Dans le vignoble gaillacois
Publié le 13/08/2018 à 07:50 | La Dépêche du Midi |
La nouvelle vie haut de gamme du Château de Tauziès
Jacques Tranier et Nathalie Deschamps, les nouveaux propriétaires du domaine «Château de Tauziès» : les 15 meublés de tourisme devraient ouvrir pour le Festival des Lanternes./ Photo DDM
La rumeur se faisait insistante, puis s'effaçait : le projet de rachat du Château de Tauziès - bâtisses et 55 hectares de terres, dont 36 ha de vignes - faisait partie des conversations récurrentes. C'est acté depuis le printemps, les travaux de réaménagement ont commencé et les quinze meublés de tourisme, premier étage de la fusée oeno-touristique, devraient être livrés pour l'ouverture du Festival des Lanternes, en décembre. Les acquéreurs sont Jacques Tranier (à titre personnel) et Nathalie Deschamps, créatrice l'an dernier de Tchin&Co, une agence de réception et d'événementiel. Le château abritera trois catégories d'hébergements : des suites standards (avec kitchenette et salles de bains), des Premium et des Premium avec terrasse.
«Nous voulons faire du haut de gamme» résume Nathalie Deschamps. L'œno-tourisme d'affaires complétera le dispositif.
Lors de la rénovation / Photo FB, Château de Tauziès
Professionnels et particuliers
Dans une bâtisse imposante face au château, une salle de 200 m2 et autant de surface en terrasse couverte, pourront accueillir des réceptions ou mariages. Le cabinet gaillacois «L'architecture au féminin» a conçu les plans et les investisseurs ont recouru à des entreprises tarnaises. Tauziès fut «le» fleuron du vignoble, quand la famille Mouly, venant d'Algérie, en a pris les commandes : les deux frères ont été des locomotives et ont tiré Gaillac vers l'AOC en 1968. C'était le temps où l'on demandait «un Tauziès» comme on aurait dit un Gaillac. La famille et le domaine connurent ensuite des difficultés. La renaissance du nom et du lieu, sur un belvédère à deux pas de la ville, est perçue comme une heureuse nouvelle.
Les chambres auront entre 30 et 50 m2, le domaine s'inscrira dans la marque internationale «Relais du Silence», qui regroupe des sites de charme et de nature. Jacques Tranier et Nathalie Deschamps avaient - chacun de leur côté - l'envie de miser sur l'accueil et le vin. «On cherchait juste un lieu». Ils l'ont trouvé, et ensemble.
/ Photo FB, Château de Tauziès
Le domaine disposera de ses propres cuvées
Une fois les travaux terminés, Nathalie Deschamps et Jacques Tranier, acquéreurs du domaine de Tauziès, ont prévu de recruter deux salariés, un pour le management de la structure, l'autre pour gérer le caveau. Car Tauziès disposera de ses propres cuvées, vinifiées au Château de Candastre (Tauziès et Candastre ont fusionnée au sein de la même Société Civile d'Exploitation Agricole (SCEA). «Vinovalie sera uniquement chargé de la commercialisation des vins. La coopérative n'est pas impliquée dans l'achat du domaine» précise Jacques Tranier pour couper court aux confusions. La gamme de Tauziès s'orientera vers le circuit de restauration, celle de Candastre vers la Grande Distribution. Le caveau de Tauziès aura un point de vente sur place. Les premières cuvées, sous leur nouvelle étiquette, sortiront cet hiver : «Les Cèdres de Tauziès», en blanc, rouge et rosé, «Les Bulles de Tauziès» ainsi qu'une cuvée haut de gamme 2017 en rouge.
Publié le 14/08/2018 à 07:37 | La Dépêche du Midi | JAL
Et si l'avenir de la vigne se trouvait en forêt ?
Robert Plageoles a passé le relais à son fils et aux petits-enfants. Mais il reste un infatigable chercheur. Après le temps des archives, celui de la prospection en forêt de Grésigne continue. À la recherche des vignes sylvestres./ Photo DDM
Dans le vignoble gaillacois et au-delà, Robert Plageoles est quelqu'un de respecté, d'écouté, attaché à son terroir et à une certaine façon de travailler la vigne et fabriquer le vin. Depuis plus de 30 ans, il s'intéresse à la vigne forestière, sauvage synonyme d'avenir.
«Mon père m'a laissé deux messages : «il y a des vignes sauvages Grésigne, tu devras t'y intéresser. Et : l'ondenc, ça pourra toujours servir.»
Robert Plageoles, 83 ans, cite souvent Marcel et s'est appliqué à suivre ses conseils. De l'ondenc, cépage oublié, il a fait une cuvée célèbre. Souvent imitée ensuite, pas souvent égalée. Et dès 1982, solitaire d'abord, rejoint depuis peu, Robert Plageoles prospecte, recense, observe les vitis sylvestris, la vigne forestière. Ce travail de patience et de silence, il a dû le faire connaître pour convaincre des institutionnels de prendre le relais, avec leurs moyens plus dimensionnés. «L'ONF a fait un gros travail de recherche, avec Clément Auriac qui a pris le dossier. Le Conservatoire de Puycelsi également, avec Isabelle Calvière, la directrice, et Benoît Ourliac».
/ Photo FB, Domaine Plageoles
Utopie et réalité
L'Université de Toulouse a filmé les prospections, Jean Albert photographié les spécimens.
Le mouvement, parti de Grésigne, a attiré l'attention des pouvoirs publics qui ont donné consigne de répertorier les pieds sauvages.
Sur 4 000 hectares de forêt, il y en a une centaine. Elle donne peu de raisin, la fécondation est faible. «Le seul pied hermaphrodite, qui s'autoféconde, a été rasé par une épareuse». Aujourd'hui, les arbres porteurs de vitis sont signalés, l'épareuse, avec sa géolocalisation, peut les éviter, et les bûcherons, qui les connaissent, les préserver.
Ces vignes sylvestres ont résisté aux maladies, jusqu'à donner des lianes montant vers la canopée. Il leur arrive de bifurquer si l'arbre porteur est malade. «Nos vignes actuelles se fragilisent au bout de quelques dizaines d'années s'il n'y a pas une revitalisation régulière». Plageoles, qui a planté une soixantaine de pieds sylvestres sur porte-greffe il y a vingt ans, admet que la recherche, pour passionnante, reste aléatoire. «Il faudra encore vingt ans pour voir le résultat. Ces espèces sauvages existant depuis 140 millions d'années sont peut-être notre dernier allié pour revitaliser nos vignes.» Plageoles a déjà prouvé, en exhumant des cépages abandonnés, que le passé pouvait préparer l'avenir, et l'utopie devenir réalité.
/ Photo FB, Domaine Plageoles
Pionnier et franc-tireur
Aujourd'hui, Robert Plageoles a passé la main sur le vignoble de Tres Cantous (Cahuzac sur Vère). Son fils Bernard, puis ses petits-fils Florent et Romain ont pris les commandes du domaine. Mais la trace que Robert Plageoles laissera sur le vignoble est immense et déjà reconnue. Avant tous les autres, il s'est passionné pour l'ampélographie, la science des cépages. Dans le vignoble et au conservatoire de Vassal (Hérault), il a retrouvé et réimplanté à titre expérimental des cépages oubliés, ou sacrifiés sur l'autel de la productivité. Ainsi sont nées des cuvées de référence : le Vin d'Autan (ondenc), le Prunelart (1997), le Verdanel, sa déclinaison des mauzac de couleurs (rose, vert, noir).
Pionnier des monocépages, il reste un franc-tireur dans la recherche sur la vigne sauvage. Robert Plageoles, le plus connu des vignerons gaillacois en France et à l'étranger, doit d'abord sa notoriété à son goût pour l'étude. Rien du passé local - culture, patrimoine - ne lui est étranger.
Publié le 06/08/2018 à 07:42 | La Dépêche du Midi |
Cave de Labastide : retour en fanfare du P'tit Cunac
L'équipe technique et le marketing de la Maison Labastide ont misé sur les qualités aromatiques et la souplesse pour en faire un vin de partage et de convivialité./ Photo DDM
Le vin rouge de Cunac est le plus ancien vin rouge de Gaillac reconnu officiellement. Pendant près de 50 ans, au cours du XXème siècle, il a été le seul VDQS (Vin Délimité de Qualité Supérieure) du département. Le vignoble Gaillacois était alors spécialisé dans les vins blancs et mousseux. Pour la quinzaine de vignerons de ce vignoble situé à l'est d'Albi, il n'était plus possible depuis la fin des années 1990 de mentionner le nom de Cunac sur les étiquettes. C'est la création d'une sous indication géographique dans l'IGP Côte du Tarn, qui a permis à nouveau en 2012 d'apposer la mention Cunac sur les étiquettes.
Le succès est de nouveau au rendez-vous, non seulement auprès des clients mais aussi auprès des jurés des concours, qui ont apprécié le millésime 2017 . La Maison Labastide a décroché 5 médailles en 2018 pour sa référence «P'tit Cunac» : trois Médailles d'Or aux Concours de Lyon, de Gaillac, et au concours National des IGP de France, mais également deux Médailles d'Argent aux Vinalies Nationales et au Concours de Toulouse. Le terroir de Cunac (caillouteux, acides, reposant sur des argiles à graviers), permettre au Gamay d'exprimer son potentiel aromatique.
/ Photo FB, Cave de Labastide
«Le p'tit Cunac» est un vin de partage pour les moments de convivialité. En période estivale, il peut se déguster légèrement frais avec des tapas, charcuteries ou fromages jeunes. Lancée en janvier dernier, cette référence au packaging moderne et coloré bénéficie d'une image qualitative. L'équipe technique de Labastide met en place une sélection parcellaire et une vinification particulière pour élaborer une référence premium, produite seulement à hauteur de 10 000 bouteilles. Disponible depuis deux mois en boutique et dans le réseau caviste/restauration, cette cuvée haut de gamme permet de faire découvrir sous un nouvel angle l'expression aromatique des vins de Cunac.
Publié le 31/07/2018 à 08:55 | La Dépêche du Midi | Manon Pellieux
Ted, le robot du Tarn qui remplace les produits chimiques pour désherber les vignes
/ Photo Naïo Technologies
Un prototype de robot enjambeur viticole de désherbage mécanique est en cours d’élaboration à l’Institut français de la vigne et du vin à Peyrole dans le Tarn. Neuf robots sont actuellement en phase de test chez des vignerons.
À l’Institut français de la vigne et du vin à Peyrole, un drôle d’engin circule dans les allées des vignes. Surnommé Ted, ce prototype de robot enjambeur viticole de désherbage mécanique est à un stade avancé. Pensé et fabriqué par Naïo Technologies en coopération avec l’IFV depuis 2014, ce robot permet de désherber mécaniquement et en autonomie, les pieds des vignes. L’objectif est de pouvoir proposer aux agriculteurs des solutions alternatives au désherbage chimique.
Le travail de Ted
Capable de travailler 8 heures en autonomie, l’appareil fonctionne grâce à douze batteries. Il avance à une vitesse de 3 à 4 km/h. Le robot est composé de quatre roues motrices reliées par deux arcs de cercles. Ainsi, le robot passe au-dessus d’une rangée de vigne pour commencer le travail. Des lames à l’arrière, placées au ras du sol, font ensuite le travail de désherbage mécanique. Pour avancer de manière autonome, le vignoble a été préalablement photographié par drone, puis cartographié.
/ Photo Naïo Technologies
Avec une précision au centimètre près, le robot est donc programmé pour circuler dans les allées sans craindre de détériorer les ceps. Ted ne peut pas sortir de sa carte une fois que celle-ci a été programmée. « Il pèse 800 kg, donc il est moins lourd qu’un tracteur, ce qui abîme moins les rangs » affirme Guillaume Delprat, responsable du marché vigne chez Naïo Technologies. « Par contre, il va moins en profondeur qu’un tracteur. Donc on retire moins, mais on passe plus souvent. »
La robotique au service des vignes
« La robotique va changer la donne dans nos vignes » explique Guillaume Delprat. Il en est persuadé, « c’est un levier puissant pour la viticulture ». Les mentalités dans la société changent. Les consommateurs veulent moins de produits chimiques. « C’est une remise en question du modèle agriculturel classique » affirme Christophe Gaviglio, ingénieur de l’IFV. « Quand un viticulteur a ses habitudes de passage et de traitement, c’est difficile de le faire changer. C’est pourquoi il est important de les écouter et de s’adapter à leurs besoins. »
Chez Naïo Technologies et l’IFV, ils en sont persuadés, la robotique peut renforcer l’attractivité du métier. « On entend souvent dire qu’on a du mal à recruter dans le vignoble. Avec les nouvelles technologies, on peut s’adapter aux contraintes phytosanitaires qui sont importantes et on peut réorienter la main-d’œuvre vers du travail plus valorisant. » Pour l'instant encore à l'étude, le prix du robot, lorsqu'il sera terminé en 2019, est estimé à environ 150 000€. La rentabilité du produit n'a pas pu encore être calculée, mais Ted semble rencontrer du succès puisqu'à la fin de l'année, le nombre d'appareils en expérimentation devrait passer de neuf à seize.
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