Burlats (Tarn) : Tranches d'histoire

17/5/2016

Publié le 23/01/2016 à 03:48  | La Dépêche du Midi | Michel Autreux

Burlats, Burlato, Burlacio, Burlatz


Aujourd'hui nous sommes bien à Burlats et l'an dernier la municipalité était fière de son fleurissement / Photo DDM

Burlats existe depuis très longtemps, mais l'étymologie du nom Burlats n'a jamais été réellement trouvée. Elle n'a jamais été démontrée d'une manière probante. Il va donc falloir faire avec ce que nous connaissons, qui a été avancé par certains même si d'autres sont très critiques vis-à-vis de ce que nous pouvons prendre pour des hypothèses à défaut de preuves réelles. L'histoire de Burlats commence sûrement du temps des Gaulois car on pense savoir qu'un chemin Gaulois passait par là. Il s'agissait sûrement d'un chemin qui descendait d'une des montagnes pour traverser la rivière à gué et peut être remonter de l'autre côté. 

A cette époque-là il est peu probable qu'un chemin ait suivi ensuite la rivière. Y avait -il déjà un embryon de village et une structure organisée ? Toujours est-il qu'une hypothèse de nom pourrait venir du dialecte Toulousain ancien avec le mot «boulom» qui voulait dire monceau, voire tas, voire le nom bolomé ; ce qui pourrait être à l'origine de bouloumié : on a aujourd'hui un hameau à côté de Lafontasse qui s'appelle Bouloumié.

Les invasions Goths et Visigoths sont aussi passées par là et Burlat en allemand signifie cerise ! Certains avancent que Burlats viendrait de la formation occitane du participe «burlar» qui voudrait dire railler et signifierait «objet de raillerie». Cette hypothèse ne convainc pas certains férus d'histoire. Il semble cependant que le nom ait sûrement une souche latine voire occitane. 


Burlats : Vue générale du village au début du XX° siècle / CPA

Une chose est sûre le village s'est orthographié de plusieurs façons. Avant le IXè siècle le village se serait appelé Burlato, vers 972 il serait devenu Burlats, des écrits le prouvent. Vers 1118 on serait revenu à Burlas, puis vers 1384 Burlacio, avant 1790 Burlats puis vers 1793 Burlax, en 1801 Burlatz et depuis 1830 Burlats.

Aujourd'hui nous sommes bien à Burlats et les habitants des Burlacois et des Burlacoises c'est sûr. Quant au surnom très flatteur des habitants «les futés du Sidobre» il paraît plutôt histoire de rire que d'une réalité reconnue !


Publié le 22/02/2016 à 08:31  | La Dépêche du Midi |   Michel Autreux

La commune du temps des Gaulois à Cécile de Provence


La collégiale aurait été construite par le vicomte Bernard Aton V et Cécile de Provence, son épouse./Photo DDM, M. A.

Après la présentation de la commune en janvier dernier, après l'évocation de sa naissance dans une précédente édition, nous poursuivons notre découverte historique du village.

L'histoire de Burlats débute probablement au temps des Gaulois, avec un chemin qui passait à l'endroit du village probablement pour se diriger vers le Sidobre. Un gué semble se situer à peu près entre le pavillon Adélaïde et le moulin des Sittelles. Au temps des Carolingiens, Burlats était une «villa», ce qui veut dire exploitation agricole, sûrement par des moines bénédictins. Dans le bourg, un lieu est nommé «hospital», qui vient d'hospitalité, lieu de réception, d'accueil. Les moines bénédictins géraient le prieuré Saint-Pierre. La naissance du village s'est probablement faite autour de ce prieuré. Les moines défrichant, agrandissant les terres cultivées avaient besoin de main-d'œuvre, donc des ouvriers et leurs familles se sont installés sur place. 

À l'époque, les seigneurs donnaient des terres et de l'argent avec en contrepartie pour les receveurs de prier pour eux ! Sous Louis VI, les reliques de Saint-Vincent auraient été ramenées à Castres et le village serait devenu une des variantes du passage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Entre le Xe et le XIVe siècles, le village entouré de hautes montagnes, dont l'une appelée montagne du Paradis, comptait environ 400 habitants.

Le nom de Burlats est mentionné officiellement pour la première fois dans un acte notarié en 973. Garsinde, comtesse de Toulouse, veuve de Raymond Pons, fit un legs à l'église Saint-Pierre de Burlats (aujourd'hui détruite). Elle lui donna la gruarié «Dono Déo et Sto Pétro de Burlatio». 


Burlats : Vieille tour de la Vistoure / CPA

De par sa situation, la cité au pied du Sidobre, sur l'Agout devenant rivière, aux portes de Castres, elle fut très prisée des Trencavel, seigneurs de Carcassonne, Béziers et Albi. Ils y bâtirent un château dont il reste aujourd'hui le pavillon Adélaïde. En 1118, le vicomte Aton V, dit «Trencavel», donne à son épouse Cécile de Provence le village de Burlats et le pays environnant avant de partir en guerre sainte. Les travaux d'agrandissement du prieuré et la construction du château seraient donc l'œuvre de cette première femme qui modela le village.


Publié le 16/04/2016 à 03:50 | La Dépêche du Midi | Michel Autreux

Burlats à Azalaïs : que serais-je sans toi ?


De son château, enfant Adélaïde aimait rejoindre la rivière et rêver devant la beauté du paysage. / Photo DDM

Burlats a été le témoin d'un moment de l'histoire de France. Le village et le prieuré sont sous dominance des Trancavel vassaux du comte de Toulouse Raymond V dans les années 1150. Louis VII roi de France très pieux revient de la deuxième croisade avec Aliénor d'Aquitaine son épouse, plus rien ne va entre eux. Avec la complicité de l'église le roi rompt le mariage en mars 1152. Aliénor se remarie en mai avec Henri Plantagenêt comte d'Anjou, duc de Normandie qui devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II. Elle a emporté avec elle l'Aquitaine, l'Anjou, l'Auvergne et le Poitou.

Pour sauvegarder ce qui reste du royaume de France Louis VII organise le mariage de sa sœur Constance de France veuve d'Etienne de Blois avec le comte de Toulouse Raymond V pour s'en faire un allier contre les Anglais. Trois enfants naîtront dont un fils en 1156 et Adélaïde en 1158. Délaissée, Constance se réfugie à Burlats et y élève sa fille. Adélaïde s'y plaît et y vit une enfance heureuse, la campagne la comble, elle adore la nature. En 1168 sa mère quitte Burlats, Adélaïde retourne au château Narbonnais à Toulouse avec une nouvelle vie, elle découvre la ville y apporte sa joie de vivre. Elle découvre avec les troubadours la poésie et la chanson, les fêtes, la Garonne, les étals de tissus, les tapis, les senteurs d'orient mais reste nostalgique. 


Burlats : Façade de l'ancienne abbaye / CPA

En 1171, elle a 13 ans et son père décide de la marier avec son vassal Roger Trancavel vicomte de Carcassonne, Albi et Béziers pour se protéger du roi d'Aragon Alfonse II. En Mai le mariage est célébré à l'église St Sernin et au château à Toulouse, le lendemain le couple rejoint Burlats suivant le désir d'Adélaïde via Lavaur. Celle-ci retrouve son château, sa rivière et sa campagne avec ses promenades à cheval. Malgré quelques séjours à Lavaur, elle reste ici. Adélaïde était douce, d'une grande beauté avec des yeux violette, et d'un esprit remarquable. Elle est souvent seule, Roger protecteur des Cathares est pourchassé et se réfugie parfois dans le Sidobre.


Publié le 15/05/2016 à 10:15  | La Dépêche du Midi |  M.A

Adélaïde, une femme moderne à la vie pas si facile


Les statues récentes d'Adélaïde et Roger Trencavel à Cassan ; les pillages ont empêché toute  certification sur les ossements./Photo DDM

Adélaïde soutient son mari de son mieux en ménageant l'église romaine sans acharner les Cathares. Elle le suppliera dans la région et effectue des visites dans les différentes possessions du Vicomte jusqu'à Lacaune. Elle cherche à réconcilier catholiques et hérétiques et évite des bains de sang notamment à Lavaur avec la reddition de Bernard Raimondi et Raymond Bainiac. Elle aime la culture et s'entoure de troubadours, de musiciens, héberge des mendiants. En 1185 la belle Adélaïde donne naissance à Raymond Roger. Elle vivra heureuse dans son château et y recevra beaucoup, entourée d'une cour féminine toute dévouée. Roger Trancavel y viendra régulièrement lui rendre visite. 

Parmi les troubadours qu'elle accueille, Arnaud de Mareuil restera plusieurs années et tombera amoureux d'Adélaïde qui ne sera pas insensible à son charme. Conquise, elle n'avouera jamais ouvertement son amour. Y a-t-il eu liaison ou pas, c'est la jalousie du roi d'Aragon Alfonse II qui l'obligera, par l'intermédiaire de son mari, à se séparer du troubadour. Roger II qui est excommunié meurt le 20 mars 1194. Fin 1195 c'est son père Raymond V qui décède. Son frère Raymond VI prend la tête du comté de Toulouse.


Burlats : Fenêtre du Pavillon d'Adélaïde / CPA

Entre légende et réalité
Adélaïde se partage ensuite entre les résidences des Comtes de Toulouse. En décembre 1200 elle décide de quitter Beaucaire et de revenir à Burlats. Elle compte passer par Carcassonne pour y fêter Noël avec son fils. Après St-Guilhem, sa santé se dégrade, elle s'arrête à l'Abbaye de Cassan où est enterré son mari. Son état s'aggrave, Raymond Roger se rend au chevet de sa mère.

Le 20 décembre 1200? Adélaïde meurt. La jeune femme est enterrée auprès de son mari. Elle aura marqué l'histoire dans la région par son humanité et sa culture.

A Burlats, elle reste profondément ancrée dans le passé du village qui ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans elle. Sa vie à Burlats est aussi parfois relatée avec une part de légende, mais quoi de plus beau que ce mélange de réalité et de légende pour nous faire rêver.


Burlats : Carte de situation / Copie d'écran ViaMichelin

Sélection d'articles réalisée à partir du site : http://www.ladepeche.fr

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