Cinéma à Montredon-Labessonnié

24/3/2023

Cinéma à Montredon-Labessonnié
Publié le 11/03/2023 à 11:01  | La Dépêche du Midi |  

"Bonbons, esquimaux, chocolats !"
Dans les Monts de Lacaune, le dernier cinéma rural de la région fait de la résistance



Le ciné associatif allie le charme d'antan et la technologie moderne / DDM - EMILIE CAYRE

À l’heure où les plateformes en ligne bousculent les salles obscures, à Montredon-Labessonnié, un cinéma associatif réconcilie le charme d’antan à la technologie moderne. Fort de ses 65 ans d'existence, le Ciné-Sélect a habilement négocié son passage au numérique.

Pour qui vient pour la première fois, le plus compliqué c’est de trouver. Une longue allée bordée d’arbres où deux véhicules ne peuvent se croiser, un parking et plus loin, sur le mur, en levant la tête, en haut à gauche, une simple enseigne lumineuse clignotante : « Cinéma ».

« Il faut pousser la porte de droite » avait prévenu Maurice Boyer, 80 ans, l’âme de ce lieu unique dans la Région. On aurait trouvé : sur la porte de gauche, une feuille A4 scotchée indique : « WC chauffés ».

"65 ans, que ça dure !"
À l’intérieur, le guichet et un bar. Sur la caisse, un rouleau de tickets … comme avant. Un ado de 13 ans remplit consciencieusement sa panière de friandises.


Pas de séance sans panière de friandise. / DDM - EMILIE CAYRE

Tout sourire, Maurice vous accueille chaleureusement avec son équipe de bénévoles. « 65 ans, que ça dure ! », s’enorgueillit-il. Il y a Anne Marie chargée de l’approvisionnement en bonbons, Marie Paule « je fais la compta » et Dédée « je m’occupe d’un peu de tout ». Ils sont une quinzaine dans cette association, quelques jeunes et beaucoup de séniors, tous du village, à relever ce pari un peu fou : faire vivre le septième art en milieu rural, loin des grands circuits de distribution et des grandes agglomérations. ».

Un abbé cinéphile et une souscription de 8000€
Le Ciné-Sélect est né de l'initiative d'un ecclésiastique. « Le curé Gaston Auriol faisait le catéchisme à l'aide d'un appareil à vue fixe dont j'avais la responsabilité. Puis, il m'a confié de tourner la manivelle pour la projection de « Félix le Chat ». C'est devenu mon dada ! », se souvient Maurice.


Maurice, 81 ans, est projectionniste bénévole, depuis l'adolescence. DDM - EMILIE CAYRE

En 1957, l'abbé cinéphile décide d’ouvrir un vrai cinoche dans la salle paroissiale. « C’est lui qui a dessiné les plans de la salle actuelle. Il me disait qu’il était peut-être meilleur architecte que curé ».

Intarissable, Maurice est né, a travaillé et pris sa retraite dans ce village de 2000 habitants. Il a tout noté, sur un cahier brouillon, de cette singulière aventure. À côté des dates, des noms des films, du nombre d’entrées, ou encore des travaux de rénovation, on y découvre les grands chamboulements liés au progrès de la technologie : « Il y a 10 ans, avec le passage au numérique, nous devions trouver 93 000 €. Nous avons eu des aides. Mais, il manquait 8000 €. À tout hasard, nous avons lancé une souscription auprès des habitants et miracle, nous avons réuni cette somme ».


Fondé par un abbé cinéphile, le cinéma a pu être modernisé grâce à une souscription lancée auprès des habitants DDM - EMILIE CAYRE

"ça vaut le déplacement"
La séance de ce vendredi débute à 21 heures. « Bon, il y a ceux qui traînent, on peut les attendre un peu », sourit Maurice. « Les gens viennent de là-haut, et parfois ce n’est pas facile » Là-haut, c’est la montagne : Vabre, Lacaze, Le Masnau. « Anaïs, 24 ans, et Gaétan son compagnon, viennent de Lacrouzette : « Je suis d’ici. On va y revenir. On fait construire et je suis aussi pompier volontaire », raconte cette jeune aide-soignante, qui n’envisage pas de vivre ailleurs que sur sa terre natale.

« Cette salle dynamise et fait vivre la culture sur le village et les alentours », assure Claude Rolland, adjointe au maire. Bien calé dans son fauteuil, entouré de ses deux enfants, Alexis, 43 ans, a fait le déplacement depuis Arrifat : « 20 minutes en voiture. Mais, ça vaut le déplacement. On se sent bien. En plus ça ne coûte pas les yeux de la tête ». 6 € pour un adulte, 4 € pour un enfant et grâce à la carte de fidélité, la septième entrée est gratuite. Qui dit mieux ?


A l'entrée, pas de QR Code sur smartphone, on découpe le rouleau de tickets / DDM - EMILIE CAYRE

20 h 55 : les derniers retardataires prennent place. Les lumières s’éteignent déjà. Pas de pub. Le film va bientôt commencer. « Ce soir et demain, c’est Alibi 2.com » Ce n’est pas la moindre fierté des bénévoles, la programmation n’a rien à envier aux multiplex des grandes villes. « C’est nous qui décidons, collectivement, des films que nous projetons », confie Maurice, avant d’ajouter, pensif : « Moi, le problème c’est que j’aime tout. Il embraye sur les souvenirs… Titanic avec les longues files d’attente à l’entrée… ». Chut ! Le rideau sur l’écran s’est ouvert.


Le numérique a trouvé place dans la cabine à côté de l'ancien appareil de projection conservé pour passer des films «anciennes générations» / DDM
 

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