Saint-Ferréol est à sec pour la vidange décennale

6/11/2016

Publié le 06/11/2016 à 07:36   | La Dépêche du Midi | 

Saint-Ferréol est à sec pour la vidange décennale


Lors de la récupération des poissons du lac de St-Fé / Photo DDM,
 Manon Haussy

Aménagé dans le lit du ruisseau Le Laudot, le lac de Saint-Ferréol, actuellement vide pour travaux de surveillance, marque l'arrivée de la rigole. Enfin, pas tout à fait, puisqu'une autre a été construite pour contourner le lac quand celui-ci est plein, pour que les eaux rejoignent directement le lit du Laudot, en aval de la retenue.

La construction de l‘ouvrage débute en 1667 se termine en 1672. Mais sera repris par Vauban, après sa tournée d'inspection sur le site. Comme il décide de le percement du tunnel des Cammazes, il impose aussi de surélever l'ouvrage, créant ainsi une réserve d'eau de près de 70 hectares.


Saint-Férréol à sec fin octobre / Photo FB, Camping de la Rigole

Selon les témoignages historiques, plus de mille ouvriers travaillaient sur le chantier. Terrassiers, maçons, tailleurs de pierre… pendant cinq ans ils donnent vie au projet qui est aussi le plus gros barrage jamais construit en Europe à cette époque. Vidangé pour travaux et inspection au mois d'octobre, le lac offre aujourd'hui et pour quelque temps encore un paysage surréaliste. On se rend compte, sur la zone asséchée momentanément, de l'immensité du lieu. Qui a pris un aspect lunaire et hors du temps. Lorsque le barrage est plein, en aval, c'est «la rigole de la plaine» conduira les eaux vers le seuil de Naurouze et le Canal après un parcours de 27 km.


Saint-Férréol à sec fin octobre / Photo FB, Camping de la Rigole

Visionnaire
Pierre-Paul Riquet (1609-1680) fut un visionnaire. Sa réalisation est un concentré d'innovation, de défis techniques et humains. Faisant preuve d'une ténacité hors du commun, il gagnera son pari. Son œuvre lui survit 350 ans après et lui donne un côté visionnaire que personne ne lui conteste. Ainsi, dans les années 2000 fut construit le barrage de la Galaube, au-dessus de Saissac, sur un site que Riquet avait retenu lors des études de construction du canal. La Galaube participe aussi à l'alimentation du canal du midi.



A l'entrée de la digue de Saint-Ferréol, l'hommage à son concepteur Pierre-Paul Riquet


Publié le 25.10.2016 à 17:01  | 20 Minutes |  Hélène Menal

Une pêche miraculeuse dans un lac vide et un paysage lunaire crée l’attraction

INSOLITE : Douze tonnes de poissons frétillants à déménager. La vidange du lac de Saint-Ferréol, le réservoir du canal du Midi, entraîne une pêche miraculeuse et spectaculaire…


La pêche de sauvegarde dans le lac vidangé de Saint-Ferréol, en Haute-Garonne, le 25 octobre 2016. / Photo H. Menal - 20 Minutes

La plage a disparu, et des collines pelées, hérissées de quelques rochers, ont fait leur apparition. L’immenselac de Saint-Ferréol, à l’est de Toulouse, qui sert de réservoir au célèbre canal du Midi, n’est plus qu’une mare. Mais sa fréquentation est presque estivale tant le paysage lunaire qu’il dévoile est inhabituel.

« On n’aurait jamais cru que c’était si profond », s’étonne un couple de Toulousains. « On ne voit ça que tous les dix ans, il ne faut pas le louper », souligne Jacques, un Revélois venu au spectacle avec ses deux filles, vacances obligent. Il s’attarde notamment sur la « pyramide », vieille de 350 ans et d’habitude immergée, qui sert à évaluer le niveau de l’eau.
Mais il n’y a pas que le paysage qui attire les badauds. Depuis lundi, et pour trois jours, on peut aussi observer depuis la digue une pêche miraculeuse.


Pêche géante organisée dans le cadre de la vidange décennale / Photo DDM, Manon Haussy

Car la mare est grouillante et, avant qu’elle ne s’assèche complètement, Voies navigables de France (VNF) fait procéder jusqu’à mercredi à « une pêche de sauvegarde ». Selon la fédération de pêche de la Haute-Garonne, quelque douze tonnes de poissons peuplent le lac de Saint-Ferréol. Gardons, sandres, brochets pouvant atteindre 1,20 m de long, énormes carpes, truites, anguilles qui fascinent les enfants… tout ce petit monde doit déménager.

Une aubaine pour les pêcheurs du canal
Les gardons pêchés à Saint-Ferréol sont relâchés dans le Canal du Midi.
L’opération a été confiée à un pisciculteur professionnel. Aidé de quinze bénévoles, il se sert d’un filet mais pêche à l’épuisette. Aussitôt les caisses remplies, une grue les soulève, des pick-up les ramènent sur la digue, et les poissons partent en convoi vers leur nouveau domicile. « Nous relâchons la plupart dans différents biefs du canal du Midi jusqu’à Toulouse », assure Jean-Pierre Mattossi chargé des infrastructures à VNF. Autant dire que ça va mordre dans les jours qui viennent du côté des pêcheurs urbains de la Ville rose.
Les belles carpes, elles, partent en famille dans un lac du Muretain où elles serviront de poissons de compétition (remis à l’eau après les réjouissances).


Dans le dernier « triangle d’eau », 12 tonnes de poissons attendent les pêcheurs !  / Photo DDM, Manon Haussy

Le site est dangereux
Quant au lac de Saint-Ferréol, « il sera réensemencé avec les mêmes espèces et on pourra de nouveau y pêcher correctement l’été prochain », promet Olivier Plasseraud, le directeur de la fédération de pêche.
Le barrage va rester vide jusqu’à fin février, le temps d’inspecter les buses et la digue séculaire. Les promeneurs attirés par le décor spectaculaire sont appelés à la plus grande prudence. Plusieurs personnes ont été sauvées in extremis de l’envasement depuis le début de la vidange. Il ne faut pas mettre les pieds dans le bassin.


Le reportage de "Natifs de 50 - Graulhet"

 


Depuis le 29 octobre, les eaux se sont retirées du lac de Saint-Ferréol, pour cause de vidange décennale, et le bassin de la retenue s'apparente désormais à un vaste désert.



Une vision étrange accentuée par des brumes matinales qui ont ce jour-là (3 novembre) beaucoup de mal à se dissiper. 



Ce sont les canards qui ne comprennent pas pourquoi il ne leur reste qu'une vulgaire mare d'eau terreuse pour barboter. Désorientés ?



Certainement ! Mais pas autant que les oies qui ont carrément abandonné cet espace vaseux pour tenter de dégoter quelque déchet comestible au pied des villas.



Les surfaces immergées ainsi mises au jour doivent ressembler à la typologie originelle des lieux au XVII° siécle, à l'époque où les prairies et les terres agricoles étaient parcourues de petits ruisseaux dont celui de l'Audot.



C'est dans le vallon de Vaudreuille, près de le ferme de Saint-Ferréol, au niveau d'un resserrement rocheux que fut lancée en 1667 la construction de la digue de près de 800 mètres de long qui allait faire de cette retenue la plus importante d'Europe.



A l'endroit le plus profond, se dresse une colonne haute de 21 mètres, construite ultérieurement en 1769, et surplombant l'une des prises d'eau du barrage.



Graduée en toises et en pieds (unités de mesure usuelles en ce temps-là), cette pyramide était destinée à mesurer la hauteur de l'eau afin d'évaluer le volume de la retenue.



Certains des blocs de granit de la digue sont "signés" de noms ou de symboles gravés par les tailleurs de pierre qui les ont réalisés. Tout à la fois artisans et artistes, ils ont également participé à la construction d'autres ouvrages d'art : châteaux, cathédrales, ponts,...



Pendant la durée de la vidange, l'eau arrivant des Cammazes est entièrement déviée vers la rigole de ceinture s'écoulant sur la rive gauche et qui rejoint le Laudot en aval de la digue.



En contrebas de la digue, dans le parc, l'eau de la rigole de ceinture rejoint le Laudot, en confluence avec le canal issu de la galerie souterraine inférieure, aux eaux troubles actuellement.



Ces eaux sont donc filtrées à l'aide d'une série de gabions (cages grillagées remplies de galets) recouverts de toile de jute afin qu'aucune pollution ne parvienne jusqu'au Canal du Midi.



Conséquence directe de cette vidange, la gerbe qui jaillit en temps normal au milieu du parc, alimentée par une canalisation issue de l'eau retenue, est au chômage technique. 



Il faudra donc attendre la remise en eau au printemps pour retrouver son jet puissant, ses éclaboussures bienfaisantes par temps de chaleur et ses jeux de lumière.



L'un des murs du Musée du Canal du Midi affiche les grandes dates liées à l'oeuvre phénoménale conçue et léguée par Pierre-Paul Riquet.



Il ne reste plus aux palmipèdes, soutenus par leur ami le héron, qu'à s'armer de patience pendant la durée des travaux de maintenance avant de retrouver les hautes eaux de leur lac favori.



Carte du lac de Saint-Ferréol :



 

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