Toulouse : La piscine Nakache et le Stadium (vers 1956) / CPA
La décision de construire le Stadium sur l'île du Ramier, dans le Parc Toulousain, a été prise en 1936 par la municipalité Billières. Conçu par l'architecte Jean Montariol, il ne sera achevé qu'après la seconde guerre mondiale. A ses débuts, également surnommé le "Petit Wembley", il accueille un terrain gazonné (football & rugby), une piste cendrée pour l'athlétisme et une piste cyclable sur laquelle s'illustra notamment Darrigade (1958 & 1963).
Publié le 11/01/2016 à 08:06 | La Dépêche du Midi |
Le Stadium est mort, vive le Stadium
TFC-Naples 1986* / Photo DDM
Avec Lens, c'est la seule enceinte qui sera plus petite après qu'avant les travaux (33.200 contre 35.472 places pour un coût estimé à 55M€). Le plus petit, tout court, des 10 stades accueillant l'événement en France du 10 juin au 10 juillet prochains…N'empêche, le Stadium ne s'est pas départi d'une certaine magie. Retour, coloré, sur quelques grandes heures.
La Péruvienne à cheval Conchita Cintron, qu'on sur- nommait La Déesse blonde, y a toréé ; c'était le 12 juin 1949, cela reste l'unique corrida en la place – les arènes du Soleil d'or, à deux pas, étaient là… Un an auparavant, sur le célèbre vélodrome, le Tour de France y fait la première de ses 13 arrivées (l'ultime en 1970, mais la mémorable signée Anquetil – 5e et dernière Grande Boucle à la clé – date de 1964).
David Bowie au Stadium de Toulouse le 4 juillet 1987 ./Photo DDM, archives, Michel Viala
François Mitterrand y finit aussi sa tournée de meetings dans la course présidentielle en 1981. Juillet 1987, le 7, c'est David Bowie qui s'y produit et la pelouse, grillée par le piétinement de la foule (sentimentale) sur la bâche qui la recouvre, déchante. Alors que dix ans auparavant, le 10 mai justement, Chuck Berry fête son demi-siècle. Et que Michael Jackson y donne son seul concert à Toulouse en date du 16 septembre 1992 devant 40.000 personnes en transe.
Résumons – chronologiquement : de la grâce et des grimaces, des tours de piste, des voix à plus d'un titre. Voilà, c'est tout ça le Stadium, érigé sur l'île du Ramier à partir de 1938 d'après une idée originale de l'architecte Jean Montariol l'englobant dans le Parc d'hygiène (piscine Nakache). D'où trois anneaux bleu-blanc-rouge sur le fronton, formant un triangle symbole du sport français alors mais qui, lifting Mondial-98 oblige, seront alignés et repeints en blanc ! Le Petit-Wembley est, enfin, évidemment le théâtre de l'ovalie, du XIII et surtout du XV (victoires 18-13 et 22-15 de la France face aux All Blacks en 1977 puis 1995, deux 11-Novembre !!).
Georges Marchais, candidat à la présidentielle, lors d'un meeting au Stadium de Toulouse en avril 1981, accompagné de Georges Seguy alors secrétaire général de la CGT et de René Piquet. / Photo DDM
Bouquet final ce week-end
En version moderne, c'est le rugby qui l'a étrenné le 27 décembre 2015 lors de Stade-Toulon (31-8 ; 32.479 spectateurs). Après la mise en bouche mercredi devant l'OM, le TFC entrera dans une autre ère samedi (17h), face à Paris. Avec, au coup de sifflet final, un feu d'artifice sur le pré.
La photo d'en-tête
*1er octobre 1986 : TFC-Naples. Le match qui reste car il s'agit du plus grand exploit violet. Premier tour retour de la Coupe de l'UEFA (32e) : battus 0-1 en Italie quinze jours plus tôt, les Toulousains de «Beto» Marcico ne mettent qu'un quart d'heure pour revenir à égalité avec le Napoli (Stopyra, 15e). Puis plus rien jusqu'à la séance de tirs au but – restée dans les annales : Bergeroo, félicité par Tarantini, ne bouge pas devant le roi Maradona, tête entre les mains, dont la tentative heurte le montant gauche avant de rebondir sur la cuisse droite du gardien international. C'est le dernier péno de la série remportée 4-3 par le Tef.
Jean-Philippe Durand, sous la belle tunique violette du TFC / Photo DDM
Dans les filets :
Premier buteur. Frey, prénom André, est le joueur à avoir fait trembler les filets du Stadium pour la toute première fois à l'occasion de l'«inauguration» footballistique de l'enceinte. C'était un samedi 3 septembre, 3e journée – 1er match à domicile – du Championnat de D1 1949-50. Le défenseur international (6 sél.), décédé en 2002, marquait juste avant la pause (1-0, 43e) face au FC Sète ; club pour la petite histoire à l'origine de la création du TFC en 1937. M. Lanfranchi scellant le succès (3-1, 80e). à noter qu'André Frey est le grand-père du gardien Sébastien, aussi France A (2), qui a pris sa retraite il y a un mois.
Pelé > numéros 321 et 322. Les moins de 50 ans ne se souvien-nent pas que le roi brésilien a joué sur l'île du Ramier : jeudi 23 juin 1960, tournée européenne avec Santos. Son équipe l'emporta 3-0 et le meilleur joueur de tous les temps inscrivit les 321e et 322e buts de sa collection contre les coéquipiers de Pierre Cahuzac. Merci pour sa contribution à l'historien du TFC Didier Pitorre
Finale de rugby au Stadium (1958 ?) / CPA
Le chiffre : 39 450 spectateurs record. C'est la meilleure affluence sportive de tous les temps au Stadium et elle concerne le rugby, 1re finale sur l'île du Ramier du Championnat de France le dimanche 20 mai 1951 : Carmaux-Tarbes (14-12).
Sinon, pour le ballon rond, en compétition officielle, la palme revient au TFC-OM de 2004 : 36.125 personnes. Et, sur la scène européenne, au TFC - Spartak Moscou du mercredi 22 octobre 1986 avec 35.962, 16e de finale aller de la C3 (3-1, triplé de Gérald Passi ; éliminé 1-5 retour).
Le chiffre : 1952 3 février inondations. Cette crue dominicale atteignit 4m57 à l'échelle du Pont-Neuf. Le parvis du stade est 1m sous l'eau ; sur le terrain, seules «émergent» de quelques centimètres les barres transversales ; la faune du Ramier s'en donne à cœur joie.
Photos DDM : Archives, Nathalie Saint-Affre, Xavier de Fenoyl, Michel Viala
Publié le 05/02/2013 à 07:55 | La Dépêche du Midi |
Ile du Ramier : Une petite histoire personnelle du Stadium
Le Stadium de Toulouse : toute une histoire…/photo DDM
En raison de mon âge, j'ai bien connu l'évolution de la construction du Stadium qui n'était en fait que la poursuite d'aménagements sportifs du Parc toulousain. Les travaux ont commencé avant la déclaration de la guerre, en septembre 39, ils ont été, durant cette dernière, ralentis sinon interrompus. Dans le dédale de matériaux divers entreposés dans son enceinte, nous allions, enfants, «tuter» les grillons qui finissaient leur existence dans de petites cages aux barreaux non dorés, où nourris de feuilles de salade et de mie trempée dans du vin sucré. Ils étaient chargés, aidés de leur ivresse, de «chanter» la nuit au grand dam du voisinage.
Donc, il n'y a pas eu d'inauguration en 1937. En 1946, et bien que les travaux aient repris, dans le stadium inachevé, a eu lieu une rencontre de jeu à XIII, opposant le T.O et son légendaire Titi Techeney, au club de Perpignan. À la mi-temps, sur un podium élevé à la hâte, à même la pelouse, nous avons été gratifiés de danses, exécutées par d'authentiques cosaques !
Également, plus tard, on a eu droit à une corrida, sans mise à mort, la vedette était Conchita Cintron qui toréait à cheval. Tout le Sud Ouest, ou presque d'afficionados était là…
Publié le 06/02/2013 à 08:49 | La Dépêche du Midi |
Une petite histoire personnelle du Stadium (2)
Chacun était fier d'aller voir le téfécé au Stadium.../photo DDM
Toujours après-guerre, ayant libéré le stade Jacques Chapou, le Toulouse Football Club est venu prendre possession des lieux toujours inachevés.
Les vestiaires étaient très rudimentaires, semblables à des cellules monacales. Leur accès était largement encombré par une grande grue sur rail, installée à droite de l'entrée principale dont le sol était dépourvu de marbre, chapeautée de cinq anneaux, que le comité olympique a fait réduire à trois.
Chacun était fier d'aller voir le téfécé au Stadium. Nous n'avons jamais lu ou entendu dire que l'entraîneur Edmond Encé, ou les joueurs aient émis des doléances quant à l'état de la pelouse. En 1952, durant le mois de janvier, il avait beaucoup neigé. Le dernier jeudi du mois, le vent d'autan s'est installé dans la région provoquant pluies abondantes et réchauffement significatif. La menace d'inondation était là. Le quartier Saint -Cyprien a été placé en vigilance, les écoles fermées, les hôpitaux et cliniques ont vu leurs patients mis sous abri vers Purpan.
Le samedi, la Garonne, aidée de l'Ariège, a envahi toutes les infrastructures de l'île : soufflerie de Banlève, Émulation nautique, Foire exposition en cours de construction, dont les bois de coffrage ont été emportés par les flots, ateliers municipaux, les trois piscines et le Stadium dont les barres transversales des poteaux de but hébergeaient des rats apeurés, ces derniers à l'évidence ne gouttant guère la gratuité de cette spéciale thalassothérapie…
Publié le 07/02/2013 à 08:25 | La Dépêche du Midi |
Stadium, une petite histoire personnelle (3)
Opération décaissage hier sur la pelouse du Stadium en octobre 2009. Photo DDM, Michel Viala
On est toujours au mois de janvier 1952. Après les inondations sur l'île du Ramier, le week-end suivant était programmé au Stadium un match international à XV auquel devait participer une équipe venant de l'hémisphère Sud, effectuant une tournée en Europe.
Alors les responsables de la Mairie ont pris une décision. La décrue s'était produite, mais il restait des traces de cette inondation. L'ensemble des installations a été nettoyé, et sur la pelouse à l'aspect douteux ont été répandues «quelques brouettes» de sable. Le match a bien eu lieu, en présence d'officiels ravis.
La TFC a poursuivi sa saison, suivies d'autres. Longtemps après les premières dégradations ont été constatées. Pour y remédier à plusieurs reprises des travaux de surface ont été réalisés.
Ils se sont avérés performants dans la durée et trop onéreux. Je m'étonne encore que parmi les responsables, personne n'ait évoqué le fait que les gaines de drainage mises en place à l'origine aient pu être endommagées par la crue. Il aurait été judicieux d'entreprendre le genre de travaux de fond programmés pour 2014. Mais à cette époque avait-on les moyens de le faire ?
Le Stadium en cours de réfection afin d'accueillir l'Euro 2016 / Photo DDM
Vidéo : Histoire du Stadium en images
De sa création en 1936 à la Coupe du Monde de football de1998 et au delà, le Stadium de Toulouse a été le théâtre de multiples exploits. Les footballeurs bien entendu mais aussi les rugbymen, les cyclistes, les matadors et même les chanteurs ont rivalisé de talent dans ce stade et transporté les foules.