Tour de France : Tony Gallopin remporte la 11ème étape

17/7/2014

Publié le 17/07/2014 à 08:25 | La Dépêche du Midi | Patrick Louis
 
Tony à l'épate

L'éphémère maillot jaune des Vosges signe après Kadri la deuxième victoire française
Talansky a mis un point d'honneur à aller au bout d'une étape courue à toute vitesse sous une chaleur caniculaire et conclue par un raid solitaire de Tony Gallopin./Photos DDM AFP

Première journée de chaleur sur le Tour. À l'avant-veille des Alpes, Nibali toujours en jaune, et Gallopin de plus en plus heureux.

Il ne leur manque plus que les crécelles. De boyaux crevés en manivelles brisées, de cuissards brûlés en maillot déchiquetés, les rescapés de cet été meurtrier s'avancent sur les routes de France à la manière de ces groupes d'estropiés de l'An Mil, errants, puants et suppliants du portail de Conques au piton de Saint-Cirq-Lapopie.

Pour dénicher, le matin, un coureur encore vierge de douloureux souvenir, il faut s'armer de patience. Et chaque soir, au lieu de parcourir les feuilles bleues de l'étape et les jaunes du général, les envoyés spéciaux se ruent sur le communiqué médical.

Celui d'hier mérite d'être encadré. On y retrouve aux deux premières lignes (104-Degenkolb John, réfection de pansement/134 Gallopin Tony, protection solaire sur ancienne érosion), les deux premiers arrivés sur la ligne d'Oyonnax ! Rarissime. Le troisième (96-Langeveld Sebastian, piqûre de guêpe) n'a pu suivre ses deux «compagnons», il termine à vingt minutes avec la lanterne rouge chinoise Ji Cheng, Kittel et Greipel (Marcel et Dédé en version vicoise), Démare, Kristoff et tutti quanti…

 
Tour de France 2014 - Etape 11 - Besancon / Oyonnax - 16/07/2014 - Romain BARDET (blanc), Vicenzo NIBALI (jaune), Peter SAGAN (vert) et Joaquim RODRIGUEZ (pois), les quatre maillots distinctifs du Tour au depart de l'etape / Photo FB ASO/G.Demouveaux

Sagan à qui perd… perd
Le mois dernier, à l'occasion d'un stage aux Rousses, Joël Gallopin a proposé à son fils d'aller photographier le final du Haut-Bugey. Dans la famille, on a toujours un regard très aiguisé sur les parcours, d'ailleurs, Lance Armstrong avait surnommé Alain, le directeur sportif des Trek «MasterMap». Le Texan prétendait qu'il était plus performant que n'importe quel GPS ! Du coup, quand Tony a déboulé dans les rues de la ville, hier, après une descente d'enfer et une première attaque, il n'a pas hésité. Ensuite, poussé par sa nouvelle assurance et ce grand bonheur tout proche, il a résisté, résisté, résisté jusqu'à lever les bras. Dix mètres plus loin, quinze adversaires affamés l'avaient déjà avalé, mais il s'en moquait comme de son premier kimono. Sagan qui avait cravaché jusqu'au sang ses Cannondale pour débloquer un compteur muet ne termine que neuvième (juste derrière Dumoulin, juste devant Reza et Bardet). Il compile cet été avec un talent têtu tout ce qui peut lui permettre de perdre.

 
Tony Gallopin remporte sa premiere etape sur le Tour / Photo FB ASO/G.Demouveaux

En laisse
Après plus de trente kilomètres de négociations sévères (au cours desquelles le maillot vert a brûlé à peu près deux cartouchières complètes) à la sortie de Besançon, trois courageux ont décroché leur bon de sortie. Martin Elmiger, qui poursuivra seul un peu plus tard avant de voir revenir sur lui Bakelands, Roche, Herrada et Gautier dans la côte de Désertin, Cyril Lemoine, toujours fringant et Anthony Delaplace. Les «Cannon» et les Orica ont fermement tenu la laisse qui n'a jamais cédé malgré la concentration des difficultés dans le final.

Pour Nibali, un jour de plus en jaune, un jour de moins à tenir. Bien à l'abri de son Fuglsang préféré, l'Italien a juste eu peur pour Scarponi de nouveau au tapis hier. Demain les Alpes, aujourd'hui, petite visite traditionnelle à Saint-Etienne. Un vert chez les Verts enfin ? On va attendre un peu pour parier.


Publié le 17/07/2014 à 07:36  | La Dépêche du Midi |  De notre envoyé spécial, P.Louis

 
Tony Gallopin : «Je devrais faire ça plus souvent»

L'Essonien n'en finit plus de sourire et lever les bras./Photo AFP

Utiles et même indispensables, précieux, aussi incontournables que les cartes napoléoniennes, ils servent de support à toutes les stratégies, toutes les batailles. Pourtant, on devrait toujours se méfier des documents officiels. Ce petit talus avant Grand Vallon aux portes d'Oyonnax n'existait pas sur le profil de l'étape proposé par ASO. Mais Tony Gallopin l'avait soigneusement rajouté au feutre rouge après sa récente visite dans le coin. Et c'est précisément là qu'il a allumé les copains encore saouls d'une plongée étourdissante vers la fameuse Plastics Vallée. Sagan, Rogers et Kwiatkowski ont été les seuls à le reprendre mais quand il est reparti un kilomètre avant la flamme rouge, ils se sont couchés. C'était gagné. Une deuxième énorme surprise en quatre jours pour l'Essonien transformé.
 
Apres le maillot jaune, la victoire d'etape pour Tony GALLOPIN / Photo FB ASO/G.Demouveaux

«Ce n'était pas prémédité explique-t-il, j'avais passé une journée très difficile lundi, le repos pas terrible et j'avais les jambes très lourdes. Mais vu la situation à ce moment-là, et le fait d'avoir reconnu en détail avec mon père et Marion, ça m'a donné un peu des idées…» D'excellentes idées, une petite visite à Marc Sergent pour confirmer et un deuxième coup de maître sur la route du Tour. «Là, c'est encore plus fort, c'est encore plus d'émotion. Le maillot jaune, j'y pensais déjà depuis quatre ou cinq jours avant Mulhouse, je m'y préparais et je l'attendais, ça s'est passé comme je l'avais espéré. Là, l'étape, c'est vraiment très fort…»
 
 Tony GALLOPIN vainqueur d'etape / Photo FBASO/X.Bourgois
 

«Il faut que je me décomplexe…»
Professionnel depuis sept ans, le dernier des Gallopin (qui a déjà fait mieux que toute la famille) n'a gagné que six courses, mais deux d'entre elles, la Clasica San Sebastian et l'étape d'Oyonnax méritent de figurer en bonne place sur n'importe quel palmarès. «Il faut que je me décomplexe par rapport aux meilleurs», ajoute pourtant le coureur de Lotto (on n'y pense plus beaucoup mais il est toujours au service de Jurgen Van den Broeck de retour dans les 10 hier après le couac de Rui Costa), «je vois que ça ne marche pas mal, je devrais faire ça plus souvent. Comme je sais que je suis assez rapide, je ne pense pas toujours à attaquer, jusqu'ici, je n'ai pas tenté assez de sorties comme celle-là». De la façon dont se déroule son Tour, Tony risque d'être de moins en moins frileux. La courbe de son capital confiance explose, et sa réaction immédiate, à Oyonnax, après sa lourde désillusion de la Planche des Belles Filles en dit long sur la qualité de son mental. Vingt-quatre heures en jaune, une étape, un cinquième rang provisoire au général, et le sourire de Marion. Elle est pas belle sa vie ?

 
Les autres Français sur le podium du jour :
 
Romain BARDET a conservé le maillot blanc de meilleur jeune / Photo FB ASO/X.Bourgois

AGR La Mondiale, actuelle meilleure equipe de la course
/ Photo FB Tour de France
 

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