Les grandes épidémies de l'histoire
Publié le 22/03/2020 à 05:18 | La Dépêche du Midi | Philippe Rioux
L’histoire de l’humanité marquée par les épidémies
Un camp de l’armée américaine à Aix-Les-Bains accueille des malades de la grippe espagnole en 1918/ Photo U.S. Army Medical Corps, National Museum of Health & Medicine.
L’épidémie de coronavirus Covid-19 qui frappe le monde et dont l’Europe est devenu l’épicentre nous invite à nous retourner sur le passé pour voir comment l’humanité a surmonté les pandémies au fil de l’Histoire. Et c’est peu dire qu’il y en a eu beaucoup.
Dès l’Antiquité, les Hommes ont dû faire face à des épidémies qui duraient souvent plusieurs années. La peste, qui remonte à l’Égypte pharaonique, le choléra, la variole, le typhus, la "grippe espagnole" de 1918, et plus près de nous, le virus Zika, Ebola, le SRAS, sans oublier le VIH et, donc, le Covid-19.
La peste noire du Moyen âge… au XXIe siècle !
La plus meurtrière de toutes ces épidémies pour l’Humanité reste la peste. Vraisemblablement née en en Égypte en 541, la peste de Justinien, du nom de l’empereur, tua environ 25 millions de personnes à travers le monde ; bilan énorme pour l’Antiquité. Entre 1347 et 1352, la peste noire, venue de Crimée, décime entre 30 et 50 % de la population européenne et fait entre 25 et 30 millions de victimes. Après six ans de présence en Europe, elle continuera à réapparaître régulièrement à travers les siècles.
Aucun pays ne sera véritablement épargné. La peste bubonique tue ainsi 20 % de la population de Londres durant l’hiver 1664-1665. En 1920, on la retrouve à Paris (la peste des chiffonniers), en 1942, le Japon s’en est servi comme arme bactériologique lors de la guerre contre la Chine, en 1997, elle revient en Jordanie, en 2015, on en trouve trace dans le métro de New York ! Selon une étude parue dans la revue scientifique Cell Host & Microbe en 2016, elle serait à l’origine des épidémies actuelles.
La septième pandémie de choléra
Si la peste reste tout de même rare, le choléra, apparu au XIXe siècle continu de faire des ravages. Selon les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a près de 95 000 décès liés au choléra dans le monde, pour environ 2,9 millions de cas suspects, essentiellement en Inde et au Bangladesh. C’est aujourd’hui l’Afrique qui est la principale victime de la septième pandémie connue de choléra, qui a débuté en Indonésie en 1961. Si un vaccin existe, son effet reste limité dans le temps, d’où la difficulté d’endiguer cette épidémie. En l’absence de traitement, cette infection très contagieuse peut tuer en quelques heures.
Entre 50 et 100 millions de morts pour la grippe espagnole
La grippe espagnole, survenue il y a un peu plus d’un siècle durant la Première Guerre mondiale, a fortement marqué les Européens. Contrairement à son nom, elle n’était pas originaire d’Espagne mais de Chine. Cette pandémie a été baptisée grippe espagnole parce que seule l’Espagne, qui n’était pas impliquée dans la Grande guerre, publiait des informations sur les cas de contamination tandis que les autres pays belligérants se gardaient bien de le faire pour ne pas démoraliser les troupes. Selon les estimations, elle a fait entre 50 et 100 millions de morts, soit bien plus que le bilan de la Première Guerre mondiale qui a causé 18 millions de victimes.
Dans les années 50, la grippe asiatique
Dans les années 50, le monde est confronté à une autre épidémie particulièrement meurtrière : la grippe asiatique. Identifié pour la première fois dans la province de Guizhou en Chine en 1956, le virus se propage partout dans le monde en quelques mois jusqu’aux Etats-Unis qui seront l’un des pays les plus touchés avec 69 800 morts. Cette grippe asiatique, variante de la grippe aviaire, a causé 1 à 4 millions de morts selon l’OMS. Elle a ensuite évolué et entraîné une autre pandémie de 1968 à 1969 : la grippe de Hong Kong, qui a tué environ un million de personnes.
La tuberculose, maladie infectieuse
Il y a également ces maladies que l’on croit en Europe à tort éradiquées comme la tuberculose. Et pourtant. Cette maladie infectieuse reste l’une des dix premières causes de mortalité dans le monde. En 2015, selon l’OMS, 1,5 million de personnes sont mortes de la tuberculose et 480 000 personnes ont développé une tuberculose multirésistante. L’OMS souligne toutefois que la mortalité a baissé de 47 % depuis 1990 grâce au développement des traitements bien sûr, mais aussi grâce au dépistage et à la prévention.
Le VIH, épidémie la plus complexe
Dépistage et prévention sont d’ailleurs au cœur de la lutte contre l’épidémie du VIH, qui est, selon l’OMS, l’une des maladies infectieuses "les plus complexes, les plus éprouvantes et sans doute les plus dévastatrices" que l’humanité ait eue à combattre. Depuis le début de l’épidémie en 1981, plus de 70 millions de personnes ont contracté l’infection et environ 35 millions de personnes sont décédées. Mais aujourd’hui, grâce aux trithérapies, des traitements antirétroviraux, près de 37 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH et les séropositifs traités ne sont plus contaminants.
Au fil des siècles, ces épidémies ont bouleversé la vie des Hommes, redessiné des pans entiers de la société et redéfini les relations humaines Elles ont aussi fait progresser la science et notre compréhension du vivant. L’épidémie du Covid-19 qui nous frappe nous permettra là aussi de progresser sur ce chemin.
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