Puycelsi, bastide tarnaise cosmopolite

4/8/2014

Publié le 03/08/2014 à 09:05  | La Dépêche du Midi |  Vincent Vidal

Puycelsi (81) : Le Monde s'y retrouve

Puycelsi, un des plus beaux villages de France. /Photo DDM

En cette matinée de fin juillet, le quotidien du touriste anglo-saxon n'est pas perturbé. Une brume tenace, une température en dessous de 20°. Diable. Sommes-nous dans le Tarn ou sur les bords de la Tamise , dans les vertes prairies irlandaises du Munster? La brique blanche, l'autochtone qui parle fort, avec un large sourire et le teint hâlé. Ouf. Nous sommes bien dans le Sud-ouest. Plus précisément à la «frontière» entre Tarn et Tarn-et-Garonne.

Le lieu. Puycelsi. Beauté maximale. Calme optimal. Un village perché sur un pic, loin de toute autoroute, de tout axe surpeuplé. Il n'empêche. Ici, les touristes du Monde entier se retrouvent, passent une journée, une nuit, une vie. «Nous comptons 18 nationalités différentes dans notre village. Ce n'est pas si mal pour une commune de 494 habitants» confie l'adjoint au maire de Puycelsi, l'érudit Louis Torrijos.


Journée autour de l'oenotourisme
 /Photo DDM

Ce confluent de culture avait pourtant triste mine dans les années soixante. Insalubrité, maisons abandonnées, exode rural, érodent huit cents ans d'histoires brillantes. Puis, arrivent les Anglais. Leur amour du Sud-ouest, des vieilles pierres et leur chéquier garni , réveille la médiévale endormie. «Ils ont amené une rigueur dans la construction, dans la rénovation. Dès lors, tout le monde s'est mis au diapason» confie Louis Torrijos. Le temps passe mais les touristes restent mais changent de nationalité.

«Je reçois beaucoup de Belges et de Hollandais. Mais depuis quelque temps, les Américains, les Australiens et les Canadiens (qui profitent d'une liaison Montréal-Toulouse durant l'été) sont de plus en plus nombreux à venir chez nous» admet Delphine Delaveleye, propriétaire d'un gîte. Une mutation que confirme l'adjoint au maire. «Les deux maisons qui sont actuellement restaurées ont été achetées par des Américains.» Un nouveau souffle d'investissement, pour ce sublime village.


Remparts et ruelles de ce très beau village./Photo DDM Emilie Cayre

Mais le gros des troupes reste français. «C'est vrai que l'été, les touristes étrangers apportent une plus value à notre commerce. Pour le reste de l'année, le gros de notre clientèle, ce sont des visiteurs de l'agglomération toulousaine qui viennent, le temps d'un week-end, se mettre au vert» confirme le patron du bar-restaurant, le Puycelsi-Rock. «C'est vrai que les couples de randonneurs toulousains, profitant du cadre et de la beauté de la forêt de Grésigne, sont en augmentation croissante» renchérit Delphine Delaveleye.

«Le gros des visiteurs de Puycelsi est nomade. Il ne reste que quelques heures, ou le temps d'une journée. Notre problème, c'est le stationnement. On voudrait éradiquer la voiture de l'enceinte de la cité. Mais nous ne voulons pas devenir comme Cordes et taxer dès leur arrivée les visiteurs,avec un stationnement payant. On réfléchit à la meilleure solution» confie l'adjoint au maire. C'est le revers du succès de ce petit bout de paradis , que l'on nomme Puycelsi.


Grésigne. Puycelsi, ce village tarnais qui les a conquis : Dorothée Alexander entourée de Jean-Denis Favre-Victoire et Thierry Stefaniak
 /Photo DDM

Louis Torrijos (adjoint au maire) : «Ce village a une histoire formidable»
Vous voulez connaître la grande et la petite histoire de chaque pierre ,de chaque famille de Puycelsi. Demandez Louis Torrijos. L'ancien gendarme, qui a vu le jour dans la maison où il réside aujourd'hui est un livre ouvert sur la commune. «J'aime mon village, son architecture, son histoire». Il se souvient de son enfance «où il y avait beaucoup plus de jeunesse. Aujourd'hui, la majorité des habitants sont des seniors.»

Il rappelle qu'en 1800, Puycelsi comptait 800 habitants et la commune presque 2000. Il montre avec fierté, posé dans son garage, le piège qui a tué le dernier loup de la forêt de Grésine au XIXe siècle, les fuseaux en bois fabriqués par les femmes pour amener quelques menues monnaies au budget du ménage. L'homme est intarissable. «Dans les années 40, la commune a accueilli de nombreux menuisiers de l'Est de la France, qui s'étaient exilés pour fuir les combats. Ils travaillaient le bois de la forêt de Grésigne. À cette époque, le village était surnommé Puycelsi -Lorraine.

Après la guerre, les ruelles étaient insalubres, les maisons en manque de rénovation. Pour vous dire : en 1954, un grand magazine parisien avait titré : «Puycelsi, village à vendre». La révolution architecturale arrive dans les années 80. «Grâce aux Anglais, la rénovation des bâtisses est devenue plus rigoureuse» avoue l'adjoint, qui reconnaît que l'investissement étranger a totalement changé Puycelsi. «Aujourd'hui, on vit dans un village superbe, supervisé par les bâtiments de France avec une histoire formidable». Que demander de plus.


Inauguration d'une antenne de l'Office de Tourisme : Lise est également guide interprète pour assurer des visites très documentées de la citadelle./Photo DDM.

Repères : 
494 >. C'est le nombre d'habitants de Puycelsi. Au début du XIXe siècle, le pic tarnais en comptait 800.
100 >.C'est la population qui séjourne à l'année dans le village.
70000/80000 >. C'est le nombre de touristes qui chaque année viennent visiter Puycelsi.
1 >.Il reste une seule épicerie dans le village qui fait aussi dépôt de pain et viennoiseries et relais poste.
156 >. Puycelsi est classé parmi les plus beaux villages de France. Ils sont 156 en France à posséder ce prestigieux label.

4 >. Le Tarn, ce qui est exceptionnel pour un département, possède quatre sites estampillés «Plus beaux village de France». Puycelsi évidemment, mais aussi sa voisine Castelnau-de-Montmiral, Monestiès et Lautrec.
3 >. C'est le nombre de restaurants dans la commune : L'Ancienne Auberge, Au Cabanon de Puycelci et le Puycelsi rock café.
18 >. Le nombre de nationalités qui peuplent Puycelsi.


Marché de Noël à l'ancienne auberge
 /Photo DDM

Delphine Delaveleye «J'ai fait le bon choix d'investir ici»
La maison d'hôtes «Chez Delphine» est connue de tous, dans le village. Dans une bâtisse de plus de 750m2, la patronne du lieu a fait de cet endroit, un magnifique lieu de repos. Il y a tout . Terrasse pour profiter de la vue, chambres spacieuses et même une piscine pour se rafraîchir d'une longue journée de touriste sous les chaleurs estivales. La maîtresse des lieux, Delphine Delaveleye, originaire de Belgique, a un parcours atypique, multiple, qui l'a fait poser ses valises à Puycelsi. «J'étais consultante en stratégies et managements dans un grand groupe. Je travaillais énormément. Toujours entre deux réunions et deux avions. En 2007, j'ai dit stop. 

Fatiguée de ce rythme effréné, de cette société de consommation.» Mais que faire? «J'étais à la recherche d'une librairie, d'une structure équestre, où de créer une maison d'hôtes». Elle prend la route, visite, se renseigne. «Je ne voulais pas d'un endroit dominé par le tourisme de masse». Puis, lors d'une journée pluvieuse de février, elle tombe amoureuse de Puycelsi. «Il y avait tout. Une région intéressante, une nature protégée, la beauté du site». Elle se décide. 

Portes ouvertes au verger conservatoire d'espèces fruitières et vignes anciennes
 / Photo DDM

«J'ai acheté cette maison et je me suis lancée dans la maison d'hôtes.» Depuis, elle accueille des touristes du Monde entier. «J'ai la chance de recevoir des univers différents. Anglais, Belges , Néerlandais, mais aussi Américains, Canadiens et Australiens. Évidemment, les touristes français sont majoritaires avec une augmentation sensible de Toulousains venus se mettre au vert pour le week-end. «Ils sont randonneurs, en couple, banquiers, salariés. C'est cela qui me plaît. Ce mélange, cette diversité quotidienne.» 

Sa maison d'hôtes accueille aussi les invités de mariages et même un groupe de Belges avide de gastronomie , qui chaque année, viennent vendanger leur hectare de vigne. «Avec tout ça, je ne m'ennuie pas. J'ai fait le bon choix d'investir ici».


Beaucoup de monde devant l'épicerie pour son inauguration le 11 mai 2012 / Photo DDM

Willy et Molly (touristes belges) : Trente ans d'amour avec la cité
Dans une ruelle tranquille, l'homme ferme la porte de sa demeure, tandis que madame porte le cabas pour le marché. Willy et Molly donnent le bonjour à tous. Il faut dire que depuis trente ans, ils vivent une histoire passionnelle avec Puycelsi.Mais pourquoi diable, ces deux Bruxellois ont décidé de venir ici. «C'est une longue et belle histoire. Durant la guerre, une cousine est venue se réfugier en Belgique dans la famille de Willy . Pendant ce séjour, elle n'avait qu'un rêve. Retourner à Castelnau-de-Lévis où elle avait des formidables souvenirs d'enfance. Finalement, quelques années plus tard, elle s'y est installée» se rappelle Molly .»Très vite, nous sommes venus la voir.

On a adoré le Tarn. On est parti à la recherche d'une maison à louer puis à acheter»réplique Willy. Le choix se porte sur Puycelsi. «Cela fait trente ans que l'on passe nos vacances ici. On adore. Cette maison, on l'a retapée entièrement. On y a passé de si beaux moments». Molly a les yeux qui pétillent. Malheureusement, clouée sur un fauteuil roulant, la bâtisse n'est plus adaptée à son handicap. «On essaie de la vendre, mais c'est compliqué» ajoute inquiet Willy. «Puycelsi va nous manquer. vraiment» conclut Molly, la voix en peine.


Toute la beauté et l'animation de ce petit village de 494 âmes qui accueille durant l'année 70000  à 80000 touristes./Photo DDM, VV.

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