Tarn : 61% des eaux en mauvais état

17/5/2019


Publié le 29/04/2019 à 07:53  | La Dépêche du Midi |  Aurore Cros

61% des eaux du Tarn en mauvais état


La rivière Agout à Brassac dans le Tarn / Photo DDM, Émilie Cayre

Selon la directive cadre européenne de 2000 (DCE), 61% des masses d'eau du Tarn seraient en état écologique «dégradé». Des chiffres à nuancer, les pollutions étant diverses et leur impact plus ou moins important.

Selon les normes environnementales fixées par l'Europe, les cours d'eau du Tarn seraient en mauvais état écologique (61% dégradés). Des critères qui prennent en compte l'aspect physico-chimique (les phosphates, les nitrates …), les caractères biologiques (l'analyse des invertébrés, le peuplement de poissons, les algues) et la morphologie des cours d'eau (la présence de barrages, les recalibrages de cours d'eau).
Un bien mauvais résultat jugé «moyen par rapport à la moyenne nationale» par l'agence de l'eau Adour-Garonne qui préfère mettre en avant les bons résultats biologiques (63% en bon état).


En vert le bon état, en rouge le mauvais état écologique des cours d'eau du Tarn - Document Agence de L'eau Adour-Garonne

Le recalibrage des cours d'eau pour l'agriculture
Les raisons de ces dégradations sont multiples. Sur l'aspect morphologique, «l'une des causes de ces pollutions réside dans les travaux hydrauliques réalisés dans les années 70 - 80 pour adapter les parcelles à la mécanisation agricole, avec le recalibrage des cours d'eau», assure Daniel Maynadier, chef de service à l'Agence Française pour la Biodiversité (AFB), la police de l'eau. Un recalibrage générant des problèmes d'étiage en période de crue. Il y a 40 ou 50 ans, les politiques publiques allant dans le sens de ces travaux favorisant l'agriculture intensive.

Les pesticides
Les produits phytopharmaceutiques utilisés (les pesticides) constituent une pollution non négligeable des cours d'eau tarnais. «Plusieurs études écotoxicologiques tendent à démontrer que les pesticides présents dans l'eau peuvent causer des problèmes de reproduction», précise l'inspecteur environnement.


Le plan d'eau de la Roucarié / Photo DDM

Les analyses effectuées par l'AFB ont révélé régulièrement la présence de pesticides, présents sur une grande partie des cours d'eau tarnais, notamment sur ceux du Tarn et de l'Agoût, mais également des cours d'eau plus modestes :le Tescou, l'Assou, le Bagas, l'Agros.

Les retenues de La Roucarié et de Fontbonne sont aussi des zones très suivies, avec la présence de «cyannobactéries» à cause des eaux qui stagnent.
Les rejets industriels aussi peuvent provoquer une chute des densités de poissons et des invertébrés. Si l'on voulait établir une cartographie des bassins les plus impactés par des activités industrielles, on pourrait citer les anciens sites miniers du Haut-Dadou dû aux anciennes activités de mégisserie, de tannerie et délainage.


Le Thoré mors d'une crue / Photo DDM, JMG

Les activités minières
Une partie de ces sites n'ayant pas fait l'objet d'une dépollution adéquate (car très coûteuse). Installées en bordure du Thoré et de ses affluents, certaines usines ont subi des dégâts importants suite à de fortes inondations le siècle dernier.

Dans l'ancien bassin houiller de Carmaux, dans la rivière du Cérou ou dans le Thoré, les pollutions étaient longtemps liées aux activités minières, mais «l'état de l'eau s'est amélioré en quinze ans», commente Gilles Bernad, responsable adjoint au service biodiversité à la DDT depuis «la mise en place de stations d'épuration».

La qualité des cours d'eau dans le Tarn serait «relativement bonne» en moyenne montagne, surtout au sud du département selon lui : dans la Montagne Noire ou le Lacaunais. «La rivière de L'Arn est d'une très bonne qualité, cela se vérifie par la présence de moules perlières, des espèces protégées», assure-t-il.


61% des cours d'eau du Tarn en état écologique dégradé - Document DDT

Des analyses sur le bassin du Thoré et l'Arnette
Des études effectuées sur le bassin du Thoré et de l'Arnette par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) font part d'un autre constat. Dans un rapport public publié en janvier 2018, l'institut révèle la présence de micropolluants organiques (pesticides, hydrocarbures, solvants ), dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines, sur la période 2002-2015. Des pollutions «difficiles à éliminer» à court terme. Pour les eaux de surface, les concentrations les plus conséquentes se situent sur l'Arnette, certaines molécules dépassant les normes environnementales. 

Mais la situation la plus préoccupante concerne les eaux souterraines. Les concentrations en tétrachloroéthylène (PCE) et trichloroéthylène (TCE) sont telles que, selon le rapport, l'existence de «produit pur» dans la nappe n'est «pas à exclure». Toujours selon ce rapport, les communes les plus concernées sont celles de Mazamet et celle du Bout-du-Pont-de-l'Arn, et dans une moindre mesure celle de Labastide-Rouairoux. L'étude révèle aussi la présence de métaux lourds. Sur ces secteurs, autant dans les eaux souterraines que dans les eaux de surface, le rapport soulève, entre autres, la présence d'aluminium, d'arsenic, de cadmium, de chrome et de plomb.


L'Arnette peut se montrer redoutable / Photo DDM

Il arrive parfois que la police de l'eau retrouve des poissons asymétriques, ou constate le développement de mycoses sur la peau des poissons, des maladies parasitaires dans les milieux qui subissent une pollution organique. «Le plus flagrant, c'est lorsqu'on observe des pollutions toxiques avec des espèces qui disparaissent en aval d'anciens sites miniers notamment», explique Daniel Maynadier.

Des PCB dans les cours d'eau en Occitanie
Des recherches ont été menées par le service qualité des eaux de surface de l'Agence de l'eau concernant les PCB.


En décembre 2016, la statio d'épuration de Castres avait été polluée au PCB / Photo DDM

Sur une carte du bassin Adour-Garonne, on observe la présence de PCB sur l'ensemble de ses cours d'eau. «On a rencontré ces problèmes il y a quelques années, mais aujourd'hui ce ne sont pas les difficultés majeures que l'on rencontre», assure Guillaume Choisy, directeur de l'Agence de l'eau.

Des prélèvements ont été effectués dans le sédiment des eaux entre 2014 et 2018 (les particules en suspension) sur 497 points stratégiques sur le bassin Adour-Garonne : 175 ont révélé la présence de PCB ou pyralène, ces huiles chimiques créées autrefois par Monsanto servant de liquide réfrigérant ou de lubrifiant utilisé pendant cinquante ans comme isolant dans la construction de transformateurs électriques et appareils hydrauliques industriels en France, aux effets dévastateurs pour la santé humaine (classé cancérigène par le CIRC).


La détection des PCB sur le bassin Adour-Garonne - Document de l'Agence de l'eau Adour-Garonne

https://www.ladepeche.fr/2019/04/29/61-des-eaux-du-tarn-en-mauvais-etat,8172317.php


On va nager dans le Tarn pour le premier triathlon d'Albi / Photo DDM, archive MPV

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site