Haute-Garonne : Climat futur

11/10/2021


Publié le 10/10/2021 à 06:42  | La Dépêche du Midi |  Sophie Vigroux

Haute-Garonne : pour le climat futur, c'est confirmé, ça va chauffer plus fort et plus souvent


Avec l’augmentation des fortes chaleurs l’été, il faut trouver des moyens de rafraîchir les villes : les fontaines peuvent être une solution. / DDM, Archives, Frédéric Charmeux.

Dans les prochaines années, les canicules vont se multiplier. C’est une certitude. Particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur, les villes cherchent des solutions pour appréhender ces épisodes.
 
On se souvient tous de l’été 2003 où la canicule avait fait 15 000 morts en France. Ces épisodes de fortes chaleurs vont-ils se multiplier d’ici 2050 et après ? La réponse est : OUI. Pour Michel Schneider, spécialiste du climat à Météo France Toulouse, rattaché à l’équipe EMA (Etudes et Modélisation pour l’Adaptation), les graphiques parlent d’eux-mêmes. « C’est une certitude : la température va continuer à augmenter et les vagues de chaleur vont devenir de plus en plus sévères », annonce le scientifique toulousain. Ce diagnostic s’applique tant à l’échelle régionale que nationale.

Les épisodes caniculaires vont doubler d’ici 2050 et exploser après. « Cela revient à avoir des épisodes de vagues de chaleur tous les étés dans la deuxième moitié du siècle », résume Michel Schneider. Le réchauffement climatique est clairement visible sur les séries d’observation menées par le chercheur de Météo-France. On note ainsi une augmentation des températures moyennes de l’ordre de 1,8 °C, entre 1900 et 2020. Ce réchauffement s’est même accentué de façon très nette au cours de ces trois dernières décennies, « avec presque un degré de plus tous les 30 ans », poursuit le spécialiste. Et ce dernier d’ajouter : « Depuis 1985, on a des températures en permanence dans le rouge parce que le climat continue à se réchauffer. Les derniers étés sont très chauds, avec un record pour celui de 2003 ».

Le scientifique de Météo France appréhende le climat futur en utilisant des simulations ou modèles climatiques qui prennent en compte la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Partant de là, trois scénarios sont envisagés au-delà de 2050 : pessimiste (le CO2 dans l’atmosphère continue à croître), médian (le CO2 se stabilise sans dépassement) et optimiste (on atteint un pic en 2040, puis cela décroît). Sachant qu’en 2100, pour le scénario pessimiste, le réchauffement pourrait atteindre 4 °C et même dépasser les 5 °C en été, ce qui va accentuer les problématiques de vagues de chaleur.

Vagues de chaleur dès juin
Pour rappel, la vague de chaleur se définit « par des températures remarquablement élevées pendant une période donnée ». Les simulations révèlent que les épisodes futurs vont commencer plus tôt (dès le mois de juin), se terminer plus tard (en octobre) et seront plus intenses et sévères. « On le constate déjà, cela va s’accentuer, confirme Michel Schneider. D’un point de vue sanitaire, ce sont surtout les températures nocturnes qui posent problème. Comme elles restent élevées la nuit, le corps n’a pas de moment de récupération et vit de plus en plus mal ces épisodes », ajoute-t-il. De 1947 à 2020, 43 vagues de chaleur ont été identifiées, en France, dont 33 entre 1984 à 2020. « Cela confirme qu’elles sont de plus en plus fréquentes dans un climat qui se réchauffe par ailleurs. Celle de 2003 reste la plus sévère. Mais en 2019, on note un pic de chaleur égal à celui de 2003 », conclut le spécialiste du climat.

3 fois plus d’épisodes de fortes chaleurs
En Occitanie, de 1947 à 2020, 39 épisodes de fortes chaleurs ont été recensés, dont 31 de 1985 à 2020. Ils ont donc été multipliés par trois ces derniers 35 ans et sont aussi plus longs, selon les données de Météo France.

En Midi-Pyrénées, les diagnostics sont les mêmes. On recense 44 épisodes de canicules sur la même période, dont 36 de 1985 à 2020. Là aussi on voit que cela explose, avec une multiplication par quatre.

En Haute-Garonne enfin, on compte 6 vagues de chaleur 1947 à 1985 et 32 de 1985 à 2020. Les plus intenses, se sont produites au cours des 20 dernières années.
Si rien n’est fait pour réduire les gaz à effet de serre, on pourrait observer d’ici 2050, un épisode au moins aussi sévère que celui de 2003 tous les 15 ans. Et d’ici 2100, presque trois vagues de chaleur par an, et un épisode au moins aussi sévère que 2003 plus d’une année sur deux. Pas vraiment rassurant !


Publié le 10/10/2021 à 06:44  | La Dépêche du Midi |  Sophie Vigroux

La chercheuse toulousaine Julia Hidalgo : " Il existe des solutions pour rafraîchir les villes"


La chercheuse du CNRS, Julia Hidalgo fournit des recommandations pour la prise en compte du climat dans les plans d’urbanisme de la métropole toulousaine de demain. / DDM, S.V.

Face à la multiplication annoncée des canicules, Toulouse s’adapte. Chercheuse du CNRS, Julia Hidalgo, explique les enjeux de la végétalisation, des formes urbaines, de la ventilation…

Suivant qu’on vit dans le cœur de Toulouse, aux Minimes ou à Balma, les solutions pour limiter l’augmentation des températures durant les canicules ne sont pas les mêmes. C’est ce qu’étudie cette chercheuse au LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, société), à l’Université Jean-Jaurès de Toulouse.

Pour ce faire, le LISST crée des cartes à partir des données de Météo France sur le stress thermique, en journée, « qui prend en compte la température de l’air, mais aussi l’humidité, le vent ». La nuit, il s’intéresse au phénomène d’îlots de chaleur urbains, « qui correspond à l’excès de la température produit par l’urbanisation ». Ces cartes fournissent des diagnostics microclimatiques utilisés pour les plans locaux d’urbanisme et le Plan Climat énergie territorial.

Les études du LISST révèlent que le centre de Toulouse se comporte comme un îlot de fraîcheur en journée, « car les rues sont étroites, le soleil ne rentre pas de plein fouet. Mais la nuit, on se retrouve sur un îlot de chaleur fort car le secteur est entouré d’une grande zone urbaine », précise Julia Hidalgo. Pour rafraîchir l’atmosphère, elle propose la mise en place de voiles saisonniers sur les rues, l’arrosage des chaussées à certaines heures et d’éviter la clim qui ajoute de la chaleur à l’air extérieur.

La journée, dans les faubourgs de la première couronne (Minimes, St-Michel, St-Cyprien…), il y fait plus chaud qu’au centre-ville « car la forme urbaine favorise l’ensoleillement en particulier avec des rues plus larges. Ces quartiers étant traversés par la Garonne ou des canaux arborés, il serait possible de faire « déborder cette végétation sur les premières rues pour apporter de la fraîcheur », préconise Julia Hidalgo.

Enfin, concernant les communes de première couronne (Balma, Colomiers, Cugnaux…), « il y a là de forts îlots de chaleur urbains concentrés sur les centres-villes mais surtout de grandes extensions autour qui peuvent vite basculer sur des valeurs fortes si la tendance à l’imperméabilisation se poursuit. Il faut prendre en compte, dans les futurs aménagements, les zones vertes existantes et les systèmes de ventilation naturels des coteaux vers les plaines», conclut la chercheuse.
 

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