Tour de France : Pleins feux sur l'Albigeois Calmejane
Publié le 09/07/2017 à 08:37 | La Dépêche du Midi | De notre envoyé spécial, P.L.
Tôt ou Tarn
/ Photo FB, A.S.O © A.Broadway
Agent Tarnais 003. Nom de code 81. Lilian Calmejane a rejoint hier au bout de son douloureux solo jurassien, Jacques Esclassan et Laurent Jalabert. Après Castres et Mazamet, voilà le chef-lieu enfin représenté sur la carte du Tour. Le roi des Rousses effectue son entrée à 24 ans, 7 mois et 2 jours après seulement… sept tentatives et pour sa première participation. Esclassan (4 succès, maillot vert 1977) avait 26 ans 9 mois et 28 jours quand il a battu Rik Van Linden sur le circuit du Mans en 1975. Il attendait depuis trois éditions et 57 étapes.
Jalabert (4 succès, 2 maillots verts, 2 maillots à pois), le plus précoce, 23 ans, 7 mois et 10 jours mais il s'alignait pour la deuxième fois sur l'épreuve et a dû patienter 28 étapes pour lever les bras sous la pluie de Bruxelles. Les supporters les plus optimistes de «Calmej» estiment que le «petit» va dépasser ses riches aînés lors des étés à venir. Il ne lui est d'ailleurs pas interdit de récidiver dès cette année d'ici Paris. L'envie, il l'a, les jambes, il les a et en plus, maintenant, il connaît le chemin !
Sa fiche :
/ Photo FB, A.S.O © Jered Gruber
Né le 6 décembre 1992 à Albi
1,84 m ; 69 kg
Vit avec Charlotte à Albi
Direct Energie
Professionnel depuis 2016
8 victoires :
2016 : 4e étape Vuelta Betanzos-San Andres de Teixido
2017 : 3e étape Etoile de Bessèges à Bessèges
Etoile de Bessèges
4e étape Semaine Internationale Fiorano Modenese-Sassuolo
Semaine Internationale Coppi & Bartali
4e étape Circuit Sarthe Angers-Pré en Pail Sait Samsom
Circuit Sarthe-Pays de Loire
8e étape du Tour de France Dole-Les Rousses
Publié le 09/07/2017 à 07:37 | La Dépêche du Midi | De notre envoyé spécial, P.L.
Le parcours d'un crack
De Saint-Juéry à Direct Energie en passant par l'Occitane
Allongé sur la route, les mains croisées sur la poitrine, Lilian Calmejane essaie de réaliser et surtout de récupérer. Vingt secondes plus tôt, sur son vélo, il rendait hommage à Thomas Voeckler en tirant une langue de caméléon affamé. L'autre jour avant d'arriver à Düsseldorf, il essayait d'échapper à la pression. «Tout le monde me parle de la Vuelta-2016, ce n'est pas parce que j'y ai gagné une étape que je vais avoir la même réussite sur le Tour. C'est encore un autre niveau… Je préfère m'attendre au pire et connaître le meilleur que de rêver du meilleur et de subir le pire».
Voilà, le meilleur est déjà arrivé au bout d'une semaine pile de Tour. Certains se sont alignés treize ou quatorze fois sur la Grande Boucle sans jamais lever les bras ni même arriver pour la gagne, mais le Tarnais, revenu s'installer avec son amie Charlotte sur les hauteurs de sa ville, n'appartient pas à la race des coureurs ordinaires.
En Galice en costaud
Personne ne peut encore dire avec exactitude jusqu'où grimpera ce champion tout-terrain capable d'exister sur les classiques et les courses à étapes.
D'abord licencié au Saint-Juéry Olympique, puis à l'Occitane Cyclisme de Formation, il a poursuivi son apprentissage au Vendée U, à l'époque réserve d'Europcar. Il enlève deux étapes de la Ronde de l'Isard 2014 et le fameux Triptyque des Monts et Châteaux avant de passer professionnel chez Direct Energie et de faire ses débuts à La Marseillaise en février 2016. Dès la course suivante il termine 8e de la Méditerranéenne (2e meilleur jeune) puis épaule Voeckler dans son succès sur La Provence (3e à Cassis et au général, 2e meilleur jeune).
L'été suivant, pour son premier Grand Tour, il enlève la 4e étape de la Vuelta en costaud à San Andres de Teixido. Cette année, outre les trois épreuves par étapes évoquées par ailleurs, le Tarnais a fini meilleur grimpeur de Paris-Nice. Le voilà de nouveau avec un maillot à pois qui ne risque pas de passer inaperçu !
Publié le 09/07/2017 à 08:37 | La Dépêche du Midi | De notre envoyé spécial, P.L.
Lilian Calmejane, le bonheur n'attend pas !
Exploit du jeune Tarnais qui s'impose, pour ses débuts dans l'épreuve, à l'arrivée aux Rousses
Superbe numéro du Tarnais, hier, qui rentre par la grande porte dans le club des vainqueurs d'étape du Tour de France. / Photo AFP
Les Sky ont dû gérer une échappée de près de… 50 coureurs ! Après plusieurs écrémages, le grand espoir albigeois gagne en solitaire dans la station jurassienne. Froome toujours jaune bien sûr.
Pas de gants, pas de montre, les bras posés sur le guidon, les doigts écartés dans un souci de décontraction, le maillot ouvert sur un petit vélo accroché à une fine chaîne d'or, Lilian Calmejane explose l'écran. À cet instant, à une quinzaine de kilomètres des Rousses, il vient, de s'offrir, déjà, le maillot à pois rouges de meilleur grimpeur et tente d'oublier les pentes La Combe de Laisia-Les Molumes, principale et dernière difficulté du jour où il a laissé une poignée de plumes.
Le Tarnais, au-delà de sa puissance, de sa fraîcheur, nous épate toujours, malgré son jeune âge, par la gestion quasiment instinctive de ses efforts. Dans cette position de rouleur qu'il affectionne, il garde Robert Gesink à distance et de toute façon n'a plus la moindre question à se poser, il doit juste apporter la réponse finale à cette folle journée où le Tour, dans un scénario rare a pris de la hauteur à toute vitesse. Et le plus rapide, le plus haut, c'était Lilian Calmejane.
Avec en prime le maillot à pois !
Ce conte merveilleux, le premier mais pas le dernier d'une très riche collection à venir, a pourtant failli s'effondrer sous le portique des cinq bornes. On a vu l'Albigeois se raidir, se redresser sur les pédales et opter pour un temps de roue libre, le visage dévasté par la douleur. Après cette pause inédite et bien involontaire, il est reparti ; un type lui a donné une tape symbolique sur la fesse gauche et, juste après, il s'est touché l'intérieur de la cuisse droite. La crampe dans ces cas-là peut se transformer en catastrophe.
/ Photo FB, A.S.O © Jered Gruber
Passé d'un braquet de champion à celui d'un cadet, rassuré par Dominique Arnould lui confirmant que Gesink n'était pas bien fringant derrière, «Lilou» a filé vers la ligne où l'attendait la plus belle victoire de son fabuleux début de carrière, le classement du meilleur grimpeur (il avait bien fait d'aller chercher un point alors anecdotique, l'autre jour, dans la bosse de Villers-la-Montagne sur la route de Longwy), mais aussi le prix du Super Combatif pour la deuxième fois ! Le cadeau le plus beau pour le 61e anniversaire de Jean-René Bernaudeau, le patron des Direct-Energie, largement critiqué en début de Tour pour avoir laissé Bryan Coquard à la maison. Romain Sicard et Sylvain Chavanel (le premier vainqueur aux Rousses il y a sept ans) appartenaient aussi à cette monumentale échappée de… 48 coureurs, mais Calmejane était de loin le plus costaud.
Barguil trop généreux, Démare en perdition, Martin placé
Présent toute la journée, Warren Barguil a fortement influencé le dessin de l'étape avant de disparaître brusquement au moment décisif. «J'ai couru comme un idiot» a résumé le Breton qui a beaucoup donné (trop ?), permis la naissance du groupe final (avec Calmejane, Gesink, Pauwels, Roche, Valgren, Clarke, Bakelants et Van Avermaet) qui s'est ensuite morcelé dans l'ascension. Alors que Démare, le champion de France souffrait devant la voiture-balai (secouru par Delage et Konovalovas, il a repoussé la morsure des délais mais risque de trouver le temps et la route longs avant le repos de demain), la jolie place d'un autre tricolore est passée un peu inaperçue.
/ Photo FB, A.S.O © A.Broadway
Guillaume Martin a précédé Roche et Kreuziger pour la troisième marche du podium du jour. Le «philosophe» normand découvre le Tour comme tous ses équipiers et il offre à l'équipe Wanty un accessit de poids. Tout ce petit monde s'apprête avec appréhension à vivre aujourd'hui le dernier épisode de ce début de Tour. Un épisode meurtrier par-delà le col de la Biche, son jumeau du Grand Colombier avant le Mont du Chat et la plongée vers Chambéry.
Le chiffre : 5 > Ans. La victoire de Lilian Calmejane, hier aux Rousses, est la première d'un coureur d'une équipe Continentale sur le Tour depuis 2012. Son prédécesseur, c'était… Thomas Voeckler, à Bagnères de Luchon.
Publié le 09/07/2017 à 07:40 | La Dépêche du Midi | Recueilli par notre envoyé spécial, P. Louis
Calmejane : «Je me suis fait mal comme jamais !»
«Je ne croyais pas que ça allait sourire si tôt !» / Photo DDM, AFP
Hier matin, Lilian Calmejane a dit qu'il n'allait «rien lâcher». Hier après-midi, il a rappelé qu'il n'avait «rien lâché». C'est important de tenir parole sur un vélo et, bien sûr, de ne jamais rien… lâcher. Sauf peut-être les chevaux dans les moments décisifs ce que le jeune Tarnais réussit plutôt bien. Le plus fou avec lui, c'est qu'il annonce souvent la couleur. Auteur d'un numéro impressionnant sur la route de Longwy, à l'attaque alors que les Sky menaient le tempo au pied de la Planche des Belles Filles, l'ancien coureur de l'Occitane est allé au bout hier.
Lilian cette étape vous avez «décidé» de la gagner…
«Dans le groupe, j'aime bien chambrer un peu alors des fois, j'annonce ce que j'ai envie de faire. Là, je leur avais dit attention, je vais bientôt faire un gros coup mais c'est vrai que cette étape correspondait à nos qualités chez Direct Energie, et à mes qualités aussi, mais franchement je ne pensais pas que ça allait sourire si tôt».
En prime, vous avez revêtu un maillot mythique du Tour, le maillot à pois. Après votre victoire au grimpeur de Paris-Nice, c'est un nouvel objectif pour vous ?
«Aujourd'hui ce n'est pas un objectif mais c'est sûr que ça peut le devenir plus tard. Déjà pour l'étape de demain (aujourd'hui), ça ne va pas être vraiment possible de le garder mais c'est quand même super de pouvoir le porter»
/ Photo FB, A.S.O © T. Maheux
Première Vuelta première victoire, premier Tour première victoire…
«Oui, j'ai un peu de mal à réaliser quand même. Sur la Vuelta, ça s'était passé un peu de la même manière, là j'ai commencé à y croire quand on s'est retrouvé à sept, même s'il restait des mecs dangereux, ça devenait plus clair, j'ai attaqué et puis voilà…»
«Il me fallait à tout prix retrouver un peu de souplesse»
Quand vous avez stoppé votre effort à cause des crampes, vous avez eu peur de tout perdre ?
«Oui, ça a été la seule frayeur de ce final. Je ne suis pas passé très loin de la catastrophe ! Je me suis dit qu'il fallait à tout prix que je retrouve un peu de souplesse parce que j'ai tendance à préférer de gros braquets. Avec mon expérience, j'ai réussi à gérer ce moment mais je me suis fait mal comme jamais.»
Vous gagnez quand même très souvent. Vous aimez le champagne ?
«Ah oui, j'aime le champagne mais dans le vélo, souvent, c'est plutôt une bonne bière…»
Quand vous avez tiré cette langue «voecklerienne» dans le dernier kilomètre, c'était un clin d'œil aux grimaces de votre capitaine de route ?
«Non, cette langue, n'était pas forcément pour Thomas. Dans ces cas-là et dans la douleur, on ne calcule pas trop son faciès !»
/ Photo FB, A.S.O © T. Maheux Partagez sur les réseaux sociaux
Catégories
Autres publications pouvant vous intéresser :
Commentaires :
Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !