Un viaduc entre Tarn et Aveyron
Publié le 08/08/2021 à 05:15 | La Dépêche du Midi |
Entre Tarn et Aveyron, le viaduc du Viaur
Le viaduc du Viaur relie les départements de l’Aveyron et du Tarn par une ligne de chemin de fer positionnée à plus de 100 m au-dessus du lit du Viaur qui serpente à ses pieds / DDM
L’Aveyron aime les viaducs. Il existe celui de Millau mais aussi celui du Viaur; deux prouesses techniques réalisées à des époques différentes pour des résultats spectaculaires
C’est le 18 décembre 1902 que commença la mise en service du viaduc du Viaur. La vitesse du train roulant dessus fut limitée à 80 km/h. Cette date marque le terme d’une aventure industrielle commencée quelques années plus tôt, en 1 875 lorsqu’un projet de loi définit comme une priorité, la création de la ligne Carmaux-Rodez.
L’objectif est de faciliter les nombreux échanges économiques entre Tarn et Aveyron qui sont ralentis par le franchissement de la rivière, Viaur.
Carte postale de l’inauguration du Viaduc (1902) / DDM
À cette époque, en France le train se développe. Un appel à projet est réalisé en 1 888 afin de franchir le Viaur. Gustave Eiffel dépose l’un des sept projets.
En 1889, la commission chargée de choisir le nom du futur architecte choisit un Albigeois, Paul Bodin dont l’esthétique du projet est mis à l’honneur. La première pierre est posée le 9 mai 1895 alors que les travaux ne débutent qu’à la fin de 1886. L’idée est de réaliser un viaduc unique en France dit à "arcs équilibrés" ou "à poutres balancées".
La charpente métallique pèse 3 880 tonnes, trois fabricants français ont façonné ces pièces métalliques. On compte un million de rivets posés manuellement.
La majesté du viaduc s’impose lorsqu’on le regarde dans son intégralité / DDM, EC
200 ouvriers sur le chantier
200 ouvriers ont œuvré sur ce chantier qui a duré 6 années. La maçonnerie commence sur le côté tarnais en novembre 1886. Le montage de la structure métallique débute en mars 1887. Les pièces sont assemblées à l’extérieur du chantier puis amenées par rail sur un chariot vers le site dans une limite de poids de 4 tonnes par voyage.
Un échafaudage de bois, des pylônes de bois, des haubans métalliques assurent l’équilibre.
Le problème se corse lorsqu’il faut précéder à la construction des deux demi-arc centraux. Les ouvriers sont à plus de 100 m au-dessus du lit de la rivière.
C’est la création d’une plate-forme roulante équipée d’une grue pivotante et d’un échafaudage suspendu qui règle le problème technique.
Il enjambe la vallée du Viaur / DDM
Le 4 juillet 1902, les demi-arcs se rejoignent et sont reliés par une clé de voûte articulée.
Le 5 octobre 1902 se déroule l’inauguration du viaduc. Le poids du train a pour effet d’équilibrer la structure.
Cette approche technique inquiète. On dit qu’un mécanicien a sauté du train avant qu’il ne s’engage sur le viaduc de peur qu’il ne s’effondre.
Des tests poussés de résistance de l’ouvrage ont lieu après l’inauguration avant ce 18 décembre 1902 où Tarn et Aveyron furent unis par un viaduc ferroviaire à une voie unique permettant de désenclaver économiquement la région du Ségala.
Aujourd’hui, le viaduc permet toujours au train de franchir le Viaur ; c’est aussi un exceptionnel témoignage de technologie maîtrisée.
L’extraordinaire ouvrage d’art du patrimoine du territoire devrait cette même année être enfin classé aux Monuments Historiques alors qu’il va fêter ses 120 ans de bons et loyaux services et reste unique en son genre.
Le viaduc est aussi membre d’un réseau européen de six ponts à grande arche (réseau en voie de formation) qui seront proposés à l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une locomotive à vapeur sur le viaduc du Viaur le 20 novembre 1902. / DDM
Paul Bodin le père du viaduc
Ingénieur, diplômé de Central, Paul Bodin, né à Saumur en 1847, ayant fait ses études à Albi où son père architecte avait été nommé, est le père du viaduc du Viaur. Un des ses principes d’architecte était que sa création "ne "gâche pas le paysage".
Outre le viaduc de Millau, on doit à Paul Bodin, les réalisations du pont de la Trinité (Saint-Pétersbourg – Russie) en 1897, du Viaduc de Faux-Namti, ou "pont des arbalétriers" (province chinoise du Yunnan) en 1907 et du Viaduc d’Asopos (Grèce) en 1908. Paul Bodin est décédé à Paris en 1926.
Un géant d’acier : le viaduc du Viaur / DDM
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