Il y a 50 ans : Mai 68

4/5/2018

Publié le 25/04/2018 à 09:15   | La Dépêche du Midi |  J.-C. S.

Mai-68 : il y a 50 ans, ce n'était qu'un début…


Mai 68 à Toulouse / Photo DDM

Il y a cinquante ans, le 25 avril 1968, une assemblée générale d'étudiants à la faculté des Lettres de Toulouse est dispersée par la police. L'incident entraîne la création du «Mouvement du 25 avril» qui, durant deux mois, sera le fer de lance de la contestation étudiante toulousaine.

Les événements de Mai 68 ont en réalité couru de la fin du mois de mars à la fin juin. Depuis le début de l'année, la jeunesse française, notamment étudiante, était prise d'un vent de contestation qui d'ailleurs balayait bien d'autres pays, les États-Unis, l'Italie, le Japon, le Mexique, la Tchécoslovaquie… En France, cette contestation se concentrait surtout en région parisienne, à travers deux facultés, celle de Nanterre puis plus tard la Sorbonne.

La guerre du Vietnam qui atteignait alors son apogée (en 1968, près de 500 000 soldats américains y étaient engagés), mobilisait contre elle une grande partie des campus universitaires. Des «comités Vietnam» se créent un peu partout, le plus souvent animés par les militants d'extrême-gauche. Autour des facultés et dans la rue, des échauffourées les opposent à des groupes d'extrême-droite, essentiellement l'organisation Occident. Cette agitation, d'abord larvée, puis concentrée à Paris, gagnera peu à peu plusieurs villes de province.


Alain Alcouffe, devenu ensuite prof d'économie, place Saint-Étienne / Photo DDM

Avant même la Sorbonne
À partir du 22 mars 1968, la faculté de Nanterre va donner le ton, autour de son leader Daniel Cohn-Bendit. Toulouse entre dans la danse contestataire avec un bon mois de retard sur Nanterre, mais la faculté de Lettres toulousaine est la seconde en France à sauter le pas en ce 25 avril 1968 – quelques jours avant les facultés parisiennes qui n'entrent dans le mouvement que le 3 mai, après l'évacuation de la Sorbonne par la police.

À Toulouse, plusieurs manifestations sous tension avaient eu lieu depuis le début de l'année pour protester contre la guerre du Vietnam. Mais, le 25 avril, il a suffi d'une assemblée générale dans le grand amphithéâtre de la faculté de Lettres sise alors en plein centre-ville (lire en page 3), suivie d'une évacuation pas vraiment musclée de la part de policiers en képi puis de CRS casqués appelés en renfort, pour que commencent vraiment les échauffourées de Mai.


Mai 68 à Toulouse./ Photo DDM, Tony Ser

Tout est possible
Coups de poing ou de barre de fer entre étudiants d'extrême-gauche et militants d'Occident – «bolchos» contre «fachos». Batailles rangées entre étudiants et CRS jusqu'à la mi-juin, notamment durant la nuit du 12 juin. Incessantes assemblées générales à la fac où les lycéens ont dès le début rejoint les étudiants. Nombreuses manifestations de rue, d'abord à l'appel du Mouvement du 25 avril, puis organisées par les syndicats de salariés, CGT en tête, dès lors qu'il s'est agi de faire pression dans une France qui, d'atelier en atelier, se met en grève. À Toulouse, les usines de l'aéronautique (Sud-Aviation) et de la chimie (l'Onia) suivent les fonctionnaires dans la rue. Bref, une ambiance détonante s'est emparée pendant près de deux mois de la population toulousaine. Branchée sur les événements de Paris, elle va vivre jour et nuit dans une apparence de liberté jusque-là inconnue, et surtout dans l'illusion pour les plus jeunes que « tout » est possible.


Mai 68 va se poursuivre jusqu'en juin / Photo DDM, Nathalie Saint-Affre

À partir du début du mois de mai, chaque jour, on apprend que de nouvelles facultés de province rejoignent le mouvement, que des manifestations dégénèrent en affrontements, dans une émulation permanente. Peu à peu, il semble que le pays, à Paris comme dans les grandes villes, Lyon, Montpellier, Strasbourg, Marseille échappe au pouvoir gaulliste – à Toulouse, sur les boulevards, le siège de l'Union de défense de la Ve République est saccagé courant juin. Le calme ne reviendra (momentanément) qu'avec l'été, le bac et les vacances. À l'automne, quelques étudiants tenteront en vain de ranimer flamme. Entre-temps, les élections législatives du 30 juin à Toulouse ont propulsé à l'Assemblée nationale quatre députés de la majorité gaulliste en remplacement de quatre députés de gauche.


/ Photo DDM

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