Albi : Musée Toulouse-Lautrec, 100 ans

11/11/2022

Publié le 29/07/2022 à 05:12 | La Dépêche du Midi | E.D.

Albi : Il y a cent ans ouvrait le musée Toulouse-Lautrec

La galerie dédiée à Henri de Toulouse Lautrec à l’époque de son ouverture en 1922 / DDM, DR.

Le 30 juillet 1922 était inauguré le musée Toulouse-Lautrec dans le palais de la Berbie. Une réalisation possible grâce à la donation par la famille du peintre de 300 de ses œuvres.

"Toulouse-Lautrec est un des grands peintres de la vie et des mœurs modernes. (...) Pour avoir employé ses dons magnifiques, sa fine et haute intelligence à décrire des scènes, des héros ou des comparses de la comédie humaine, Henri de Toulouse-Lautrec n’a démérité ni de son nom, ni de son origine, ni de sa terre". Ainsi, s’exprimait, Léon Berard le ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts le 30 juillet 1922. Ce jour-là était inauguré le musée Toulouse-Lautrec, à Albi.

Une photo de Henri de Toulouse-Lautrec, réalisée par Paul Sescau, photographe place Pigalle. / DDM

Cent ans plus tard, ce musée est toujours un des fleurons de la ville, un lieu mondialement connu. Celui au monde où il y a le plus d’œuvres de Toulouse-Lautrec. Un peintre toujours aussi populaire.

Pourtant pour arriver à la création de ce musée le chemin fut long et semé d’embûches. Le premier musée albigeois est créé en 1876, à l’hôtel de ville. En 1880, il est transféré à l’hôtel Rochegude puis en 1907 au palais de la Berbie. Le conseil général a concédé la jouissance du bâtiment à la ville sous réserve d’y installer un musée public.

Entre-temps, Henri de Toulouse-Lautrec s’est éteint en 1901. La famille du peintre a confié à son ami, Maurice Joyant le soin de valoriser le fonds lui appartenant. Ce dernier fait le tour des musées parisiens. Mais c’est l’échec. L’œuvre du peintre albigeois ne correspond pas aux canons des musées nationaux. Une lourde erreur d’appréciation qui aura des conséquences énormes pour Albi.

Exposition "Quand Toulouse-Lautrec regarde Edgar Degas" / DDM, MPV

Maurice Joyant, la mère du peintre et son cousin Gabriel Tapié de Céleyran se tournent alors vers la ville d’Albi. Ils convainquent le conseiller municipal en charge du musée, Louis-Charles Bellet et le maire Edouard Andrieux, de la justesse de leur projet. Dans une lettre commune, datée de 1919, il exprime leur volonté commune d’offrir à la ville d’Albi le fonds de l’atelier de l’artiste, soit 300 œuvres.

Mais là encore, les choses ne sont pas simples. Et cette donation prendra du temps comme l’a expliqué dernièrement le descendant de Gabriel Tapié de Céleyran, Bertrand du Vigneau. Le père de Lautrec étant décédé en 1913, la succession était répartie entre la mère de l’artiste et ses héritiers. Il a donc fallu que ces derniers renoncent à leur part d’héritage en faveur de leur tante afin de lui permettre de signer la donation au nom de la famille. Pour y arriver, il fallut toute l’insistance de Gabriel Tapié de Céleyran. L’acte de renonciation finale sera réalisé le 28 mars 1924. Pas loin de deux ans après l’ouverture du musée.

Musée Toulouse Lautrec à Albi / DDM, MPV

La donation initiale sera complétée par d’autres. Maurice Joyant donne ainsi trois tableaux, Gabriel Tapié de Céleyran son portrait à la comédie française. Tous n’ont qu’un objectif : établir un temple à la gloire de l’art de Lautrec. Au fil du temps, d’autres acquisitions seront faites par la société des amis du musée. En 2022, le musée a ainsi acquis Bruno, une œuvre de jeunesse grâce au mécénat.

Président du conseil d’administration, Louis-Charles Bellet, va contribuer à la renommée du musée jusqu’à sa mort en 1951. Il enrichira sans cesse les collections avec l’aide du conservateur Édouard Julien. : des œuvres de Marquet, Vuillard, Bonnard, Matisse, Utrillo, Vlaminck, Émile Bernard, Kostia Terechkovitch, Yves Brayer…

Cent ans plus tard, ce sont près de 175 000 personnes qui visitent le musée chaque année.

Musée Toulouse Lautrec à Albi / DDM, MPV