Técou : Bapla! les pâtes locales

14/12/2016



Publié le 11/12/2016 à 10:06   | La Dépêche du Midi |   Vincent Vidal

Bapla! : la Pasta tarnaise


Bapla! propose 4 catégories de pâtes / Photo DDM, Émilie Cayre

«Pourquoi fabriquer des pâtes ? Pourquoi pas. Sérieusement, je voulais sortir du quotidien de l'agriculture. Je n'en pouvais plus.» Jean-François Pigot est là, debout, dans le bureau de sa petite entreprise, placé sous un immense hangar agricole au lieu-dit «Les Pigots», sur la commune de Técou. «J'étais viticulteur. Un jour, j'ai tout arraché.» Un choix, une volonté de vivre plus sereinement. Reste qu'il faut bien vivre, gagner son pécule quotidien. Dans cette histoire, le gagne-pain, ce sont les pâtes.

«J'ai décidé de produire 100 % tarnais. Un vrai circuit court. Mes champs de céréales sont situés à un 1 km de mon atelier de fabrication.»
Aujourd'hui, ils sont deux à faire tourner «Bapla», seule entreprise à produire des pâtes dans le Tarn. Jean-François, patron, producteur, fabricant, commercial, livreur ; Valérie, elle, gère l'administratif et l'emballage.
«On n'est pas nombreux. Il faut être polyvalent», sourit l'employée.



Revenons à la pasta. «Même si je ne suis pas labellisé Bio, nous sommes dans de l'agriculture raisonnée. Mon produit, c'est de la farine et de l'eau. Rien d'autre», synthétise le patron.
Sa production, c'est quatre variantes de pâtes avec des noms qui sentent bon l'Occitanie. «Ça n'a pas été facile à trouver. Il fallait qu'il rappelle nos origines, notre terroir, notre volonté de circuit court. Alors on a choisi «Bapla !» (N.D.L.R., ça va bien en occitan).»

La société a été créée en février 2016. «Aujourd'hui, on propose quatre variétés différentes», rappelle Valérie. Elles répondent aux doux noms de cauguilhous, denthélous, gennhélous et tortillous. «Là aussi, on a voulu s'amuser avec l'occitan», admet Jean-François.
Allons faire un tour du côté de l'atelier. «C'est ici que je fabrique les pâtes. Ici, les machines. Là, le séchoir. Par jour, je peux produire 600 kg. Puis, il faut compter 15 heures pour le séchage à plat. Enfin, une journée pour l'emballage qui, chez nous, se fait à la main.»



Selon les catégories, Jean-François utilise différents blocs ronds qui vont décider si elles seront torsadées, droites ou courbées.
A contrario, pas un spaghetti à l'horizon. «C'est vrai. Pour en faire, il faudrait que j'aie une autre chambre de séchage. Les spaghettis doivent être positionnés verticalement. Moi, je n'ai que des blocs horizontaux. L'investissement est trop important. On verra plus tard».

Aujourd'hui, «Bapla !» veut d'abord se faire connaître, trouver de nouveaux points de vente. «C'est vrai que je ne suis pas objective, mais elles sont vraiment très bonnes, très goûteuses», réplique Valérie.
«Nous n'avons pas eu en retour de réaction négative des gens qu'on livre. Ce qui est certain, c'est que notre emballage coloré marque les esprits face à la concurrence. Du jaune, du vert, du rouge, du bleu, selon les différentes pâtes proposées. Là aussi, on a beaucoup travaillé pour amener quelque chose de différent», confie le patron.



Ses 25 hectares produisent 13 tonnes de blé dur. Avec 1 000 kg, on fabrique 2 000 sacs. Passons à la vente. «On travaille avec certaines maisons de retraite, certains collèges. Mais soyons précis. On arrive à vendre à des structures qui ont leur propre cuisine ou des collectivités territoriales. Avec les cuisines centrales privées, ce n'est pas la peine. Ce qui les intéresse, c'est le profit, pas la qualité. Ils nous trouvent trop cher.»

Les supermarchés et les petites surfaces, elles, jouent le jeu.
«On a toujours été bien accueilli. Aucun problème pour leur livrer nos produits. Heureusement pour nous.»
Aujourd'hui, la zone de chalandise s'axe sur le Tarn et le Tarn-et-Garonne en «espérant se développer rapidement sur Toulouse et sa banlieue».

Dans cette rude concurrence, «Bapla» arrive petit à petit à faire son trou. «C'est encore trop tôt pour faire un premier bilan. Les résultats sont encourageants, même si notre prix est supérieur aux marques industrielles. C'est logique. Je produis moins qu'eux, donc mes marges sont plus étroites.»
Jean-François pense à l'avenir. «Pourquoi pas une gamme bio dont le succès ne cesse de croître, même s'il ne représente aujourd'hui que 10 % du marché.»
Trouver de nouveaux emballages, de nouveaux marchés, encore et toujours.



«La première de nos cartes de visite, c'est la qualité. Je le répète. Il n'y a que de la farine et de l'eau. Notre blé est produit sans aucun pesticide.»
Jean-François doit retourner au labeur, sécher ses pâtes. «Vous savez, en créant cette entreprise, je veux simplement gagner ma vie en étant serein. Trouver la paix. Rien de plus.» Chez Jean-François Bigot, le bonheur n'est plus dans le pré. Il est dans les pâtes.

http://www.patesbapla.fr
 

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