La Lozère, terre de colonies
Publié le 20/08/2020 à 09:33 | Midi Libre | Selma Riche
La Lozère, terre prisée pour des colonies de vacances au grand air
Colonie de Masméjean (Saint-Maurice-de-Ventalon), association Enfance ouvrière nîmoise au grand air. / ML
Encouragées par le Front populaire, les colos connaissent leur apogée après-guerre.
"Les colonies de vacances constituent rapidement un vrai mouvement migratoire temporaire, explique Pauline Gendry. Il s’agit de sortir les enfants des villes. Et en Lozère, ils viennent des bassins ouvriers d’Alès et de Nîmes."
La directrice des Archives départementales de Lozère rappelle que les colonies de vacances sont apparues au XIXe siècle, en même temps que le tourisme dans les gorges du Tarn.
"Il y avait un désir d’offrir un grand bol d’air frais de la montagne aux enfants pauvres des villes, dans un constat hygiéniste et curatif de prévention de leur santé, explique-t-elle. À la fin du siècle, les associations protestantes suisses et allemandes en sont les pionnières. "
Colonie de Masmejean : jeux au bord du Tarn
Randonnée et cueillette de myrtilles
Tout au long du début du XXe siècle, les colonies de vacances se multiplient et quittent le littoral pour se déplacer en haute et moyenne montagne, "loin de la pollution, au cœur des forêts et au calme", précise Pauline Gendry.
Les associations religieuses, les syndicats, les coopératives ouvrières et les municipalités de gauche s’impliquent. "En 1932, est créée l’Enfance ouvrière nîmoise au grand air qui organise des vacances au Pont-de-Montvert. Elle illustre cette volonté de faire vivre aux enfants d’ouvriers une expérience éducative hors des villes. Elle les accueillera jusqu’en 1982. "
Comme sur la photo ci-dessus, les enfants font des activités de plein air : cueillette de framboises, de myrtilles et de lavande, randonnées, excursions au Point Sublime, au viaduc de Garabit, et camping pour les plus grands.
Repas en plein air, colonie de St Julien d'Arpaon
Le tournant du Front populaire
En mai, l’arrivée du Front populaire, composé des socialistes, des communistes et des radicaux, au second tour des élections législatives, marque un tournant pour les vacances des jeunes citadins. Ce sont les premiers congés payés et l’avènement des loisirs.
"Pour la première fois est créé en juin 1936 un sous-secrétariat aux Sports et à l’Organisation des loisirs, détaille Pauline Gendry. À sa tête, Léo Lagrange promeut et organise le tourisme populaire, et il donne une nouvelle dynamique aux colonies de vacances. "
La Lozère connaît un essor des colonies de vacances après-guerre, avec la poursuite de la politique du Front populaire pour des vacances éducatives, encouragée par la reprise économique, le boum de la natalité et les investissements des comités d’entreprise. "En 1956, la SNCF emmène les enfants de cheminots en colo à Saint-Chély-d’Apcher", raconte Pauline Gendry.
Colonie de Grizac, le Gai Soleil
"Sans électricité ni eau courante"
En 1949, l’Église réformée évangélique d’Alès fait même l’acquisition d’une propriété à Grizac pour y installer la colonie du Gai Soleil. L’année suivante, elle accueille deux séjours de 80 enfants en juillet et août. "Sans électricité ni eau courante, les jeunes se douchent dans le ruisseau et se ravitaillent dans les fermes alentour ", ajoute Pauline Gendry.
Plus tard, une dizaine de particuliers de Cabannes, dans les Bouches-du-Rhône, achètent un moulin dans le village lozérien d’Auroux et y organisent des colonies de vacances pour les enfants de Cabannes et ses environs.
Les colonies de vacances connaissent un déclin dans les années 1970 : "La société de consommation multiplie les offres de loisirs, les vacances s’organisent en famille et les aides d’État au départ en colo diminuent, justifie Pauline Gendry. Dans ces années-là, on compte trois fois moins de colos qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale. "
Groupe d'enfants, Colonie d'Auroux
Masmejean, colonie Notre Dame
Colonie de Grizac, le Gai Soleil
Réfectoire, colonie de Masmejean
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