La reconnaissance du pastel
Publié le 12/08/2021 à 18:45 | La Dépêche du Midi | Lucie Tollon
La teinture au pastel du Pays de Cocagne désormais inscrite au Patrimoine immatériel français
La plante de pastel était utilisée par les teinturiers pour son pigment bleu / DDM, DR
Ce savoir-faire régional datant du Moyen Âge est enfin reconnu au Patrimoine culturel immatériel français. Une bonne nouvelle pour la filière qui ne cesse de se réinventer.
Un des trésors historiques et locaux est désormais reconnu par le ministère de la Culture. Les savoir-faire liés à la teinture au pastel en Pays de Cocagne font leur entrée au Patrimoine culturel immatériel français. Une bonne nouvelle pour une filière qui renaît de ses cendres.
"Une vraie reconnaissance pour notre filière, une fierté que le pastel soit mis en lumière à l'heure des teintures chimiques", s'enthousiasme Sandrine Banessy, co-fondatrice du groupe Terre de Pastel - Bleu par nature, avec Jean-Jacques Germain qui comprend 40 salariés dans la région toulousaine.
Elle et ses confrères, surtout dans le Gers, le Tarn et la Haute-Garonne, travaillent cette plante dont les feuilles sont utilisées pour teindre en bleu toutes sortes de supports. D'ailleurs, la couleur bleue n'existe pas dans les feuilles du pastel. C'est la fermentation de ces feuilles qui "casse" des sucres libérant ainsi des éléments qui s'assemblent pour produire ce fameux bleu.
Le pastel était à la base une plante médicinale. Le pastel était à la base une plante médicinale. / DDM JEAN MARC GUILBERT
Ce savoir-faire médiéval fut la première grande aventure économique de la région "bien avant Airbus. Notre travail d'excellence, comme pour le vin dans le Bordelais par exemple, rayonne dans toute la France et dans le monde. Cette inscription prouve que notre réinvention du travail du pastel, notre retour vers des savoirs d’antan paie !", continue celle qui a replanté des feuilles de pastel il n'y a que huit ans.
Des bijoux aux éventails, l'industrie du Pastel se développe et se modernise
Si les premiers drapeaux français étaient teints au bleu pastel, cette industrie médiévale qui avait fait la renommée de la région il y a plusieurs siècles avait fini par disparaître. Avant de revenir et de se réinventer depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, ce n'est plus simplement des textiles que l'on peut trouver mais de la bière, du miel, des cosmétiques ou même des bijoux à partir de cette plante qui était à la base médicinale. Les possibilités sont infinies. "Avec le retour des beaux jours, je suis en train d'imprimer des éventails à partir du pastel", s'amuse Sandrine Banessy.
Aux yeux de ces professionnels, cette reconnaissance va permettre la redécouverte de cette histoire locale mais surtout un nouvel essor de cette économie répondant aux préoccupations environnementales actuelles.
Le fameux bleu de pastel. Le fameux bleu de pastel. / DDM JEAN MARC GUILBERT
"Un attrait touristique et culturel unique"
Dans la région, cette filière représente en tout 20 entreprises "ennoblisseurs textile au Pastel" et environ 30 entreprises "ennoblisseurs textile teinture naturelle" (dont le Pastel), une communauté de maîtres teinturiers, artisans d’art et créateurs designers, des chercheurs et scientifiques qui travaillent à l’optimisation des procédés d’extraction et de teinture, une filière économique ancrée dans l’économie locale, des enjeux de préservation et de transmission, un attrait touristique et culturel unique", se félicitait la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de la Région Occitanie qui a travaillé un an et demi pour cette entrée au Patrimoine culturel immatériel français.
Une filière qui voit, en tout cas, depuis cette reconnaissance la vie en rose et l'avenir en bleu.
Annette Hardouin, créatrice textile et maître artisan. / Photo DDM, AHPY
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