Trésors d’archives : Le vignoble gaillacois
Trésors d’archives : Le vignoble gaillacois
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La Dépêche du Midi a lancé récemment une série "Trésors d’archives", qui retrace les grandes heures de l’histoire du Tarn, réalisée en collaboration avec les archives départementales.
Publié le 31/01/2025 | La Dépêche du Midi | Vincent Vidal
Trésors d’archives : L’incroyable histoire du vignoble gaillacois
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Le vignoble gaillacois a une histoire immense, incroyable, multimillénaire. / CPA
Dans le cadre de notre série Trésors d’archives, qui retrace l’histoire du Tarn, découvrez l’histoire millénaire du vignoble gaillacois, des Gaulois à aujourd’hui. Entre prospérité, crises et renouveau, ce terroir d’exception continue d’écrire son avenir.
Le vignoble gaillacois a une histoire immense, incroyable, multimillénaire. Il serait tout simplement l’un des plus anciens vignobles de France avec Côte-Rôtie.
On doit probablement sa création aux Gaulois, avant l’arrivée des Romains. Des vestiges de poteries vinaires datant du IIe siècle avant notre ère ont été découverts à Montans. C’est à cette époque que le Tarn devient navigable. La présence de cette rivière favorise le transport vers l’océan Atlantique via la Garonne. En ce temps, le vignoble de Bordeaux n’existait pas encore.
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La viticulture reposait alors sur des cépages locaux, originaires de la forêt de Grésigne voisine, puis de Rome. Le grand vigneron gaillacois, Robert Plageoles, attribue ainsi l’origine du Mauzac à un cépage romain : le basilicae.
Lorsque les Romains découvrent la région au IIe siècle avant notre ère, ce sont d’abord des explorateurs et commerçants qui cherchent de la marchandise de valeur. Des amphores trouvées sur le site de Berniquaut, sur la commune de Sorèze, démontrent qu’ils venaient aussi vendre du vin. Le goût des Gaulois pour ce dernier est reconnu.
Des vendanges / DDM, Nedir Debbiche
Les destructions du Moyen Âge
À la suite de la chute de l’Empire romain, la ville de Gaillac est détruite, les campagnes sont dépeuplées par les expéditions de capture d’esclaves.
La forêt regagne du terrain et les cultures deviennent essentiellement vivrières. Les pillages empêchent le commerce lointain. La navigation n’est plus sûre, le vin est consommé localement.
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La refondation de Gaillac
La fondation de l’abbaye Saint-Michel de Gaillac en 972 est réalisée grâce à un don de terres de l’évêque d’Albi, pour doter la nouvelle abbaye de moyens de subsistance. Cette date marque la fondation officielle de Gaillac. La ville s’érige peu à peu autour de ce monastère bénédictin. Qui organise également la production viticole.
Gaillac, sur la rive droite du Tarn, fait partie des domaines du comte de Toulouse. La rive gauche appartient aux Trencavel, vicomtes d’Albi. Très vite, ce vin se trouve sur les meilleures tables. La fumure des vignes est prohibée. Les religieux n’autorisent que la "colombine", engrais naturel lié à la fiente de pigeons. Ce qui explique le grand nombre de pigeonniers qu’on observe dans le département.
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Une réclame pour le pétillant gaillacois. / DDM
La terrible croisade des Albigeois
À partir de 1209, la croisade contre les "hérétiques" cathares sera terrible. Si Albi est épargnée en rendant hommage à Simon IV de Montfort, le vignoble de Gaillac est ravagé lors de la chevauchée des croisés de 1212. Adeptes de la politique de la terre brûlée, ils arrachent vignes et vergers, incendient les blés, détruisent les villages.
La paix revenue, la vigne est replantée et le commerce reprend ses droits. Les consuls de Gaillac et Rabastens établissent, en 1221, une charte de respect des bonnes pratiques viticoles, allant de la sélection des cépages au choix des bois de barrique.
Les vins servent non seulement à la consommation locale, mais aussi à l’exportation. Celle-ci s’effectue par voie d’eau sur des gabares, suivant le Tarn puis la Garonne jusqu’à Bordeaux, d’où ils sont envoyés en France du Nord, en Angleterre ou encore aux Pays-Bas.
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Une pub pour le Grand vin du Coq. / DDM
L’époque moderne : la belle vie
À cette époque, le Gaillac mousseux acquiert une belle réputation. Un marché local se développe également dans le "pays de Cocagne", qui prospère grâce à la culture du pastel.
Les riches hôtels, bâtis à Albi, Gaillac ou Toulouse, se doivent de servir le meilleur vin à leurs hôtes. Celui de Gaillac en faisait partie.
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Hiver 1709
Le XVIIIe siècle démarre très mal pour les producteurs. En 1708, après un hiver favorable à la vigne, une gelée tardive au mois de mai détruit la récolte en bourgeon. En 1709, un hiver très rude arrive.
La vague de froid de janvier détruit nombre d’arbres fruitiers mais épargne la vigne, protégée par une couche de neige. Un redoux la fait fondre, inondant les vignes de plaine. Le retour du froid congèle cette gadoue. L’alternance de froid (-10 à – 15 °C) et de redoux dure trois mois.
Début avril, le constat est là : il n’y a pas de production à vendre et les vins stockés sont perdus à cause du gel, les barriques ayant éclaté. Les caisses sont vides. Un coup dur pour les vignerons.
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La récolte à la main dans les années 60. / DDM
La Révolution
Le domaine ecclésiastique de l’abbaye Saint-Michel est vendu comme bien national par les révolutionnaires. De nombreux paysans achètent alors une petite parcelle, mais une partie plus importante est acquise par quelques bourgeois qui agrandissent leurs domaines.
Au XIXe siècle, les maladies débarquent
En 1853-1854, l’oïdium ravage le vignoble, qui ne le connaissait pas. La production baisse des deux tiers. Il faut attendre la découverte de l’action du soufre fleur pour que le vignoble retrouve des couleurs.
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Suivra la crise du phylloxéra vers 1870. Dans un premier temps, Gaillac réalise de grands profits, car non-touché par la maladie. Mais le vignoble déchante en juin 1879, avec l’apparition des premiers symptômes. Le vignoble est anéanti, ce qui aura un impact durable sur sa qualité. La replantation en cépages productifs ternit sa réputation.
Concernant les cépages blancs, le Mauzac devient prépondérant. C’est grâce à lui que Gaillac obtient son premier classement en AOC dès 1938. Ceux des rosés et rouges arriveront plus tard, en 1970.
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En 1878, débarque le mildiou, abîmant à nouveau les récoltes. Les ravages sont atténués par la découverte rapide d’un remède efficace : le sulfate de cuivre ou bouillie bordelaise. Reste que le XIXe siècle fut d’une grande rudesse.
La fin de l’activité portuaire
L’arrivée du chemin de fer à la fin du XIXe siècle modifie l’économie locale et sonne le glas de l’activité portuaire de Gaillac, Albi, Lisle-sur-Tarn ou Rabastens.
Autre crise majeure quelques décennies plus tard. Durant l’hiver 1956, après un mois de janvier exceptionnellement doux, les bourgeons commencent à gonfler. Cependant, le 1er février, une vague de froid s’abat sur le vignoble et dure tout le mois, avec des températures entre – 10 °C et – 20 °C. Encore une fois, c’est une année catastrophique.
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Ici, on vérifie la maturation du raisin. / DDM
Aujourd’hui, les temps sont durs
La vigne gaillacoise vit des moments compliqués ces dernières années. Entre gel tardif, pluie, maladie et baisse de la consommation de vin, on a connu des jours meilleurs. Sans oublier une situation internationale instable avec la menace d’une augmentation des droits de douane aux États-Unis.
Aujourd’hui, on commence à arracher des vignes. Mais le vignoble gaillacois a traversé tant de crises au fil des siècles qu’on peut faire confiance à sa capacité de se réinventer une nouvelle fois.
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Vendanges traditionnelles actuelles / DDM
Gaillacois : Images contemporaines
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De l’est d’Albi, jusqu’à Saint-Sulpice, les vignes gaillacoises courent le long des deux rives du Tarn, sur des coteaux en pente ou en plaine entourent les magnifiques bastides de Lisle-sur-Tarn, Puycelsi, Cahuzac-sur-Vère, Salvagnac… / DDM
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Depuis 2010, le vignoble de Gaillac est labellisé Vignobles & Découvertes, récompensant les efforts entrepris dans l’œnotourisme. / DDM
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Le vignoble de Gaillac touché par la grêle / DDM
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Machine à vendanger / DDM
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Chez les Laurent, pionniers du bio dans le vignoble gaillacois, le domaine Cantalauze se conjugue toujours au futur / DDM, JAL
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"Un vin facile à boire mais pas à faire". Dans les coulisses de la fabrication du Gaillac Primeur / DDM, JAL
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Lisle-sur-Tarn. Château de Saurs : double fleuron du patrimoine / DDM
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Au domaine Sarrabelle, près de Lisle-sur-Tarn, comme au Domaine Philemon, à proximité de Cordes, ils mettent le vin en amphore / DDM
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Cave de Labastide-de-Lévis : un parcours de légende pour comprendre le vin / DDM
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Les apéros concert des jardins de Saint-Michel sont lancés / DDM
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L'été du Mas Pignou commence en flamenco / DDM
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La Fête des vins de Gaillac, le lieu idéal pour déguster le vignoble / DDM, MPV
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Labarthe, haut lieu du Primeur et de la fête / DDM
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Albi - Aiguelèze : Et que vogue le gaillac sur le Tarn / DDM, Emilie Cayre
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Gaillac : la Dive Bouteille va bientôt fêter ses soixante-dix ans / DDM
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