Les cèpes sortiront-ils chez nous cet automne 2016 ?
Publié le 23/09/2016 à 07:42 | La Dépêche du Midi | P.C.
Mangera-t-on des cèpes cette année ?
Les cèpes sortiront-ils à l'automne 2016 ? / Photo DDM
Les amateurs regardent à leurs pieds dans les sous-bois, sur les lisières... puis scrutent désespérément le ciel. Mais, rien. Pas un cèpe parce que pratiquement pas un nuage de pluie. Ou alors si peu que ça frise le ridicule. Mais la saison n'est pas encore perdue...
Un. Tout seul. Posé là on ne sait pas pourquoi ni comment. Le seul cèpe qu'on a trouvé cette année, dans un bois de Bigorre, et encore, ça remonte au 11 juin dernier… autant dire il y a un siècle, lorsqu'on se rassurait plein d'espoir d'un «ça ira mieux cet été». Sauf qu'après, il ne s'est rien passé…
D'ailleurs, tout le monde a pu constater la même chose, côté cèpes, partout dans la région. «Rien de rien de rien», résume Robert Rouanet, mycologue chevronné de la Société tarnaise de sciences naturelles qui, à 84 ans et quelques décennies passées à chercher des champignons, l'assure : «je n'ai jamais vu ça.»
Dans les Landes, ils poussent ! / Photo FB, Les cèpes
Morilles ? «Quelques-unes». Girolles ? «Trois fois rien, un kilo par ci par là»». Sacro-saint cèpe, enfin ? «Zéro». à telle enseigne qu'il a fallu batailler pour en trouver quatre à présenter le week-end prochain sur le stand de l'association, à la traditionnelle fête du champignon d'Anglès, «alors qu'habituellement, il s'y vend 50 à 60 kg en marge de ce rendez-vous», souligne Robert Rouanet.
Coupable ? «La sécheresse» : «les cèpes sortent lorsqu'il tombe au moins 100 mm d'une pluie régulière. Mais là, la terre est sèche jusqu'à 30 cm», souligne-t-il . Pointant «le réchauffement climatique» et, donc, une situation «qui se dégrade de plus en plus», côté précipitations estivales. Conséquences : «on n'a plus revu de grosses sorties de cèpes depuis au moins cinq ans».
Cueillette récente en Béarn / Photo FB, Les cèpes
Parlez-moi de la pluie…
Et même constat du côté de la Société mycologique du Comminges : «On a bien fait quelques cèpes en juin mais rien ensuite, et pour notre salon du champignon qui se tient les 15 et 16 octobre prochains à Saint-Gaudens, il nous manque des espèces : les tricholomes se raréfient comme différentes variétés de cortinaires», note Rémi Sarraute, 69 ans. Pour lui comme pour Robert ? «Il manque les orages du 15 août depuis plusieurs années et c'est la sécheresse durant cette période où il faudrait de la pluie pour que la terre se prépare afin de pouvoir donner les poussées de septembre et d'octobre».
Côté table, à présent… «ça va être un problème parce qu'il y a toujours une forte demande en saison», reconnaît Jean-Pierre Saint-Martin, grand chef amoureux des produits de terroir au Viscos, à Saint-Savin (65). «Il y a un mois, il y a eu une micro-pousse en montagne et on m'en a proposé, mais ils n'étaient pas goûteux», pointe-t-il, du coup «on essaye de palier avec d'autres créations automnales en jouant sur la noix et la châtaigne».
«Les rares qu'on a vus étaient secs, insipides et en très, très petite quantité et donc on n'a même pas discuté prix : le produit ne nous plaisait pas, on ne l'a pas pris», confirme Benoît, au Jardin de Papy Ly, épicerie fine de Balma (31) dans l'attente d'un arrivage «de France et de Roumanie ce vendredi».
La fin des haricots pour le cèpe ? «Non, on peut encore avoir des poussées et même tardives jusqu'en novembre, ce n'est pas trop tard», rassurent tant Robert et Rémi que Jean-Pierre.
En Lozère / Photo FB, Les cèpes
Sécheresse…
Le secret, pour Rémi Sarraute, ce n'est pas la lune. Mais bien la pluie… Car il faut que la terre soit humide en profondeur pour que le mycélium, la partie végétative des champignons, puisse profiter. Et là, les chiffres de Météo France sont sans appel. «Dans la Haute-Garonne, au mois d'août, on a eu que 40 à 50 % des précipitations habituelles sur cette période, 50 à 60 % dans l'Ariège et les Hautes-Pyrénées, qui ont été les départements les plus arrosés, mais que 30 à 40 % dans le Gers, le Tarn et le Tarn et Garonne, le Lot ayant été le département le plus sec avec entre 20 et 30 %. Septembre s'annonce aussi très sec au final», récapitule un météorologue toulousain qui, pour l'heure, ne voit qu'un petit épisode pluvieux passer ce dimanche avant une nouvelle semaine de temps sec. Reste à attendre octobre et novembre «où il serait vraiment exceptionnel qu'il n'y ait pas de perturbation».
Publié le 30/09/2016 à 03:51 | La Dépêche du Midi |
Fête du champignon (Anglès) : il se fait très rare
Fête du champignon à Anglès (Tarn) le 28 septembre 2016 / Photo DDM
Les visiteurs ont constaté que le cèpe se faisait rare lors de la fête des champignons dimanche dernier. Un seul exposant vendait… un cèpe et quelques girolles. Heureusement, les mycologues ont pu ramasser quelques champignons sauvages pour les exposer, les identifier et informer les visiteurs.
Publié le 02/10/2016 à 07:17 | La Dépêche du Midi | Sophie Vigroux
L'avis de Joël Collado (Météo France)
Quelles sont vos prévisions pour cet automne ?
Ce n'est pas une prévision de Joël Collado mais plutôt de Météo France. On est dans une période atypique. On a un automne qui débute avec une phase extrême ensoleillée et chaude malheureusement toujours très sèche. Il semblerait que les prévisions à 20 jours ne voient pas trop de changements dans ce type de temps. Il y aura un petit passage perturbé ce week-end puis on repartira sur quelque chose de très doux pour la saison.
Va-t-on cueillir des champignons ?
Pour cela, il faut qu'il pleuve. Il faudrait que les précipitations attendues ce week-end soient suffisantes pour que la pousse de champignons puisse s'effectuer...
Publié le 27/09/2016 à 11:03 | La Dépêche du Midi | Jean-Luc Collongues
La cueillette des champignons en montagne est ouverte
Cueillette en montagne ariégeoise, le 12 septembre. / Photo DDM, FB Cueillette des champignons
"Là-haut, sur nos montagnes, l'était un vieux chalet. Murs blancs, toit de bardeaux..." N'en déplaise à Hugues Aufray, auteur de cette chanson, on trouve d'autres choses en montagne ! Les cueilleurs de champignons de la région connaissent la chanson: sitôt qu'ouvre la chasse en montagne (cette année c'était le 18 septembre), il est temps d'aller crapahuter vers les sommets.
Les férus, comme cet entraîneur de rugby des Hautes-Pyrénées qui alimente la page Facebook de la communauté "cueillette des champignons" savent que quand en plaine les spécialistes annoncent une sécheresse défavorable aux pousses, il s'en va temps de grimper au-dessus de 1.500 m, là où ont grondé des orages. Et même si les sols sont encore secs, "il convient de se rapprocher des zones humides comme les cours d'eau".
Et là ? Des Pyrénées-Orientales jusqu'au Pays Basque, en passant par l'Ariège, la Haute-Garonne et la Bigorre et le Béarn, tout le monde (ou presque) y trouve son bonheur, depuis le 18 septembre: cèpe, girolle, calvaire crépu... il y en a pour toutes les saveurs. A condition de se donner la peine de marcher beaucoup...
Joli spécimen de 1kg trouvé fin septembre en montagne dans les Hautes-Pyrénées / Photo DDM, FB Cueillette des champignons
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