Grand Sud : Un trésor du sud vu par...
Un trésor du sud vu par...
Montségur / Niaux / Carennac / Pic du Midi / Auvillar / Canal du Midi / Carcassonne / Rabastens / Aude
...vus par :
Michel Roquebert / Jean Clottes / Christian Signol / Sylvie Vauclair / Philippe Delerm / Serge Pey / Claude Marti / Marie-Laure de Decker / Pierre Richard
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Publié le 10/07/2012 à 08:12 | La Dépêche du Midi | Dominique Delpiroux
Michel Roquebert a vécu avec les martyrs de Montségur
Michel Roquebert, le meilleur spécialiste de Montségur retourne souvent sur ces lieux mythiques de s terres cathares. / Photo DDM et CRT Dominique Viet
Journaliste et écrivain, Michel Roquebert est LE spécialiste de Montségur. Il est l'auteur d'innombrables livres sur le catharisme et a vécu dix ans au pied du Pog.
Il les connaît tous. Comme des voisins, des amis, des familiers. Le tailleur, dont il a peut-être retrouvé les ciseaux, en fouillant dans les vestiges du vieux village. Le meunier, le chevalier, l'arbalétrier… Michel Roquebert est devenu le familier du clan qui vivait à Montségur il y a huit siècles. Il nous raconte…
Comment vous êtes-vous intéressé à Montségur ?
Je travaillais dans un journal de Bordeaux où un vieux journaliste avait évoqué ce lieu, avec des idées assez fantasmagoriques : « Si vous allez à Toulouse, allez visiter Montségur et ses 3000 marches qui mènent jusqu'au lac sacré des Cathares ! » Ces 3000 marches n'ont jamais existé, mais le lieu était chargé de toutes sortes de légendes ésotériques datant des années 1900 : château du Graal, temple solaire… Tout cela m'a beaucoup impressionné !
Montségur, dans ce qui fut la salle basse du donjon./Photo DDM, A.D.
Votre premier contact ?
Je suis allé en reportage à Montségur au début des années 60 pour rendre compte de fouilles archéologiques dans l'ancien village. À l'époque, personne ne s'intéressait aux châteaux cathares. Je me souviens que j'avais demandé mon chemin à un paysan, alors que je cherchais le château de Peyrepertuse : « Qu'est-ce que tu veux faire là-haut, m'a-t-il demandé, il n'y a que des cailloux ! » Aujourd'hui, il y a des routes, des parkings, des péages !
Et vous avez écrit « Citadelles du vertige » en 1966…
Oui, et à cette époque, la télévision a diffusé le film de Stellio Lorenzi sur les Cathares… Cela a provoqué une énorme émotion en France ! Du coup, la directrice de la Dépêche, Mme Evelyne-Jean Baylet, m'a demandé de me consacrer entièrement aux Cathares, pour raconter cette histoire à raison d'une demi-page chaque jour dans La Dépêche !
Le site de Montségur / Photo DDM
C'est comme cela que vous vous êtes immergés dans le catharisme ?
Je me suis plongé dans des documents inédits, que l'on avait jamais consultés. J'avais la chance de lire le latin, je suis retourné à la faculté, j'ai consulté les archives. J'ai retrouvé des familles entières de Parfaits, leurs ancêtres, leur lignée, leur profession, leur vie… Et j'ai ainsi pu écrire cette « Épopée cathare » en cinq tomes, cela m'a pris près de 30 ans ! Dès ma retraite, en 1983 je m'y suis entièrement consacré. J'ai même habité dix ans à Montségur ! J'ai pu identifier formellement soixante-huit personnes sur les deux-cents vingt-trois brûlés de Montségur. Et depuis, on n'a pas trouvé un seul élément à ajouter, j'ai ratissé tout ce qu'il y avait dans les documents. Pour résumer, s'étaient rassemblés à Montségur tous les hommes du clan valides pour la bataille contre l'Inquisition.
Montségur était devenu le QG de la résistance cathare ?
Oui, j'ai pu reconstituer les dix mois qu'a duré le siège. Les attaques, les escalades, les progressions, les reculs, jusqu'à la reddition. J'ai pu revivre la vie de ces personnages dont certains sont allés jusqu'au bout de leur foi, refusant de renier leur religion en sachant qu'ils allaient monter sur le bûcher, comme la femme et la fille du seigneur. Je les connais tellement que cela est devenu pour moi très émouvant…
Michel Roquebert
/ Photo DDM
Michel Roquebert a été journaliste à La Dépêche du Midi jusqu'en 1983, comme responsable de la rubrique des Arts et Spectacles.
Son premier livre sur le Catharrisme date de 1967 : «Citadelles du Vertige». Suivront ensuite les quatre tomes de l'Epopée cathare, (Grand prix d'histoire de l'Académie française) de 1970 à 1989.
Il a ensuite écrit des ouvrages sur la religion cathare, Saint-Dominique, Simon de Monfort, les Cathares et le Graal. Ses œuvres sont régulièrement rééditées et enrichies.
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Publié le 11/07/2012 à 08:32 Dominique Delpiroux | La Dépêche du Midi |
Jean Clottes connaît par cœur la grotte de Niaux
/ Photo DR et Sites Touristiques Ariege, SESTA E Dumoulin
Il est l'un des plus grands préhistoriens français, spécialiste notamment de la grotte Chauvet. Mais pour Jean Clottes, Niaux c'est un peu sa deuxième maison…
C'est peut-être bien la grotte de Niaux qui a fait de Jean Clottes le préhistorien qu'il est ! Ce lieu extraordinaire a finalement orienté sa vie vers le côté obscur… celui des stalactites, mais aussi des bisons et des chevaux des cavernes ornées.
Êtes-vous originaire de la région de Niaux ?
Non je suis Audois, d'Espéraza.
Une terre de dinosaures, pas d'hommes préhistoriques !
Tout à fait, et c'est d'ailleurs à mon frère, qui était instituteur, qu'un parent d'élève a rapporté un fossile de dinosaure. A l'époque nous avons contacté le spécialiste français, le paléontologue Philippe Taquet. Tout est parti de là…
Cela vous a donné la vocation archéologique ?
Non, en fait, je pratiquais la spéléologie, avec mon père. Il nous amenait dans des grottes avec mon frère et ma sœur, quand nous étions adolescents A l'époque je ne connaissais rien à la préhistoire, j'étais motivé surtout par le goût du sport et de la découverte… Alors, quand nous avons exploré la grotte de Niaux, j'ai découvert le Salon Noir, mais la première fois, je n'ai pas ressenti l'émotion que je ressens aujourd'hui.
La grotte de Niaux est l'une des rares grottes ornées encore ouvertes au public./Photo DR, SESTA.
Alors comment s'est joué votre destin d e préhistorien ?
Le 1er janvier 1971, moi qui étais professeur au lycée de Foix, j'ai été nommé directeur des antiquités préhistoriques de la région. Et trois jours après, c'était la découverte, dans la grotte de Niaux, du réseau Clastre, un réseau considérable. Il a fallu très vite que je gère tout cela, que je prenne des décisions pour protéger la grotte de Niaux.
Qu'avez-vous fait pour le site ?
Par exemple, on visitait les galeries avec des lampes à carbure. L'électricité avait été bannie des grottes, notamment à Lascaux, parce qu'on craignait les envahissements d'algues. Mais les lampes à carbure avaient des effets nocifs, surtout quand on approchait les flammes des parois. Et puis, à l'époque, on s'y promenait par groupe de cinquante personnes ! J'ai même vu une visite avec 82 personnes ! On s'exposait à des dégradations, des graffitis… J'ai petit à petit réduit le nombre de visiteurs, imposé des lampes de mineurs…
Mais vous avez découvert la grotte dans son intimité…
Oui, parce qu'au début des années 80, on a remarqué que des ruissellements d'eau provoquaient des dégradations sur les dessins. On a alors décidé de réaliser un relevé de toutes les peintures : photos, dessins, plans… Un travail de titan qui a duré deux années. Tout cela est désormais stocké au centre national de la préhistoire à Périgueux. C'est à partir de là que j'ai réalisé mon premier livre sur la grotte de Niaux.
Jean Clottes / Photo DDM
Pour vous, c'est l'un des lieux majeurs de la préhistoire ?
Selon le fameux abbé Breuilh, Niaux fait partie des « six géants de la préhistoire », comme Lascaux, ou Altamira. On y trouve pas moins de cent onze représentations. Ce qui m'a intéressé, c'est de comprendre comment nos ancêtres ont perçu ce milieu. Niaux, c'est immense, et nos ancêtres ont tout visité. Le Salon noir est au fond, à 700 mètres en suivant la paroi droite. Pourquoi choisir cet endroit particulier ? C'est le seul où la voix résonne comme dans une cathédrale. Les gens de cette époque, pour leur cérémonie devaient chanter, jouer de la musique. C'était là un lieu surnaturel, car lorsque l'on parle dans le Salon noir, on a l'impression que la grotte vous répond…
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Publié le 13/07/2012 à 11:05 | La Dépêche du Midi | Recueilli par Jean-Marie Decorse
Le Carennac de Christian Signol
Un site remarquable pour le marché de Noël à Carennac. / Photo DDM
Christian Signol a la passion de son pays, le nord du Lot, traversé par la Dordogne qu'il raconte au fil de ses nombreux ouvrages. Mais c'est à Carennac surtout qu'il a planté ses racines d'écrivain.
Sa vie est un éternel roman qui a pris racine dans ce nord du Lot traversé par la Dordogne de son enfance. C'est là, et précisément à Carennac, que Christian Signol a signé sa trilogie « La rivière Espérance » portée au petit écran à l'été 1995. L'écrivain qui est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, explique pourquoi il aime cette région finalement plus connue des touristes que des habitants de Midi-Pyrénées.
Vos souvenirs se sont définitivement ancrés à Carennac ?
Oui, avec son architecture, son cloître, son tympan roman dont André Malraux disait qu'il était le plus beau avec celui de Beaulieu et de Moissac. C'est pour moi un lieu emblématique avec, en face du prieuré, l'île de Caylpso. C'est là qu'a été tourné « La Rivière Espérance », le feuilleton de Josée Dayan, le plus long jamais réalisé puisqu'il regroupe neuf épisodes d'une heure quarante chacun. À l'époque, ça a représenté trois mois de tournage. Ce fut un moment magnifique pour moi comme pour les habitants. A cette occasion, on a construit des bateaux du temps où la Dordogne voyait naviguer les gabarres, on a reconstruit le port sur le bras mort de Carennac.
De nombreux admirateurs pour la fresque du XVe siècle / Photo DDM
C'est un lieu magique, auquel est donc rattaché un événement très important de ma vie. C'est à partir de ce feuilleton que j'ai été beaucoup plus connu en tant qu'écrivain, que j'ai pu arrêter de travailler pour me consacrer à mes livres. Mais c'est vrai que les gens de Midi-Pyrénées y vont peu. Ils préfèrent partir vers le sud, l'est ou l'ouest de la France. C'est peut-être parce que cette région est légèrement excentrée. Et pourtant, il y a des communes magnifiques le long du parcours de la Dordogne, sur 50 km entre Puybrun et Souillac. Il faut visiter Gluges, le village construit dans la falaise, Creysse, Meyronne et bien sûr Souillac.
Pourquoi cette passion pour la Dordogne au point d'y avoir consacré une trilogie ?
Pour moi, la Dordogne est la région la plus voisine du paradis. C'est un lieu de verdure et de lumière, le lieu du commencement du monde, encore protégé, avec beaucoup d'oiseaux qui sont revenus comme les hérons, les cormorans ou les canards sauvages.
Bref, c'est le paradis terrestre, rattaché à mes souvenirs d'enfance. Il n'y avait encore ni piscine municipale, ni télé. Le dimanche, avec mes parents, nous allions pique-niquer sur les rives de la Dordogne. On pouvait s'y baigner avec cette impression de bonheur perpétuel. J'ai conservé un souvenir précis des parties de pêche avec mon père, les pieds dans l'eau, l'après-midi au soleil. C'était merveilleux. Les grands écrivains ont beaucoup écrit sur la vallée de la Dordogne. Henri Miller disait : « Peut-être, un jour, la France cessera d'exister, mais la Dordogne, elle, survivra comme tous les rêves dont se nourrit l'âme humaine… » Cette phrase m'a marqué.
L'arrivée du père Noël en barque sur la Dordogne . / Photo DDM
Vous aimez vous référer aux romanciers américains des grands espaces ?
Je dis souvent que la vallée de la Dordogne, c'est mon Montana à moi. Ces grands romanciers américains ont toujours eu un lien très étroit avec le monde naturel, comme Faulkner, Steinbeck ou Norman Maclean d'où a été tiré « Au milieu coule une rivière. » Pour moi, ce film constitue le lien étroit avec la Dordogne.
En fait, dans le Lot, j'ai deux univers romanesques. C'est la vallée de la Dordogne et le causse, celui de Gramat et celui de Martel, où j'ai toujours une maison, celle de mon grand-oncle où je vais quelques fois me ressourcer, à Cazillac. De là-haut, j'ai devant moi 150 km de ciel bleu, je vois le plan du Cantal et les contreforts de l'Auvergne.
« Carennac, la Dordogne… Un lieu de lumière au commencement du monde »
Christian Signol
Christian Signol (à gauche) a reçu le 21e prix « Mémoire d'Oc » / Photo DDM
Il a été journaliste, rédacteur administratif à la mairie de Brive, avant de sombrer dans la littérature qui l'accompagne désormais au rythme d'un ouvrage par an. Né en 1947 aux Quatre-Routes, commune du nord du Lot au croisement des chemins quercynois et corréziens, il a reçu de nombreux prix pour ses romans-racine. La notoriété de Signol est venue se greffer à celle des écrivains de « L'école de Brive », nom donné au groupe formé à l'époque par Denis Tillinac, Claude Michelet, Michel Peyramaure, Jacques Peuchmaurd.
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Publié le 13/07/2012 à 08:51 | La Dépêche du Midi | Dominique Delpiroux
Sylvie Vauclair a apprivoisé les étoiles au Pic du Midi
Les visiteurs du pic du Midi peuvent observer les planètes de notre système solaire./Photo Julien Courdesses.
Avant de faire le bonheur des touristes et des curieux, l'observatoire du Pic du Midi était réservé aux scientifiques. C'est ainsi que l'astrophysicienne Sylvie Vauclair, spécialiste de la vibration des étoiles l'a découvert…
Comment avez-vous connu le Pic du Midi ?
J'avais juste 18 ans, et je voulais déjà être astrophysicienne. Et comme étudiante, à l'observatoire de Meudon, j'analysais des plaques photo réalisées au Pic du Midi avec des caméras électroniques. On étudiait des clichés de Jupiter et on essayait de comprendre la structure interne de cette planète à partir de la réflexion de la lumière, en comparant le centre et les bords. Puis, j'ai eu la chance d'y aller. C'est toute une génération d'étudiants en DEA qui faisait ses stages au Pic. Mais c'était alors les équipements des origines, avec un tout petit téléphérique ! La benne était très sensible au vent, ce qui fait qu'on savait quand on montait au Pic… mais on n'était jamais sûr de pouvoir en redescendre ! C'est ainsi que nous nous sommes parfois retrouvés coincés à Noël ! C'était une époque héroïque… où il n'y avait pas beaucoup de femmes !
Les soirées étoilées du pic du Midi offrent un moment magique et inoubliable. / Photo DDM
La vie y était agréable ?
Il y avait en tout cas une cantine qui était réputée pour son excellence. Et puis surtout, on y bénéficie d'une vision du ciel qui est absolument fabuleuse. Lorsque les nuits sont claires, c'est parmi les plus beaux observatoires du monde. Cela est dû à plusieurs raisons géographiques. D'abord, c'est un pic très pointu. Ensuite, il est en retrait du massif. De sorte que les turbulences de l'air que l'on trouve habituellement en altitude sont très réduites. Je garde de ces soirées un excellent souvenir.
Vous avez travaillé sur le site ensuite ?
Non, parce qu'au Pic du Midi, on réalise principalement des observations sur le soleil, notamment ses taches ou ses protubérances, ses projections, et sur les champs magnétiques des étoiles. Ce sont des travaux de très haut niveau, mais mes recherches sont différentes. Elles m'ont amenée à travailler avec des observatoires qui sont au Chili. C'est l'hémisphère sud, et surtout, on y trouve associé des instruments et des outils qui correspondent à ce que je souhaite.
Pic du Midi : candidat au patrimoine de l’Unesco / Photo DDM
Sur quoi portent vos recherches ?
Sur la vibration des étoiles. En effet, les étoiles, comme le soleil, font du bruit ! Évidemment, dans le vide spatial, il n'y a rien pour communiquer ces vibrations. Mais les étoiles se comportent comme des caisses de résonance, comme des instruments de musique. Le bruit ne sort pas de la sphère, mais celle-ci se comporte comme une peau de tambour. Et les vibrations que nous détectons nous permettent d'avoir des informations sur ce qui se passe à l'intérieur de l'étoile. D'ailleurs, on utilise le même type d'instruments pour étudier les exoplanètes.
Aujourd'hui, que représente le Pic pour vous ?
C'est d'abord un merveilleux outil pédagogique. J'y monte souvent pour faire découvrir les étoiles. Et les scientifiques qui y travaillent sont de très haut niveau.
Ensuite, je suis ravie de voir que le Pic du Midi suscite la création d'une réserve d'étoiles ! Les élus des communes voisines jusqu'à Toulouse, jouent le jeu, de faire baisser les lumières des villes pour permettre de mieux observer le ciel, en baissant la pollution lumineuse. C'est une forme nouvelle d'écologie, qui vise à préserver un lieu qui est un symbole.
Sylvie Vauclair, Astrophysicienne
Sylvie Vauclair / Photo DDM
Sylvie Vauclair est Astrophysicienne à l'Observatoire Midi-Pyrénées, Professeur à l'Université Paul Sabatier de Toulouse et membre de l'Institut universitaire de France.
Ses travaux portent sur la formation et l'évolution des éléments chimiques qui composent la matière dans l'Univers : Soleil, étoiles et univers primordial.
Elle a publié une centaine d'articles et ouvrages scientifiques dont «La symphonie des étoiles» et «La chanson du soleil».
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Publié le 14/07/2012 à 08:26 | La Dépêche du Midi | Recueilli par Sophie Vigroux
Delerm : «J'ai souvent dégusté la lumière d'Auvillar en soirée»
Philippe Delerm chez lui à Malause ./ Photo DDM
L'écrivain Philippe Delerm a passé toutes ses vacances scolaires en Tarn-et-Garonne, dans la maison familiale de Malause. Il évoque son attachement pour le village d'Auvillar.
Amoureux du détail, Philippe Delerm parle comme il écrit. Avec sensualité et délectation. Quand il évoque ce coin du Tarn-et-Garonne, ce sont tous les parfums de son enfance qui remontent. Interview.
Quand avez-vous découvert Auvillar ?
Très tôt puisque toutes mes grandes vacances se déroulaient en Tarn-et-Garonne et la plupart du temps à Malause qui est situé à 8 km. Auvillar, c'était une sortie flatteuse car c'est vraiment le joli village du coin. C'est là qu'on allait se balader quand il y avait des gens qui passaient rendre visite à mes parents. C'était, pour moi, un endroit un peu mythique à cause de la côte d'Auvillar qui est une de mes premières libertés à vélo. De Malause pour aller à Auvillar, on passait par la route d'Espalais, on traversait des vergers de pêches et d'abricots. Je chapardais toujours des fruits au passage. Ils me paraissaient toujours avoir un goût extraordinaire parce qu'ils avaient été volés. Dès que je retourne à Malause, j'ai envie d'aller passer une soirée à Auvillar. J'aime bien aussi y retourner d'un coup de bicyclette car je l'ai dans les jambes.
La halle dans la magie du marché de Noël / Photo DDM
Pouvez-vous décrire ce village ?
C'est une bastide fermée du Moyen Age. Elle est resserrée autour d'un marché couvert et d'une place à cornières avec un sol pavé et des maisons de briques à pans de bois . Le tout dans une harmonie occitane absolument parfaite. Sa place centrale est une espèce de perfection due au fait qu'il s'agit d'un village qui n'a pas été trop bichonné. La désuétude est tout près de ce qu'il a de plus joli. Ici, on sent que la joliesse est proche de la sauvagerie. De temps en temps, on a une entrée de maison avec à l'intérieur un pan de ciel ouvert parce que le toit est crevé, avec des orties, et juste à côté de maisons qui sont entièrement refaites. ça fait partie du charme du lieu. Il y a de petites venelles qui sont délicieuses. Très étroites. Très fraîches aussi. Ce qui est symbolique d'Auvillar, c'est sa grande esplanade qui s'ouvre sur toute la vallée de la Garonne, elle est presque à l'inverse du principe de la bastide qui a la beauté resserrée sur elle-même. Au bout de cette esplanade, il y a un petit balcon de briques où se trouve une table d'orientation.
à Auvillar, la lumière est aussi très particulière…
J'ai dégusté souvent la lumière d'Auvillar en soirée. D'ailleurs, je trouve étonnant qu'il n'y ait pas plus de peintres dans la région. La lumière passe par-dessus les maisons en fin de journée, elle est vraiment très or- orangée et vient jouer avec le rose-orangé de la brique. Puis, il y a les tons de bois secs des colombages. Le tout donne une atmosphère complètement sensuelle. On voit danser la poussière dans les rais de soleil. C'est aussi d'une très grande mélancolie. La halle est étonnante avec ses mesures à grains évidées dans la pierre. C'était bien le soir, là. En plus, il y a un ou deux restaurants qui ont une ambiance sympa.
Sept ans après, l'église Saint-Pierre a retrouvé son retable / Photo DDM
Quel flâneur êtes-vous ?
Je ne suis pas du tout un flâneur érudit. J'ai vraiment tendance à être paresseux pour les musées. Je suis plutôt contemplatif, c'est lié au fait que j'ai envie d'avoir mon regard à moi sur les choses.
A Auvillar, il y avait deux choses importantes entre les XVIIe et XIXe siècle : la faïence et les plumes d'oie. Il y a un petit musée de la faïence. Il y aussi dans ce musée, les plumes d'oie que l'on fabriquait à Auvillar pour la calligraphie. C'est vraiment un e chose qui me parle bien, d'autant plus que je suis resté assez rétrograde vis-à-vis des technologies modernes concernant l'écriture même si je n'ai pas vraiment une plume d'oie. J'écris toujours avec des stylos à pointe fine dans des carnets. Après, je tape à la machine.
C'est étonnant qu'il n'y ait pas plus de peintres dans la région tant la lumière est particulière.
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Publié le 15/07/2012 à 07:39 | La Dépêche du Midi | Recueilli par Dominique Delpiroux
Pour Serge Pey, le Canal du Midi est un chemin de poète
Le poète Serge Pey a souvent organisé des performances et des hommages au bord du Canal./ Photo DDM
Fils d'un réfugié espagnol, maître de conférence à l'Université du Mirail, président de la Cave poésie de Toulouse, le poète Serge Pey est l'auteur de très nombreux livres. Il est aussi maître dans l'art de la performance. Ce grand voyageur s'intéresse à l'histoire, au chamanisme, à la culture à la politique. Il est l'auteur d'une fresque au Parc de la Préhistoire de Tarascon-sur-Ariège et des «Ecritures de la Liberté», une œuvre monumentale inaugurée le mois dernier au conseil régional Midi-Pyrénées.
Avec Serge Pey, point besoin d'interview. On ouvre les guillemets, on ferme les yeux, on l'écoute, et tout est parfait !
«Nougaro me disait : " Serge, tu es la Garonne et je suis le Canal !" Je lui disais Claudius, car je l'appelais Claudius, la Garonne est un fleuve aérien ! La Garonne repose sur des souterrains ! Quand j'étais petit, j'habitais rue des Blanchers, et ma mère me disait qu'il y avait sept étages de caves sous la Garonne ! Je disais donc à Nougaro : " Le fleuve est sur une chambre à air : la Garonne est un vélo, un vélo métaphysique ! "
Mais du coup, j'ai décidé de trahir la Garonne et de célébrer le Canal. Toujours lorsque j'étais enfant, mon père nous racontait une blague : -" Riquet est descendu de sa statue ! " -" Ah bon ? Pourquoi ? " -"Pour aller pisser ! " Du coup, je croyais que les statues pissaient…
Naurouze : La légende dit qu'une géante a installé ces pierres il y a bien longtemps. Mais le phénomène est parfaitement naturel…/ Photo DDM, Gladys
Oui, le Canal est un chemin dialectique, car il a été pour Riquet l'ouvrage de l'obstacle surmonté. Il était impossible de rallier les deux mers, car il y avait une montagne. Et Riquet a surmonté cette impossibilité à partir du partage des eaux ! Avec clairvoyance, empiriquement, il a organisé la séparation des eaux. Pour moi, c'est une leçon de vie. A chaque fois que je voyais un obstacle, je cherchais la solution pour surmonter l'obstacle ! Pour moi, le Canal du Midi me donne une leçon permanente de philosophie !
Voilà pourquoi j'ai décidé de remonter le Canal. Je suis parti avec des amis poètes et nous sommes allés jusqu'au seuil de Naurouze, qui est un lieu mythique ancestral, où officiaient de manière initiatique nos ancêtres. On y trouve un grand dolmen ceinturé de menhirs, et en son centre, deux pierres énormes séparées par une crevasse, comme si un géant les avait posées là ! Selon la légende si les deux pierres se touchent, c'est la fin des temps ! Alors, avec mes amis, je retourne régulièrement à cet endroit pour annoncer que les temps sont toujours arrivés. C'est Alam Sure garcia qui m'a initié aux paroles secrètes de la géographie : à cet endroit, on trouve des roses des sables. Donc, nous avons jeté des roses des sables dans cette crevasse…
Un jour, nous sommes allés célébrer une cérémonie sur le seuil de Naurouze et un garde nous a interpellés et nous a demandés si nous avions une autorisation. J'ai répondu : " La poésie ne demande jamais d'autorisation ! " Et puis nous sommes montés, nous avons écrit des poèmes sur une grande feuille de plastique, nous avons découpé ces poèmes, des poèmes dans toutes les langues du monde et nous les avons brandis tels des bâtons… De loin, c'était comme s'il y avait des centaines de personnes !
Le seuil de Naurouze partage des eaux/ Photo DDM
Du coup, les gendarmes sont arrivés, et j'ai répété que la poésie n'avait besoin d'aucune autorisation !
Il faut aussi que je raconte comment un jour, nous avons cueilli des fleurs le long du Canal du Midi. Des Fleurs des champs… Et nous avons lancé ces fleurs des champs lors d'un arrêt à une écluse. En fait, il s'agissait d'un hommage à toutes les femmes qui ont travaillé, qui ont sué peine, parfois jusqu'à en mourir en creusant le Canal du Midi. On imagine toujours des hommes… Mais il y avait aussi beaucoup de femmes et nous ne les avons pas oubliées.»
Le chiffre : 1666
C'est le début de la construction du canal > par Riquet. Le chantier dure de 1666 à 1681, pendant le règne de Louis XIV. Le Canal du Midi est l'un des plus anciens canaux d'Europe encore en fonctionnement.
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Publié le 14/08/2012 à 09:21 | La Dépêche du Midi |
Claude Marti dans sa Cité
Poète, chanteur, Claude Marti. Sa vision de la Cité tente de s'éloigner de celle d'une ville dans la ville qui serait livrée aux marchands./ Photo DDM
Le poète et chanteur occitan Claude Marti est un amoureux de la cité de Carcassonne. Il nous fait partager ses souvenirs d'enfance à travers les ruelles de sa «ciutat».
Ciutat ! Me voici intra-muros. La Cité d'aujourd'hui est un drôle de corps : une galerie marchande campée sur 26 siècles d'Histoire ! J'entre dans le flux des passants ébahis pris dans la vis sans fin des étalages et des vitrines. L'autre visite, celle que je me réserve, c'est quand je veux. Il me suffit de suivre une ruelle, de frôler le mur d'un jardin enclos. Il me suffit d'une maison à colombages ou d'une placette qui tourne autour d'un figuier. Il me suffit d'un rien, d'une goutte de silence, d'un éclat de lumière sur la pente tuilée d'un toit pour qu'une part de moi-même batte le pavé d'un temps que je n'ai pas connu, pour que monte autour de moi une autre musique des étals : «Carn salada ! Oli, ametlas, anogas ! Avelanas del Razès, pan d'òrdi, pan de blat, mel !» Ces mots criés pour capter le chaland, on ne les entend plus dans la Cité où le monde défile en camescopes et chemises à fleur. Ils existent pourtant à fleur de nos mémoires, embusqués dans le maquis de nos cordes vocales, prêts à jaillir, à rebondir au moindre appel. Comme une résurgence de ce que nous fûmes et de ce que nous sommes encore, malgré les embruns et les embûches. Je pourrais faire mon marché dans la Carcassonne du XIIIe siècle avec ma langue d'Oc d'aujourd'hui…
Vue panoramique de la célèbre Cité. / Photo DDM
Enaquel temps d'aila, en ce temps-là, Carcassonne est une ruche. Dans le poing serré des vieux remparts romains, 4 000 habitants, sans compter ceux du faubourg Sant Vicent regardant vers la Montagne noire, sans compter ceux du faubourg Sant Miquel regardant vers Pech Marí, la colline du vent marin. Une ruche bourdonnante depuis l'aube jusqu'à la nuit. Les échoppes se poussent du col, les enseignes grincent au souffle alterné des vents : forniers, hostaliers, faures, bastiers, metges, adobaires, tesseires, carratiers, sartres e notaris !* J'aime me réciter ces mots à mi-voix, je me les repasse en boucle, je me les scande comme une suite pour rap et talons ferrés, au rythme de mes pas sur le pavé qui sonne. Pour un peu, je pousserais la porte du 27, rue du Plo où la calandreta, la petite alouette, bat des ailes. La Calandreta de Ciutat, c'est l'école élémentaire bilingue où les gamins s'amusent à grandir et à s'apprendre dans les deux langues de leur ville.
C'est justement l'heure des tartines beurrées poudrées de chocolat, l'heure de trapa-trapa et des rondes, la récré sous les acacias. A une portée de comptines, la place Marcou, pavée de galets, ombragée de platanes et toute plantée de parasols. Sous les parasols, les passagers d'un car napolitain en transit pour Lourdes : pans banhats et vins de Corbières, le pèlerinage s'alanguit sur les fauteuils paillés autour desquels tournoie un vol de serveurs. Au grand jadis, les pèlerins allaient à pied par les chemins de Santiago de Compostela. Ils devaient faire la pause a Ciutat, le temps d'un repas, le temps d'un repos, le temps d'une nuit. Sûr que par le dédale des rues et des places ces hommes de bonne foi avaient frôlé d'autres longs-marcheurs de Dieu qui, eux, ne prendraient jamais el camino de Santiago. Car ils refusaient de croire aux vertus miraculeuses d'une esquille de tibia ou d'un débris de mâchoire, fussent-ils recouverts d'or et trônant au cœur d'une somptueuse cathédrale. On les nommera un jour «cathares»…Leur ombre légère court encore Ciutat, ils restent au cœur de nos mémoires.
Cité de Carcassonne / Photo DDM
Claude Marti Salazar
* Boulangers, aubergistes, forgerons, bourreliers, médecins, guérisseurs, tisserands, transporteurs, tailleurs et notaires !
A une portée de comptines, la place Marcou, pavée de galets, ombragée de platanes
Le chiffre : 2 500 Ans d'histoire> pour la Cité de Carcassonne. Le site préhistorique est devenu cité gallo-romaine, puis place force wisigothe..
«Pour moi qui suis de cette ville, montar a Ciutat c'est mettre mes pas dans de très anciennes traces, suivre l'empreinte gravée en creux par les allers-retours de ma propre vie.»
Un trésor du sud vu par... (8/9)
Publié le 16/08/2012 à 08:41 | La Dépêche du Midi | Dominique Delpiroux
Le Tarn de Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker / Photo © J. Mattera
Elle a parcouru le monde entier, son appareil photo en bandoulière. Marie-Laure de Decker vit désormais à Rabastens, non loin du Tarn, une rivière qui la fascine depuis son enfance.
«Chaque fois que je voyais un fleuve, dans le monde, je le comparais au Tarn…» La photographe Marie-Laure de Decker vit à côté de Rabastens, là où se sont construits ses plus beaux souvenirs d'enfance.
«Je passais tous les étés chez ma tante au château de Saint-Géry, au bord du Tarn à Rabastens. C'était ma récompense, après chaque année scolaire en pension, où c'était très dur, d'aller dans ce paradis. C'est un splendide château avec des parties datant de Louis XIII, le «Versailles du Tarn», et d'ailleurs, il est à-pic au-dessus de la rivière. C'était une splendeur… Le Tarn charrie une terre rouge, et c'est grâce aux deux terres du Tarn que l'on peut composer les briques des maisons de ce pays. On trouve des boues rouges semblables en Afrique. Et puis, lorsque l'on remonte le Tarn, avec ses hauts arbres, cette végétation folle entre Gaillac et Saint-Géry, eh bien par moments, on a le sentiment d'être sur un fleuve africain au milieu de la forêt tropicale… Au demeurant, le Tarn n'est plus ce qu'il était autrefois. Il a beaucoup diminué. Et je ne dis pas ça par nostalgie !»
Le château de Saint-Géry / Photo DDM
Marie-Laure de Decker a songé à sa rivière chérie devant le Chari, qui prend sa source au Cameroun, et qui dispense la vie sur ses berges jusqu'au Lac Tchad qu'il alimente. Elle y a songé en descendant le Mékong de Phnom Penh à Saïgon quand elle couvrait la Guerre du Vietnam. «Je me souviens de la Rivière des Parfum, près de Hué, c'était très beau, très calme, majestueux, avec des pagodes, et puis les palais de l'Annam…»
Mais au-delà de la rivière (le Tarn aussi puissant qu'il soit n'est pas un fleuve !), c'est bien cette cité de Rabastens que Marie-Laure de Decker chérit aussi.
«C'est une très belle ville, très ancienne, assez vertigineuse, avec là aussi, des à-pics sur la rivière. On y trouve une très belle architecture, et globalement, la ville n'a pas trop été massacrée…»
En revanche, la photographe tempête contre les immenses panneaux publicitaires qui polluent ses chères années de platanes :» On y voit de la pub dégoulinante, avec des barquettes de viande, de la saucisse et des côtelettes d'agneau… C'est affligeant, dans un environnement aussi somptueux !»
L'aile ouest du château de Saint-Géry / Photo DDM
Et puis, Marie-Laure de Decker aura plaisir à vous conter les épisodes méconnus de l'histoire de sa ville. Rabastens, au cœur du catharisme, proche d'Albi, fut un des fiefs des hérétiques. Plus tard, ce sont les protestants qui viendront s'établir dans cette ville perchée au-dessus des eaux rouges. Le catholique Blaise de Monluc la reprendra après avoir tiré, dit la légende, huit cents coups de canon.
Marie-Laure de Decker a bien sûr, photographié sa ville, ce qui a suscité une exposition de 100 Photos autour de Rabastens en 2000.
«La ville possède une église magnifique, un musée passionnant ! Et puis, un lavoir extraordinaire… On descend des marches et l'on se retrouve sur un cercle immense, avec ses pierres usées, alimenté par des sources naturelles… C'est la visite obligatoire pour mes amis ! Il y fait frais, il y a cette eau qui coule, c'est un endroit sublime…»
Chut, n'en dites pas trop, tout le monde va vouloir y venir…
«Le château de Saint-Géry est à-pic sur le Tarn. On l'appelle le Versailles du Tarn»
Un trésor du sud vu par... (9/9)
Publié le 19/08/2012 à 07:13 | La Dépêche du Midi |
Pierre Richard, le grand blond tombé amoureux de l'Aude
Pierre Richard : «Si je veux vendre mon vin il faut qu'il me ressemble» / Photo DDM
C'est par le plus grand des hasards que l'amour du département de l'Aude lui est tombé dessus il y a maintenant 27 ans. Lui, c'est Pierre Richard. Acteur, chanteur, réalisateur, comédien, le gamin de Valenciennes va devenir une star dans les années 70 avec des rôles de maladroits qui lui vont à merveille. «Le grand blond avec une chaussure noire», «Le retour du grand blond», «Le Jouet», «Les fugitifs», «La chèvre», et tant d'autres succès feront de lui un monstre sacré du cinéma français. Aujourd'hui, l'acteur vit en retrait du strass et de paillettes, et passe ses étés dans son vignoble audois, où il s'adonne à une autre de ses passions, la viticulture. «J'ai beaucoup voyagé pendant mon enfance. J'ai d'abord passé des vacances à Uzès, au-dessus de Nice, puis petit à petit, je suis descendu à Cannes, puis en Camargue, jusqu'à découvrir Gruissan, lors d'un séjour», raconte l'acteur. Le coup de cœur ne fut pas immédiat.
L'acteur aux «grands buffets» : «Surprise ! C'est moi», avance Pierre Richard aux clients hilares./Photo DDM, JMG.
«Une bâtisse pas très belle»
«Je ne pensais pas du tout m'installer ici, assure le «Distrait»… On m'a présenté cette bâtisse pas très belle, abandonnée, je n'y ai pas trop prêté attention et je suis ensuite rentré sur Paris». Mais voilà, sans le savoir le charme a opéré dans le cœur du comédien. «Les grandes histoires d'amour ne sont jamais préméditées. C'est ainsi que deux mois plus tard l'idée a fait son chemin, j'ai repensé à cette maison, j'ai acheté deux billets d'avions et je suis redescendu dans l'Aude». Ce qui plaisait à ce passionné de pêche, c'étaient les lieux, les paysages et les étangs avant la mer. «J'ai rencontré quelqu'un qui m'a parlé de la terre, et je me suis lancé, j'ai acheté le domaine». Hors de questions de reprendre les terres sans leur redonner vie, Pierre Richard appelle sa sœur et lui annonce : «On va devenir viticulteur». Et quand celle-ci lui fait part de ses inquiétudes «On n'y connaît rien», ce dernier, enthousiaste lui répond : «Alors, on va s'y mettre». Soucieux de ne pas faire n'importe quoi, la famille Richard s'adresse à un œnologue réputé de la région. «J'ai appelé M. Dubernet, je lui ai raconté mon projet et lui ai demandé s'il pouvait m'aider, s'il avait répondu non, je ne l'aurais pas fait.
A nos débuts, je lui disais, celui-là, il est bon, et lui me répondait, il est bon mais pour ton château, il ne tiendra pas la route, et il avait raison».
« Il y a vingt-cinq ans, j'ai épousé madame la vigne pour le meilleur et pour le pire. Elle m'a donné le meilleur...» /Photo DDM J.M Guiter
Il a fait venir Pierre Palmade
«Je me suis découvert un intérêt fort pour le vin. Je suis très impliqué et je choisis tous les cépages». Son seul regret : il ne vendange pas lui-même. «Pas que je ne veuille pas le faire, mais c'est quelque chose de très important, qu'il faut bien faire. Si j'avais encore 25 ans, je le ferais, mais à mon âge, c'est plus difficile». Entre l'Aude et Paris pour son travail, l'acteur qui vient de souffler ses 78 printemps veut faire les choses bien «S'occuper des vignes, c'est un travail à l'année, je ne pourrais pas faire ça correctement. Mon métier, c'est acteur, viticulteur c'est ma passion». Un métier et une passion qui font de lui, l'ambassadeur des Corbières à travers l'Europe. Un rôle que le comédien n'a pas de mal à interpréter tant ses liens avec le département sont forts. «J'aime tout ici, le cadre, la chaleur, la proximité avec la nature, les petits villages et leurs châteaux quasiment intacts, c'est quelque chose que l'on ne retrouve pas ailleurs».
Entre séances de dédicaces et sorties en mer, Pierre Richard profite de son nouvel amour, la vigne : «Je suis très admiratif de la vigne, c'est une sacrée combattante. Elle n'a pas besoin d'eau, malgré les très fortes chaleurs. Quand je suis arrivé on m'a dit : il ne faut pas les porter à la paresse, elles iront puiser l'eau dans le sol, je trouve ça exceptionnel. Quelquefois, je les admire autant que des personnes». Le «grand blond» essaie de passer de plus en plus de temps dans son vignoble, et c'est avec fierté qu'il invite ses amis chez lui. «Il y a quelques années, j'ai convaincu Pierre Palmade de venir répéter ici plusieurs pièces que l'on jouait ensemble». On n'est donc pas étonné de voir que cet Audois d'adoption envisage de créer une pièce de théâtre qui se déroulerait à Gruissan, lui qui n'a eu que très peu l'occasion de jouer dans ce cadre qu'il aime tant. Bastien Cordier
Pierre Richard
Pierre Richard, installé pour l'été dans son château Bel Évêque de Gruissan, présente «Le démon de l'évêque»./Photo DDM, Jean Marie Guiter.
«Le Grand blond avec une chaussure noire», «Je suis timide mais je me soigne», «Les fugitifs», «La chèvre»… on ne compte plus les succès dans lesquels a joué l'acteur Pierre Richard. Ses personnages, toujours drôles et maladroits sont devenus une marque de fabrique de l'homme. Son duo, constitué à de nombreuses reprises avec Gérard Depardieu, est lui aussi devenu culte. Il passe aujourd'hui, sa vie entre Paris et Gruissan. Le cinéma a peu à peu laissé la place aux planches de théâtre. Un emploi du temps qui l'empêche de s'occuper de son vignoble autant qu'il le voudrait. Mais l'acteur fait des sacrifices, il ne rate jamais le moment des assemblages de vins, quitte à venir de Paris pour une après-midi.
Le chiffre : 50 hectares > de garrigue et de vigne. C'est ce que Pierre Richard a acheté en 1986. L'acteur a immédiatement entreprit la restauration du vignoble de 20 hectares pour y créer son vin.
Escapades vigneronnes en Narbonnaise / Photo DDM
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