Boissets, la vie sur le Causse
Boissets, la vie sur le Causse
Publié le 02/05/2025 | Midi Libre | Manon Baffie
"On aurait beaucoup à réapprendre d’eux" : Boissets retrace la vie sur le Causse,
aux siècles passés
Bâtisses du domaine départemental de Boissets / ML, Manon Baffie
Le domaine départemental de Boissets est ouvert au public jusqu’à la fin du mois de mai. L’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, ce hameau typique de l’architecture caussenarde.
Légué par la famille Malafosse en 1978, le domaine de Boissets (Lozère) a commencé à être restauré par le Département dans les années 90.
/ ML, Manon Baffie
Il y a quelques années, l’aménagement du site a été repensé pour permettre au public d’avoir un aperçu de la vie d’antan sur le causse de Sauveterre et d’en apprendre plus sur l’agropastoralisme méditerranéen, ainsi que sur la faune et la flore du secteur.
Objets à manipuler, vidéos, sons, écrans interactifs, les différentes expositions sont aussi bien adaptées à un public jeune qu’aux adultes. L’été, des visites guidées sont organisées.
Un lieu culturel, festif, questionnant, suspendu au dessus des Gorges du Tarn. / CultLoz
Une architecture pensée pour l’élevage ovin
La maison la plus ancienne date du XVe siècle, "mais la plupart des bâtiments ont été construits au XVIe, puis il y a eu plusieurs campagnes d’agrandissement", explique Valentine Dourlens, chargée des animations du site.
Les revenus des habitants de l’époque reposant quasi exclusivement sur l’élevage de moutons, les bâtiments caussenards étaient conçus sur un modèle très spécifique :
/ ML, Manon Baffie
"Au rez-de-chaussée, il y avait la bergerie, au premier étage les humains et au-dessus un grenier, qui servait souvent à faire sécher la laine ou entreposer du grain."
Cette architecture présentait aussi l’avantage de permettre aux résidents de profiter de la chaleur dégagée par le troupeau, qui logeait en dessous d’eux l’hiver. "C’est un peu le principe du chauffage au sol", sourit l’animatrice.
/ ML, Manon Baffie
L’eau, une ressource précieuse
Une autre particularité de ce type d’habitat est l’importance accordée à l’eau, ressource rare sur le causse, à part les quelques lavognes où les bergers emmenaient boire leurs bêtes.
L’eau de pluie s’écoulait ainsi dans des chenaux en bois qui conduisaient directement vers de grandes citernes.
/ ML, Manon Baffie
À l’étage, un puits permettait aux habitants d’y accéder à l’aide d’un seau. "Il y en avait environ deux par habitation."
Lorsqu’elles étaient dans la bergerie, les brebis pouvaient s’abreuver grâce à un déversoir du surplus d’eau provenant de la citerne.
Mais l’été, en cas de canicule importante, il fallait parfois descendre jusqu’au Tarn, 500 m plus bas, pour les faire boire.
Un hameau resté "dans son jus" / Midi Libre - Manon Baffie
"Rien n’était perdu. Toute chose devait avoir une utilité"
Les habitants de Boissets n’étaient pas seulement économes avec l’eau. La plupart des arbres que l’on peut aujourd’hui apercevoir sur le Sauveterre sont en effet issus d’opérations de reboisement.
Le bois, lui aussi, était donc "utilisé avec parcimonie" pour les charpentes, le plancher, les gouttières et, bien sûr, pour mettre en route les cheminées.
/ Midi Libre - Manon Baffie
Le four du hameau n’était allumé qu’une fois par mois et les cendres étaient récupérées pour la lessive.
"Rien n’était perdu. Toute chose devait avoir une utilité. On aurait beaucoup à apprendre, ou plutôt à réapprendre d’eux."
/ Midi Libre - Manon Baffie
Dans le hameau, on possédait souvent une vache et des poules pour produire du beurre, de la crème et des œufs. Seuls quelques rares cochons étaient utilisés pour leur viande.
Mais Boissets était avant tout tourné vers l’élevage ovin qui, malgré un mode de vie plutôt spartiate, assurait une certaine richesse aux habitants.
"Il y a eu environ 650 moutons au milieu du XVIIIe siècle, ce qui représente un très grand cheptel." Les moutons n’étaient pas élevés pour leur viande ni leur lait, mais bien pour la laine, qui était à l’époque un bien de première nécessité.
Renseignements sur http://www.domainedeboissets.fr.
Vue sur le hameau depuis la cour de la plus ancienne maison. / Midi Libre - Manon Baffie
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