Tour de France : En suivant la caravane
Publié le 18/07/2015 à 07:11 | La Dépêche du Midi | Vincent Vidal
Jour de fête à Saint-Cirgue
Hier après-midi à Saint-Cirgue, le public était très nombreux pour accueillir le Tour de France ./ Photo DDM,V.V
Onze heures du matin. Les coureurs du Tour ne seront là que dans 5 heures. Qu'importe. Les abords des 3,8km de la route pentue (col de 3 ème catégorie) entre Ambialet et Saint-Cirgue sont envahis. Chaque minimètre de talus est investi par une table pliante, une chaise, une serviette de plage. Allemands, Italiens, Belges, Toulousains, Tarnais ne font qu'un. C'est bariolé, sympa, populaire. Sur les hauteurs, Saint-Cirgue, là aussi, le monde est au rendez-vous. On se bat pour squatter le peu d'ombre du plateau. Parfaitement installés, Michel, Marianne et leurs trois enfants déjeunent. «On est arrivé de Castres vers 9 heures. C'est vrai que c'est tôt, mais on voulait absolument un coin à l'ombre pour les enfants. On est là pour eux, et surtout pour la caravane du tour» avoue la mère de famille.
À quelques mètres de là, les agriculteurs de la FDSEA ont installé une grande tente pour proposer un repas du terroir , près de leur création. Un coq dans une marmite de 25 mètres sur 25 mètres, spécialement conçue pour être filmée du ciel, par les hélicos de la compétition. «Chaque fois que le Tour passe dans le Tarn, on participe à ce concours. Il y a deux ans, on avait fait un gâteau d'anniversaire pour les 100 ans de l'épreuve. C'est un joli coup de pub pour le canton et ses agriculteurs qui l'organise» avoue Philippe Jougla, président département du syndicat agricole.
Mais redescendons voir les spectateurs. La chaleur est accablante. Le goudron fond mais personne ne bouge. Certains déjeunent dans les champs, d'autres dans leur voiture, certains sous un minuscule parasol.
La caravane traverse Graulhet / Photo DDM G.D.
Des Flamands adorés par la caravane
C'est l'heure de la caravane publicitaire. En contre bas, un groupe de quatre jeunes flamands, drapeau belge sur les épaules et petite pancarte à la main avec l'inscription «place des bisous». «On suit toutes les étapes du Tour et ça, depuis cinq ans. On prend nos congés en fonction de l'épreuve.» Ils sont tellement connus que les membres de la caravane s'arrêtent pour leur lancer un coucou. Instant important que cette caravane publicitaire dans cet après-midi festif . «Les enfants. Soyons réactifs. Je veux que le sac soit rempli de cadeaux. Attention aux Espagnols qui sont à côté de nous. Ils sont très forts dans ce sport». Pas là pour rigoler le père de famille. En voyant les spectateurs se jeter sur une casquette,un bob, un sac, une madeleine, on se dit que beaucoup sont là avant tout pour cette orgie de voitures et camions publicitaires.
«Et bien. La casquette Cochonou est fabriquée en Chine. Là, j'avoue que je suis déçue» clame une mère de famille. Après les cadeaux, la longue attente et ce foutu soleil qui brûle tout.
Le ballet des voitures officielles commence.
«C'est fou le nombre de gendarmes qu'il y a sur le Tour» sourit un jeune. «Tant mieux. Pendant qu'ils sont là, ils ne nous contrôlent pas sur les routes» réplique son copain.
Les visages rougissent, les enfants boivent, les parents transpirent. «Si quelqu'un peut me ramasser le bidon de Froome, ça serait sympa. J'ai un long week-end qui m'attend. J'ai besoin d'énergie»crie un spectateur. Les coureurs arrivent. D'abord les échappés puis le peloton. Quelques secondes de plaisirs après une si longue attente. Finalement, sur le bord des routes de la plus grande course cycliste du Monde, ce qu'il y a de plus sympa, ce n'est pas le pendant, ni l'après, mais l'avant .
Publié à 06h00 / République des Pyrénées / Par Pierre-Olivier JULIEN
Tour de France : la caravane publicitaire, l'autre grand spectacle
Après avoir parcouru l'étape entre Tarbes et La Pierre-St-Martin hier, la caravane partira de Pau ce matin. / Photo Rép.Pyr.
Depuis 85 ans, elle est devenue inséparable de l'épreuve sportive du Tour de France. Incontournable même, tellement elle est attendue par les fans de vélo et les curieux, amassés sur le bord des routes. On la guette à l'horizon car elle annonce en fanfare et en couleurs le passage de la Grande Boucle : c'est la fameuse caravane publicitaire.
Pour les anciens, ceux qui suivent depuis des lustres le Tour, elle a gagné cette saveur de "madeleine de Proust", pleine de souvenirs et de premiers émois du Tour. Pour les enfants d'aujourd'hui, elle prend l'allure d'un spectacle magique. Car cette caravane ne sert pas à faire du camping, ici elle lance des cadeaux, c'est bien plus sympa !
Son long cortège et ses dizaines de participants sont, comme d'habitude, réunis au stade du Hameau. C'est de là qu'à 9h30 la caravane va s'élancer ce mercredi matin, direction le Palais Beaumont et la ligne de départ fictive, qu'elle franchira vers 9h45. Souvent, à l'arrivée des premiers véhicules publicitaires, les bras se tendent, les cris percent le ciel, on se bouscule un peu (voire beaucoup), pour attraper le plus d'objets possible. Un challenge qui amuse des petits aux grands supporters.
La caravane à Cauterets / Photo FB OT Cauterets
Des hôtesses formées
Dans la caravane, on s'est préparé à cette ferveur. Les voitures et chars rutilent. À leur bord, animateurs et hôtesses sont concentrés, mais toujours avec le sourire. Ces dernières suivent d'ailleurs une formation pour lancer correctement les cadeaux, afin que ceux-ci ne finissent pas dans le caniveau.
Parmi ces participants, on pourra encore retrouver plusieurs Béarnais qui cumulent les Grandes Boucles. Le convoi, lui, doit s'organiser de façon "harmonieuse" pour respecter les couleurs et les marques qui ont demandé un emplacement spécial. Devant, un véhicule tampon régule la vitesse : la traversée de Pau et des autres localités ne dépassera par les 30 km/h. Un rythme qui permet de bien profiter du spectacle.
► La caravane en chiffres
Selon une étude réalisée par le Tour, la caravane publicitaire n'est pas qu'un spectacle de première partie, avant les explications sportives sur le bitume. Cette étude auprès du public révèle en effet que 47% des spectateurs viennent en priorité... pour voir justement la caravane ! Cette dernière a des chiffres qui parlent pour elle et qui montrent l'ampleur qu'elle a prise au fil des ans.
Chaque jour d'étape, c'est ainsi un défilé de 20 km de long qui précède la course, avec 180 véhicules animés et décorés, 600 caravaniers, 37 marques représentées, 15 millions de cadeaux distribués. Soit 45 minutes de spectacle en continu. La sécurité n'est pas oubliée : sont présents 12 gardes républicains, quatre motards régulateurs et trois voitures médicales.
Le 19 juillet à 14h12 par Lola Cros / Centre Presse Aveyron
Tour de France : Muret-Rodez dans la peau d’un caravanier Haribo
Près de 200 voitures composent la caravane publicitaire sur 20 kilomètres de long et 45 minutes de spectacle. ( Lola Cros / CPA )
Vendredi 8h30, parking du cirque à Muret, les six voitures Haribo sont déjà alignées. Prêtes à repartir pour la treizième étape en direction de Rodez. Départ prévu à 10h20 pétantes. Haribo démarre avec le premier wagon de marques.
La quinzaine de caravaniers s’active pour lustrer les véhicules, recharger les stocks de bonbons. Puis prend un café. La veille, ils sont restés coincés jusqu’à 20heures sur le plateau de Beille. Bloqués par la grêle. Alors dans les rangs, la fatigue se fait sentir. Mais pas le temps de s’apitoyer, aujourd’hui encore il faut "vendre du rêve", décrocher des sourires aux dizaines de milliers de spectateurs massés sur le bord des routes sur quelque 200 kilomètres. En tout, six heures de show dont on ne sort pas indemne.
Derniers préparatifs avant de démarrer. ( Lola Cros / CPA )
2 500 kg de bonbons sont distribués, chaque jour, par la caravane Haribo sur le Tour de France. Soit l’équivalent de 55 000 mini-paquets de la marque allemande. Cortège parmi les plus attendus des spectateurs de la Grande Boucle, Haribo signait, cette année, sa 17e participation dans la caravane. 22 personnes y travaillent pendant trois semaines. 13 d’entre elles sont sur la caravane, dont 4 hôtesses et 1 hôte, répartis sur cinq voitures sans compter le véhicule ouvreur.
Quelques minutes avant que ne retentisse la sirène du départ, je grimpe dans la voiture ouvreuse de Haribo. Harnachée sur un plateau de deux mètres sur deux, c’est debout que je vais avaler les six heures de route, à 30 km/h de moyenne par une température de 38 °C. Pas de pause sauf urgence. C’est dit. Chaque dos-d’âne me fait décoller, chaque virage me projette contre les parois. Rester debout: c’est du sport. En témoignent les courbatures et les bleus du samedi matin.
Adoubé comme une rock star
La musique, branchée à fond, s’arrête régulièrement pour lancer le fameux "Haribo c’est beau la vie, pour les grands et les petits", repris en chœur par le public. Embarquer avec Haribo, c’est la certitude d’amasser des sourires par milliers. La marque allemande sur le Tour a des airs de rock star planétaire. Sur son passage, on hurle son nom, on danse, on chante, on s’agite. Sans doute plus que pour d’autres. Dès les premiers kilomètres, je me laisse happer par l’ambiance. Une vague d’amour énorme qui me dépasse, on m’avait prévenue. Indescriptible, un peu magique aussi.
Dans les rues de Muret. ( Lola Cros / CPA )
Un gros coup de mou me guette sur les coups de midi. Mais pas de répit, je continue à lancer des coucous aux petits et grands, déchaînés sur le bas-côté. Eux lorgnent mes mains à l’affût des (très attendus) bonbons. Manque de bol, rien n’est distribué depuis la première voiture. Je n’échapperai d’ailleurs pas à quelques insultes et aux réactions agressives de quelques frustrés n’ayant pas vu arriver les cinq voitures suivantes qui, elles, jettent par-dessus bord des paquets à gogo. En tout, chaque hôtesse se déleste de... 500 kg de bonbons par jour. Rien que ça !
Courbatures et coups de chaud
Pourtant, impossible de passer à côté de ces nerveux, qui redoublent d’imagination et de stratégie pour en attraper le maximum. Le mari à droite, la femme à gauche, les enfants 50 mètres plus loin. Certains viennent pour remplir les sacs et ne s’en cachent pas. D’autres ne manquent pas de se bagarrer pour un fichu paquet de bonbons. Mais ceux-là, aussi décevants soient-ils, ne parviennent pas à gâcher la fête. De ces six heures, on ne retient que la véritable folie populaire. Bon, pour être honnête... les coups de soleil et le mal de crâne aussi.
Entre le Tarn et l'Aveyron. ( Lola Cros / CPA )
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