Sorèze : Un écrin dédié au génie de Dom Robert

16/2/2015

Sorèze : Un écrin dédié au génie de Dom Robert



Publié le 15/02/2015 à 09:46  | La Dépêche du Midi |  V.V

Un écrin dédié au génie de Dom Robert


Albert Mamy (Maire de Sorèze) et Anne-Bénédicte Danon (responsable du syndicat mixte gérant l'Abbaye-école) devant une tapisserie monumentale de Dom Robert / Photo DDM, V.V.

La peinture est fraîche. Marteaux, scies et perceuses sont encore maîtres des lieux. Pas le temps de bavasser. Il faut que tout soit prêt pour le 11 avril, jour d'ouverture au public. Bienvenue dans le futur écrin de la tapisserie française, dans ce musée Dom Robert, qui a pris demeure dans une aile de l'abbaye école de Sorèze. «Vous voyez. On a voulu intégrer l'architecture contemporaine tout en conservant le cachet du lieu» disserte le maire de Sorèze, André Mamy. Le résultat ne peut que séduire. 1 200 m2 à la gloire du moine de l'abbaye d'En Calcat, génie du dessin et de la tapisserie.

«C'est la course contre la montre. Mais tout sera fin prêt le jour J» sourit Anne-Bénédicte Danon, directrice administrative du syndicat mixte qui dirige le monument historique.
Quelques marches à monter et les salles s'offrent à nous. Premiers regards , premières surprises. Ici, nous ne sommes pas dans un modeste lieu d'exposition, construit à la va-vite. C'est un vrai espace, façonné pour donner la vraie mesure ou démesure du talent du moine. C'est l'heure où la douce lumière de la Montagne noire pénètre,donnant un éclat sans pareil aux tapisseries.

Un architecte lors des débuts du chantier en 2012./ Photo DDM, S.B.

Dans une seconde salle, les employés placent des dessins aux murs, sous la direction de Brigitte Benneteu, conservateur en chef du patrimoine-musées du Tarn.
Chaque millimètre a son importance pour donner vie à l'œuvre.

«Ce musée a été conçu comme un vrai projet culturel. Il n'y a pas que des tapisseries ici. On peut découvrir des cartons, des dessins et mieux appréhender le talent et la technique de Dom Robert qui avant tout, était un formidable dessinateur.» En contrebas, une immense tapisserie est déployée. «Sa taille est telle qu'elle n'a été quasiment jamais été exposée» renchérit la conservatrice. On peut y voir des représentations humaines, fait rare dans l'univers de l'artiste.

Ce futur musée se veut interactif avec le visiteur. Avant de s'arrêter sur les œuvres, il prendra connaissance de la vie du moine. Il pourra décortiquer un dessin,un carton puis lever la tête et percevoir le travail fini sur la tapisserie.
«On n'oublie pas les enfants avec des activités ludiques» s'amuse Brigitte Benneteu. Poursuivons la découverte. Une nouvelle luminosité, une nouvelle pièce, dédiée à une machine à tisser.

Dom Robert a intégré l'image du cheval, dans son œuvre tissée, dès 1957. / Photo DDM

«C'est notre objectif. Ne pas exposer que des œuvres. On va montrer le long travail de création qu'il y a en amont. C'est pour cela que nous avons aussi intégré nos réserves d'œuvres de Dom Robert dans le musée. On veut expliquer au public ce travail délicat de la conservation au public.».
Le parcours se poursuit avec des créations d'autres artistes français tels Lurçat, Furto, Gromaire, démontrant la force de ces tapissiers du XXe siècle.

La visite se clôt par un film où Dom Robert parle de son travail. «Quoi de mieux que de terminer avec l'artiste» savoure la conservatrice, fière du travail accompli. Quand on lui demande si elle espère attirer les nouvelles générations, qui gardent en tête l'image vieillotte de la tapisserie, elle se veut rassurante. «On peut, on veut attirer les nouvelles générations grâce aux arts graphiques et décoratifs. Il y a de l'abstraction, une conception moderne dans ce travail. Beaucoup des œuvres exposées ici datent des années 60-70 qui sont aujourd'hui très tendance. Non, la tapisserie n'est pas has been.»

Il est temps pour elle de reprendre son minutieux travail de conception de cet écrin de culture, dédié au génie de Dom Robert. Le temps presse.

Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle : ouverture le 11 avril. renseignement au 0563508638. www.abbayeecoledesoreze.com - Tarif 7 euros.

Albert Mamy : l'abbaye école est la passion d'une vie

Albert Mamy maire de Sorèze. / Photo DDM Br. M.

«Je suis tellement passionné, amoureux de l'histoire , de la beauté du site de l'Abbaye école, que je suis intarissable quand j'en parle.» Albert Mamy, maire de Sorèze sourit. Il peut laisser éclater sa fierté en parlant de ce monument historique à l'histoire totalement folle. Pêle-mêle, il rappelle «la création de la première abbaye par les Mérovingiens en 754, détruite par les Sarrasins, reconstruite puis de nouveau détruite par les Normands.» Une troisième construction voit le jour, elle-même rasée pendant les guerres de religions. En ruine totale, les pierres seront réutilisées pour donner naissance à une quatrième abbaye construite entre 1638 et 1642. «C'est cette bâtisse que les visiteurs peuvent découvrir aujourd'hui». Les maîtres des lieux sont bénédictins. L'enseignement y prend une place essentielle. «Mais Sorèze prend une nouvelle direction, quand Louis XVIe décide d'en faire une des douze écoles royales militaires du royaume.» 

L'abbaye-école de Sorèze / Photo DDM

Le temps s'écoule. Les bénédictins redeviennent maîtres des lieux. C'est l'âge d'or des connaissances et de l'enseignement avec comme maître à penser, le père Henri-Dominique Lacordaire, considéré aujourd'hui comme l'un des précurseurs du catholicisme libéral. «C'est lui qui a donné ses lettres de noblesse à l'école» renchérit le maire. Mais au XXe siècle, l'argent manque. Le site se dégrade, devient ruine. «On ne pouvait laisser un tel lieu en décrépitude. Alors, j'ai pris mon bâton de pèlerin , pour frapper aux portes et créer un syndicat mixte, commune, département, Région pour réhabiliter l'abbaye. La chance, c'est qu'à la fois Thierry Carcenac pour le département et Marc Censi puis Martin Malvy pour la Région, ont adhéré au projet. Le syndicat a vu le jour en 1993.»

Aujourd'hui, le site a retrouvé sa splendeur. On y trouve l'Université Pierre Fabre, des boutiques, des hôtels-restaurants, des manifestations culturelles et un parcours muséographique qui met en scène les lieux et les objets de ce site.
«Aujourd'hui, le grand chantier c'est le musée Dom Robert. Il est splendide et surtout, il n'est pas là par hasard. L'abbaye de Sorèze, c'est la religion, la culture, la nature. Tout ce qu'aimait cet artiste.»

Tapisserie créée dans l'atelier Goubely à Aubusson, emblématique de l'œuvre de Dom Robert / Photo DDM

En chiffres :
4,5millions d'euros > Investis. C'est le montant des travaux, financés par la Région, le Département, l'Europe et des partenaires privés dont Pierre Fabre.
1200m2>.«Le musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle» sera le lieu sur 1200 m2 de présentation de la collection de tapisseries de l'abbaye d'En Calcat, comprenant un fonds d de Dom Robert et 35 d'autres artistes du XXe siècle, de Lurçat et Gromaire à Tourlière et Prassinos.
11>avril 2015. C'est la date de l'ouverture au public du musée après plus deux ans de travaux.



Lien vers l'article de La Dépêche du Midi :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/15/2049856-un-ecrin-dedie-au-genie-de-dom-robert.html


L'Abbaye-école de Sorèze «Maison des Illustres» : Le Père Lacordaire a consacré son temps à l'éducation des jeunes. / Photo DDM

  Actualisation :  

Publié le 19/02/2015 à 07:40  | La Dépêche du Midi |  S. G.

Il ouvre en avril : le musée Dom Robert en avant-première

Visite guidée par Brigitte Benneteu (à droite), conservateur en chef départemental./Photos DDM, S. G.

En avant-première, le futur musée Dom Robert a ouvert ses portes dans le cadre d'une visite concoctée par le comité départemental du tourisme et l'abbaye-école de Sorèze. En avril 2015, l'abbaye-école va abriter le musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle. Ce musée va rendre compte de l'œuvre originale et foisonnante de Dom Robert, peintre-cartonnier.

Après le décès de Dom Robert, en mai 1997, la communauté d'En-Calcat, légataire du fond artistique de l'artiste comprenant plus de 2000 dessins et cartons de tapisseries, entreprend d'enrichir l'ensemble de ce patrimoine. Dès 1998, elle envisage de mettre à disposition cette collection auprès d'une collectivité territoriale pour la création d'un musée. Plusieurs études de faisabilité sont menées sur le territoire de Dourgne, en collaboration avec les élus locaux et l'association Dom Robert. En 2008, elle accepte le principe d'une implantation du musée au sein de l'abbaye-école, gérée par le syndicat mixte.

Le projet scientifique et culturel réalisé en 2009 est confié à Brigitte Benneteu, conservateur en chef départemental, musées du Tarn, et Sophie Guérin-Gasc, directrice de l'association Dom Robert, docteur en histoire de l'art. En avril 2013, les travaux du futur musée Dom Robert débutent, pour un coût estimé à 4 500 000 € hors taxes. Un coût soutenu par de nombreuses subventions. Le musée se développe sur 1 500 m², dans une aile de bâtiments restaurée. Sa conception architecturale a été confiée au cabinet d'architectes italiens N ! Studio et les travaux ont été réalisés par l'entreprise toulousaine GBMP. Elle s'inscrit dans un esprit contemporain et respectueux du patrimoine.

Le parcours permet de suivre le processus de création d'une tapisserie, depuis les dessins de l'artiste jusqu'à l'œuvre achevée, en passant par la création du carton de tapisserie. L'œuvre de Dom Robert est ainsi restituée, dans le contexte de la création des arts décoratifs du XXe siècle, dont la tapisserie d'Aubusson a été un des fleurons.

200 œuvres exposées pour deux ans

Projet du futur musée Dom Robert, en 3D./ DDM

Près de 200 pièces vont être exposées, dans la première rotation, dont 34 tapisseries, 22 cartons et maquettes, 38 dessins et œuvres graphiques. L'exposition sera renouvelée tous les deux ans, pour garantir la conservation des œuvres et réactiver l'intérêt des publics. Le parcours muséographique va s'articuler autour de cinq sections : une collection et un musée, Dom Robert, les repères biographiques, les œuvres de Dom Robert avec une approche thématique, l'atelier Goubely et la technique de la tapisserie de basse-lisse, la tapisserie du XXe siècle et enfin les réserves. Dans un musée, les espaces professionnels sont habituellement dissimulés au public, comme les réserves ou ateliers de conservation. Dans le musée, ces espaces ont été rendus «visibles» pour créer une dimension complémentaire à la visite. Les réserves seront ainsi scindées en plusieurs volumes qui seront identifiés selon leurs contenus et localisés en différents points du musée.

 

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