Handball : les bleus champions d'Europe

27/1/2014

Publié le 27/01/2014 à 08:30 || La Dépêche du Midi |
 
Bleus : c'est simple, parfois, de gagner une médaille d'or

Euro : Les Français ont réussi l'entame parfaite, anéantissant tout espoir pour les Danois dans les dix premières minutes...


Portés par un Nikola Karabatic magnifique, élu meilleur joueur du tournoi,  les Bleus ont remporté un troisième titre de champion d'Europe./ Photo AFP.

Écrasants de supériorité et impitoyables en défense, les Français ont retrouvé les sommets en remportant une troisième couronne européenne face au Danemark, pays hôte et tenant du titre, hier à Herning. Les Bleus ont livré une démonstration dans le match finalement le plus facile de leur tournoi où leur adversaire, favori et poussé par 14 000 supporters en fusion, n’a quasiment pas existé.

Dans cet Euro, les Bleus ont bravé les obstacles et les pronostics pour conquérir ce nouveau titre. Car rien n’était gagné. Les voir s’enlacer et se sauter dans les bras à l’issue de ce succès en disait long sur l’importance de cette nouvelle victoire qui aura pour effet de redorer l’image du handball. Portés par un Nikola Karabatic magnifique, élu meilleur joueur du tournoi, avec l’aide d’autres piliers tels que Luc Abalo (7 buts) et Michaël Guigou (10 buts) et un savant dosage de jeunesse, à l’image des révélations Luka Karabatic et Valentin Porte, et d’expérience, les Bleus ont retrouvé au fur et à mesure du tournoi l’appétit féroce qui leur avait permis de dominer la planète handball de 2008 à 2011.

 
Nikola Karabatic

Défense de fer
Ils ont littéralement laminé le Danemark. Jamais les Scandinaves n’ont pu rivaliser avec les Français, balbutiant leur handball dans les quinze premières minutes face à une défense de fer. Sans doute crispés par l’enjeu les Danois ont encaissé un 9-2 dévastateur. Le sélectionneur danois Ulrik Wilbek était même contraint de faire sortir Niklas Landin, réputé le meilleur gardien du monde, complètement à côté de ses baskets. L’affaire était pourtant déjà quasiment entendue.

En seconde mi-temps, la démonstration française continuait, à l’image d’Abalo, de Guigou ou de Porte maintenant un écart de sept à huit buts. Claude Onesta pouvait alors faire tourner l’effectif, lançant Joli, Honrubia ou Nyokas sans que la physionomie de la rencontre ne change. Il y a bien longtemps que les Danois avaient rendu les armes.

 

Cap'tain Jérôme Fernandez / Sportissimo/Pillaud

France 41 - Danemark 32 (MT : 23-16) 
Arbitres MM. Raluy Lopez et Sabroso Ramirez (ESP); 14 000 spectateurs.
FRANCE
Joueurs de champ: Guigou (10), Porte (9), Abalo (7), Narcisse (6), N. Karabatic (5), Nyokas (2), Sorhaindo (2), Fernandez, Anic, Joli, Honrubia, Grébille, Accambray, L. Karabatic.
Gardiens : Omeyer (53’; 12/40 arrêts); Dumoulin (7’; 1/5 arrêt)
Sortis pour 2’: Anic, Abalo, Porte
Danemark
Joueurs de champ : Mikkel Hansen (9), Lindberg (6), Mollgaard (4), Noddesbo (3), Mogensen (2), Christiansen (2), Spellerberg (2), Larsen (1), Eggert (1), Toft (1), Sondergaard (1), Thonsen, Knudsen, Svan Hansen.
Gardiens : Jacobsen (32’, 4/26 arrêts); Krejberg (28’; 6/25 arrêts)
Sortis pour 2’: Toft (2), Mollgaard


Publié le 27/01/2014 à 08:16

 
La victoire de la méthode

Euro : en treize ans, la France a accumulé les succès : 3 titres mondiaux, 3 titres européens et 2 titres olympiques


Jérôme Fernandez brandit le 8e trophée français conquis en treize ans./Photos AFP.

La France reste une machine à gagner qui puise sa force dans l’expérience de vedettes expérimentées et un réservoir inépuisable de jeunes joueurs prometteurs.

Un véritable patron. Déjà star à la manière d’un Tony Parker, Nikola Karabatic a pris une autre dimension en devenant le seul patron du jeu tricolore. Élu meilleur joueur du tournoi, le demi-centre de Barcelone, 29 ans, a assumé ce rôle avec brio. En plus d’être un buteur (2e meilleur marqueur français avec 32 buts) il a pesé par ses qualités d’organisateur et de passeur hors pair. Son courage conjugué à sa détermination défensive et à sa puissance physique a servi d’inspiration à son équipe.

Une ossature de champions. Malgré les forfaits de Bertrand Gille, Xavier Barachet et l’arrêt de Didier Dinart, la France a pu encore compter sur un noyau de joueurs d’expérience. Sur les seize joueurs alignés en finale, six avaient participé à la conquête du premier titre européen en 2006 : N. Karabatic, Abalo, Guigou, Fernandez, Omeyer et Narcisse. Sorhaindo était déjà là lors du sacre mondial des Tricolores en 2009 ainsi que Joli. Ils ont su transmettre leur vécu et leur culture de la gagne à la nouvelle génération.

 
Guigou au septième ciel

Une défense en béton armé. Ce secteur est redevenu au fil des matchs la grande force de l’équipe de France. Passé du terrain au banc, Didier Dinart a apporté encore davantage de rigueur et de précision. Il s’est aussi trouvé un digne successeur en la personne de Luka Karabatic. Le colosse (2,02 m, 104 kg) fait partie des révélations avec l’arrière droit Valentin Porte. Associé son frère Nikola et à Cédric Sorhaindo, il a formé une charnière centrale hyperrugueuse sur laquelle les attaquants adverses se sont cassé les dents.

Deux gardiens d’exception. Ce poste constituait la principale inquiétude de Claude Onesta. En l’absence d’Omeyer en début de compétition, le Toulousain avait dû confier les clés à Cyril Dumoulin et à Vincent Gérard. Dumoulin a franchi en pallier en reléguant d’abord son concurrent Gérard sur le banc. Puis, il s’est affirmé comme le complément idéal de Thierry d’Omeyer.

 
Narcisse a frappé fort face aux Danois  / Sportissimo/Pillaud

Une relève assurée. Les forfaits ont finalement été un mal pour un bien. Contraint d’injecter du sang neuf, Claude Onesta a préparé l’avenir en intégrant Mathieu Grebille (22 ans), Igor Anic (26 ans), Luka Karabatic (25 ans) et Valentin Porte (23 ans). Utilisé comme un joker de luxe, William Accambray incarne toujours le futur à seulement 25 ans.

Un championnat de France qui monte en puissance. Réputée pour sa formation, la France l’est de plus en plus pour son championnat, devenu le numéro 2 en Europe derrière la Bundesliga. Avec la crise qui a frappé les clubs espagnols et l’émergence du Paris-SG, la Division 1 ne cesse d’attirer des vedettes étrangères et de récupérer ses meilleurs éléments hexagonaux. Sur les seize joueurs de la finale, deux seulement évoluent encore à l’étranger, Nikola Karabatic et Cédric Sorhaindo (Barcelone).


Publié le 27/01/2014 à 08:14 | 

 
Valentin Porte, l'arrière toulousain, révélation de cette compétition
 

Valentin Porte

Il n’aurait pas dû être là. Enfin si. Au Danemark peut-être. Mais pas avec l’équipe de France de handball s’il avait continué à suivre les traces de ses parents. Et notamment de son père, ancien international de hockey sur gazon. C’est crosse en main et sur cette surface herbeuse (ou synthétique) qu’il a fait ses premiers pas dans le sport, en région parisienne.

Mais les dieux du handball veillaient. Alors qu’il a tout juste cinq ans ses parents quittent Versailles et s’installent à Toury, un petit village d’Eure-et-Loir. Là-bas, les choix sont simples, c’est football ou handball. Hyperactif, avide de sport, il opte pour la deuxième solution et comme il n’y a pas gardien, il se retrouve dans les buts. Un poste qu’il occupera jusqu’à l’âge de 14 ans. Mais un gaucher, dans le champ, ça peut servir.

Placé à l’aile, à cause de sa taille, il commence à se tailler une belle réputation et intègre le pôle espoir de Chartres. Lors de rencontres interpôles, il est repéré par Alain Raynal, l’une des chevilles ouvrières du handball à Toulouse depuis quatre décennies. L’affaire est rapidement conclue et il a à peine 18 ans il rejoint Toulouse.

Depuis cinq ans il s’épanouit dans la Ville rose, grandit, prend de l’expérience au côté de Jérome Fernandez, le capitaine inamovible de l’équipe de France.

 

Valentin Porte n'a rien manqué de son Euro / Sportissimo/Pillaud

La chance, le hasard et le travail
Mais il faut croire que le destin lui réservait encore d’autres surprises. Retenu pour les Mondiaux 2013 comme ailier, il est au cœur d’une mini-polémique, Claude Onesta étant accusé de ne l’avoir sélectionné que parce qu’il joue à Toulouse. Mais ses prestations à l’aile droite font taire les critiques.

Pourtant le meilleur était encore à venir. Parce qu’Angel Montoro, la recrue espagnole, n’a pas le rendement escompté Valentin Porte est repositionné au poste d’arrière droit. Un poste qui compte tenu de son gabarit (1,90 m, 90 kg) ne semblait pas lui être destiné. C’est pourtant là qu’il perce cette saison et que Claude Onesta le sélectionne pour cet Euro en remplacement de Xavier Barachet, blessé.

«Partout où je suis passé, dans toutes mes sélections, j’ai l’impression de ne jamais avoir été vraiment prévu, reconnaît le Toulousain. Je n’ai jamais été le premier choix, on me prenait pour voir ce que ça allait donner et grâce à la chance, au hasard et au travail, j’ai réussi à atteindre mes objectifs.»

 
Champions d'Europe !!! / Sportissimo/Pillaud

Au cours de cet Euro, il les a même dépassés. Blessé lors de la première phase de la compétition, il revient en pleine bourre au bon moment et éclate en demi-finale et en finale. «On a le sentiment d’avoir un robot à qui on donne l’information et qui l’assimile immédiatement pour la mettre en application, affirme Jérôme Fernandez. Et il prend une dimension qui n’était peut-être pas prévisible aussi rapidement.»

Valentin Porte sait aussi s’appuyer sur des valeurs presque désuètes comme la solidarité, l’entraide, l’engagement. «Avec ma femme, on a incité Valentin à se diriger vers le handball pour lui inculquer ces valeurs, explique son père. S’il parvient à conserver sa modestie et son humilité, il pourra continuer à progresser. Quand on voit des gens comme Nikola Karabatic ou Jérôme Fernandez saluer son intelligence de jeu et son travail, ça nous donne presque les larmes aux yeux, parce que c’est une vraie reconnaissance pour notre fils.»


Publié le 27/01/2014 à 08:40

 
Claude Onesta : «On est parti de loin»


Claude Onesta exhorte ses troupes ./ Photo AFP.

Vous vous attendiez à un tel match ?
J’ai l’habitude de ces Euros où des équipes survolent la compétition. Le premier moment difficile est souvent un moment de chute, quand une équipe ne s’est pas construite dans la difficulté. Tout d’un coup, la pression du public est devenue négative. On a vu certains joueurs perdre complètement leur niveau de jeu. Leur gardien fait une prestation dramatique. On avait trop d’expérience pour les laisser reprendre leur souffle. Ils étaient sous l’eau et on a fait en sorte de les y maintenir.

 

Un bonheur partagé ! / Sportissimo/Pillaud

Votre équipe revient de loin. Vous y croyiez vraiment à ce titre ?
Je croyais à la victoire, mais jamais je n’ai imaginé un scénario de ce type, sinon j’aurai été bon à enfermer. On a toujours eu le titre en tête et on s’est dit que si on pouvait le prendre, on ne le laisserait pas passer. On savait aussi que cela pouvait s’arrêter avant, que l’on avait des manques. Quand on voit le match que l’on vient de faire, on a peut-être la sensation que je suis un menteur. C’est aussi un match qu’on a géré avec un groupe qui s’est réduit au fil de la compétition. Aucun joueur n’a été en deçà de ses capacités. Progressivement, on s’est renforcés et sentis de plus en plus costauds.

Que représente ce trophée par rapport aux autres ?
Il a une vraie valeur ajoutée. Les autres se sont enchaînés presque normalement même si en nous, on avait toujours conscience de la difficulté. Là, on est parti de beaucoup plus loin. Au premier tour, la sensation de doute était réelle. On ne s’est pas affolés, on n’a pas cherché à vouloir aller plus vite ou à perdre notre humilité.

 

/ Sportissimo/Pillaud

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