Commerces alimentaires en secteur rural

14/11/2025

  Commerces alimentaires en secteur rural  

Publié le 25/10/2025 | La Dépêche du Midi |  Dominique Delpiroux [Édito]

Commerces dans les villages : prix solidaire


L'épicerie "La Brouette" a fermé (2023). La mairie de Nalzen (Ariège) lance un projet pour sa réouverture./ DDM

Notre planète est bien agitée. Et ses habitants doivent subir, çà et là, la guerre, les inondations, les feux, les séismes… Puis, lorsque les choses se calment, il faut tout reconstruire. Alors, que voit-on apparaître dans les décombres, les bidonvilles, les camps de réfugiés ? 

Des petites boutiques, des étals avec trois légumes et deux bidons, un comptoir en tôle où l’on échange quelques billets froissés contre un sac de farine : le commerce, aussi menu soit-il, est consubstantiel à la vie humaine, il naît et disparaît avec elle.


Un service de proximité au coeur du village de Grépiac / DDM

Le phénomène n’est pas nouveau, et cela fait bien un demi-siècle que peu à peu, le tissu commercial de nos campagnes s’érode. D’abord, c’est le coiffeur qui range ses peignes, puis le boucher qui n’en peut plus se décarcasser, puis l’épicier, le boulanger, le bistrot… 

La faute à l’exode rural, à la démographie ? 
Pas seulement, car nos régions ne sont pas si dépeuplées qu’on voudrait bien le dire. Ce sont surtout les modèles économiques qui ont rebattu les cartes.
Avec un petit supermarché implanté dans pratiquement chaque canton, rien de plus facile, quand on a une voiture, que d’aller s’y ravitailler, y compris pour le plein d’essence. Les prix y sont bien inférieurs à ceux des magasins du bourg. 


Le commerce ambulant de Cédric et son camion de l’Epicerie d’antan (Cagire garonne Salat) / DDM, Z.G.

Les commerçants locaux ne peuvent pas résister à la concurrence. D’autant que tous se font assommer, d’année en année, par de nouvelles normes, de nouvelles taxes, des hausses de l’énergie, alors qu’il faudrait changer les frigos ou repeindre la façade.

Alors, les petits commerces de village sont-ils condamnés ? Les villageois sans moyens de déplacement devront-ils migrer vers les villes… ou les EHPAD ? Ont-ils encore leur place, là où ils ont passé toute leur vie ? Si l’on suit la pure logique économique, l’affaire est pliée.


Disparition des commerces alimentaires dans les villages : "Sans habitants, ils ne peuvent pas survivre" / DDM, S. Lapeyrère

Pourtant, on le voit, certains – comme on dit dans Astérix – résistent toujours et encore, comme des villages gaulois. Ce sont souvent des lieux mixtes, qui font à la fois café, épicerie, parfois tabac, loto, guichet de la poste et dépôt de colis.
Ceux qui tiennent ces boutiques savent qu’ils vont travailler beaucoup et pour pas grand-chose. Mais ils ont le sourire.


Du champ à la miche, les paysans boulangers commencent à récolter ce qu’ils ont semé / DDM, C.St-P.

Ces nouveaux aventuriers du négoce n’ont d’avenir que s’ils peuvent bénéficier de solidarités. Solidarité des municipalités, qui vont donner un coup de pouce, solidarité des producteurs locaux, qui peuvent jouer le jeu. 

Mais surtout solidarité des habitants : ils ont seuls entre leurs mains la survie de ces échoppes, selon qu’ils les fréquenteront ou pas, quitte à payer la boîte de petits pois un peu plus cher. 
Le prix de la survie d’un lieu partagé où peut subsister l’âme d’un village.


En 2025, près de 65 % des communes rurales ne comptent plus aucun commerce alimentaire, privant des villages entiers de lien social. / DDM
 

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