Albi hier : La place du Vigan
Publié le 22/01/2017 à 11:39 | La Dépêche du Midi | R.F.
La place du Vigan des marchands forains
Le Vigan d'antan./ CPA
Le Vigan, à l'extérieur des remparts, est devenu place importante avec l'extension de la ville et la mise en place de l'axe de circulation des Lices conduisant au Pont Neuf. Plateau dégagé, jamais arboré, ses usages sont multiples. Entouré de nombreux cafés, c'est devenu le lieu de promenade, du paseo à l'Albigeoise. «Faire le Vigan», le plus souvent en groupe, c'est se faire voir et voir les autres, s'entretenir des affaires de la cité, draguer aussi. Le samedi, la place est livrée aux marchands forains mais aussi le mardi tous les 15 jours et pour les quatre grandes foires annuelles (Ste-Cécile, Noël, mi-carême, 13 mai).
Le marché déborde sur le Jardin National et il y a aussi les autres marchés spécialisés, autour du théâtre, au Lude, près du Gymnase, place de la cathédrale et au Marché couvert. Sur la photo d'avant 1914, la tour de la rue de la Mairie, «La Dépêche» alors au coin de la rue Timbal, le grand immeuble du Pontié.
On distingue des femmes en fichus, des hommes coiffés de chapeaux melon. Le marché bat son plein avec ses déambulations, ses marchandages obligatoires. On distingue les rails du petit train de Valence. La civilisation automobile va bientôt cerner Le Vigan. On circule et stationne tout autour. Passer à petite vitesse en voiture devant la terrasse du Pontié permettait de repérer celui ou celle qu'on souhaitait rencontrer.
La piétonnisation est venue dans les années 90 avec le creusement du parking souterrain, l'installation du mur d'eau et de la fontaine aux 81 jets (le numéro du Tarn). Le Vigan reste lieu de rassemblements exceptionnels : concerts, Carnaval, manifestations diverses. Une fonction de carrefour toujours importante !
Publié le 18/02/2017 à 07:54 | La Dépêche du Midi | Robert Fabre
Albi hier : le Vigan façon sépia
Le Vigan au début du XXe siècle. / Photo DDM
Une carte postale au timbre de 5 centimes à «La Semeuse», oblitérée d'Albi (décembre 1910) de la collection d'Y. Calmels. Le Vigan et sa minéralité au soleil, les arbres ne bordant que les lices. Une photo posée, dirait le spécialiste de l'image Domitien Jean-Jacques. Tous les enfants sont de face et regardent l'objectif. De dos, les deux femmes en noir et l'homme aux mallettes que suit son chien croisent le sergent de police en uniforme coiffé d'un képi. Plus des passants que des promeneurs, ceux «faisant le Vigan», le paseo à l'Albigeoise.
Le Vigan, c'est la place centrale bordée de cafés. Deux sont visibles ici : Le Grand Pontié dont le bel immeuble est comme fond de scène de la place et le Café Glacier à droite. On en comptait cinq en tout alors. Le Pontié est le plus ancien des cafés d'Albi existant. Il reste la référence albigeoise dont la terrasse mord largement sur la place.
Les anecdotes concernant le Vigan sont nombreuses. Le samedi et le dimanche, les jeunes descendaient des villages alentour pour arpenter la place. Jackie se souvient qu'elle et deux copines se laissaient suivre par les groupes de garçons, échangeant sourires et clins d'œil. Elles s'amusaient à tourner brusquement en riant pour dérouter leurs suivants qui ne se décourageaient pas et qui continuaient à les suivre jusque dans les petites rues voisines. Cela pouvait se terminer par un rendez-vous au cinéma ou au bal, pas toujours tenu par les filles. Le Vigan, c'était un lieu de rencontre et de drague gentille pour les jeunes jusqu'aux années 70. Il y avait aussi les originaux, ceux qui «faisaient le Vigan» dans le sens de la largeur et non de la longueur, une manière de se faire remarquer.
Le Pontié, c'était le café des notables qui eux aussi, avant l'apéritif, à deux ou à trois, faisaient quelques allers-retours sur la place en échangeant les nouvelles de la cité.
Le Vigan d'aujourd'hui a un peu perdu de sa centralité. On y passe mais on s'y promène moins.
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