d'homme d'épée en Gascogne. Ils ont remplacé les épées par des balles ovales, mais les Gascons ont toujours la même bravoure au combat. Mes descendants me confondent avec la création de plume d'un imposteur dit Alexandre Dumas, qui fit de moi un traître. Jamais je n'eus répondu à Richelieu être Béarnais… Ni même connu Richelieu et Louis XIII. A Lupiac, toujours est-il de bon rang de rallier Paris pour chercher son avenir?

Depuis que je fus tombé mort à Maastricht, le 25 juin 1673, je n'eus cesse de vouloir revenir et j'eus bonne importance de le faire, pour éviter qu'aujourd'hui la country et le jazz fussent tenus de faire la réputation de mon pays, connu partout pour un animal au jabot sale, le canard...

Mais ces 400 ans furent un temps que j'ai employé plutôt que perdu, puisque ce fut pour une bonne œuvre. Renaître.»

«Ils ont remplacé les épées par des balles ovales, mais les Gascons ont toujours la même bravoure au combat»

Lupiac, la garde est montée par D'Artagnan et ses mousquetaires./Photo DDM.

Le Gers veut sa part d'héritage
Après un long sommeil en la matière, le département du Gers semble aujourd'hui vouloir récupérer sa part d'héritage du héros gascon que le monde entier connaît. Le village natal de D'Artagnan, Lupiac, a organisé le 12 août 2012 le premier festival «D'Artagnan chez D'Artagnan», dont la 2e édition est déjà programmée au 13 août 2013. Enfin le 1er septembre 2012 Auch organise une journée d'échanges et de réflexions autour de l'ancrage du personnage réel et fictif de d'Artagnan sur le territoire du Gers, avec les assises D'Artagnan, au Théâtre municipal..

«Le nom de d'Artagnan claque au milieu de nos lectures d'enfant et s'imprime à jamais dans nos mémoires. Il passe les frontières sans être écorché.»
Régis Meyer, auteur du site lemondededartagnan.fr

Le chiffre : 10 episodes > Pour la BBC. Personnage inépuisable pour le cinéma, d'Artagnan, le héros de Dumas, fera l'objet en 2013 d'une nouvelle série anglaise.

Quelques membres de l'Association d'Artagnan de Sainte-Croix./Photo DDM J. L.



    La machine à remonter notre temps (5/6)   

Publié le 25/08/2012 à 08:24  | La Dépêche du Midi | «Recueilli» par Pierre Challier

«Moi, hussard de Napoléon»


Le 10 avril 2012, les reconstituants napoléoniens ont commémoré l'anniversaire de la bataille de Toulouse./ Photo DDM Thierry Bordas.

10 avril 1814… Napoléon 1er a déjà abdiqué depuis quatre jours à Fontainebleau, mais retranché à Toulouse, Soult commande la dernière bataille de l'armée des Pyrénées…

«Avec nos maigres chevaux, le général Berton nous a placés entre le canal du Midi et l'Hers, prêts à charger, le ventre vide. Né en 1794, je m'appelle Jean, j'ai 20 ans tout juste et moi qui suis de Limoux, je ne pensais pas qu'un jour, je me battrai à Toulouse…

Aussi loin que je me souvienne ? Enfant sous Bonaparte, j'ai grandi avec Napoléon. Et cela fait maintenant un an que je sers l'Empereur au 1er escadron du «Chamborant», le 2e Régiment de Hussards. «Un hussard qui n'est pas mort à 30 ans est un jean-foutre», nous a laissé en testament le général Lassalle dont les folles charges et le panache ont construit notre légende lors des plus grandes victoires impériales… Mais la vérité, c'est que je bats en retraite depuis des mois, Anglais, Espagnols et Portugais sur les talons des deux côtés des Pyrénées…

Comme au temps des Hussards : La visite des troupes, sous un soleil de plomb, difficile à supporter sous les uniformes./ Photo DDM, Laurent Dard

Moi ? J'ai pris l'affaire d'Espagne en cours l'an passé et elle était déjà sacrément mal engagée, les Français ayant dû quitter Madrid. Les anciens m'ont dit que Joseph Bonarparte, ci-devant roi d'Espagne et frère de Napoléon, n'avait jamais été capable de commander autre chose qu'à boire. à Vitoria, le 21 juin 1813, sa majesté «Pépé la bouteille» comme l'appellent les Espagnols, l'a prouvé. Une débâcle face à Wellington. Le début de la fin, cette fuite vers la France ponctuée de pillages, de viols… Sauvagerie habituelle de cette guerre d'Espagne depuis 1808.

Le pays ne veut plus de nous
Les anciens, les «moustaches», m'ont raconté l'horreur. La spirale des représailles, la cruauté inouïe des deux côtés. J'ai vu de quoi on était capable. On est devenus une armée de voyous.

Le 12 juillet 1813, Soult est arrivé à Bayonne pour tenter de sauver la situation. Envoyé personnel de l'empereur, le maréchal fait fusiller pour l'exemple. Jusqu'en décembre, on a tout tenté pour reprendre l'initiative au Pays basque. Mais submergés, on manque de tout, de fourrage, de pain, même d'officiers. Wellington a des tireurs d'élite pour les tuer en priorité…


Musée des Hussards de Tarbes : Les figurines, parfois de collection, se vendent comme des petits pains. /Photo Laurent Dard.

Bayonne, Orthez, Aire sur l'Adour, Maubourguet, Vic en Bigorre… avec les débris de cette armée des Pyrénées, on se bat pourtant comme des acharnés et on se replie en ordre. Mon cheval est écorché, mon uniforme en lambeaux. J'ai faim. Difficile aussi pour des cavaliers de se battre dans ce paysage accidenté. Certes on a réussi quelques beaux coups du Béarn à la Bigorre, face aux hussards anglais. Mais nous ne nous comptons plus qu'un millier de cavaliers pour moins de 30 000 fantassins. Ils sont trois fois plus en face. Et je le vois bien… exténué, le pays ne veut plus de nous.

Levée sous les drapeaux des plus jeunes, politique de la terre brûlée, l'Aigle est déplumé : «Vivent les Anglais» ont crié les Tarbais à leur entrée, fin mars. Et Toulouse où nous sommes maintenant retranchés ne nous aime pas plus. Les paysans refusent de nous nourrir et de fortifier la ville alors que nous allons encore nous battre ce 10 avril 1814, jour de Pâques. Saint-Cyprien, Ponts Jumeaux, Matabiau, Jolimont, Côte Pavée… Encore des milliers de tués. «Pour rien» lâche un officier deux jours après qu'on a évacué la ville. L'Empereur a abdiqué à Fontainebleau le 6, on l'a su le 12… le 19, Soult nous parle à Castelnaudary : désormais «l'Armée obéissante et nationale» sert le roi…»

Les hussards tarbais ont pris une grande part dans le conflit «14-18»./Photo Rachel Barranco.



    La machine à remonter notre temps (6/6)   

Publié le 25/08/2012  | La Dépêche du Midi |  «Recueilli» par Pierre Challier

Sur mon Bréguet XIV, on m'appelle le postier du ciel




Le Toulousain Eugène Bellet s'est lancé en 1992 le défi un peu fou de construire un Breguet XIV / Photo DDM DR



Castelsarrasin-Moissac : "Des Calandres et des ailes", dans la réplique du «Bréguet XIV» / Photo DDM 


 
 

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site